Le Prix Sakharov pour Oleg Sentsov

Posté par vincy, le 26 octobre 2018

Le cinéaste ukrainien emprisonné en Russie Oleg Sentsov a obtenu hier le Prix Sakharov (du nom du Prix Nobel de la paix russe) décerné par le Parlement européen. C'est la première fois qu'une personnalité issue du cinéma reçoit ce prix dédié à la défense des droits de l'Homme.

Sentsov, symbole de l'opposition ukrainienne à la Russie, a été condamné à 20 ans de réclusion pour "terrorisme" et "trafic d'armes" lors d'un procès jugé "stalinien" par les ONG.  Originaire de Crimée, presqu'île annexée par les russes au mépris du droit international, Oleg Senstov a été l'une des personnalités les plus engagées publiquement contre la Russie. Il prépare son film Rhino quand il décide de s'engager dans un mouvement politique pro-européen en Ukraine.

Le 14 mai dernier, il avait entamé une grève de la faim pour exiger la libération de tous les ukrainiens détenus en Russie. Malgré l'intense pression diplomatique et de nombreuses manifestations de soutien, le président russe Vladimir Poutine n'a jamais cédé. 145 jours de grève de la faim: Oleg Sentsov a annoncé l'arrêt de son jeûne le 5 octobre dernier, de peur d'être nourri de force. Sa santé a été "gravement éprouvée", touchant, notamment le foie, le cœur et le cerveau.

La libération du réalisateur de Gamer n'est toujours pas d'actualité.

D'autant que le Kremlin, en apprenant qu'Oleg Sentsov recevait le Prix Sakharov, a jugé cette décision "totalement politisée". Selon l'AFP, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, dans une mauvaise foi absolue, a ainsi réagit : "Pourquoi ont-ils choisi Sentsov et pas Savtchenko?", a en référence à la pilote militaire ukrainienne Nadia Savtchenko, emprisonnée en Russie puis libérée lors d'un échange de prisonniers en 2016 avant d'être arrêtée de nouveau dans son pays pour la préparation d'une attaque contre le Parlement.

"Attribuer un prix à une personne reconnue coupable de terrorisme est la dernière étape d'un mépris marqué pour les normes et les lois", a expliqué Piotr Tolstoï, vice-président de la chambre basse du Parlement russe.

Une chose est certaine: Oleg Sentsov ne pourra pas venir chercher le Prix Sakharov cette année.

Ida remporte le Prix LUX 2014

Posté par vincy, le 17 décembre 2014

Ida de Pawel PawlikowskiLe film polonais Ida de Pawel Pawlikowski a re!u un prix supplémentaire avec le Prix Lux du Parlement européen. Nominé aux Golden Globes, 5 fois primé aux European Film Awards, 5 fois récompensé au Festival de Gijon, Meilleur film l'an dernier au Festival du cinéma européen des Arcs, Meilleur film au Festival de Londres, meilleur film en langue étrangère pour le cercle des critiques de cinéma de New York et pour l'association des critiques de cinéma de Los Angeles (qui ont aussi distingué l'actrice), Ida est logiquement favori pour les Oscars.

Il a surclassé L'ennemi de la classe de Rok Bicek et Bande de filles de Céline Sciamma, les deux autres finalistes.

En recevant son prix, le réalisateur a déclaré: "Ida est un film qui a réussi à toucher le public de toute l'Europe, ce qui montre que le cinéma a encore un rôle à jouer dans notre société." Il ajoute "Le Prix Lux a créé un nouveau titre pour les cinéastes européens (..) et a également permis à des milliers de citoyens européens de partager une émotion commune".

La présidente de la commission de la culture et de l"éducation du Parlement européen, l'italienne Silvia Costa a rappelé que "L'initiative du Parlement européen concernant le Prix Lux est quelque chose d'unique: 3 films sous-titrés en 24 langues, diffusés dans 28 pays, dans au moins 18 festivals, dans plus de 40 villes européennes, des débats sur l'Europe grâce au même produit culturel. C'est quelque chose qui n'a jamais été fait par personne". Pour cette année elle pense "également que nous devrions souligner l'attention accordée aux nouvelles générations par les auteurs européens, aux jeunes qui parlent de jeunesse, comme c'était le cas des finalistes cette année. Le cinéma peut ainsi devenir un outil pour le dialogue et la connaissance, et aider les politiques à réellement comprendre l'univers des jeunes, et à éviter les stéréoptypes et les
généralisations
".

Le Parlement remet le prix chaque année pour aider à promouvoir des films qui se plongent au cœur du débat européen. C'est la première fois qu'un film polonais était finaliste de ce prix, créé en 2007. Pour l'instant le Prix Lux a été remis à deux films français, deux films belges, un film allemand, un film autrichien et un film italien. Les cinémas de Roumanie, du Portugal (deux fois), de Hongrie (deux fois), de République Tchèque, de Suède, du Royaume Uni et de Slovénie ont été finalistes.

La petite Venise remporte le Prix Lux 2012

Posté par vincy, le 21 novembre 2012

la petite venise io sono liAujourd'hui, le Prix Lux 2012 pour le cinéma a été décerné à La petite Venise (Io sono Li), du réalisateur Andrea Segre. Le film est sorti en France en juin dernier (passé relativement inaperçu avec à peine 30 000 entrées. Il avait fait son avant-première mondiale au festival de Venise en 2011 où il avait reçu 3 prix. A ces récompenses se sont ajoutés le Prix David di Donatello de la meilleure actrice (parmi 4 nominations aux "Césars" italiens) et le prix Satyajiit Ray au Festival de Londres.

L'histoire est celle de la rencontre sur la lagune vénitienne d'un pêcheur et d’une jeune chinoise récemment immigrée. Une douce amitié naît peu à peu entre ces deux êtres que tout semble séparer. Mais leurs sentiments dérangent deux communautés qui se rejettent : Italiens et Chinois voient d'un mauvais œil leur complicité naissante...

Les deux autres finalistes de cette année sont Csak a szél (Juste le vent) de Bence Fliegauf (Hongrie) et Tabou de Miguel Gomes (Portugal).

En remettant le Prix Lux 2012, le Président du parlement européen Martin Schulz a déclaré : "Le Prix contribue à surmonter les barrières linguistiques et les frontières géographiques, afin de permettre au plus grand nombre possible de personnes de voir ces films, et d'en parler et donc de contribuer à un espace culturel européen commun".

Lors de la cérémonie, Andrea Segre a remercié "les parlementaires européens et l'organisation de ce Prix qui est très important pour la diffusion du cinéma indépendant européen afin qu'il puisse parler des problèmes et des tensions de nos sociétés, en Europe".

Dans le cadre de ce prix, le Parlement a financé, pour les trois films finalistes, le sous-titrage dans toutes les langues officielles de l'UE à l'occasion des journées cinématographiques Prix Lux. Le film lauréat bénéficiera également d'un financement du Parlement en vue d'adapter la version originale pour les personnes malentendantes et malvoyantes et de promouvoir ces copies.

C'est la première fois qu'un film italien était parmi les trois finalistes du Prix Lux. La Petite Venise succède aux Neiges du Kilimandjaro, Die Fremde, Welcome, Le Silence de Lorna et De l'autre côté.

Jafar Panahi et Nasrin Sotoudeh reçoivent le prix Sakharov

Posté par vincy, le 28 octobre 2012

Vendredi, le prix Andreï Sakharov "pour la liberté de l'esprit" du Parlement européen a été décerné à deux Iraniens : l'avocate spécialisée dans les droits de l'Homme Nasrin Sotoudeh et le réalisateur Jafar Panahi, tous deux condamnés à de lourdes peines dans leur pays.

"Nous voulons par là exprimer notre admiration pour une femme et un homme qui résistent à l'intimidation dont sont victimes les Iraniens", a expliqué le président du Parlement, Martin Schulz. Selon lui, l'attribution de ce prix doit être interprétée comme un "non très clair au régime iranien" qui "ne respecte aucune des libertés fondamentales".

En remettant ce prix, le Parlement européen prend des risques. Le régime iranien y verra un complot international et pourrait s'en servir pour accentuer la répression à l'intérieur du pays. Conséquence plus immédiate : la visite d'une délégation de cinq eurodéputés à Téhéran a été annulée samedi 27 octobre après le refus des autorités iraniennes d'autoriser une rencontre avec les deux lauréats iraniens du prix Sakharov 2012,

Jafar Panahi, 52 ans, est accusé de propagande contre le régime. Il a été condamné en décembre 2010 à six ans d’assignation à résidence ainsi qu’à vingt années d’interdiction de voyager et d’exercer son métier. Les plus grands Festivals de cinéma ne cessent de lui prouver leur solidarité. Cannes l'a ainsi invité à faire partie de son jury en 2010, laissant un siège vide durant tout l'événement. Berlin a récidivé en 2011. Un Carrosse d'or lui a été décerné à la Quinzaine des réalisateurs cette année-là. Ses films passent "sous le manteau" (une clé USB fait l'affaire) et parviennent à être projetés. Ainsi Ceci n'est pas un film a été sélectionné à Cannes en 2011 et L'accordéon avait été retenu par Venise.

Car malgré sa condamnation, Jafar Panahi continue de tourner. Selon Abbas Kiarostami, il préparerait un nouveau film, clandestinement.

Avec la guerre civile en Syrie et le printemps arabe, on a oublié le printemps iranien, écrasé par le régime en 2009. Panahi, défenseur des droits de l'homme, et surtout de la femme, dénonciateur des atrocités de son pays, a payé cher sa liberté d'expression.

Mercredi prochain, dans les salles, Une famille respectable de Massoud Bakhshi dévoile la corruption, la violence et la bureaucratie absurde qui pourrissent le pays. Le film remonte d'ailleurs, ironiquement, au début des années 80, cadre du film de Ben Affleck (en salles le 7 novembre), Argo. Leader du box office américain ce week-end, le thriller engagé de la star hollywoodienne, produit avec George Clooney, revient sur les tensions diplomatiques entre les USA et l'Iran, notamment avec l'affaire des otages de l'ambassade américaine. Et, grâce à une reconstitution documentée et fascinante, montre comment et pourquoi le peuple iranien s'est laissé embarquer dans une telle spirale infernale qui conduit aujourd'hui à condamner une avocate et un artiste...

3 films finalistes pour le Prix Lux du Parlement européen

Posté par Sarah, le 20 août 2010

Le 27 juillet dernier, le nom des trois films finalistes en compétition pour le Prix Lux 2010 du Parlement Européen a été révélé au grand public : Akadimia Platonos (L'académie de Platon) de Filippos Tsitos, Die Fremde (Nous partons) de Feo Aladag et Illegal d'Olivier Masset-Depasse.

Le Prix Lux pour le cinéma date de 2007 et résulte d'un partenariat entre le Prix Lux (lumière en latin) et la section "Venice days" du Festival international du Film de Venise. Les films en compétition parlent tous de l'identité des Européens et invitent les spectateurs à mener une réflexion sur les relations culturelles, familiales et les règles de vie en Europe.

Dans un premier temps, les œuvres sélectionnées sont projetées à Venise, lors de la " Journée des auteurs " du 10 au 11 septembre. Puis dans les locaux du Parlement européen de Bruxelles, du 26 octobre au 19 novembre. Ce sont les députés européens qui votent pour le gagnant, et le prix sera décerné le 24 novembre par le Président du Parlement européen à Strasbourg, siège de l'institution.

Illustrer les valeurs fondatrices de l'identité européenne

L'engagement profond du Parlement européen en faveur de l'industrie cinématographique européenne et ses efforts créatifs est pleinement illustré par ce prix. Chaque film de la sélection doit  donner un éclairage sur la vie, les convictions, les doutes et les quêtes identitaires des Européens, au sens large du terme. Le Parlement européen s'engage à aider financièrement le lauréat, notamment en ce qui concerne les frais de sous-titrage (dans 23 langues officielles), d'adaptation de la version originale pour les malvoyants ou les malentendants, et enfin la production d'une copie au format 35 mm par Etat membre ou le soutien de la sortie ultérieure en DVD. Il s'agit donc là d'un véritable coup de pouce financier, ainsi que l'assurance d'une bonne diffusion en Europe et dans le monde entier.

Chaque année, un jury spécial détermine la sélection officielle du Prix Lux. On y trouve des producteurs, des distributeurs, des exploitants, des directeurs de festivals ou encore des critiques de cinéma. Le jury est renouvelé chaque année pour un tiers de ses membres, qui sont nommé par la commission de la culture de l'éducation du Parlement européen. Les films éligibles sont obligatoirement des films de fiction ou d'animation ou documentaires créatifs, d'une durée minimale de 60 minutes, illustrant ou questionnant les valeurs fondatrices de l'identité européenne.

En 2007, le film Auf der anderen Seite (De l'autre côté) de Fatih Akin remporta la mise. En 2008, ce fut Le silence de Lorna des frères Luc et Jean-Pierre Dardenne, et en 2009, Welcome de Philipe Lioret. Cette année la compétition se fait entre trois films, qui comme on peut s'en douter, parlent majoritairement de la thématique de l'immigration, mais aussi du poids des traditions, de la famille, de l'intégration et la recherche de soi et du bonheur.

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