Le jury du 22e festival du Film de Vendôme, composé de Matthieu Chapellier (réalisateur), Francis Gavelle (critique), Jacky Goldberg (critique), Aude Hesbert (directrice artistique de Paris cinéma) et Héléna Klotz (réalisatrice), avait la dure tâche de départager 22 courts et moyens métrages produits ou réalisés en France.
A travers les 4 films récompensés, on retrouve les grandes tendances de la compétition 2013. Le cinéma du réel, à la frontière entre documentaire et fiction, est ainsi mis à l'honneur avec le grand prix, décerné à Jean-Gabriel Périot pour Le Jour a vaincu La nuit.
Ce documentaire tourné en un mois à la maison d'arrêt d’Orléans filme dix détenus face caméra, dans une position statique, en train de raconter l'un de leur rêve. Une démarche qu'il faut saluer, dans la mesure où elle implique les détenus sur tout le processus de création, mais qui donne un film vite répétitif, assez désincarné.
Avec une démarche similaire, mais sous le prisme de la fiction, Emilie Aussel qui a reçu le Prix spécial du Jury pour Petite blonde, donne la parole à un groupe de jeunes Marseillais des quartiers populaires confrontés à une jeune fille issue d'un milieu bourgeois.
Les clichés et les préjugés sont au cœur du film que les acteurs (non professionnels) ont participé à écrire. Le format ultra-court empêche néanmoins l'histoire d'aller, elle-aussi, au-delà d'un certain simplisme.
Petit matin de Christophe Loizillon tout comme Pour La France de Shanti Masud semblent avoir séduit le jury par leur démarche formel.
Le premier est une suite de six plans-séquence suivant six personnages différents frappés par le même deuil. Un exercice de style puissant, doté d'une vraie force narrative.
Le second, beaucoup plus esthétisant, lorgne du côté de Philippe Garrel. Son intrigue (la rencontre nocturne entre plusieurs jeunes gens, tous très beaux et visiblement très torturés) sert visiblement de prétexte à de jolis plans très soignés, et des répliques profondes sur le sens de la vie, l'amour, la mort et le reste.
Pour le spectateur, ça passe ou ça casse. Visiblement, son maniérisme soigneusement étudié a séduit le jury qui récompense l'ensemble du casting.
L'un des grands oubliés du palmarès semble le très sensible Avant que de tout perdre de Xavier Legrand, thriller social sur le thème de la violence conjugale, qui mêle une rigueur stylistique quasi documentaire à un suspense anxiogène. Quant au cinéma d'animation, relativement peu représenté avec seulement 5 films, il repart malgré tout avec un double prix (Prix CinEcole en Vendômois et Prix du jury jeune) pour Us d'Ulrich Totier, une comédie sans parole sur la nature humaine.
Tout le palmarès
Grand Prix
Le Jour a vaincu La nuit de Jean-Gabriel Périot
Prix spécial du jury
Petite Blonde d’Emilie Aussel
Mention spéciale du jury
Petit matin de Christophe Loizillon
Prix d’interprétation
Pour les comédiens de Pour La France de Shanti Masud : Friedelise Stutte, Sigrid Bouaziz, David Atrakchi, Bastien Bouillon
Prix du jury jeune
US d'Ulrich Totier
Prix du jury étudiant
Le Tableau de Laurent Achard
Prix Format court
Pour La France de Shanti Masud
Prix CinEcole en Vendômois
US d'Ulrich Totier