Les Arcs couronnent The Fool de Yuruy Bykov

Posté par vincy, le 19 décembre 2014

durak l'idiot the fool

Le successeur d'Ida (lire le palmarès 2013) est un film russe. The Fool de Yuriy Bykov a remporté la Flèche de Cristal lors de la 6e édition du Festival du cinéma européen des Arcs ce vendredi 19 décembre. Le film a également reçu le prix de la meilleure photographie (Kirill Klepalov) et le prix du Jury Jeune.

En compétition au dernier Festival de Locarno, où il a récolté quatre prix (meilleur acteur, jury oecuménique, jury jeune et une mention pour le prix Don Quichotte), The Fool (L'idiot/Durak) est le portrait d'un jeune homme banal, intègre et incorruptible. Dima Nikitin est un père de famille simple et honnête, plombier afin de financer ses études à l'université. Un nuit, il est appelé en urgence dans une cité peuplée des marginaux, d'alcooliques et de femmes battues, où ont explosé des conduits. L'immeuble de cette banlieue déshumanisée est dans un état insalubre. Il faudrait évacuer les habitants mais le maire de la ville et les bureaucrates préfèrent faire la fête...
Le film a également été présenté au dernier Festival d'Arras.

Le jury présidé par Cédric Kahn a décerné cinq autres prix. Le Grand prix du jury a distingué le croate Ognen Svilicic pour son film There are the rule (une mention spéciale a été attribuée à Labyrinthe du silence de l'allemand Giulio Ricciarelli) ; le prix d'interprétation féminine a récompense la comédienne Bianca Kronlöf pour son rôle dans le film suédois Underdog de Ronnie Sandhal ; le prix d'interprétation masculine a consacré le comédien Peter Ferdinando pour son rôle dans le film anglais Hyena de Gerard Johnson ; le prix de la meilleure musique est revenu à Stephen Rennicks pour le film de l'irlandais Lenny Abramson, Frank.

Labyrinthe du silence a également obtenu le prix du public. Le prix de la presse a préféré Fidelio, L'odyssée d'Alice du français Lucie Borleteau (qui sera mercredi en salles). Le prix Cineuropa a choisi Wasteland du belge Pieter Van Heese. Enfin le prix ARTE - Village des coproductions a été décerné à The Voice de György Palfi (lire notre actualité du 27 octobre).

Commission européenne: La culture aux mains d’un proche du dirigiste Viktor Orbán

Posté par vincy, le 27 octobre 2014

La culture a un nouveau commissaire européen. Adoubé par les grands partis politiques, rejetés, notamment par des formations comme les écologistes. Jean-Claude Juncker, président de la Commission, a donné le poste au Hongrois Tibor Navracsics. Son portefeuille comprend également l'éducation, la jeunesse et les sports (on lui a retiré symboliquement la citoyenneté). Il est placé dans le bas de l'organigramme. C'est dire l'importance d'un tel portefeuille dans la nouvelle commission. Pourtant, le choix du commissaire n'est pas anodin à un moment où la culture européenne peine à se construire et se protéger.

Navracsics succède à Androulla Vassiliou. Pour résumer son parcours, il fut Ministre des Relations économiques extérieures et des Affaires étrangères de Hongrie en juin 2014, après avoir été Vice Premier ministre et Ministre de l'Administration publique et de la Justice de Hongrie entre 2010 et juin 2014. Il a débuté comme chef de cabinet de Viktor Orbán, président du Fidesz-MPSz, en 2003, avant d'être élu membre de l'Assemblée nationale de Hongrie en 2006.

Un cinéaste réputé qui voit son financement public amputé

Son parti le Fidesz est fondé sur le conservatisme et le protectionnisme économique, un mélange de traditionalisme et nationalisme. Côté culture, le parti a fait très fort. Pour ne parler que de cinéma, le gouvernement de Viktor Orbán a mis la main sur le Fonds national pour le film hongrois (17.6 millions euros de budget annuel), qui a récemment retiré son aide financière au prochain film de György Palfi.

Selon Le Monde, le fonds souhaitait imposer au cinéaste un réalisateur adjoint, en charge des scènes d’action. Le directeur du Fonds national pour le film hongrois, Andrew G. Vajna, ancien producteur de Rambo et Total Recall et désormais homme d’affaires à la tête de casinos en Hongrie, trouvait le projet trop artistique et manquant de scènes d’action. Ultra-libéral, il a été nommé pour financer des films populaires et divertissants. L'accent est mis sur les comédies, films d'aventures, l'animation.

De plus, le Fonds a décidé de conditionner ses aides en s'octroyant le droit de modifier la version finale après des projections tests. Pour l'instant quelques films ont réussi à recevoir des fonds publics, notamment White God, de Kornél Mundruczó, Grand prix du jury Un certain regard à Cannes cette année et candidat hongrois pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Heavenly Shift (meilleur film à Fantasporto), Land of Storms (sélectionné à Berlin) et Lily Lane sont passés entre les mailles du filet.

Béla Tarr en exil

Parallèlement, le régime hongrois a créé une Académie des cinéastes pour contrer l’Association des cinéastes, dont le président, Béla Tarr (lire notre actualité du 24 février 2012: Horizon sombre pour le cinéma hongrois : Bela Tarr mène la révolte). Tarr réside désormais à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine).

Régulièrement, lors de projections de films hongrois dans des festivals comme Berlin, le gouvernement hongrois envoie des représentants pour tracter ou discourir sur l'aspect fictif des films et corriger la vision des cinéastes, qui ne reflète pas, selon le régime d'Orbán, la Hongrie.

En 2013, le Festival du film hongrois, vitrine annuelle de la production nationale, a été annulé, pour la première fois depuis 1965, à cause du nombre insuffisant de films produits en Hongrie.

Le dirigisme dans ses pires excès. Le cinéma n'est pas le seul secteur mis sous la coupe du gouvernement: les médias, Internet, les manuels scolaires sont autant de domaines où l'Etat décide de tout contrôler.

On comprend mal le choix de Jean-Claude Juncker pour son commissaire à la culture. Une provocation qui risque de créer de sérieuses frictions avec les acteurs de la culture européenne, alors qu'ils se battent pour défendre des mécanismes de financements et pour maintenir l'exception culturelle.

La France, l'Allemagne et l'Italie interpellent l'Union européenne

À l'occasion d'une grande conférence sur l'audiovisuel à Rome, il y a quelques jours, Peter Dingues, de la FFA, Roberto Ciccuto, de l'Istituto Luce-Cinécittà et Jean-Paul Salomé, d'UniFrance, ont interpellé le Conseil de l'Union européenne sur l'avenir du 7e Art européen, rappelle Le film français. Ils constatent que "quelque chose à l'intérieur de ce système ne fonctionne plus, nous perdons du public." Ils s'interrogent: "A quoi ressemblera le cinéma européen dans dix ans ?"

"Responsables de la promotion de nos propres cinématographies, nous souhaitons afficher notre volonté de réfléchir ensemble pour soutenir notre production, renforcer nos coproductions, favoriser la diffusion de nos films en Europe et dans le monde" expliquent-ils. "Alors que le nombre de films produits n'a jamais été aussi élevé, nous regrettons qu'ils ne soient pas plus visibles au-delà de leurs frontières. Dans les salles, notamment les multiplexes, sur les chaines de télévisions publiques, sur les écrans et les plateformes numériques, nous constatons leur trop faible présence, hors de leurs frontières. Nous devons inverser cette tendance. C’est pourquoi l’augmentation de la fréquentation des films européens est une de nos priorités majeures. Un meilleur accès aux cinémas européens doit s'organiser et se décide au moment où les habitudes de consommation des films évoluent. Nous devons agir avant qu'il ne soit trop tard.
Au moment où une nouvelle commission se met en place, il nous semble urgent et nécessaire de réaffirmer la qualité, la valeur, l'attractivité, l'originalité du cinéma européen car nous refusons de le voir se fragiliser face aux films hollywoodiens
."

Ils proposent six pistes:
1 - Rétablir un dialogue constructif avec les élus et responsables européens,
2 - Renforcer la collaboration européenne dans l'écriture, le développement, la production et la distribution de nos films,
3 - Travailler, avec l'UE, à ce que, particulièrement, les chaines publiques assument leur responsabilité de diffusions des films européens non nationaux,
4 - Adapter la régulation et la réglementation aux médias numériques en assurant le maintien et la défense du droit d'auteur qui n'empêche en rien la diffusion des œuvres quel que soit leur support,
5 - Appliquer les mécanismes de régulation aux nouveaux opérateurs numériques qui profitent de leur dimension transnationale pour échapper à leur juste participation à la création audiovisuelle européenne,
6 - Mettre en place une politique commune contre la piraterie audiovisuelle.

Vaste chantier pour un Commissaire qui, jusque-là, a adhérer à un gouvernement hongrois qui, à défaut d'être sanctionné, est souvent condamné par différentes institutions pour une politique peu respectueuse des traités européens.

Vendôme 2013 : l’art du mashup, du cinéma bricolé et du found footage

Posté par MpM, le 12 décembre 2013

final cutPour sa 22e édition, le Festival du Film de Vendôme explore l'art du mashup et du found footage sous toutes ses formes. Le film montré en ouverture, Final cut : ladies and gentlemen de Gyorgy Palfi, propose ainsi une relecture de l'histoire du cinéma par le prisme des héros de celluloïd et de leurs interactions amoureuses, sublimées et décuplées dans un montage constitué d'extraits de 500 longs métrages de toutes les époques.

Car c'est ça, l'art du mashup (littéralement "faire de la purée") : assembler des images et des sons provenant d'une ou plusieurs sources pour créer une nouvelle œuvre indépendante et originale. Une technique qui a longtemps été l'apanage du cinéma expérimental, et qui, grâce à l’avènement des technologies numériques, semble désormais pouvoir se démocratiser.

Dans cette optique, l'agence régionale Ciclic qui organise le festival de Vendôme propose divers ateliers de "cinéma bricolé" et de montage destinés au jeune public ainsi qu'un petit panorama des différentes pratiques du mashup à travers une sélection de courts métrages très divers.

Du neuf avec du vieux

On a ainsi pu découvrir Le facteur humain de Thibaut Le Texier composé d'images d'archives mêlant des scènes industrielles et des scènes domestiques pour illustrer la correspondance entre une femme et son mari qui expérimentent tous deux le Taylorisme dans leur quotidien, Gravity de Nicolas Provost qui combine des baisers de cinéma dans une alternance effrénée de plans stroboscopiques ou encore Home stories de Mathias Muller qui, avec des plans très courts d'actrices en situation de stress, décortique le mécanisme du voyeurisme.

Mais le plus impressionnant the counterde la sélection est probablement The counter de Volker Schreiner qui consiste en une suite de fragments très courts où apparaît un chiffre, formant au final un compte à rebours géant allant de 266 à zéro.

Le montage cut et frénétique et la bande son lancinante empêchent le spectateur de détacher le regard de l'écran, uniquement focalisé sur le chiffre à trouver dans l'image avant qu'elle ne soit remplacée par une autre, et sans plus faire attention aux comédiens célèbres qui se succèdent eux-aussi à l'écran.

Un suspense oppressant se dégage de cette insaisissable fuite en avant : une fois le compte à rebours terminé, que va-t-il se passer ? En six minutes, Volker Schreiner résume ce qu'est l'art du found footage : détourner les images d'origine jusqu'à les transformer en une matière brute qui ne compte plus pour ce qu'elle fut (des extraits de films célèbres où l'on s'amuse à reconnaître tel ou tel) mais bien pour ce que le réalisateur a décidé d'y placer (ici : des chiffres). Un chef d’œuvre du genre qui est par chance visible en ligne.

Voyages en cinéphilie

L'autre volet de la thématique "mashup", l'installation "Voyages en cinéphilie", s'avère tout aussi fascinante, avec en plus la particularité d'être interactive. En effet, le festival de Vendôme propose trois types d'expériences en lien avec le détournement d'images préexistantes.

table mashupLa table mashup, créée par le réalisateur Romuald Beugnon et coproduite par quatre pôles régionaux  dont Ciclic, met ainsi le montage vidéo à la portée de tout un chacun. Il s'agit d'une table, munie d'une vitre transparente, sous laquelle est placée une caméra capable de reconnaître des codes visuels.

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22e Festival du Film de Vendôme : Filmez, jeunesse !

Posté par MpM, le 6 novembre 2013

vendôme 2013Si l'on a toujours hâte de voir le nouveau film d'un auteur que l'on admire, quoi de plus excitant que de découvrir un jeune cinéaste inconnu dont le style et le propos tranchent sur la production contemporaine ?

Depuis plus de vingt ans, le festival de Vendôme offre une véritable tribune à cette jeune création cinématographique européenne en lui consacrant un festival ambitieux et résolument tourné vers tous les publics : les lycéens qui programment une section consacrée à la thématique "tomber amoureux d'un fantôme" ; les plus jeunes (voire les tout-petits) qui profitent de la sélection "jeune public". ; les adultes qui se passionnent pour les premiers films, courts ou longs...

Durant cette semaine de festival, du 6 au 13 décembre, il y en aura en effet pour tous les goûts : une compétition de courts métrages français, un focus sur le cinéma italien, une rétrospective autour du réalisateur Sébastien Betbeder, un panorama de premiers et deuxièmes longs métrages européens, des documentaires, une sélection de films d'animation, un coup de projecteur sur la technique du mash-up...

Tant de belles choses parmi lesquelles il sera difficile  de choisir ! Heureusement, Ecran Noir est là pour mettre en avant cinq moments à ne surtout pas louper, en toute subjectivité :

- le film d'ouverture, Final cut : ladies and gentlemen de Gyorgy Palfi, un film de montage qui réunit des extraits de plus de 450 films. A voir pour sa portée universelle, sa déclaration d'amour au cinéma, et surtout son travail virtuose de montage.

- Méliès, cabaret magique : un spectacle complet mêlant conte, théâtre, cinéma, magie et musique pour raconter Georges Méliès et ses innombrables inventions. Parce qu'on ne rappellera jamais assez l'apport du génie Méliès au cinéma mondial.

- Avant que de tout perdre de Xavier Legrand : ce court métrage en compétition, à mi-chemin entre la chronique sociale et le thriller haletant, fait battre plus vite le cœur du spectateur. Un exemple brillant de la force d'évocation du court métrage.

- Suzanne de Katell Quillévéré : un long métrage qui suit le destin d'une jeune femme au fort caractère incarnée par Sara Forestier et qui pousse l'art du récit syncopé à son plus haut niveau.

- Mille lectures d'hiver, une ciné-lecture animée par l'écrivain Olivia Rosenthal autour de son recueil Ils ne sont pour rien dans mes larmes, dans laquelle elle répond à la question « quel film a changé votre vie ? ». Parce qu'à défaut de changer le monde, le cinéma peut parfois changer les êtres ?

Rendez-vous dès le 6 décembre à Vendôme pour en faire l'expérience.

Horizon sombre pour le cinéma hongrois : Bela Tarr mène la révolte

Posté par vincy, le 24 février 2012

Entre l'élection présidentielle, la crise économique, Jean Dujardin, et la Syrie, on oublie qu'à une heure de vol de la France, un pays de l'Union européenne glisse lentement vers un régime autoritaire de plus en plus inquiétant. Si l'Europe commence à prendre des mesures de rétorsion (un blâme vient d'être prononcé par la Commission, accompagné de la suspension d'un versement de 495 millions d'euros pour l'aide aux régions les plus défavorisées), cela ne suffit pas à calmer les dérives du pouvoir.

Dernier acte en date : le cinéma. Le Monde a consacré un passionnant reportage sur un secteur qui connait aussi bien une crise économique qu'un conflit larvé avec le pouvoir en place. Il n'y a pas que la Russie, l'Iran, la Chine et la Biélorussie, entre autres, qui ont décidé de contrôler le 7e art. Depuis la nomination d'Andrew G. Vajna, ancien producteur des Rambo, Total Recall et autres Terminator au titre de Commissaire du gouvernement chargé du cinéma, rien ne va plus entre les cinéastes et le régime du premier ministre Viktor Orban. Ce dernier a donné à Vajna la mission de restructurer le secteur. Avec comme objectif souterrain de le calquer sur celui du théâtre ou de la presse, devenue muselée, censurée, pressurisée depuis son arrivée au pouvoir.

Les réalisateurs hongrois commencent à se rebeller. Bela Tarr a lancé l'idée de créer un fonds indépendant pour produire les films (sous entendu librement). Désormais président de l'Association des réalisateurs hongrois, Tarr avait organisé le 4 février dernier un débat au cinéma Urania à Budapest où des dizaines de cinéastes avaient répondu à l'appel. Ce forum s'est tenu dans le cadre de la 43e Semaine du film hongrois, qui ne dure que quatre jours, faute de moyen. L'ordre du jour était simple : survivre et déclarer la guerre contre la politique "arbitraire" du commissaire.

Celui-ci était présent. Il a du encaisser toutes les critiques à son encontre. Depuis l'entrée en vigueur en septembre dernier du Fonds national du cinéma, qui remplace la Fondation publique MMKA, il est au centre des mécontentements. Doté de 20 millions d'euros de budget, ce Fonds semble très opaque. Les réalisateurs s'interrogent sur les critères décidés par l'Etat pour choisir les films qui seront aidés. D'autres se demandent pourquoi les professionnels du cinéma ne sont plus impliqués dans le processus de sélection? Poser la question c'est y répondre. Le pouvoir politique veut décider lui-même, sans forcément retenir les qualités cinématographiques d'un projet.

Pire, l'Etat veut s'introduire jusque dans la salle de montage. Un des cinéastes présents confie : "Quand un réalisateur signe le contrat, une clause stipule que l'Etat financeur a le dernier mot sur le montage. Pour contrebalancer ce pouvoir, il va falloir trouver des coproductions étrangères." Les jeunes cinéastes, trop effrayés à l'idée de ne pas pouvoir faire leurs premiers films, sont absents : c'est la vieille garde qui monte au créneau. Bela Tarr, primé dans tous les festivals du monde et reconnu comme le plus grand cinéaste vivant du pays, n'a en effet rien à perdre.

Les Festivals internationaux comme vitrine

" Je voyais mes amis pleurer, attendre de l'argent qui ne venait pas. Je leur ai proposé de tourner un film à zéro budget, pour raconter la situation. Tout le monde a travaillé gratuitement, les comédiens, les techniciens ", raconte Béla Tarr au journal Le Monde. Il a décidé de produire Hongrie 2011, un film sur la détresse des réalisateurs hongrois, présenté en ouverture de la Semaine du cinéma hongrois. 11 courts métrages compilés qui ont été projetés à Berlin.

C'est aussi à Berlin que Juste le vent, de Bence Fliegauf, en compétition, a reçu le Grand prix du jury. De quoi redonner du baume au coeur à la profession, un an après l'Ours d'argent du meilleur réalisateur pour Bela Tarr.

A Cannes, on devrait voir le prochain film de György Palfi, Final cut. Ladies & Gentlemen. Sans financement pour son nouveau projet, il a décidé de puiser dans 450 films du cinéma mondial, de Chaplin à Cameron, pour créer des histoires d'amour entre les plus grands comédiens du 7e art, faisant ainsi rencontrer les légendes de l'âge d'or avec les stars actuelles. Pour que le film soit projeté, il faut cependant résoudre le délicat problème des droits d'auteur.

Pour l'instant, le cinéma hongrois est en suspens : entre désespoir et angoisses, entre méfiance et vigilance. Vajna a décidé de financer quatre films d'auteur. Mais nombreux y voient un subterfuge pour endormir les esprits révoltés. Car pour le pouvoir, il s'agit avant tout de dynamiser la part de marché des films nationaux (entre 5 et 10% selon les années) dans un marché plutôt en croissance. Complètement dominé par Hollywood, le marché local a, par exemple, été absent des trente plus gros succès de l'année 2011.