Vesoul 2015 : Cyclo d’or pour Bwaya de Francis Xavier Pasion

Posté par MpM, le 18 février 2015

FICA 2015

La tonalité exigeante du palmarès du 21e festival des cinémas d'Asie de Vesoul traduit le choix du jury mené par Wang Chao (et composé de Laurice Guillen, Mohammad Rasoulof et Prasanna Vithanage) de récompenser des œuvres singulières et denses portant chacune en elle sa propre proposition de cinéma.

Francis Xavier PasionAinsi le Cyclo d'or, Bwaya de Francis Xavier Pasion (photo de gauche), mêle-t-il la sensorialité d'une nature presque idyllique à un constat social douloureux qui ouvre la porte à une mise en abime inattendue. Le film ne se contente pas de narrer des faits (en partie réels), il propose par petites touches une réflexion sur la retranscription cinématographique de ces faits et sur le rapport complexe au réel qui s'en dégage.

Une démarche déconcertante qui rend le film parfois malaisé, mais surtout toujours surprenant. On est quelque part entre le cinéma sensoriel et énigmatique d'un Apichatpong Weeresetakul, le constat social dépouillé d'un Brillante Mendoza et le récit mythique universel sur les origines du monde. Dans ce cadre qui évoque les premiers temps de l'humanité, le contraste saisissant entre la beauté foudroyante de la nature et les difficultés matérielles des habitants emporte tout.

Le grand prix, Exit de Chenn Hsiang, est une oeuvre plus urbaine, mais tout aussi dépouillée. Dans des scènes courtes très peu dialoguées, le jeune réalisateur dresse le portrait sensible et sans fard d'une femme plongée dans une solitude infinie. L'héroïne, une Taïwanaise de 45 ans pour laquelle tout semble s'arrêter (sa vie professionnelle, sa vie de mère et même sa vie de femme), est perpétuellement enfermée dans des cadres travaillés et des perspectives bouchées. C'est comme si, pour elle, toutes les portes se fermaient, au sens propre comme au sens figuré. Une oeuvre en apparence austère qui s'attache aux plus petits détails pour transmettre toutes les émotions qui ne passent ni par le récit, ni par le scénario.

Le jury a par ailleurs distingué One summer de Yang Yishu et Melbourne de Nima Javidi, deux longs métrages qui abordent un contexte social et politique par le prisme de la cellule familiale. Dans le premier, construit comme un thriller anémique, une femme passe tout un été à essayer de comprendre pourquoi son mari a été arrêté. A grands renforts de plans fixes, de scènes ultra-quotidiennes, d'ellipses et de non-dits, le film raconte à la fois la vacuité de l'attente, l'ignorance anxiogène, l'arbitraire tout puissant et l'implosion d'existences bien rangées. Malgré ses faiblesses (narration si déliée qu'elle peut en sembler factice, scènes parfois absconses), One summer a quelque chose de saisissant qui captive.

Melbourne (photo de droite) est Melbourne au contraire un quasi huis-clos étouffant dans lequel la parole joue le rôle principal. Pris dans un dilemme moral inextricable, un jeune couple s'embourbe dans les mensonges, les conjectures et les revirements, saisis par une culpabilité qui les étouffe. Même s'il ne va pas aussi loin dans son étude cruelle des rapports de classe, impossible de ne pas penser au cinéma d'Asghar Farhadi, période Une séparation. Probablement l'oeuvre la plus aboutie, voire la plus maîtrisée de la compétition.

Parmi les lauréats des autres prix, on note la présence du premier film birman en compétition à Vesoul, The monk de The Maw Naing, une oeuvre assez classique sur le conflit de génération entre un apprenti moine boudhiste et son maître malade, mais aussi le très poétique Kurai Kurai de Marjoleine Boonstra, fresque délicate inspirée de légendes kirghizes ou encore A matter of interpretation de Lee Kwang-kuk, savoureux exercice de style qui mêle rêves et réalité à la manière de Hong Sang-Soo.

Un palmarès qui reflète au fond la grande homogénéité de cette compétition 2015, moins axée sur les grands sujets de société que sur des propositions cinématographiques assez personnelles et parfois relativement arides qui ne cèdent ni à la complaisance, ni à la facilité. Un très bel aperçu de la vitalité des cinémas asiatiques qui ne cessent de se renouveler et de se réinventer pour obtenir l'alchimie idéale entre recherche formelle et démarche sociale ou politique.

Vesoul 2015

Le palmarès complet

Cyclo d'or
Bwaya de Francis Xavier Pasion (Philippines)

Grand prix du jury
Exit de Chenn Hsiang (Taïwan)

Prix du jury ex-aequo
One summer de Yang Yishu (Chine) et Melbourne de Nima Javidi (Iran)

Prix NETPAC
The Monk de The Maw Naing (Birmanie)

Prix Emile Guimet
Kurai Kurai : tales of the wind de Marjoleine Boonstra (Kirghizstan)

Coup de coeur de Guimet
Bwaya de Francis Xavier Pasion (Philippines)

Prix INALCO
Melbourne de Nima Javidi (Iran)

Coup de cœur INALCO
A matter of interpretation de Lee Kwang-kuk

Prix du public long métrage de fiction
Margarita with a straw de Shonali Bose et Nilesh Maniyar

Prix de la critique
Exit de Chenn Hsiang (Taïwan)

Prix du Jury Lycéens
Margarita with a straw de Shonali Bose et Nilesh Maniyar (Inde)

Prix du public du film documentaire
Nu Guo, au nom de la mère de Francesca Rosati Freeman et Pio d'Emilia (Chine, Italie, Japon)

Prix Jury Jeunes
Iranian Ninja de Marjan Riahi (Iran)

Photos : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : Trois questions à Wang Chao

Posté par MpM, le 18 février 2015

wang chaoEn parallèle de la vaste rétrospective de 50 ans de cinéma chinois proposé au FICA cette année, les organisateurs du Festival de Vesoul se sont tout naturellement tournés vers un cinéaste chinois de première envergure pour succéder à Brillante Mendoza dans le rôle difficile de président du jury international.

Wang Chao, dont le premier long métrage, L'orphelin d'Anyang, fut sélectionné à Cannes en 2001, était donc l'invité d'honneur de cette 21e édition, durant laquelle il a reçu un Cyclo d'or spécial. Deux de ses films récents (le polar intime Memory of love et le drame familial Fantasia) étaient également présentés.

L'occasion pour Ecran Noir de rencontrer ce cinéaste rare qui porte sur son pays un regard à la fois critique et chaleureux, soucieux d'en montrer fidèlement tous les contrastes.

Ecran Noir : votre cinéma est souvent le reflet de la société chinoise actuelle. Est-ce pour vous ce que représente le cinéma, un moyen de transmettre la réalité ?

Wang Chao : Je pense en effet que mes films représentent la vie en Chine. La chine évolue maintenant très vite. D'un côté, on a beaucoup de succès en tant que puissance économique. Notre vie s'améliore de plus en plus. On peut voir ça facilement dans les journaux ou à la télévision. Mais en tant que réalisateur, et en tant qu'artiste, je voudrais aussi montrer des gens qui sont ignorés par les médias. Montrer un autre côté de la Chine.

EN : Cela influe-t-il sur la manière dont vous regardez un film, notamment lorsque vous occupez comme ici le rôle de président du jury ?

WC : Non, pas vraiment. Je regarde les films sous un prisme plus artistique. Je m'attache aux films qui me touchent, et aussi quand même aux films qui sont proches de la réalité. Mais c'est le niveau artistique qui prime.

EN : Comment est né le projet du film A la recherche de Rohmer que vous avez tourné en France ?

WC : Ce film est adapté de mon roman qui s'appelle Tibet sans retour. Il raconte l'histoire de deux hommes dont un qui est mort au Tibet et l'autre qui veut aller le chercher. Pour ce qui est de Rohmer, déjà, c'est un scénariste que j'aime beaucoup. Je voulais lui rendre hommage. En plus, son film Le rayon vert raconte aussi une histoire de recherche, d'où le parallèle, même si le traitement est bien sûr complètement différent.

Photo Wang Chao : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : rencontre avec Nilesh Maniyar, co-réalisateur de Margarita with a straw

Posté par kristofy, le 17 février 2015

nilesh« Qui voudrait sortir avec moi ? » C'est l'une des répliques émouvantes de l'un des 9 films en compétition cette année au Festival de Vesoul : Margarita with a straw co-réalisé par Shonali Bose et Nilesh Maniyar.  Le sujet a réussi à prendre par la main les spectateurs pour les toucher au coeur, avec une jeune fille qui souffre d'un handicap et qui va découvrir le désir et l'amour pour une autre femme...

Ce film est écrit et réalisé par un duo (une femme et un homme) originaire de l'Inde, pays où l'homosexualité  est toujours un délit. A noter que l’héroïne est interprétée par l'actrice Kalki Koechlin, qui avait été révélée dans les premiers films de Anurag Kashyap (avant que les suivants ne soient à Cannes) Dev.D et That Girl in Yellow Boots.

L'histoire avec ses rebondissements et ses bons sentiments nous fait partager le parcours émotionnel d'une jeune fille qui va sortir de sa solitude. C'est Nilesh Maniyar qui était présent à Vesoul pour accompagner Margarita with a straw :

Ecran Noir : L’histoire de Margarita with a straw est une idée originale de Shonali Bose inspirée de sa famille mais le scénario tout comme la réalisation ont été faits à deux. Pouvez-vous nous dire quelle est la part de vérité ou de fiction ?
Nilesh Maniyar : L’histoire a en effet été inspirée en partie par la vie de la sœur de Shonali Bose, mais tout le scénario est en fait vraiment de la fiction. Sa sœur Manili est atteinte d'une forme de paralysie cérébrale, elles ont grandi ensemble. Le film est aussi dédié à la mère de Shonali décédée quand elles étaient jeunes et aussi au jeune fils de Shonali qu’elle a perdu, la vie et la mort ont fait comme un cercle autour d’elle. Des caractéristiques du personnage principal et de sa mère sont en lien avec sa famille, mais l'histoire est une fiction.

EN : On découvre dans le film deux jeunes filles avec deux sortes de handicap, l’une est en fauteuil roulant et l’autre est aveugle, qui vivent différentes expériences dans deux pays, en Inde et aux Etats-Unis. Est-ce que tout cela a multiplié les difficultés pour réaliser le film ?
NM :
Le film n’a pas été facile à mettre en route parce que notre histoire ne s’appuie pas sur des problèmes liés à des handicaps mais beaucoup plus sur les émotions des personnages. La chose importante était de ne pas traiter des deux filles comme des personnes handicapées mais de regarder ces deux personnages de filles comme égales aux autres. Avec ce film on a voulu donner comme des lunettes aux spectateurs pour regarder le monde ainsi. Pour créer ce monde cela n’a pas été facile, et il fallait deux actrices très talentueuses comme Kalki Koechlin et Sayani Gupta pour que l’on finisse par oublier leur condition physique et qu’on s’attache à leur cheminement intime et personnel.

EN : Deux filles avec un handicap de deux cultures différentes et des relations homosexuelles qui sont sujet tabou en Inde, craignez-vous certaines réactions du public ?
NM :
Non seulement je n’ai pas peur de ces réactions mais je les attends. Si quelqu’un me tirait une balle dans le dos à cause de ce film je pourrais en être fier… Plus sérieusement, il temps de ne plus avoir peur de parler de certains sujets de société comme l’homosexualité ou d’autres, il est temps d’en faire des sujets de conversation. Cela concerne la personne qui est handicapée et qui ressent ces sentiments et personne ne devrait avoir à y redire, il n’y a rien de mal à ça. Il y a beaucoup de spectateurs à travers le monde qui ont aimé ce film, et des voix ont pu dire "oh enfin une histoire qui raconte nos sentiments"...

EN : Margarita with a straw est en compétition au Festival de Vesoul avec d’autres films de plein de pays très différents…
NM :
L’organisation de ce festival de films asiatiques dans cette petite ville de France qu’est Vesoul est formidable, depuis que j’ai atterri ici j’ai l’impression que les gens sont très chaleureux et que tout le monde connaît presque tout le monde. Voir tout ces gens qui remplissent les salles même le matin pour célébrer ensemble des différences culturelles, ça c'est formidable. A une séance de mon film il y a eu plusieurs dizaines de jeunes lycéens qui étaient là. Un adolescent qui est exposé à un jeune âge à une culture asiatique à travers un film de cinéma c’est quelque chose de précieux. Pour moi Vesoul a su marquer son empreinte sur une carte où tout est globalisé, il faudrait y aller chaque année. Réussir à organiser un festival comme celui-là à notre époque où tout est uniformisé est vraiment courageux et magnifique.

EN : et après Vesoul ?
NM :
A Vesoul c’était l’avant- première française pour le film, je ne connais pas encore de date de sortie pour la France. Notre vendeur international a d’ailleurs des bureaux basés en France, la société Wide Management, et ils ont fait un boulot fantastique pour la diffusion du film. Margarita with a straw devrait être distribué au Japon, en Corée du Sud, aux Etats-Unis, au Canada, en Espagne, au Mexique...

Photo Nilesh Maniyar : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : rencontre avec Ainur Niyazova, actrice kazakh de Adventure

Posté par kristofy, le 16 février 2015

Adventure

Le Festival de Vesoul est en terme de fréquentation la plus importante manifestation de cinéma asiatique d'Europe, et aussi le plus ancien festival de ce type en France car il s'agit cette année de sa 21e édition.

Martine Thérouanne, sa directrice, est toujours prête à expliquer ce que symbolise le nom complet symbolisé par les initiales FICA de Vesoul : "Le Festival International des Cinémas d'Asie, on insiste sur "cinémas" au pluriel car on s'attache à l'Asie géographique du proche à l'extrême-orient".

Chaque année ce sont ainsi plusieurs pays qui sont à l'honneur soit avec un regard thématique ou une rétrospective comme par exemple cette année l'Iran ou le Laos. Lors du festival 2012 avait également été organisé un Regard sur le cinéma du Kazakhstan avec une vingtaine de films rares allant de Amangeldy de Moisy Levin de 1938 au nouveau Sunny Days de Nariman Turebaiev qui était alors aussi en compétition.

Dans les 9 films en compétition, cette année on retrouve le dernier film de Nariman Turebaiev, Adventure : Marat, jeune célibataire, vit seul. Il travaille comme agent de sécurité. Il vit cette existence solitaire sans rien changer d’un quotidien ennuyeux. Or, un jour, quelque chose d’inattendu arrive. Marat voit une jeune fille debout dans la rue près de sa maison. Cette fille s’appelle Maryam et quand elle va accidentellement entrer dans la vie de Marat, les nuits de ce dernier vont être pleines d’aventures.... Adventure est une libre adaptation de la longue nouvelle Nuits blanches de Dostoïevski.

A l'issue de la première projection du film, on a rencontré son actrice principale, la belle Ainur Niyazova, qui nous a raconté comment elle a rejoint l'aventure : "le réalisateur Nariman Turebayev m’a choisie à l’issue du processus de casting pour le rôle. Il y avait plusieurs actrices du Kazakhstan et on a passé des tests filmés en vidéo, et donc finalement c’est moi qui ai été choisie. Quand on a commencé le tournage Nariman m’a indiqué que je pouvais jouer selon mon ressenti. Cela était une expérience différente pour moi car je connaissais alors plutôt des réalisateurs qui me disaient "fais-en plus, plus d’intensité", et là c’était un peu le contraire. C’est plutôt moi qui demandais à Nariman : "dis-moi en plus, donne-moi plus d’indications", je voulais faire plus de prises et proposer plus de choses. J’aurais pu être plus expressive, et lui préférait que je sois la plus normale possible".

La jeune femme était présente à Vesoul pour accompagner Adventure et découvrir les autres œuvres en compétition. "C’est intéressant d’accompagner Adventure dans lequel j’ai joué dans d’autres pays. En 2014 j’étais au festival de Karlovy Vary aussi avec ce film et c’était le premier festival où il était montré en dehors de Kazakhstan. Je remercie Martine et Jean-Marc Thérouanne d’avoir sélectionné notre film en compétition, le réalisateur Nariman Turebayev devait être là mais malheureusement il n’a pas pu venir. Ici en France à Vesoul c’est le second festival où je suis invitée pour ce film, j’aime beaucoup aller dans des festivals de cinéma qui réunissent des films très différents."

Après Leçons d'harmonie, autre film kazakh passé par les festivals de Berlin et Vesoul, avant d'être à l'affiche en mars 2014, Adventure devrait également sortir en salles prochainement :

Photo Ainur Niyazova : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : coup de projecteur sur le cinéma du Laos

Posté par MpM, le 15 février 2015

coup de feu dans la plaine des jarresL'une des grandes spécialités du Festival de Vesoul est de proposer régulièrement des rétrospectives sur des cinématographies rares et méconnues. Cette année, c'est ainsi le Laos qui est à l'honneur avec la sélection de cinq films représentatifs de la période 1975-2015.

En effet, on ignore presque tout de la production cinématographique avant la prise de pouvoir du Pathet Lao (mouvement communiste) au milieu des années 70. Il semblerait que seuls deux documentaires aient été tournés avant les années 50 et que plusieurs fictions aient été produites entre 1960 et 1975, mais seule une liste de quinze titres (dont aucun n'est aujourd'hui visible) subsiste.

En 1983, après s'être concentré sur les films documentaires, le département cinématographique du gouvernement communiste décide de produire sa première fiction. Ce sera Le son des coups de feu dans la plaine des jarres de Somchit Phonsena, une reconstitution romancée de l'évasion du peloton patriotique laotien encerclé dans la plaine des jarres. Malgré son caractère de film de propagande, il sera rapidement censuré et disparaîtra pendant 31 ans des écrans, avant de réapparaître en avant-première mondiale au FICA de Vesoul 2015.

En 1988, le département cinéma s'essaie à une autre fiction, Le lotus rouge de Som Ock Southiponh, une romance révolutionnaire en noir et blanc qui dépeint avec précision la vie au Laos dans les années 70, et qui a elle-aussi les honneurs d'une projection vézulienne.

Il faudra ensuite attendre la fin des années 90 pour que reprenne une production cinématographique laotienne, très largement dévouée au régime. En 2008, Bonjour Juang Prabang, le premier long métrage produit avec des fonds privés, voit le jour. Il s'agit d'une comédie romantique à petit budget qui rencontre un succès important auprès du public laotien.

Suivront A l'horizon d'Anisay Keola, premier polar de l'histoire du pays, et Chanthaly, premier film fantastique (c'était jusque-là interdit) par ailleurs réalisé par une femme, Mattie Do. Tous trois figurent dans la programmation du FICA 2015.

Malgré la faiblesse des infrastructures (2 cinémas, 9 écrans), la censure locale qui contrôle les œuvres à tous les stades de création ou encore le manque de moyens humains comme financiers, on perçoit ainsi une vraie reprise du cinéma laotien qui devrait désormais proposer plusieurs productions par an. Avec, qui sait, un film laotien pour la première fois en compétition dans un festival international en 2016 ? Ce ne serait pas la première fois que le FICA ouvrirait la voie.

Vesoul 2015 : La Chine, nouvel eldorado du cinéma

Posté par kristofy, le 13 février 2015

xiaoLa Chine, immense pays multiethnique, est doté d'un vaste patrimoine cinématographique, dont on ignore la plus grande partie. L'an dernier, il y a eu différentes initiatives pour célébrer la "Saison Culturelle France-Chine 50" (pour les 50 ans d’amitié franco-chinoises).  Le 21e Festival des cinéma d’Asie de Vesoul y apporte sa contribution avec la plus importante rétrospective de films de patrimoine chinois avec 36 œuvres telles que : les inédits La boutique de la famille Lin de Shui Hua (1959) ou Le tireur de pousse-pousse de Ling Zifeng (1982) ; Le coq chante à minuit de Lei Yeou (à Cannes en 1965) ou Une nuit de glace de Que Wen (à Cannes en 1984) ; Ju dou de Zhang Yimou (1990) ou Xiao Wu artisan pickpocket de Jia Zhang-ke (1997) ; Le fossé (2010) de Wang Bing ou La môme Xiao de Peng Tao (2007)...

Toujours venu de l'Empire du milieu, le film d'ouverture de Vesoul était  Full circle en hommage à Wu Tianming disparu l'année dernière. Le jury international pour les films en compétition est présidé par un chinois, le réalisateur Wang Chao (Voiture de luxe, Memory of Love), dont le dernier film, Fantasia était au dernier festival de Cannes.

En terme de distribution de films, on parle de territoire, et la Chine représente en ce moment LE territoire à investir. Le box-office chinois est en pleine explosion depuis plusieurs années. Rien qu’en 2014 il y a eu la construction de 1015 multiplexes (en Chine il y a désormais plus de 23600 salles - contre 18000 en 2013). C’est aussi le marché le plus important pour les films en 3D (Lucy de Luc Besson a d’ailleurs été converti spécialement en 3D pour sa diffusion en Chine). Côté box office, la Chine est dorénavant le deuxième pays dans le monde en nombre de spectateurs et en recettes. En 2014, le B.O. chinois a récolté 4,82 milliards de recettes, en progression de 36% par rapport à 2013. A ce rythme, d'ici la fin de la décennie, le marché chinois sera plus important que le marché américain.

Lente ouverture aux films étrangers

Le pays limite l’accès aux films étrangers (même si le chiffre progresse chaque année) sauf s'il s’agit de coproduction avec des règles à suivre (environ un tiers du budget par une société chinoise, un acteur chinois doit avoir un rôle conséquent, une partie du tournage en Chine, l’administration du bureau des films doit approuver le scénario et le montage final…). Depuis que la Chine a conclu un accord de coproduction avec la France le 29 avril 2010 (et des accords semblables avec d’autres pays), les films coproduits ne sont ainsi plus comptés dans le petit nombre de films étrangers (surtout américains) autorisés à être importés. Il en résulte des films chinois coproduit par des français comme 11 Fleurs (2011) de Wang Xiaoshuai ou Le Promeneur d'oiseau (2014) de Philippe Muyl, ou encore le prochain film de Jean-Jacques Annaud Le dernier Loup , qui va bientôt sortir dans nos salles d’après le best-seller chinois Le Totem du loup de Jiang Rong.

La Chine développe aussi de plus en plus des partenariats avec les Etats-Unis. Un des plus gros budgets chinois Flowers of war de Zhang Yimou a été conçu pour séduire le marché international avec, en vedette, Christian Bale. Côté USA il y a eu l’étape du blockbuster Transformers 4 l'âge de l'extinction (leader du box office l'an dernier) de Michael Bay tourné en Chine avec Mark Wahlberg (et les acteurs chinois Li Bingbing et Han Geng) qui a réalisé un meilleur démarrage en Chine qu'aux Etats-Unis. Iron man 3 également tourné en partie en Chine a d’ailleurs une version différente pour le marché chinois avec des scènes en plus (avec Wang Xuegi et Fan Bingbing). Et du côté du film d’animation DreamWorks Animation a une filiale chinoise Oriental DreamWorks. Les suites Avatar 2 (novembre 2017) et Avatar 3 (novembre 2018) de James Cameron qui visent des records de spectateurs seront aussi des coproductions avec la Chine.

En attendant, impossible de voir les 600 films produits chaque année en Chine.
Alors, Vesoul, eldorado du cinéphile amateur de films asiatiques, programme 90 films de tout le continent, en une semaine (à condition, certes, de ne rien faire d'autre).

Vesoul 2015 : la Chine, l’Iran et les thrillers à l’honneur

Posté par MpM, le 10 février 2015

fica2015Il fut longtemps le plus important festival de cinéma asiatique de France, il est désormais le seul de cette envergure. Alors que l'on apprend semaine après semaine l'arrêt (ou la suspension) de manifestations consacrées au cinéma, le Festival des cinémas d'Asie de Vesoul tient bon. Mieux, après les fastes de son 20e anniversaire, il revient en 2015 avec une programmation solide, élégante et ambitieuse qui permet une fois de plus de concilier tous les publics, des plus cinéphiles aux plus néophytes, avec un seul mot d'ordre : la curiosité.

Le secret d'une telle longévité réside bien sûr dans toute une alchimie d'éléments. Mais avant tout, c'est le fruit de vingt années de travail acharné et patient de la part de ses créateurs, Martine et Jean-Marc Thérouanne, qui n'ont jamais cessé de poursuivre leur rêve : partager leur passion avec le plus grand nombre. La 21e édition du FICA qui s'ouvre ce 10 février est ainsi le résultat de leurs efforts, mais aussi le terreau des éditions futures dont on sait déjà qu'elles ne céderont ni en exigence, ni en qualité. Un rendez-vous solide et incontournable s'est en effet établi à Vesoul et les plus grandes personnalités du cinéma asiatique y vont désormais comme on va à Cannes ou Venise.

Cette année, c'est ainsi le réalisateur chinois Wang Chao, par ailleurs président du jury international, qui recevra le Cyclo d'or d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre. Un hommage sera également rendu au cinéaste Wu Tianming qui avait lui aussi été honoré à Vesoul en 2007. Le cinéma chinois sera décidément à la fête lors de cette 21e édition puisqu'une rétrospective de 36 films présentera également des oeuvres de cinéastes des troisième, quatrième, cinquième et sixième générations.

Autre temps fort du FICA 2015, la section thématique intitulée "Tenir en haleine" proposera de voir ou revoir des films comme Ajami de Scandar Copti et Yaron Shani, Sparrow de Johnnie To, Infernal affaires d'Andrew Lau et Alan Mak, Mystery de Lou Ye, ou encore Black coal de Diao Yi'nan... En parallèle, les compétitions longs métrages et documentaires réserveront elles-aussi leurs quotas d'émotion avec des films venus de tout le continent asiatique.

Enfin, le FICA n'oublie pas le cinéma iranien qui sera représenté par la société de production "Iraniens indépendants" et six de ses derniers films, inédits en France. Comme le soulignent les organisateurs du festival, il s'agit de rendre hommage à une société courageuse dans laquelle faire du cinéma librement ne va pas de soi. Car c'est aussi cela, l'esprit du Festival de Vesoul : s'engager aux côtés des cinématographies fragiles ou bafouées et rappeler sans cesse la nécessité de faire mais aussi de montrer et de voir un cinéma militant qui lutte pour la simple liberté d'exister.

Conscient et soucieux de ces enjeux, Ecran Noir est d'autant plus fier d'accompagner cette belle manifestation pour la 8e année consécutive et forme le vœu d'être à nouveau à ses côtés tout au long de sa troisième décennie... et au-delà.

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Festival des cinémas d'Asie de Vesoul
Du 10 au 17 février 2015

Programme et informations sur le site de la manifestation

Vesoul 2015 : Wang Chao président du jury

Posté par MpM, le 13 janvier 2015

fica2015C'est donc Wang Chao qui succèdera à Brillante Mendoza en tant que président du jury international du 21e Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul.

Le cinéaste chinois, qui est un habitué de Cannes (L’orphelin d’Anyang, Voiture de luxe...), présentera en avant-première son dernier long métrage, Fantasia. C'est par ailleurs son très beau thriller amoureux, Memory of love, qui clôturera cette 21e édition.

Pour décerner le Cyclo d"or, Wang Chao sera accompagné de Laurice Guillen (actrice et réalisatrice philippine, actuellement présidente du Festival Cinemalaya de Manille), Mohammad Rasoulof (réalisateur iranien) et  Prasanna Vithanage (réalisateur sri lankais).

Le FICA 2015, dont on connaîtra bientôt la programmation complète, se tiendra du 10 au 17 février.

Vesoul 2015 : premières révélations sur la 21e édition

Posté par MpM, le 9 juin 2014

Jean-Marc et Martine ThérouannePour ceux qui en doutaient, un Festival de cinéma se prépare au moins un an en avance. Martine et Jean-Marc Thérouanne, les organisateurs du Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul (FICA), n'étaient donc pas venus au dernier Festival de Cannes dans l'idée de se reposer après le succès de leur 20e édition, mais bien pour travailler d'arrache-pied à la suivante qui se tiendra du 10 au 17 février 2015.

Au programme, des films bien sûr, mais surtout des réunions et des rencontres afin de garder un contact étroit avec le microcosme toujours plus important du cinéma asiatique. L'idée n'est pas tant de découvrir les longs métrages qui seront les pépites de la compétition 2015 ("C'est trop tôt", souligne Martine Thérouanne, qui mise plutôt sur le Festival de Pusan en octobre) que de tisser et renforcer les liens indispensables qui permettent aux organisateurs de faire venir chaque année à Vesoul les plus grandes stars du cinéma asiatique.

"Par exemple, nous avons participé à la journée franco-chinoise organisée par le CNC. Nous aurons en 2015 un focus sur le cinéma chinois donc c'était extrêmement important d'être là", explique Jean-Marc Thérouanne. " Nous avons rencontré un certain nombre de réalisateurs chinois comme Liu Hao [Addicted to love, Cyclo d'or à Vesoul en 2011] et Liu Bingjian [Les larmes de Madame Wang, prix du Jury Netpac à Vesoul en 2003]."

Par ailleurs, les organisateurs ont également rencontré le cinéaste Jia Zhang-Ke à plusieurs reprises durant la quinzaine cannoise et ont pu lui proposer d'être le président du jury de la prochaine édition. "Il nous a donné son accord de principe, mais tout dépendra de sa disponibilité à ce moment de l'année", précise Martine Thérouanne. Bien sûr, pour un organisateur de Festival plus que pour quiconque, rien n'est jamais certain tant que les invités ne sont pas là en chair et en os, mais c'est en tout cas une excellente nouvelle pour lancer le 21e FICA.

Et ce n'est pas la seule. En effet, les organisateurs travaillent également à une rétrospective sur le cinéma du Laos, dans le cadre de la section "Francophonies d'Asie". "Nous avons mandaté Bastian Meiresonne [l'un des spécialistes de cinéma asiatique qui travaille pour le FICA] pour aller voir sur place ce qui existe physiquement dans les archives et dans quel état c'est. Nous aimerions notamment montrer Le lotus rouge de Som-Ok Southiphone un film mythique de 1988 remarqué dans de nombreux festivals internationaux", précise Jean-Marc Thérouanne.

Enfin, l'intitulé de la section thématique du prochain FICA est également connue. Il s'agira de "Tenir en haleine". Avis aux amateurs de cinéma de genre, mais pas seulement, puisque les organisateurs ont prévu de montrer plus largement des films "avec une intrigue extrêmement forte". On n'est donc pas au bout de nos émotions, quelles qu'elles soient ! Mais ça, avec la manifestation vésulienne, on en a pris l'habitude.