Vesoul 2016 : table ronde sur l’évolution du cinéma coréen

Posté par kristofy, le 7 février 2016

table ronde cinéma coréen

Le Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul est cette année à l’heure de la Corée du Sud avec notamment une thématique « Corée : littérature et cinéma, 1949-2015 » (pour marquer l'Année France-Corée, le 130e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud). Les spectateurs ont ainsi pu découvrir Le rêve avec le réalisateur Bae Chang-hoLe vieux Jardin avec Im Sang-soo (le président du jury 2016), et en compétition Another way de Cho Chang-ho (qui avait déjà réalisé The Peter Pan formula).

Trois générations de cinéastes coréens étaient donc présents à Vesoul, l’occasion de les faire se réunir ensemble lors d’une table ronde pour évoquer à la fois la problématique de la production en Corée et de la diffusion à l'étranger. Retour sur un bref historique du cinéma coréen avec quelques morceaux choisis lors de la discussion de ce tour de table...

Double censure

La Corée du Sud a connu bien des troubles politiques qui pendant longtemps ont freiné la production de films : l’occupation japonaise au début du siècle, la division de la Corée en deux pays (Corée du Nord et Corée du Sud après la seconde guerre mondiale), la guerre de Corée (1950-1953) avec un premier âge d’or du cinéma coréen qui n’a duré qu’un dizaine d’années avant de péricliter…  En 1962 arrive le régime dictatorial de Park avec la ‘Motion Picture Law’ qui va limiter à la fois le nombre de films importés de l’étranger (de l’occident dont Etats-Unis tout comme du reste de l’Asie) et le nombre de films produits en Corée du Sud (le nombre de compagnies de production va chuter de environ 70 à une dizaine…), avec aussi en 1972 carrément une censure de tout film avec une critique politique ou sociale.

bae chang hoBae Chang-ho : « J’ai tourné mon premier film en 1982. C'était Les gens d’un bidonville, soit des personnages qui n’étaient pas un genre de représentation souhaitée officiellement, donc le film ne devait pas être montré dans des festivals étrangers.

Dans les années 80, il y avait presque une double censure, avant avec le scénario et après le tournage. Des représentants du gouvernement indiquaient des modifications à faire… »

Im Sang-soo : « Je me souviens avoir vu ce film quand j’étais jeune, c’était au moment de sa sortie en salles. Ce que j’ai ressenti à sa vision m’a inspiré, et m’a conforté dans mon désir de faire du cinéma .»

Quotas

Il y a presque toujours eu en Corée différentes règles de quotas, à la fois pour limiter l’impact des films étrangers et aussi dans le but de favoriser un relèvement des productions coréennes.

Face aux films américains produits à Hollywood, il y a eu par exemple une limitation d’importer un film étranger uniquement si en parallèle une société produisait 4 films coréens (donc souvent avec peu de moyens et d’ambition juste pour satisfaire le quota), une limitation du nombre de jours durant lesquels un film étranger était exploité dans les salles (les cinémas devaient diffuser au moins 146 jours par an des productions coréennes en 1993), une limitation du nombre de films importés par an (une mesure aussi en vigueur en Chine)…

Un assouplissement arrivera au cours des années 80, avec des règles de quotas revues, et au début des années 90 certains studios américains ont une filiale installée en Corée du Sud (United international pictures, Twentieth century fox, Warner bros, Columbia, Disney…) et on arrive en 1999 à une situation de 42 films coréens contre 233 films étrangers…

Avec les années 90, il y a un développement des multiplexes (588 écrans en 1999 à 1451 écrans en 2004) tout comme des grosses sociétés de production aux moyens importants (Daewoo, Hyundai, Samsung produisent du cinéma, et les studios CJ, Orion et Lotte qui produisent et possèdent aussi leur circuits de salles pour distribuer leurs films…), et le cinéma coréen s’exporte de plus en plus à l’international.

En 1999 la Corée du Sud se dote du KOFIC (l’équivalent de notre CNC) et le film Shiri (avec la révélation de Choi Min-sik) dépasse sur son territoire le box-office de Titanic, et la répartition en tickets vendu entre films coréens est autour de 50% face aux films américains (un peu comme en France).

Im Sang-soo : « Je me souviens en particulier de l’année 1998, dans notre industrie du cinéma il n’y avait plus d’intervention du gouvernement de type censure, mais plutôt des mesures favorables pour soutenir la culture. Du coup il y avait plus d’investisseurs pour les créateurs. Cette année-là, j’ai pu moi réaliser mon premier film Girls night out, et moins de deux ans après je sortais Tears.» (ndr : son 3e film en 2003 Une femme coréenne le fait connaître en France)

cho chang hoCho Chang-ho : « La capacité créative individuelle est une force importante. Le cinéma commercial est celui qui est très bien distribué, les autres films c’est du cinéma indépendant moins bien distribué et c’est logique.

C’est peut-être plus le canal de distribution (multiplexes ou pas) qui fait une différenciation entre les types de films. Pour les distributeurs de films indépendants c’est difficile d’obtenir des salles pour que leurs films soient vus par le plus grand nombre de spectateurs.

Cette situation est je pense la même dans plein de pays. Je voudrais moi faire moi-même la distribution de mes films, le réalisme de Another way est d’ailleurs compliqué à commercialiser. »

Im Sang-soo : « Il faudrait peut-être une nouvelle loi à propos des gros conglomérats de la distribution, leurs poids et leur influence est peut-être trop lourd. Mais les réalisateurs coréens les plus en vogue actuellement avec du succès vivent de ces conglomérats, alors… »

Désormais chaque année ou presque un nouveau film coréen dépasse un record de spectateurs comme The Host en 2006 (qui a fait bondir à 64% le taux de tickets vendus pour voir un film coréen), The king and the clown, D-war, Joint security area, My sassy girl (qui aura un remake américain)…

Les festivals européens récompensent régulièrement des talents de Corée du Sud comme les films de Lee Chang-dong (Oasis à Venise, Secret sunshine et Poetry à Cannes), Kim Ki-duk (Samaritan girl à Berlin, Locataires et Pieta à Venise, Arirang à Cannes) ou de Park Chan-wook (Oldboy et Thirst à Cannes), mais aussi des réalisateurs comme Hong Sang-soo, Bong Joon-ho, Kim Ji-woon, et évidement Im Sang-soo (son dernier film Intimate enemies n'a pas encore pas de date de sortie en France).

Crédit photos : José Da Cunha

Vesoul 2016 : le 22e Festival des Cinémas d’Asie de Vesoul est ouvert

Posté par kristofy, le 5 février 2016

Ce fut le premier festival de cinéma français dédié à l’Asie, et c'est désormais le seul (le petit cousin de Deauville s'étant arrêté) : le FICA de Vesoul se déroule jusqu’au 10 février avec la projection de 90 films répartis entre compétitions, hommages, rétrospectives et panoramas.

Le jury de la compétition "longs métrages" a cette année l’honneur d’être présidé par le réalisateur coréen Im Sang-soo (Une femme coréenne que l'on a vu à Venise; The president’s last bang et L'ivresse de l'argent découverts à Cannes…), qui a d’ailleurs reçu un Cyclo d'or pour l'ensemble de sa carrière lors de la cérémonie d'ouverture. Un autre Cyclo d’or d’honneur a été décerné en même temps au cinéaste Eran Riklis à qui le festival rend par ailleurs hommage en présentant neuf de ses films.

Dans le jury, on retrouve également la réalisatrice Mania Akbari (Iran), la réalisatrice et productrice Nan Triveni Achnas (Indonésie) et le réalisateur Euthana Mukdasanit (Thaïlande). En tout, il y aura 17 films (inédits en France) en compétition (fictions et documentaires), en provenance de toute l’Asie géographique : Japon, Chine, Corée, Philippines, Inde, Myanmar, Bangladesh, Pakistan, Kazakhstan, Turquie, Iran, Liban…

Dans le cadre de l'Année France-Corée (qui commémore le 130e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud), le festival programme une thématique « Corée : littérature et cinéma, 1949-2015 » avec des films coréens adaptés de livres très divers (Le rêve de Bae Chang-ho, La guerre blanche de Jeong Ji-young, My sassy girl de Kwak Jae-yong, Deux sœurs de Kim Jee-woon, Secret sunshine de Lee Chang-dong…).

Autre thématique élaborée par le FICA : un regard sur « Les maîtres oubliés du cinéma thaïlandais, 1940-2000 » avec des séances de films qui auront lieu uniquement à Vesoul (dont une dizaine inédits, Country hotel de Rong Raem Narok ou Citizen 1 de Prince Chatrichalerm Yukol par exemple jamais vu ailleurs en Europe…).

Une autre section « Entre l’Orient et l’Occident » pourra elle trouver des échos particuliers avec certaines actualités en rapport avec le terrorisme mais surtout avec des interrogations sur deux parties du monde en fait très proches : l’occasion de revoir sur grand-écran des films comme De l’autre côté de Fatih Akin, Amreeka de Cherien Dabis, Tokyo fiancée avec Pauline Etienne, In another country avec Isabelle Huppert, Voyage en Chine avec Yolande Moreau... Le temps des aveux de Régis Wargnier à propos du Cambodge de 1971 était d’ailleurs le film d’ouverture.

Vesoul va aussi proposer de redécouvrir le film Dogora, ouvrons les yeux en compagnie de Patrice Leconte qui viendra à la rencontre des festivaliers. Vous savez donc maintenant où venir pour fêter de la plus belle façon le nouvel an chinois…

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22e Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul
Du 3 au 10 février 2016
Site de la manifestation

Vesoul 2016 : Im Sang-soo, Eran Riklis et Patrice Leconte célèbrent tous les cinémas asiatiques

Posté par MpM, le 19 janvier 2016

On ne présente plus le Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul (FICA pour les habitués) qui proposera du 3 au 10 février prochain sa 22e édition, plus que jamais placée sous le signe de la découverte et de l'éclectisme.

Cette année, c'est le réalisateur coréen Im Sang-Soo (The housemaid, L'ivresse de l'argent, Le vieux jardin...) qui est l'invité d'honneur de la manifestation. Il sera notamment présent pour recevoir un Cyclo d'or d'honneur et présider le jury international, aux côtés de la réalisatrice et actrice Mania Akbari (Iran), de la productrice et réalisatrice indonésienne Nan Achnas et du réalisateur Euthana Mukdasanit (Thaïlande). Un hommage sera également rendu au cinéaste israélien Eran Riklis à qui une rétrospective est consacrée.

Outre les deux compétitions, qui réunissent 17 longs métrages venus du Banglasdesh, de Myanmar ou encore du Kazakhstan, l'édition 2016 consacre un focus au cinéma thaïlandais de 1940 aux années 2000 ainsi qu'une rétrospective "Corée : littérature et cinéma (1949 - 2015)" dans le cadre de l'année France-Corée. La traditionnelle section thématique confrontera quant à elle les points de vue de cinéastes occidentaux et orientaux sur les rapports Orient/Occident, en présence notamment du réalisateur Patrice Leconte pour son film tourné au Cambodge, Dogora, ouvrons les yeux.

Enfin, comme tous les ans, le festival sera agrémenté de soirées festives, rencontres, débats, tables rondes et séances spéciales pour faire vivre aux festivaliers une semaine 100% cinéma asiatique.


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22e Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul
Du 3 au 10 février 2016
Informations pratiques sur le site de la manifestation

Vesoul 2016 : premières révélations sur la 22e édition

Posté par MpM, le 27 juin 2015

FICA

Désormais seul festival de premier plan consacré au cinéma asiatique en France, le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul continue de creuser son sillon. Ce qui signifie, pour ses organisateurs, une mobilisation permanente pour préparer l'édition à venir. Martine et Jean-Marc Thérouanne ainsi que leur équipe de fidèles travaillent donc d'arrache-pied à l'élaboration du FICA 2016, qui se tiendra du 3 au 10 février.

Une des nombreuses étapes de leur marathon annuel les a mené comme chaque année au Festival de Cannes, où ils ont retrouvé plusieurs de leurs anciens invités d'honneur tel Hou Hsiao-Hsien, Brillante Mendoza (ci-dessus en photo avec l'équipe) et Kore-Eda Hirokazu. C'est souvent lors de ces rencontres informelles que se nouent les contacts primordiaux pour le festival, notamment lorsqu'il s'agit d'inviter acteurs, réalisateurs et producteurs à venir découvrir Vesoul. Qui sera le prochain Cyclo d'honneur ? Le mystère reste pour le moment entier... mais on peut être sûr que les organisateurs nous concoctent quelques belles surprises de leur cru.

Mais s'il est trop tôt pour annoncer les personnalités qui seront honorées au prochain FICA, les grandes lignes de cette 22e édition commencent malgré tout à se mettre en place. Ainsi, on sait d'ores et déjà que la section thématique sera intitulée "entre l'Orient et l'Occident". "C'est une thématique très actuelle", explique Jean-Marc Thérouanne. "On est sans conteste dans le village global où tout s'interpénètre." Ce sera donc l'occasion de présenter des coproductions entre Asie et Occident (à l'image d'Another country de Hong Sang-soo, ou du Barrage contre le pacifique de Rithy Panh) mais aussi des films traitant du colonialisme, des flux migratoires et de la fascination des Occidentaux pour l'Asie.

"Nous avons également reçu le label pour participer à l'Année France-Corée qui commémore le 130e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud", déclare par ailleurs le délégué général du FICA. "Pour le moment, nous sommes l'un des trois projets cinéma retenus ! Nous avons décidé de proposer une rétrospective de films qui sont des adaptations littéraires. Soit des films coréens basés sur des livres fraçais, soit l'inverse. Cela nous permet de nous renouveler".

Se renouveler, c'est bien l'une des préoccupations majeures de l'équipe de Vesoul, qui propose chaque année un savant dosage de découvertes, de valeurs sûres et de petites pépites rarissimes. Ce sera probablement à nouveau le cas en 2016, ne serait-ce qu'avec le troisième temps fort dévoilé par Jean-Marc Thérouanne : un regard sur "Les maîtres oubliés du cinéma thaïlandais" qui devrait dévoiler les années fondatrices de cette cinématographie aujourd'hui si dynamique.

Cela fait déjà trois bonnes raisons d'aller passer une semaine à Vesoul en février prochain... et c'est loin d'être fini ! D'autant que, cette année, la manifestation se tiendra juste avant Berlin (11-21 février), permettant aux plus gourmands d'entre nous d'enchaîner les deux festivals, pour une double dose de plaisir cinématographique.

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22e Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul
Du 3 au 10 février 2016
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Cannes Ecrans Juniors: Romain et Océanne partagent leurs trois jours de Festival de Cannes

Posté par kristofy, le 27 mai 2015

Le Festival de Cannes polarise l'attention sur les films en Sélection officielle, à La Quinzaine des Réalisateurs et à La Semaine de la Critique; mais d'autres sélections proposent de nombreux films à découvrir. On connaît l'ACID. On connaît moins, Cannes Écrans Juniors, une sélection spécifique qui présentent un intérêt particulier pour des jeunes spectateurs car ils développent des thématiques ou mettent en scène des univers susceptibles de les confronter au monde et aux autres cultures, tout en leur faisant découvrir l’art cinématographique. Cette année, elle était constituée de huit longs métrages internationaux, comme par exemple La Forteresse de Avinash Arun (qui avait déjà reçu un Ours de Cristal et une mention spéciale au Festival de Berlin, et qui sera en salle le 7 octobre).

Plusieurs lycéens venus de Côte d'Azur mais aussi de toute la France ont pu découvrir les films Difret (de Zeresenay Berhane Mehari, Éthiopie), Mateo (de Maria Gamboa, Colombie), Marina (de Stijn Coninx, Belgique), Casa Grande (de Felipe Barbosa, Brésil), Petite sœur (de Sanna Lenken, Suède)... Mais aussi certains films de la Quinzaine des Réalisateurs comme Le tout nouveau testament de Jaco van Dormael, Mustang de Deniz Gamze Ergüven, ou de la Semaine de la Critique comme Dégradé de Tarzan et Arab Nasser, La terra y la Sombra de César Augusto Acevedo (qui a reçu la Caméra d'Or et deux autres prix), Mediterranea de Jonas Carpignano...

Soit une large palette de films très différents qui d'ailleurs sont aussi représentatifs des actions du CNC pour l'éducation à l'image dont la mission vise les jeunes cinéphiles et futurs spectateurs avertis, capables de reconnaître un auteur ou une écriture cinématographique. Parmi ces "juniors", nous en avons rencontré deux élèves du lycée Edouard Belin, à Vesoul, en Franche-Comté, des élèves de 15-16 ans en classe de seconde avec une option Arts Visuels, venus donc quelques jours à Cannes :

Romain : Pour nous des jeunes Vésuliens, venir à Cannes c’est extraordinaire, pouvoir monter les marches c’est exceptionnel, le truc le plus dur c’est de trouver les tickets pour ces séances de gala le soir.

Océanne : Monter les marches c’était un rêve, on en a profité à fond et quand on était assis dans la grande salle, on avait encore du mal à réaliser. On a vu le Pixar Vice-Versa, et on a bien rigolé, il était vraiment bien. On était placé en Corbeille, et on pouvait voir les acteurs. C’est une chance extraordinaire de pouvoir monter les marches parce quand on ne voyait ça qu'à la télé. On se dit qu’on aimerait bien y être, et nous on a réussi à le faire. C’est un cadeau de découvrir le Festival de Cannes

Romain : Monter sur les marches en se disant que des stars sont passées par là, les télévisions partout, on n’en revient pas. On voit tous les flashs qui se projettent sur nous... Notre lycée de Vesoul organise ça depuis sept ans, on aimerait bien revenir pour se dire qu’on a monté les marches plusieurs fois dans notre vie.

Océanne : On a vu le film Marina (qui avait eu le Magritte du Meilleur film flamand) qui nous a vraiment beaucoup touchés; c’est à propos d’une histoire vraie, alors ça apporte encore plus d’émotion. Tout le monde l’a aimé dans notre groupe, on a mis 9 sur 10 de moyenne. On est deux groupes, certains voient deux films par jour et les plus de 16 ans en voient 3.

Romain : On est là trois jours, c’est court, mais on voit tellement de choses... Dans la journée après deux films, on a aussi été à la plage et on s’est même baignés. À Vesoul, il fait un peu frais, ça change. D’habitude on est habillé normalement, en jean-basket. Mais ici avec le costume on est classe.

Oceane : Pour monter il faut porter la belle robe, c’est obligatoire. Nous aussi, on est habillés comme les stars, en fait comme tout le monde est comme ça le soir, c'est très chic. On a eu la chance vite fait de croiser Norman, c’était cool..

Vesoul 2015 : Cyclo d’or pour Bwaya de Francis Xavier Pasion

Posté par MpM, le 18 février 2015

FICA 2015

La tonalité exigeante du palmarès du 21e festival des cinémas d'Asie de Vesoul traduit le choix du jury mené par Wang Chao (et composé de Laurice Guillen, Mohammad Rasoulof et Prasanna Vithanage) de récompenser des œuvres singulières et denses portant chacune en elle sa propre proposition de cinéma.

Francis Xavier PasionAinsi le Cyclo d'or, Bwaya de Francis Xavier Pasion (photo de gauche), mêle-t-il la sensorialité d'une nature presque idyllique à un constat social douloureux qui ouvre la porte à une mise en abime inattendue. Le film ne se contente pas de narrer des faits (en partie réels), il propose par petites touches une réflexion sur la retranscription cinématographique de ces faits et sur le rapport complexe au réel qui s'en dégage.

Une démarche déconcertante qui rend le film parfois malaisé, mais surtout toujours surprenant. On est quelque part entre le cinéma sensoriel et énigmatique d'un Apichatpong Weeresetakul, le constat social dépouillé d'un Brillante Mendoza et le récit mythique universel sur les origines du monde. Dans ce cadre qui évoque les premiers temps de l'humanité, le contraste saisissant entre la beauté foudroyante de la nature et les difficultés matérielles des habitants emporte tout.

Le grand prix, Exit de Chenn Hsiang, est une oeuvre plus urbaine, mais tout aussi dépouillée. Dans des scènes courtes très peu dialoguées, le jeune réalisateur dresse le portrait sensible et sans fard d'une femme plongée dans une solitude infinie. L'héroïne, une Taïwanaise de 45 ans pour laquelle tout semble s'arrêter (sa vie professionnelle, sa vie de mère et même sa vie de femme), est perpétuellement enfermée dans des cadres travaillés et des perspectives bouchées. C'est comme si, pour elle, toutes les portes se fermaient, au sens propre comme au sens figuré. Une oeuvre en apparence austère qui s'attache aux plus petits détails pour transmettre toutes les émotions qui ne passent ni par le récit, ni par le scénario.

Le jury a par ailleurs distingué One summer de Yang Yishu et Melbourne de Nima Javidi, deux longs métrages qui abordent un contexte social et politique par le prisme de la cellule familiale. Dans le premier, construit comme un thriller anémique, une femme passe tout un été à essayer de comprendre pourquoi son mari a été arrêté. A grands renforts de plans fixes, de scènes ultra-quotidiennes, d'ellipses et de non-dits, le film raconte à la fois la vacuité de l'attente, l'ignorance anxiogène, l'arbitraire tout puissant et l'implosion d'existences bien rangées. Malgré ses faiblesses (narration si déliée qu'elle peut en sembler factice, scènes parfois absconses), One summer a quelque chose de saisissant qui captive.

Melbourne (photo de droite) est Melbourne au contraire un quasi huis-clos étouffant dans lequel la parole joue le rôle principal. Pris dans un dilemme moral inextricable, un jeune couple s'embourbe dans les mensonges, les conjectures et les revirements, saisis par une culpabilité qui les étouffe. Même s'il ne va pas aussi loin dans son étude cruelle des rapports de classe, impossible de ne pas penser au cinéma d'Asghar Farhadi, période Une séparation. Probablement l'oeuvre la plus aboutie, voire la plus maîtrisée de la compétition.

Parmi les lauréats des autres prix, on note la présence du premier film birman en compétition à Vesoul, The monk de The Maw Naing, une oeuvre assez classique sur le conflit de génération entre un apprenti moine boudhiste et son maître malade, mais aussi le très poétique Kurai Kurai de Marjoleine Boonstra, fresque délicate inspirée de légendes kirghizes ou encore A matter of interpretation de Lee Kwang-kuk, savoureux exercice de style qui mêle rêves et réalité à la manière de Hong Sang-Soo.

Un palmarès qui reflète au fond la grande homogénéité de cette compétition 2015, moins axée sur les grands sujets de société que sur des propositions cinématographiques assez personnelles et parfois relativement arides qui ne cèdent ni à la complaisance, ni à la facilité. Un très bel aperçu de la vitalité des cinémas asiatiques qui ne cessent de se renouveler et de se réinventer pour obtenir l'alchimie idéale entre recherche formelle et démarche sociale ou politique.

Vesoul 2015

Le palmarès complet

Cyclo d'or
Bwaya de Francis Xavier Pasion (Philippines)

Grand prix du jury
Exit de Chenn Hsiang (Taïwan)

Prix du jury ex-aequo
One summer de Yang Yishu (Chine) et Melbourne de Nima Javidi (Iran)

Prix NETPAC
The Monk de The Maw Naing (Birmanie)

Prix Emile Guimet
Kurai Kurai : tales of the wind de Marjoleine Boonstra (Kirghizstan)

Coup de coeur de Guimet
Bwaya de Francis Xavier Pasion (Philippines)

Prix INALCO
Melbourne de Nima Javidi (Iran)

Coup de cœur INALCO
A matter of interpretation de Lee Kwang-kuk

Prix du public long métrage de fiction
Margarita with a straw de Shonali Bose et Nilesh Maniyar

Prix de la critique
Exit de Chenn Hsiang (Taïwan)

Prix du Jury Lycéens
Margarita with a straw de Shonali Bose et Nilesh Maniyar (Inde)

Prix du public du film documentaire
Nu Guo, au nom de la mère de Francesca Rosati Freeman et Pio d'Emilia (Chine, Italie, Japon)

Prix Jury Jeunes
Iranian Ninja de Marjan Riahi (Iran)

Photos : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : Trois questions à Wang Chao

Posté par MpM, le 18 février 2015

wang chaoEn parallèle de la vaste rétrospective de 50 ans de cinéma chinois proposé au FICA cette année, les organisateurs du Festival de Vesoul se sont tout naturellement tournés vers un cinéaste chinois de première envergure pour succéder à Brillante Mendoza dans le rôle difficile de président du jury international.

Wang Chao, dont le premier long métrage, L'orphelin d'Anyang, fut sélectionné à Cannes en 2001, était donc l'invité d'honneur de cette 21e édition, durant laquelle il a reçu un Cyclo d'or spécial. Deux de ses films récents (le polar intime Memory of love et le drame familial Fantasia) étaient également présentés.

L'occasion pour Ecran Noir de rencontrer ce cinéaste rare qui porte sur son pays un regard à la fois critique et chaleureux, soucieux d'en montrer fidèlement tous les contrastes.

Ecran Noir : votre cinéma est souvent le reflet de la société chinoise actuelle. Est-ce pour vous ce que représente le cinéma, un moyen de transmettre la réalité ?

Wang Chao : Je pense en effet que mes films représentent la vie en Chine. La chine évolue maintenant très vite. D'un côté, on a beaucoup de succès en tant que puissance économique. Notre vie s'améliore de plus en plus. On peut voir ça facilement dans les journaux ou à la télévision. Mais en tant que réalisateur, et en tant qu'artiste, je voudrais aussi montrer des gens qui sont ignorés par les médias. Montrer un autre côté de la Chine.

EN : Cela influe-t-il sur la manière dont vous regardez un film, notamment lorsque vous occupez comme ici le rôle de président du jury ?

WC : Non, pas vraiment. Je regarde les films sous un prisme plus artistique. Je m'attache aux films qui me touchent, et aussi quand même aux films qui sont proches de la réalité. Mais c'est le niveau artistique qui prime.

EN : Comment est né le projet du film A la recherche de Rohmer que vous avez tourné en France ?

WC : Ce film est adapté de mon roman qui s'appelle Tibet sans retour. Il raconte l'histoire de deux hommes dont un qui est mort au Tibet et l'autre qui veut aller le chercher. Pour ce qui est de Rohmer, déjà, c'est un scénariste que j'aime beaucoup. Je voulais lui rendre hommage. En plus, son film Le rayon vert raconte aussi une histoire de recherche, d'où le parallèle, même si le traitement est bien sûr complètement différent.

Photo Wang Chao : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : rencontre avec Nilesh Maniyar, co-réalisateur de Margarita with a straw

Posté par kristofy, le 17 février 2015

nilesh« Qui voudrait sortir avec moi ? » C'est l'une des répliques émouvantes de l'un des 9 films en compétition cette année au Festival de Vesoul : Margarita with a straw co-réalisé par Shonali Bose et Nilesh Maniyar.  Le sujet a réussi à prendre par la main les spectateurs pour les toucher au coeur, avec une jeune fille qui souffre d'un handicap et qui va découvrir le désir et l'amour pour une autre femme...

Ce film est écrit et réalisé par un duo (une femme et un homme) originaire de l'Inde, pays où l'homosexualité  est toujours un délit. A noter que l’héroïne est interprétée par l'actrice Kalki Koechlin, qui avait été révélée dans les premiers films de Anurag Kashyap (avant que les suivants ne soient à Cannes) Dev.D et That Girl in Yellow Boots.

L'histoire avec ses rebondissements et ses bons sentiments nous fait partager le parcours émotionnel d'une jeune fille qui va sortir de sa solitude. C'est Nilesh Maniyar qui était présent à Vesoul pour accompagner Margarita with a straw :

Ecran Noir : L’histoire de Margarita with a straw est une idée originale de Shonali Bose inspirée de sa famille mais le scénario tout comme la réalisation ont été faits à deux. Pouvez-vous nous dire quelle est la part de vérité ou de fiction ?
Nilesh Maniyar : L’histoire a en effet été inspirée en partie par la vie de la sœur de Shonali Bose, mais tout le scénario est en fait vraiment de la fiction. Sa sœur Manili est atteinte d'une forme de paralysie cérébrale, elles ont grandi ensemble. Le film est aussi dédié à la mère de Shonali décédée quand elles étaient jeunes et aussi au jeune fils de Shonali qu’elle a perdu, la vie et la mort ont fait comme un cercle autour d’elle. Des caractéristiques du personnage principal et de sa mère sont en lien avec sa famille, mais l'histoire est une fiction.

EN : On découvre dans le film deux jeunes filles avec deux sortes de handicap, l’une est en fauteuil roulant et l’autre est aveugle, qui vivent différentes expériences dans deux pays, en Inde et aux Etats-Unis. Est-ce que tout cela a multiplié les difficultés pour réaliser le film ?
NM :
Le film n’a pas été facile à mettre en route parce que notre histoire ne s’appuie pas sur des problèmes liés à des handicaps mais beaucoup plus sur les émotions des personnages. La chose importante était de ne pas traiter des deux filles comme des personnes handicapées mais de regarder ces deux personnages de filles comme égales aux autres. Avec ce film on a voulu donner comme des lunettes aux spectateurs pour regarder le monde ainsi. Pour créer ce monde cela n’a pas été facile, et il fallait deux actrices très talentueuses comme Kalki Koechlin et Sayani Gupta pour que l’on finisse par oublier leur condition physique et qu’on s’attache à leur cheminement intime et personnel.

EN : Deux filles avec un handicap de deux cultures différentes et des relations homosexuelles qui sont sujet tabou en Inde, craignez-vous certaines réactions du public ?
NM :
Non seulement je n’ai pas peur de ces réactions mais je les attends. Si quelqu’un me tirait une balle dans le dos à cause de ce film je pourrais en être fier… Plus sérieusement, il temps de ne plus avoir peur de parler de certains sujets de société comme l’homosexualité ou d’autres, il est temps d’en faire des sujets de conversation. Cela concerne la personne qui est handicapée et qui ressent ces sentiments et personne ne devrait avoir à y redire, il n’y a rien de mal à ça. Il y a beaucoup de spectateurs à travers le monde qui ont aimé ce film, et des voix ont pu dire "oh enfin une histoire qui raconte nos sentiments"...

EN : Margarita with a straw est en compétition au Festival de Vesoul avec d’autres films de plein de pays très différents…
NM :
L’organisation de ce festival de films asiatiques dans cette petite ville de France qu’est Vesoul est formidable, depuis que j’ai atterri ici j’ai l’impression que les gens sont très chaleureux et que tout le monde connaît presque tout le monde. Voir tout ces gens qui remplissent les salles même le matin pour célébrer ensemble des différences culturelles, ça c'est formidable. A une séance de mon film il y a eu plusieurs dizaines de jeunes lycéens qui étaient là. Un adolescent qui est exposé à un jeune âge à une culture asiatique à travers un film de cinéma c’est quelque chose de précieux. Pour moi Vesoul a su marquer son empreinte sur une carte où tout est globalisé, il faudrait y aller chaque année. Réussir à organiser un festival comme celui-là à notre époque où tout est uniformisé est vraiment courageux et magnifique.

EN : et après Vesoul ?
NM :
A Vesoul c’était l’avant- première française pour le film, je ne connais pas encore de date de sortie pour la France. Notre vendeur international a d’ailleurs des bureaux basés en France, la société Wide Management, et ils ont fait un boulot fantastique pour la diffusion du film. Margarita with a straw devrait être distribué au Japon, en Corée du Sud, aux Etats-Unis, au Canada, en Espagne, au Mexique...

Photo Nilesh Maniyar : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : rencontre avec Ainur Niyazova, actrice kazakh de Adventure

Posté par kristofy, le 16 février 2015

Adventure

Le Festival de Vesoul est en terme de fréquentation la plus importante manifestation de cinéma asiatique d'Europe, et aussi le plus ancien festival de ce type en France car il s'agit cette année de sa 21e édition.

Martine Thérouanne, sa directrice, est toujours prête à expliquer ce que symbolise le nom complet symbolisé par les initiales FICA de Vesoul : "Le Festival International des Cinémas d'Asie, on insiste sur "cinémas" au pluriel car on s'attache à l'Asie géographique du proche à l'extrême-orient".

Chaque année ce sont ainsi plusieurs pays qui sont à l'honneur soit avec un regard thématique ou une rétrospective comme par exemple cette année l'Iran ou le Laos. Lors du festival 2012 avait également été organisé un Regard sur le cinéma du Kazakhstan avec une vingtaine de films rares allant de Amangeldy de Moisy Levin de 1938 au nouveau Sunny Days de Nariman Turebaiev qui était alors aussi en compétition.

Dans les 9 films en compétition, cette année on retrouve le dernier film de Nariman Turebaiev, Adventure : Marat, jeune célibataire, vit seul. Il travaille comme agent de sécurité. Il vit cette existence solitaire sans rien changer d’un quotidien ennuyeux. Or, un jour, quelque chose d’inattendu arrive. Marat voit une jeune fille debout dans la rue près de sa maison. Cette fille s’appelle Maryam et quand elle va accidentellement entrer dans la vie de Marat, les nuits de ce dernier vont être pleines d’aventures.... Adventure est une libre adaptation de la longue nouvelle Nuits blanches de Dostoïevski.

A l'issue de la première projection du film, on a rencontré son actrice principale, la belle Ainur Niyazova, qui nous a raconté comment elle a rejoint l'aventure : "le réalisateur Nariman Turebayev m’a choisie à l’issue du processus de casting pour le rôle. Il y avait plusieurs actrices du Kazakhstan et on a passé des tests filmés en vidéo, et donc finalement c’est moi qui ai été choisie. Quand on a commencé le tournage Nariman m’a indiqué que je pouvais jouer selon mon ressenti. Cela était une expérience différente pour moi car je connaissais alors plutôt des réalisateurs qui me disaient "fais-en plus, plus d’intensité", et là c’était un peu le contraire. C’est plutôt moi qui demandais à Nariman : "dis-moi en plus, donne-moi plus d’indications", je voulais faire plus de prises et proposer plus de choses. J’aurais pu être plus expressive, et lui préférait que je sois la plus normale possible".

La jeune femme était présente à Vesoul pour accompagner Adventure et découvrir les autres œuvres en compétition. "C’est intéressant d’accompagner Adventure dans lequel j’ai joué dans d’autres pays. En 2014 j’étais au festival de Karlovy Vary aussi avec ce film et c’était le premier festival où il était montré en dehors de Kazakhstan. Je remercie Martine et Jean-Marc Thérouanne d’avoir sélectionné notre film en compétition, le réalisateur Nariman Turebayev devait être là mais malheureusement il n’a pas pu venir. Ici en France à Vesoul c’est le second festival où je suis invitée pour ce film, j’aime beaucoup aller dans des festivals de cinéma qui réunissent des films très différents."

Après Leçons d'harmonie, autre film kazakh passé par les festivals de Berlin et Vesoul, avant d'être à l'affiche en mars 2014, Adventure devrait également sortir en salles prochainement :

Photo Ainur Niyazova : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : coup de projecteur sur le cinéma du Laos

Posté par MpM, le 15 février 2015

coup de feu dans la plaine des jarresL'une des grandes spécialités du Festival de Vesoul est de proposer régulièrement des rétrospectives sur des cinématographies rares et méconnues. Cette année, c'est ainsi le Laos qui est à l'honneur avec la sélection de cinq films représentatifs de la période 1975-2015.

En effet, on ignore presque tout de la production cinématographique avant la prise de pouvoir du Pathet Lao (mouvement communiste) au milieu des années 70. Il semblerait que seuls deux documentaires aient été tournés avant les années 50 et que plusieurs fictions aient été produites entre 1960 et 1975, mais seule une liste de quinze titres (dont aucun n'est aujourd'hui visible) subsiste.

En 1983, après s'être concentré sur les films documentaires, le département cinématographique du gouvernement communiste décide de produire sa première fiction. Ce sera Le son des coups de feu dans la plaine des jarres de Somchit Phonsena, une reconstitution romancée de l'évasion du peloton patriotique laotien encerclé dans la plaine des jarres. Malgré son caractère de film de propagande, il sera rapidement censuré et disparaîtra pendant 31 ans des écrans, avant de réapparaître en avant-première mondiale au FICA de Vesoul 2015.

En 1988, le département cinéma s'essaie à une autre fiction, Le lotus rouge de Som Ock Southiponh, une romance révolutionnaire en noir et blanc qui dépeint avec précision la vie au Laos dans les années 70, et qui a elle-aussi les honneurs d'une projection vézulienne.

Il faudra ensuite attendre la fin des années 90 pour que reprenne une production cinématographique laotienne, très largement dévouée au régime. En 2008, Bonjour Juang Prabang, le premier long métrage produit avec des fonds privés, voit le jour. Il s'agit d'une comédie romantique à petit budget qui rencontre un succès important auprès du public laotien.

Suivront A l'horizon d'Anisay Keola, premier polar de l'histoire du pays, et Chanthaly, premier film fantastique (c'était jusque-là interdit) par ailleurs réalisé par une femme, Mattie Do. Tous trois figurent dans la programmation du FICA 2015.

Malgré la faiblesse des infrastructures (2 cinémas, 9 écrans), la censure locale qui contrôle les œuvres à tous les stades de création ou encore le manque de moyens humains comme financiers, on perçoit ainsi une vraie reprise du cinéma laotien qui devrait désormais proposer plusieurs productions par an. Avec, qui sait, un film laotien pour la première fois en compétition dans un festival international en 2016 ? Ce ne serait pas la première fois que le FICA ouvrirait la voie.