Berlin 2019: le film de Zhang Yimou retiré de la compétition

Posté par vincy, le 11 février 2019

La compétition de la 69e Berlinale est amputée d’un film. Ils ne sont plus 16 en course pour l’Ours d’or, soit l’une des sélections les plus faméliques de l’histoire du festival de Berlin.

Le film chinois Yu miao zhong (One second) de Zhang Yimou a en effet été retiré du programme. Le festival explique ce retrait par des problèmes techniques survenus en post-production. Le film, avec Wei Fan et Zhang Yi se déroule durant la Révolution culturelle au milieu de paysages désertiques. Un prisonnier, dont la passion du cinéma l'a conduit à s'évader des camps de travail et une orpheline vagabonde se rencontrent. Elle vole la précieuse pellicule qu'il convoite et que les villageois attendent pour la projection.

La Berlinale remplacera les séances prévues pour One second par Ying xiong (Hero), du même Zhang Yimou, prix Alfred Bauer à Berlin en 2003.

Zhang Yimou venait pour la 5e fois en compétition. Il a déjà remporté l'Ours d'or en 1988 pour Le sorgho rouge ainsi que le prix du jury œcuménique et le Grand prix du jury en 2000 pour Heimweg.

Portrait de femmes chinoises : survie en milieu urbain

Posté par MpM, le 4 août 2009

portraitdefemmes.jpg "Tricoter un pull en plein été… il faut en avoir des choses à se reprocher !"

L'histoire : Daping et Chen Jin, qui ont quitté leur village natal pour s’installer dans une grande ville du sud de la Chine, vivent comme ils peuvent de petits boulots. Un jour, Haili, une ancienne copine de Chen Jin, vient s’installer chez eux et entraîne le jeune homme dans une affaire de contrebande.

Notre avis : Contrairement à ce que suggère le titre français, Portrait de femmes chinoises n’a rien d’une réflexion sur la condition féminine. En effet, le vrai-faux triangle amoureux est ici prétexte à montrer l’existence rude de jeunes ruraux ayant choisi de quitter la campagne pour tenter leur chance en ville. Sans misérabilisme ni sensationnalisme, l’écrivain et réalisatrice Yin Lichuan dépeint une réalité naturaliste faite de précarité matérielle, d’indifférence sociale mais aussi de tentation consumériste. Pour donner plus de force à son propos, elle reste constamment sur le fil d’un récit quotidien, presque banal, où rien de terrible ni de merveilleux n’arrive jamais. Cette impression est renforcée par une mise en scène épurée qui ne retient que l’essentiel de chaque séquence. Cela évite l’écueil du mélodrame (jamais d’éclats) tout en permettant une certaine distance avec les personnages. Portrait de femmes chinoises

Ceux-ci, des blocs monolithiques à la dureté non rhétorique, ne font de toute façon rien pour séduire le spectateur peu habitué à ce mélange de mutisme furieux et de cruauté vacharde qui est leur unique mode de communication. Peu importe  : l’ intérêt n’est pas de juger, ou même de comprendre ce qui anime ces trois-là, mais bien d’observer cette ville en construction, toute de verre et de béton mêlés, où les êtres humains n’aspirent qu’à posséder un lecteur dvd-karaoké et des téléphones portables branchés. Comme souvent dans le cinéma chinois de la jeune génération, les personnages, privés de repères et de rêves, n'ont ni l’énergie, ni le loisir de se préoccuper d’autre chose que de leur propre survie.