L'histoire : Cette fois le film est plus orienté sur une nouvelle victime qui doit subir quatre épreuves mortelles. Il s’agit d’un manager d’une compagnie d’assurance (joué par Peter Outerbridge, le scientifique de la très recommandable série ReGenesis) dont le métier est de trouver une faille dans les contrats de ses assurés pour ne pas rembourser leurs frais médicaux (une pratique américaine déjà dénoncée par Michael Moore dans Sicko). C’est donc un profiteur de la misère humaine qui va devoir traverser un labyrinthe de pièges où pour survivre il va devoir choisir parmi d’autres victimes qui doit vivre ou mourir...
Avant-propos : Cette fois on y est : après Saw 5 voila Saw 6, le titre de film d’horreur le plus involontairement drôle. Alors évidement on va en entendre de bien bonnes à la caisse des salles de cinéma, comme par exemple "je voudrais une Saw 6 avec beaucoup de ketchup"… en attendant Saw 7. Dur pour les zozoteurs. Si le titre est aussi peu original c’est bien que la formule est toujours la même: il y a encore un mystérieux tueur qui oblige ses victimes prisonnières à se mutiler dans l’espérance de pouvoir s’échapper (et de ne pas finir en chair à saucisse).
Le film Saw, celui de James Wan et Leigh Whannell en 2004, était un vrai petit bijou de film d’horreur avec un scénario machiavélique et une réalisation sadique. Au sortir de la salle c’est rien de dire qu’on avait l’estomac noué, le succès est mondial et très lucratif. Alors très vite une suite arrive, puis une autre chaque année. La saga des Saw promet son lot d’hémoglobine et on en sort avec l’estomac plein de pop-corn. Les producteurs encaissent 700 millions de $ dans le monde (avec mention TB pour les épisodes II et III). Malheureusement aucun des épisodes suivant n’arrive à la hauteur du premier film. Pour les suites de Saw on prend de nouveaux acteurs (pour remplacer ceux qui sont morts trucidés) avec un ou deux survivants et on recommence un autre jeu de massacre. Qu’importe si l’effrayant Jigsaw (le tueur au puzzle) est mort, il est toujours là en flash-back pour inspirer son successeur…
Notre avis : Saw 6 va sans nul doute faire plaisir à ceux qui ont déjà suivi les films précédents car on y trouve des nouvelles pièces du puzzle sur les relations qu’entretiennent les différents tueurs de la série. Avec la même continuité visuelle, le nouveau réalisateur Kevin Greutert (ancien chef-monteur de la série) s'est entouré de la plupart des techniciens habituels (image, décors, costumes).
Saw 6 provoque une réaction un peu curieuse : le spectateur n’a plus peur avec ni pour les victimes (comme dans Saw à l’origine) mais on attend juste qu’elles trépassent de la façon la plus atroce. La torture psychologique du dilemme moral (tuer pour ne pas mourir ?) a laissé place à une succession de tortures physiques brutales (il faut tuer presque tout le monde). Saw 6 souffre également d’une baisse d’inspiration pour les différentes mises à mort, les techniques les plus basiques (asphyxie, pendaison, tir à la carabine) peuvent ici décevoir en comparaison des douleurs les plus sophistiquées déjà éprouvées (Saw 3 avait même été interdit aux moins de 18 ans). Ici on joue la continuité sans le changement, mais pour les amateurs de sensations fortes la recette reste efficace.