Posté par MpM, le 11 novembre 2009
On vous avait annoncé un programme alléchant pour la dixième édition du Festival international d'Arras, et l'on ne s'y est pas trompé. A mi-festival, le bouche à oreilles a déjà si bien fonctionné que l'on voit de grandes files d'attente se former devant le cinéma où ont lieu la plupart des projections. D'ailleurs, la manifestation affichait déjà 5 000 spectateurs sur les trois premiers jours, soit une augmentation de 60% par rapport à l'an dernier ! A ce rythme-là, le record de 2008 (environ 20 000 entrées) sera probablement dynamité à la fin de la semaine...
Pour expliquer un tel succès, il suffit de se pencher sur le détail de la programmation quotidienne. Un jour comme mardi, les spectateurs avaient le choix entre pas moins de 16 films dont un ciné-concert (Le fantôme de l'opéra), une comédie musicale hongroise déjantée (Made in Hungaria), une avant-première française (Le père de mes enfants de Mia Hansen-love) ainsi que plusieurs inédits et reprises.
Deux des pays adoubés par Gilles Jacob en mai dernier comme "nouveaux centres cinématographiques", Israël et la Roumanie, étaient également représentés avec des oeuvres fortes et denses qui sous prétexte d'intrigue policière, décortiquent le fonctionnement de leurs sociétés respectives. Ajami de Yaron Shani et Scandar Copti montre les différentes facettes de la ville de Jaffa, violente et étouffante, où de complexes hiérarchies s'érigent entre les communautés qui cohabitent tant bien que mal.
Moins sombre, avec l'humour et l'auto-dérision qui semble caractériser le nouveau cinéma roumain, Policier, adjectif de Corneliu Porumboiu suit un enquêteur lancé dans une filature minutieuse et répétitive d'un groupe d'adolescents consommateurs de haschisch. Tiraillé par des questions de morale et de conscience, il est confronté à la fois aux rouages de la bureaucratie et à la rhétorique absurdement retorse de ceux qui l'entourent.
Et parce qu'un anniversaire est aussi l'occasion de faire la fête, la journée s'est achevée par la projection du cultissime Rocky Horror Picture Show animée par la troupe des Sweet transvestites bien connue des habitués du Studio Galande. Le spectacle était ainsi à l'écran, sur scène et dans la salle, avec jets de riz et de confettis, course-poursuites, blagues potaches et reprise en choeur des refrains. Quelques spectateurs ont même eu la "chance" de participer plus activement à l'action en devenant l'espace d'une scène l'un des protagonistes du film... Suffisamment déjanté, foutraque et au final bon enfant pour que toute la salle, constituée en grande partie de "néophytes", se laisse prendre au jeu.
Après tout, c'est aussi cela, la "magie du cinéma". Et si Arras fait habilement le grand écart entre la complexité de la situation israélo-palestinienne et les facéties d'un "transsexuel travesti", l'exercice a de quoi faire définitivement taire ceux qui ne croient pas que diversité, audace et exigence sont les meilleurs ingrédients pour obtenir un festival véritablement populaire et chaleureux.
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Posté par vincy, le 11 novembre 2009
Amoureux des destins tragiques - Kurt Cobain dans Last Days, Harvey Milk dans le film homonyme, sans oublier les lycéens d'Elephant - Gus Van Sant s'intéresse au nouveau projet de l'écrivain Bret Easton Ellis.
Et si Van Sant signait une oeuvre sur la mortalité? Son prochain film, Restless, qui sortira en 2011, ne traite que de ça. Et le projet de B.E.E. est encore une histoire de fin de vie, avec un titre évocateur, The Golden Suicides.
Il s'agit de l'histoire vraie de Theresa Duncan et Jeremy Blake, chroniqueurs en ligne et artistes, se partageant entre New York et les plages de Los Angeles. Elle était une graphiste célèbre de jeux vidéos et lui s'était fait connaître avec des peintures "numériques". Hélas, les deux ont commencé à voir des complots partout. Dans une descente infernale et paranoïaque où ils se voyaient entourés de conspirateurs, Duncan fut la première à se tuer. Blake, en découvrant son corps, alla se noyer dans l'océan une semaine plus tard.
Tous les ingrédients de la décadence de la civilisation américaine, ingrédients fondateurs de l'oeuvre de B.E.E. y sont. A partir de l'article de Nancy Jo Sales, paru dans The Vanity Fair, l'écrivain et le cinéaste rédigent un scénario pour un film, dont on ne sait pas si Van sant le réalisera.
A noter que Bret Easton Ellis préfère actuellement travailler pour la télévision et le cinéma (il a six projets en cours d'écriture). Sans doute très déçu par les adaptations de ses romans qui en ont été faites.
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Posté par benoit, le 11 novembre 2009
L’histoire : Jean-Pierre et Nathalie s'aiment depuis cinq ans. Pour fêter cet anniversaire, Jean-Pierre offre à sa compagne un cadeau inattendu, un adorable bouledogue de quatre mois. Nathalie est folle de joie…
Notre avis : Le bouledogue anglais est un genre de chien divinement hideux tout droit sorti du Moyen Age. Clébard à la du Guesclin, il ne cesse de ronfler, de péter et de bouffer vos pantoufles, vos slips, vos pieds de chaise à longueur de journée. Pour se faire pardonner, ce cochon à poil ras affiche une gueule ridée, un museau écrasé et trimballe un éternel regard de dépressif. Tout ce que j’aime ! Si, comme Nathalie (Mathilde Seigner), un Jean-Pierre (Alain Chabat) venait à m’offrir un gros bébé comme ça, je tomberais raide dingue. Me ferait appeler papa sur-le-champ. Peut-être même maman dans mes meilleurs jours !
C’est la seule chose à retenir de Trésor : les bouledogues. Malgré le triste contexte de cette comédie canine que l’on aurait aimé aimer ; il faut se rendre à l’évidence, le presque dernier opus de Claude Berri est consternant. Mathilde Seigner, la grande gueule du cinéma français qui n’a toujours pas trouvé la distance entre sa "nature très naturelle" et l’interprétation de ses personnages, la met en veilleuse pour une fois. Ça nous fait des vacances ? Même pas parce qu’il aurait fallu qu’elle aboie en chœur avec son cleps pour donner un peu de vie à ce pachyderme de film. Alain Chabat fait dans le minimum syndical et – intelligence oblige – s’en tire un peu mieux que sa partenaire. Quant à François Dupeyron, si bien parti avec Drôle d’endroit pour une rencontre, œuvre crépusculaire et hors norme de la fin des eighties, il n’en finit pas depuis de s’essouffler. Ce coup-là, il échoue comme une baleine agonisante sur la plage d’Ostende. À l’image de Nathalie et de Jean-Pierre, couple encore frais, mais au teint vert et aux poches sous les yeux perpétuellement gonflées (chapeau les maquilleurs !).
Si encore les protagonistes avaient eu la soixantaine ! Si leur progéniture s’était envolée depuis belle lurette du logis familial et « avait leur vie à eux » comme on dit ! Si Trésor se retrouvait alors en pleine crise de seniors ! Ah, Deneuve ! Ah, Dussolier ! Ah, les mêmes chiens ! Quel film cela aurait été !... Enfin bref, je parle, je parle, mais c’est pas tout ça, faut que j’y aille. Maman te sort, mon amour ! Ben quoi ?... Papa, maman, c’est du pareil au même tout ça. De toute façon, même si j’ai pas de Jean-Pierre, j’ai mon gros Trésor à moi. Allez viens mon bébé, on va voir autre chose au cinéma !
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