Lumière 2011 : Gérard Depardieu sous le soleil de Pialat

Posté par Morgane, le 9 octobre 2011

Samedi 8 octobre, Gérard Depardieu, le monstre sacré de ce Festival Lumière 2011, est arrivé à Lyon et a couru de salle en salle pour présenter différents films.

C’est à 16h qu’on l’a retrouvé au Pathé Bellecour pour la présentation de Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat. Accompagné de Gustave Kervern, Benoit Delépine et Albert Dupontel, rapidement rejoints par Xavier Giannoli. La petite discussion introductive était donc, comme vous pouvez l’imaginer, très instructive mais aussi très drôle.

Gérard Depardieu a tout d’abord rendu hommage à la diversité du festival disant que ce n’était pas seulement un festival, mais « de l’amour ». Quant à Gustave Kervern et Benoit Delépine, ils sont revenus sur l’épisode de tournage avec Pialat, ce dernier ayant en effet tourné dans un sketch de Groland, Toc toc toc, dont le principe était de jouer mal le mieux possible. À Pialat de dire : « non, vous pouvez mieux jouer mal ».

Concernant Sous le soleil de Satan, Gustave de Kervern trouve que ce film a une puissance autre que Des hommes et des dieux. « C’est une énorme interrogation sur la foi, le Bien, le Mal, un film d’une intensité folle, à la fois très minimaliste et exigeant. » Pour lui, les scènes qui restent sont celles où Gérard Depardieu marche dans la campagne, comme quoi « le cinéma peut être très simple finalement. »

Pour Xavier Giannoli, Sous le soleil de Satan est « un des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma, non pas français mais mondial. » Xavier Giannoli à qui Maurice Pialat a dit un jour « qu’il aurait voulu faire les films de Renoir filmés par Carné. »

Et Gérard Depardieu de revenir sur le poing levé de Maurice Pialat lors du festival de Cannes 1987 qui n’était en réalité qu’un poing de victoire.

La Remise du Prix Lumière

Le soir même s’est déroulée à l’Amphithéâtre du Centre des Congrès la Cérémonie de la Remise du Prix Lumière 2011. Succédant à Clint Eastwood et Milos Forman, c’est au monstre sacré du cinéma français qu’il a été remis cette année à l’issue de la projection du superbe La Femme d’à côté de François Truffaut.

Bertrand Tavernier lui a rendu un hommage rempli de paroles admiratives pour une carrière aussi longue et aussi belle finissant sur cette phrase : « je pense qu’il y a eu des dizaines de metteurs en scène qui ont connu de grands moments où ils ont été heureux grâce à Gérard Depardieu. »

La star du soir est alors montée sur scène sous un tonnerre d’applaudissements où nombreux acteurs, cinéastes, personnalités du 7e Art étaient présents pour remettre le prix à Gérard Depardieu qu’il a reçu des mains d’une Fanny Ardant très timide. Arrivé après la projection d’un petit film retraçant la grande filmographie de Gérard Depardieu, ses premiers mots ont été, toujours avec un grand sourire de bon vivant, « ça sent le sapin ». Puis, parlant de son métier d’acteur, des réalisateurs, il a remercié Lyon : « merci à Lyon pour ce prix et aussi d’avoir un si beau festival et des gens qui aiment tant le cinéma, qui aiment aussi le sens de la fête car le cinéma, ça se partage. » Pour finir par ces quelques mots : « on fait un métier formidable et vous, spectateurs, c’est extraordinaire le métier que vous faites en regardant les films. »

Dinard 2011 : Hitchcock d’or pour Tyrannosaur de Paddy Considine

Posté par kristofy, le 9 octobre 2011

La 22e édition du Festival du Film britannique de Dinard s'est achevée par le couronnement de Tyrannosaur de Paddy Considine (qui était favori), mais aussi de L’Irlandais de John Michael McDonagh qui a fait consensus durant le festival.

La cérémonie de clôture, tout comme la soirée d’ouverture, s’est déroulée  avec une bonne humeur communicative. Dinard sait si bien accueillir tout le monde avec convivialité que Jaime Winstone adore la ville et que Petula Clark est retombée amoureuse de l’endroit. La chanteuse (qui a aussi été actrice) était la marraine de cette édition 2011. Elle a chanté son tube ‘Downtown’ qui a été repris en cœur par le public lors de la soirée du palmarès, et quelques jours plus tôt elle avait joué quelques chansons (dont celle du film La Comtesse de Hong-Kong de Charlie Chaplin) en s’accompagnant au piano.

Pour départager les films en compétition, Nathalie Baye, la présidente du jury, était entourée de Haylay Atwell, Jacqueline Bisset, Emmanuelle Devos, Jaime Winstone, Sami Bouajila, Armand Amar, Harry Gregson-Williams, Eric Lartigau, François Verdoux et Stephen Clarke (notre photo).

Voici leur palmarès :

Prix du meilleur court-métrage : White Elephant, de Kristof Bilsen

Prix coup de coeur (les exploitants de 40 salles de la région) : L’Irlandais de John Michael McDonagh (mention à Week end de Andrew Haigh)

Prix du public : L’Irlandais de John Michael McDonagh

Prix du scénario : Tyrannosaur de Paddy Considine

Prix de la meilleure photographie : Larry Smith, pour L’Irlandais

Grand Prix Hitchcock d’or : Tyrannosaur de Paddy Considine

Le jury a donc décerné deux prix à Tyrannosaur de Paddy Considine (scénario et Hitchcock d’or à l’unanimité). Le réalisateur n’ayant pu être là, ce sont ses deux amis le réalisateur Shane Meadows (ils étaient à la même école d’arts dramatiques et Considine a débuté sa carrière d’acteur en jouant dans les films de Meadows) et le producteur Mark Herbert qui ont reçu les récompenses à sa place (notre photo de droite)

Tyrannosaur s’impose comme l'un des meilleurs films britanniques de l’année, il avait déjà été primé à Sundance (pour meilleur réalisateur, meilleur acteur Peter Mullan et meilleure actrice Olivia Colman). Ce film marque les débuts de Considine dans le long métrage (il avait déjà participé à des scénarios avec Meadows), et fait suite à son court-métrage Dog Altogther (avec déjà les mêmes acteurs). Il vient tout juste de sortir en salles en Angleterre mais il n’a malheureusement pas encore de distributeurs français. En revanche, L’Irlandais de John Michael McDonagh est une comédie qui a été un énorme succès en Irlande, et sa sortie française est déjà programmée pour le 21 décembre.

Lumière 2011 : À la découverte du cinéma de William Wellman

Posté par Morgane, le 9 octobre 2011

Le Festival Lumière offre une rétrospective au cinéaste américain William Wellman, trop peu connu du grand public, mais qui a à son actif plus de quatre-vingt  films tournés entre 1920 et 1958, dont treize sont donc proposés cette année aux festivaliers.

William Wellman a tourné des films de guerre, de gangsters, des films noirs mais c’est le western qui fut son genre de prédilection. Sensible aux problèmes sociaux et aux injustices, il cherchait à en rendre compte dans ses œuvres. Dans les westerns notamment, il met en avant le rôle de la femme dans l’histoire des États-Unis, lui donnant alors une place qu’elle n’a que rarement dans le cinéma de cette époque.

C’est très visible dans le film Convoi de femmes (Westward the women) qu’est venue présenter Tonie Marshall au CNP Terreaux. Pour la réalisatrice française, le film est « jubilatoire et très humaniste ». Très enthousiaste, elle a tenu à partager son amour pour cette histoire qui est à l’origine une idée de Frank Capra, et qui véhicule « l’obsession qu’on peut toujours tous vivre ensemble, idée que l’on retrouve très souvent chez Capra. »

En tout cas, le film a fait l’unanimité dans la salle, oscillant entre comédie franchement drôle et drame devant lequel on retient son souffle. Chacun des personnages est admirablement travaillé, tout comme chaque plan.

Étrangement, le western devient ici un film de femmes, presque féministe. « Étrangement » car Wellman, surnommé Wild Bill, était reconnu pour être plutôt désagréable et pour mépriser les acteurs, et plus particulièrement les actrices, à cause du temps beaucoup trop long qu’elles mettaient à se préparer. Et pourtant, dans Convoi de femmes, ce sont elles les véritables héroïnes qui apprennent qu’elles ne peuvent parfois compter que sur elles-mêmes et qui font la vie dure aux préjugés machistes.

Femmes de tous horizons, de bonne famille ou filles de saloon, jeunes innocentes ou femmes fortes, elles réalisent que c’est en se serrant les coudes qu’elles parviendront à traverser ces terres hostiles mais aussi à se défendre face à certains hommes. La femme est ici celle qui décide, celle qui choisit son destin et non pas une petite chose soumise à l’homme. C’est ce qu’apprendra Buck Wyatt (superbe Robert Taylor), « le convoyeur », au fur et à mesure que les kilomètres défilent. Une vraie petite pépite.