L’ordre et la morale provoque le désordre et l’indignation en Nouvelle-Calédonie

Posté par vincy, le 21 octobre 2011

L'ordre et la morale, le nouveau film de Mathieu Kassovitz, n'est décidément pas le bienvenue en Nouvelle-Calédonie. Déjà, le territoire ultra-marin avait refusé que la production s'installe sur l'archipel pour tourner ce film qui retrace les événements tragiques autour de la Grotte d'Ouvéa en 1988. Un député UMP s'était même offusqué de voir des financements publics dans une telle production. Le film a donc du tout reconstituer en Polynésie française.

La sortie ne s'annonce pas plus calme. Le distributeur local s'est désisté et suspend ainsi, de facto, la diffusion du film, qui était prévue, comme en France, le 16 novembre. Le seul exploitant de salles de cinéma "ne souhaite plus diffuser le film" sous prétexte qu'il attiserait les rancoeurs. Sic. "Les cinémas Hickson ont le monopole et je m'y attendais. Il y a eu des pressions politiques, bien évidemment", a déclaré à l'AFP Macky Wéa, un des acteurs du film.

Douglas Hickson, patron de Cinécity, a qualifié le film de "très caricatural, qui rouvre des plaies qui s'étaient cicatrisées". "Nous sommes une entreprise de divertissement, alors que ce film est un film polémique. Nos salles ne sont pas le lieu approprié pour le présenter", a-t-il déclaré. Divertissement = abrutissement ?

Cet acte de censure révèle une volonté de penser à la place des citoyens. Proprement scandaleux sur le territoire français. C'est indigne d'une démocratie et d'un pays vantant la diversité culturelle. Que fait le Ministère de la Culture?

Ont-ils vu le même film que nous? Kassovitz est bien plus critique sur l'appareil de l'Etat français et l'Armée que sur les indépendantistes, pour lesquels on sent davantage d'empathie. mais les rôles et responsabilités sont assez équilibrés.

Les avant-premières sont donc reporter aussi bien à Ouvéa (le 29 octobre) qu'à Nouméa (le lendemain).

Mathieu Kassovitz s'est déclaré choqué, évoquant des pressions politiques. "On s'est battu dix ans pour faire ce film, personne n'a réussi à nous empêcher et tout à coup le dernier maillon de cette chaîne cède, c'est impossible... Ce serait très fort s'ils arrivaient à censurer un film au dernier moment", déclare-t-il, visiblement abattu, dans une vidéo en ligne sur le site du quotidien Presse-Océan.

Le film a déjà été montré à des officiels (kanaks et caldoches) ainsi qu'à des élus, des militaires, des gendarmes et aux familles des victimes des deux camps, et cela sans provoquer le moindre incident. "On organisera des projections ailleurs, dans les mairies. Il y a déjà eu des projections avec des gens de bords différents et à 99%, le film a été perçu positivement", se rassure Macky Wéa. A l'AFP, un responsable du FLNKS souhaite "que le film soit vu, même si c'est douloureux. Bien sûr, on peut craindre la réaction de jeunes, qui se sentent marginalisés, il faut expliquer."

Suite à Ouvéa et aux accords de Nouméa qui ont été signés dans la foulée du réferendum pour l'autonomie de la Nouelle Calédonie en 1988, un processus de décolonisation par étapes a été mis en place en 1998. La Nouvelle-Calédonie décidera de son avenir institutionnel par un référendum d’auto-détermination entre 2014 et 2018. Le Président de la République et le Premier Ministre se sont déplacés pour tenter de convaincre les calédoniens de rester dans la République. Des moments de tension de ce genre ne sont qu'une petite partie d'un problème politique, économique et géostratégique plus vaste.

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L’instant Court : Good morning Good afternoon Good night.

Posté par kristofy, le 21 octobre 2011

Good Morning Good Afternoon Good NightComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après la bande-annonce de Tyrannosaur écrit et réalisé par Paddy Considine, voici l’instant Court n° 50.

Au fil des semaines, déjà cinquante créations qui représentent autant de variations de ce qu’est un court-métrage : des films courts qui souvent élargissent la définition de cinéma.

En se moment, The Artist de Michel Hazanavicius séduit, après le Festival de Cannes, les spectateurs des salles de cinéma en France mais aussi aux Etats-Unis où le film fait le tour de plusieurs festivals (comme celui de Telluride dans le Colorado) avant une possible campagne de promotion pour les Oscars. Ce film muet est vu autant comme une belle surprise que comme un anachronisme par rapport aux productions cinématographiques actuelles.

Pourtant, raconter une histoire SANS dialogue, c’est en réalité la caractéristique de très nombreux courts métrages…  Les premiers 'Instant Court' sont d’ailleurs dans cette veine : Noodles pour lequel son réalisateur Jordan Feldman nous avait indiqué que "les acteurs investissent aussi leur personnages dans les gestes, les attitudes, la succession de ces différentes choses. C'est pour eux un langage comme les mots" ; le clip Fire Escape avec les dialogues sur des cartons entre deux plans en noir et blanc, Pivot pour l'animation...

Pour poursuivre dans cette veine, le film court de la semaine montre donc plusieurs personnages qui ne prononcent pas un mot. Les journées se ressemblent sur le rythme "boulot-métro-dodo", pourtant,  il manque quelque chose…

Voila donc Good morning Good afternoon Good night, réalisé par Pedro Becker. Ce court-métrage (de l’agence F. Nazca - Saatchi & Saatchi de Sao Paulo) fait la promotion du 17ème International Contemporary Art Festival qui se déroule en ce moment au Brésil.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Good morning Good afternoon Good night.

Après Arletty, Moïse Maatouk s’attaque à Bardot

Posté par vincy, le 21 octobre 2011

Le cinéaste tunisien Moïse Maatouk aime les icônes. Deux films sur Arletty (Les 80 ans d'Arletty, Arletty raconte Arletty), un sur Sarah Bernhardt et un autre sur Michel Simon... Et maintenant, le documentariste va s'attaquer à Brigitte Bardot.

Selon Le Film Français, l'ancienne star a donné son accord pour ce film, Bardot par Bardot, prévu pour la télévision (52 minutes) comme pour le cinéma (88 minutes). Comme Arletty, Bardot refuse d'être à l'image et, par conséquent, accompagnera les images d'archives avec sa voix en off.

Le film sera produit par la société du réalisateur, Les productions de La Baleine.

Brigitte Bardot, 76 ans, a commencé sa carrière en 1952 et y a mis un terme en 1973. Au cinéma, révélée par Et Dieu créa la femme de Roger Vadim, elle tourna, entre autres, avec René Clair, Robert Wise, Claude Autant-Lara, Julien Duvivier, Henri Verneuil, Henri-Georges Clouzot, Louis Malle, Jean-Luc Godard, Edouard Molinaro et Michel Deville. Elle fut aussi une chanteuse pop à succès grâce à sa collaboration avec Serge Gainsbourg mais aussi des duos avec Annie Girardot, Guy Marchand, Darry Cowl et Sacha Distel.

L’amendement gouvernemental qui réduit les revenus du CNC provoque la colère de la profession

Posté par vincy, le 21 octobre 2011

On le pressentait même si le Ministre de la Culture n'avait jamais voulu le confirmer. Certains le craignaient comme les deux anciens présidents du CNC, David Kessler et Marc Tessier. C'est fait.

La loi de finances 2012 actuellement en discussion à l'Assemblée nationale a ouvert la boite de Pandore en modifiant l'amendement concernant la taxe des distributeurs de services de télévision (TST). Désormais les excédents de cette taxe seront versés au budget de l'Etat afin de diminuer (un tout petit peu) l'énorme dette publique. Le CNC ne pourra donc pas percevoir le montant total de cette taxe, contrairement aux années précédentes, et voit son montant limité à 700 millions d'euros.

Le gouvernement a présenté un amendement qui a été adopté hier, tout en réformant le périmètre de cette taxe pour éviter les différentes astuces de certains FAI qui leur permettaient de ne pas la payer. Son produit devrait être identique à celui perçu au titre de l'année 2010, soit 190 millions d'euros pour les seuls fournisseurs d'accès à internet. Par ailleurs, les recettes de cette taxe seront plafonnées en 2012 à hauteur de 229 millions d'euros afin d'inscrire dans la loi le plafonnement à 700 millions d'euros l'ensemble des taxes perçues par le CNC.

La ministre du budget Valérie Pécresse argumente : "certains opérateurs ont décidé de ne plus proposer une offre triple-play mais une offre avec la télévision facturée à part, faisant baisser le nombre d'abonnements télévisés auprès des opérateurs internet et la taxe affectée au CNC" qui finance la création et la production de films. Elle justifie cette "magouille" des comptes en faisant valoir l'extrême dynamisme des revenus du CNC (notamment grâce à la très bonne fréquentation des salles).

Le texte proposé permet à cette taxe d'inclure toute offre permettant d’accéder à des services de télévision, qu'il s'agisse d'abonnements à des services de télévision distribués séparément ou d'abonnements à des services de télécommunication fixe et mobile à haut et très haut débit proposés au grand public et faisant accéder à des services de télévision.

Patrick Bloche, député PS, spécialiste de la culture et de la communication, a critiqué cette décision arbitraire et pointé du doigt que le CNC se voit amputer d'une partie de ses financements alors qu'il hérite du transfert de dépenses comme La fémis et la Cinémathèque française. Pour Bloche, "le gouvernement joue avec le feu (...) prenant de fait un risque considérable d'une fragilisation globale du dispositif".

Selon Eric Garandeau, président du CNC, "une réunion interministérielle se tiendra lundi à Matignon pour envisager les corrections nécessaires" reconnaissant que "le plafonnement casse ce lien et crée le risque, à terme, de marginaliser la création française sur des canaux de distribution qui ne font que se développer".

Aujourd'hui, l'ensemble des organisations professionnelles du cinéma s'avoue stupéfait. Les représentants de ces organisations - Blic, Bloc, ARP, SACD et UP -  considèrent que cet amendement "mettrait à bas le système de soutien mutualiste du cinéma français qui, depuis 1946, a permis de maintenir tout à la fois une industrie cinématographique forte et une création dynamique et diversifiée".

Pour eux, avec un tel amendement, le CNC ne pourrait plus remplir ses missions et ils demandent qu'il soit purement et simplement retirer du projet de Loi de finances. Le Sénat, désormais dans l'opposition, pourra toujours l'enlever mais l'Assemblée nationale aura, in fine, le dernier mot.