Gilles Jacob et Thierry Frémaux reconduits à la tête de Cannes jusqu’en 2014

Posté par vincy, le 20 décembre 2011

C'est plutôt une bonne nouvelle. Depuis le dernier Festival de Cannes, les rumeurs et les manoeuvres - parfois indécentes - occupaient les conversations et les colonnes des médias autour de l'éventuel départ de Gilles Jacob (voir notre article du 31 mai 2011).

Le conseil d'administration de l'Association du Festival de Cannes a rendu son verdict mardi 20 décembre. Gilles Jacob ne sera remplacé par aucun de ceux qui convoitaient son poste : il conservera la présidence du festival de Cannes jusqu'en 2014, tout comme Thierry Frémaux, dont les prérogatives sont désormais élargies.

Le duo a été reconduit par "acclamation". manière de renvoyer les prétendants et les jaloux aux vestiaires. Après tout, ni l'un ni l'autre n'ont démérité. La dernière sélection de Frémaux, tant la compétition officielle qu'Un certain regard, a prouvé au fil des mois sa qualité : succès publics (Polisse, Drive, The Artist ont dépassé le million d'entrées en France) et dans les palmarès (The Artist est dans les favoris pour les Oscars, Melancholia a reçu le prix du meilleur film européen, Le Havre a obtenu le prix Louis-Delluc, ...).

Il n'y a pas eu besoin de changer les règlements. La continuité a été plébiscitée. Gilles Jacob, 81 ans, président du Festival depuis 10 ans, a su éviter tous les écueils politiques et diplomatiques pour garder son fauteuil face à une meute de personnalités avides de le remplacer. Thierry Frémaux, 50 ans, délégué général depuis 3 ans, rempile aussi, avec des fonctions plus larges, lui donnant quasiment tous les pouvoirs : il aura à sa charge l'ensemble des fonctions exécutives du festival : budget, ressources humaines, développement... Parmi les chantiers à surveiller : le nouveau Palais des Festivals, les relations tendues avec la Quinzaine des réalisateurs, l'émergence du cinéma sur le web.

Cette nouvelle gouvernance arrange ainsi les deux protagonistes, mais aussi le conseil d'administration qui souhaitait éviter une crise médiatique. A quelques mois de l'élection présidentielle et après des nominations hasardeuses par le Ministre de la Culture, les institutions ne voulaient certainement pas être accusées de "fait du Prince" ou de "parachutage" politico-amical. La tentation fut grande - qui résisterait d'être à la tête du plus grand (et du plus flamboyant) Festival de cinéma du monde? - mais la sagesse l'a emporté.

Le 65e Festival de Cannes se déroulera du 16 au 27 mai 2012.

Le jour le plus court 2011 : Il fait beau dans la plus belle ville du monde de Valérie Donzelli

Posté par kristofy, le 20 décembre 2011

Le 21 décembre, c'est le Jour le plus court ! Ecran Noir s'associe à cet événement national et vous propose une semaine de courts métrages.

Après Avenue de France de Didier Blasco, voici Il fait beau dans la plus belle ville du monde réalisé par Valérie Donzelli.

Pour les nominations des meilleurs films étrangers aux Oscar 2012 la France a choisi La guerre est déclarée, ce deuxième long métrage de Valérie Donzelli a été l'une des belles surprises de  l’année. Elle s’est fait connaître d’abord comme actrice surtout avec Martha...Martha à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2001, et c’est au même endroit en 2008 qu’a été présenté son premier court métrage en tant que réalisatrice Il fait beau dans la plus belle ville du monde.

Adèle, une jeune trentenaire, décide de rentrer en contact avec Vidal, un musicien qu’elle admire. À sa grande surprise, celui-ci lui répond. Quelques messages sont échangés et une date de rendez-vous est fixée. Avec beaucoup d’enthousiasme, Adèle va à la rencontre de Vidal. Mais il y a une chose qu’elle n’a pas précisée : elle est enceinte.

Attention, dans le cadre du Jour le plus court, ce film ne sera visible que jusqu'au 21 décembre.

Rencontres Henri Langlois 2011 : retour sur les films primés

Posté par MpM, le 20 décembre 2011

rihl poitiers 2011On a beau être habitué à la qualité des films sélectionnés par les Rencontres Henri Langlois de Poitiers, c'est un plaisir toujours renouvelé de découvrir le dynamisme et l’inventivité des tout jeunes réalisateurs contemporains. Il faut dire que la sélection est drastique (cette année, 40 œuvres retenues sur les plus de 1300 reçus), et la concurrence rude. Dans les écoles de cinéma du monde entier, on se bat pour figurer parmi les heureux participants au festival.

Que dire, alors, de ceux qui ressortent vainqueurs de la compétition finale, remportant un (ou plusieurs) prix parmi la petite dizaine qui est décernée ? La première impression, c'est que les différents jurys ont probablement bien travaillés, tant les films primés sortent du lot. Sur les cinq que l'on a pu voir (parmi les 6 qui se partagent les récompenses 2011), pas une seule fausse note. C'est à peine si, parfois, on aurait inversé les niveaux de prix... question de sensibilité subjective plus qu'autre chose.

Chose amusante, sur les cinq films, quatre sont l’oeuvre de réalisatrices, preuve que la relève sera plus homogène que ne l'est l'offre actuelle ! Côté géographie, l'Europe est surreprésentée, avec deux films allemands, un britannique (tourné en Argentine, malgré tout), un polonais et... un russe. Pour sauver l'honneur, le 6e film, un long métrage qui n'était pas présenté lors de la reprise du palmarès à la cinémathèque française, est sud-coréen !

Animation, documentaire, comédie, tragédie... tous les styles ont séduits les jurys, qui ne boudent ni leur plaisir, ni leur conscience politique. Un bel équilibre qui donne un aperçu captivant des préoccupations des jeunes cinéastes. Si l'on devait malgré tout faire un reproche un peu général, ce serait sur la difficulté qu'ont les cinéastes de finir leurs histoires. Souvent, les "chutes" ne sont pas à la hauteur du reste, laissant clairement le spectateur sur sa faim. Mais trêve de généralités et retour sur les cinq films en question.

Reaching out to mama d'Olga Tomenko
Le monde, vu à travers le regard d'une petite fille boudeuse, se pare d'une étrange tonalité fantastique. La jeune réalisatrice distord le réel, rend inquiétant un simple tiroir, et capte la fantaisie cruelle de l'enfance. On est surtout séduit par l'ambiance inconfortable qu'elle parvient à créer, et par le naturalisme saisissant de son actrice.

L'échange de Maria Steinmetz
Un jeune couple se promène fièrement avec un nouveau né. Mais l'enfant est remplacé à leur insu par un bébé troll. De ce conte humaniste en forme d'hymne à la tolérance, la jeune réalisatrice allemande fait une nativité ironique et décalée, en mêlant icônes religieuses et personnages d'heroic fantasy. L'animation, épurée et fluide, apporte une véritable inventivité visuelle au récit, et en renforce l'universalité.

Silent River de Anca Miruna Lazarescu
Dans la Roumanie de Ceaucescu, deux hommes décident de risquer le tout pour le tout : traverser le Danube pour fuir à l'Ouest. Tandis que l'échéance se rapproche, la tension monte, et les obstacles surgissent. On est saisi par l'urgence du propos, qui emprisonne spectateurs et personnages dans un climat de plus en plus anxiogène. Au-delà du récit et de ses conséquences, on ne peut aussi s'empêcher de faire le parallèle avec Welcome de Philippe Lioret, où un jeune homme tentait de traverser la Manche à la nage pour rejoindre l'Angleterre-terre promise. Les époques et les circonstances changent, mais pour les êtres humains qui en sont victimes, le prix de la liberté est toujours aussi dur à payer.

Abuelas d'Afarin Eghbal
Il fallait oser aborder un sujet aussi grave (les enlèvements d'enfants pendant la dictature argentine) dans un film d'animation débridé et fantaisiste. Et pourtant, tout fonctionne à la perfection, des cadres photos qui prennent vie aux jouets qui reconstituent les enlèvements. En voix-off sur ces images presque joyeuses, les témoignages des grands-mères-courage apportent juste l'éclairage nécessaire, sans pathos ni émotions forcée. Malgré une durée réduite (9 minutes), tout est (admirablement) dit.

frozen storiesFrozen Stories de Grzegorz Jaroszuk
Les deux pires employés du mois d'un supermarché froid et anonyme se voient confier une mission étrange : trouver un but à leur existence. Le ton ultra-décalé de cette comédie ironique créée une ambiance à la fois surréaliste et désespérante. Mais surtout, les personnages qui semblent totalement désincarnés sont servis par des comédiens si convaincants (mention spéciale au patron neurasthénique) qu'ils rendent crédibles les situations les plus farfelues.