Le jour le plus court 2011 : Avenue de France de Didier Blasco

Posté par MpM, le 19 décembre 2011

Le 21 décembre, c'est le Jour le plus court ! Ecran Noir s'associe à cet événement national et vous propose une semaine de courts métrages.

Après Tôt ou tard de Jadwija Kowalska, voici Avenue de France de Didier Blasco, un film tendu et intense qui décortique en dix minutes un dysfonctionnement profond de la société française : le délit de faciès. Kamal, qui essaye d'endormir son bébé en marchant, de nuit, dans la rue, est contrôlé par des policiers zélés pour qui origines étrangères riment forcément avec alcoolisme, pédophilie et violences familiales.

On est comme en apnée, saisi par le réalisme et l'actualité du propos. Les acteurs, tous excellents, permettent à chacun de se projeter dans une situation tristement kafkaïenne et insupportable. Le coup de massue survient au générique final, quand on comprend qu'Avenue de France est directement inspiré de faits réels.

Lorsque le film court se met aussi efficacement au service d'un propos engagé et intelligent, il n'a vraiment rien à envier au long métrage.

Attention, dans le cadre du Jour le plus court, ce film ne sera visible que jusqu'au 21 décembre à minuit.

Prix Lumière 2012 : un parfum de Cannes (et de classe)

Posté par vincy, le 19 décembre 2011

Les films cannois se taillent la part du lion dans la liste des nominations des 17e prix Lumière (correspondants de la presse étrangères). Seulement 11 citations, sur 40, ne sont pas reliées à un film présenté au festival de Cannes.  Les vainqueurs seront connus le 13 janvier. Notons la mention spéciale au chien de The Artist, fantaisie bienvenue dans ce long calvaire de remises de prix qui s'annonce.

Meilleur film

L’Apollonide, souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello
The Artist de Michel Hazanavicius
L’exercice de l’Etat de Pierre Schoeller
Le Havre d'Aki Kaurismäki
Intouchables d'Eric Toledano et Olivier Nakache

Meilleur réalisateur

Bertrand Bonello pour L’Apollonide…
Michel Hazanavicius pour The Artist
Aki Kaurismäki pour Le Havre
Maïwenn pour Polisse
Pierre Schoeller pour L’exercice de l’Etat

Meilleur scénario

Bertrand Bonello pour L’Apollonide…
Robert Guediguian et Jean-Louis Milesi pour Les neiges du Kilimandjaro
Michel Hazanavicius pour The Artist
Maïwenn et Emmanuelle Bercot pour Polisse
Pierre Schoeller pour L’exercice de l’Etat

Meilleure actrice

Bérénice Bejo dans The Artist
Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni dans Les bien-aimés
Valérie Donzelli dans La guerre est déclarée
Marina Fois et Karin Viard dans Polisse
Clothilde Hesme dans Angèle et Tony

Meilleur acteur

Jean Dujardin dans The Artist
Olivier Gourmet dans L’exercice de l’Etat
JoeyStarr dans Polisse
Omar Sy dans Intouchables
André Wilms dans Le Havre

Meilleur espoir féminin

Alice Barnolle dans L’Apollonide…
Adèle Haenel dans L’Apollonide…
Zoé Heran dans Tomboy
Céline Sallette dans L’Apollonide…
Anamaria Valtoromei dans My Little Princess

Meilleur espoir masculin

Grégory Gadebois dans Angèle et Tony
Guillaume Gouix dans Jimmy Rivière
Raphaël Ferret dans Présumé coupable
Denis Menochet dans Les adoptés
Mahmoud Shalaby dans Les hommes libres

Meilleur film francophone (hors France)

Curling de Denis Cote (Canada)
Et maintenant, on va où ? de Nadine Labaki (France, Liban, Italie)
Incendies de Denis Villeneuve (Canada)
Le gamin au vélo de Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique, France, Italie)
Les géants de Bouli Lanners (Belgique, Luxembourg, France)

3 catégories des César font leur 5 à 7

Posté par vincy, le 19 décembre 2011

L'assemblée générale de l'Académie des arts et techniques du cinéma a décidé de donner davantage de visibilité à trois catégories reines des César, qu'elle organise. Il y a deux ans, le nombre de nominations pour les films était déjà passé de 5 à 7. Cette année, à leur tour, les réalisateurs, acteurs et actrices ne seront plus cinq mais sept.

Les 37e César se dérouleront le 24 février sous la présidence de Guillaume Canet. Pour la huitième fois, Antoine de Caunes sera le Maître de cérémonie.

Le public pourra voir les films en compétition au cinéma parisien Le Balzac du 8 au 22 février.

Berlin 2012 : 8 jurés et 10 films déjà connus

Posté par vincy, le 19 décembre 2011

Le jury du prochain Festival de Berlin est désormais bouclé. Autour de son président Mike Leigh, on retrouve les français Charlotte Gainsbourg et François Ozon (un chouchou de la berlinale), le flamand Anton Corbijn (Control, The American), l'iranien Asghar Farhadi (Une séparation, Ours d'or l'an dernier), l'américain Jake Gyllenhaal, l'algérien Boualem Sansal et l'allemande Barbara Sukowa. Belle affiche.

Par ailleurs, le 62e Festival International du Film de Berlin a révélé dix films sélectionnés.

3 en compétition - Captive (de Brillante Mendoza avec Isabelle Huppert), Dictado d'Antonio Chavarrías et Postcards from the Zoo d'Edwin (qui avait été présenté à L'Atelier de la Cinéfondation de Cannes).

2 hors compétition : Extremely Loud and Incredibly Close de Stephen Daldry avec Tom Hanks, Sandra Bullock et Max von Sydow, et The Flowers of War de Zhang Yimou avec Christian Bale.

5 dans la sélection Berlin Spécial : un documentaire de Werner Herzog (Death Row), Don: The King Is Back de Farhan Akhtar, Keyhol de Guy Maddin, La chispa de la vida d'Álex de La Iglesia avec Salma Hayek, et Marley, documentaire de Kevin Macdonald.

Le Lincoln ferme à son tour ses portes pour Noël

Posté par MpM, le 19 décembre 2011

Le Lincoln, c'est l'autre cinéma indépendant des Champs Elysées, qui peut lui-aussi s’enorgueillir d'une programmation de qualité. Jusqu'à mardi soir, on peut notamment y découvrir Le cheval de Turin, chef d’œuvre de Bela Tarr que l'on ne recommandera jamais assez, et Le tableau de Jean-François Laguionie, un conte animé plein de poésie et de délicatesse.

Or, le Lincoln, comme son voisin Le Balzac, traverse une période particulièrement difficile. Faute d'un accès suffisant aux films d'art et d'essai "importants" et aux auteurs aujourd'hui reconnus que, bien souvent, il a contribué à révéler, le cinéma voit sa fréquentation s'éroder inexorablement.

"Il y a urgence ! Notre survie est menacée à court terme ! Et avec elle, celle de nombreuses salles indépendantes qui, très vite, connaîtront le même sort !", déclarent Jean-François Merle (exploitant du Lincoln) et Xavier Blom (programmateur) dans un communiqué commun. Ils expliquent ainsi leur décision de fermer le cinéma durant la semaine du 21 au 28 décembre. Avec un bémol bienvenu : afin de ne pas pénaliser Ne nous soumets pas à la tentation de Cheyenne Carron (en salle unique au Lincoln le 21 décembre), un écran restera spécialement ouvert pour le film.

Ce début d'épidémie de fermetures est un signal d'alarme inquiétant à destination des pouvoirs publics, mais aussi des spectateurs. Si de plus en plus de cinémas indépendants sont menacés dans leur propre survie, c'est toute la diversité de l'offre cinématographique française qui est en danger. Les grands circuits ne peuvent pas capter toutes les œuvres à potentiel économique, et ne laisser aux salles indépendantes que les films fragiles, exigeants ou difficiles, dont l'exploitation relève plus d'un choix artistique courageux que d'une perspective lucrative. Une répartition harmonieuse, partant d'une volonté ferme, doit être faite entre les différents écrans parisiens. Faute de quoi, on risque fort de se retrouver avec les mêmes quelques films diffusés sur tous les écrans ce qui, quelle que soit la qualité de ces heureux élus, serait un profond constat d'échec.

Vaclav Havel (1936-2011), un film et puis s’en va…

Posté par vincy, le 19 décembre 2011

Sa vie pourra sans doute inspirer un biopic. Vaclav Havel, décédé le 18 décembre à l'âge de 75 ans, aura été un grand auteur de théâtre, un philosophe et poète, mêlant l'absurde et les réflexions plus politiques, un dissident au régime communiste, qui fut incarcéré durant près de 4 ans, et un Président de la République Tchèque durant plus de 13 ans.

Et s'il se trouve ici même, sur nos pages, c'est qu'il a aussi un lien avec le cinéma. Sa famille, déjà distributrice de films, était même propriétaires de studios de cinéma, les légendaires Studios Barrandov, près de Prague. Ils furent agrandis par les Nazis, nationalisés par les communistes. Entre leur ouverture en 1933 et les années 90, des cinéastes comme Milos Forman et Jan Kadar y tournèrent. Les productions tchèques, de moins en moins nombreuses après la "Révolution de Velours" qui amena Vaclav Havel au pouvoir, ont alors laissé la place aux grosses productions hollywoodiennes : Mission : Impossible, La Mémoire dans la peau, Casino Royale... Barbra Streisand y tourna Yentl, Milos Forman son Amadeus, Jean-Jacques Annaud Stalingrad et Alexander Sokourov réalisa Faust, récent Lion d'or à Venise.

Mais Havel n'en héritera pas : son père et son oncle, propriétaires, se sont vus déposséder de tous leurs biens immobiliers lors de l'arrivée des communistes au pouvoir.

Un scénario coécrit avec Milos Forman

Il attendra le crépuscule de sa vie pour revenir au cinéma. En 2004, il incarne le Président dans Up and Down (Horem padem), comédie dramatique de Jan Hrebejk. En 2011, il fait une participation dans Czech-Made Man de Tomas Rehorek. Si ses pièces ont souvent fait l'objet de captations pour la télé, on soulignera que sa version de L'opéra de quat'sous a été filmée pour le cinéma par Jiri Menzel (1991).

Cette année encore, il avait écrit avec (et pour) Milos Forman l'adaptation du roman de Georges-Mac Benamou, Le fantôme de Munich, qui devrait sortir en 2013.

Mais Vaclav Havel est surtout passé à la réalisation, son rêve depuis toujours. Son premier film Sur le départ (Odchazeni) (voir la bande annonce en anglais) est l'histoire absurde d'un chancelier qui s'apprête à quitter le pouvoir. Il est adapté de la propre (et ultime) pièce de Vaclav Havel. Le film est sorti fin mars en république Tchèque, avant d'être sélectionné au début de l'été au Festival de Moscou, en compétition, puis à Karlovy Vary, le festival international le plus réputé de Tchéquie.

L'accueil a pourtant fait du bruit dans son pays. Depuis quelques années, il était de bon ton de critiquer - ah, l'ingratitude des citoyens ! - cet ancien politicien qui avait permis à son pays de devenir libre (et capitaliste). Le cinéaste en a fait plus douloureusement les frais. Une icône attaquée : le combat fut rude entre ses admirateurs et ses détracteurs. Le film a été l'étincelle pour que tout explose. La polémique était aussi absurde que ses pièces le sont. Les critiques de cinéma ont dénoncé l'absence d'un bon scénario et une mise en scène médiocre qui ridiculisent l'ensemble. Toujours espiègle, Vaclav Havel revendique la farce. Et certains l'ont défendu en rappelant que la satire est parfois douloureuse et cruelle à accepter. «Le film Odcházení a un désavantage : celui d’être signé par Havel ce qui ne peut qu’alourdir sa situation » expliquait l'écrivain Ludvik Vaculik.

Le déchaînement de haine est au niveau de la passion qu'avait engendré la personnalité de cet homme qui n'aura cessé de faire tomber les rideaux et de s'affranchir des règles.

Mais il aimait aussi les symboles. L'avant-première mondiale s'est déroulée dans la salle de cinéma Lucerna, que son grand-père avait construite en 1909 en plein centre de Prague.