L’instant Court : I thought I was an Alien, réalisé par Soko avec Spike Jonze

Posté par kristofy, le 22 décembre 2011

Le 21 décembre, c'était le Jour le plus court ! Ecran Noir s'est associé à cet événement national et vous propose une semaine de courts métrages, dont certains exceptionnellement visibles seulement jusqu’à cette date.

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, après cette première fête du court-métrage, voici l’instant Court n° 59.

Il était une fois une jeune actrice qui fut repérée dans le court-métrage L'escalier de Frédéric Mermoud, puis révélée dans la comédie Mes copines (comme Léa Seydoux). Elle tourna ensuite dans d’autres films plus sérieux comme A l’origine de Xavier Giannoli en compétition officielle à Cannes, ce qui lui valut une nomination pour le César du meilleur espoir féminin.

Cependant, c’est par la musique que la jeune femme veut s’exprimer. Elle compose et chante jusqu’à enregistrer un disque... qu’elle préfère finalement ne pas sortir pour en refaire un autre, meilleur. Elle continue de donner des concerts un peu partout dans le monde en parallèle avec ses tournages en tant que comédienne. Elle interprète le premier rôle face à Vincent Lindon dans le film Augustine que tourne en ce moment Alice Winocour, et on la verra au printemps dans le film Bye Bye Blondie de Virginie Despentes. Pour son parcours de musicienne, elle s’est choisi comme nom le diminutif  "Soko", et son album sera enfin disponible le 20 février.

Voila donc le clip I thought I was an Alien, réalisé par Soko elle-même. Celui-ci a été tourné à Echo Park en Californie durant le mois d’août, certains plans additionnels ayant été tournés par le célèbre Spike Jonze ! En fait, Spike Jonze avait déjà proposé à Soko de jouer dans son court-métrage de robots I’m here mais ça ne s’était pas fait, et ensuite ils ont travaillé ensemble sur le court Mourir auprès de toi (co-réalisé par Jonze et Simon Cahn) présenté à Cannes.

Ce clip de Soko a été filmé avec un téléphone portable, c’est l’occasion de vous rappeler que vous pouvez participer au prochain Mobile Film Festival (1 minute, 1 mobile, 1 film).

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film I thought I was an Alien.

Succès pour Le jour le plus court : 1,5 million de participants

Posté par vincy, le 22 décembre 2011

L'initiative du CNC pour promouvoir le court métrage à travers une fête nationale, Le jour le plus court, a dépassé ses objectifs. 1,5 million de passants, curieux, visiteurs, spectateurs, téléspectateurs et internautes ont participé aux  5 600 événements organisés le 21 décembre. Michel Gondry et Julie Gayet, deux des parrains de la manifestation, n'ont pas ménagé leurs efforts pour défendre le court métrage.

Les médias ont aussi adhéré à cette initiative, avec de nombreux reportages ou d'annonces (radios, télés, ...). De la soirée inaugurale au Centre Pompidou à la Gare Montparnasse transformée en salle de cinéma, en passant par des théâtres, des prisons, des établissements publics et des grands musées, Le jour le plus court a touché l'ensemble des publics. Les chaînes de télévision et les salles de cinéma ont donné un accès encore plus large à des spectateurs captifs.

Le web n'était pas oublié. Ecran Noir a ainsi enregistré 2 000 visionnages, un record, durant la seule journée du 21 décembre sur son compte Vimeo. Notre site diffusait une sélection des meilleurs courts métrages de notre rubrique "L'instant court".

Cela promet une 2e édition ambitieuse et encore plus populaire.

La liquidation de Quinta industries : un effet papillon

Posté par vincy, le 22 décembre 2011

C'est un feuilleton quotidien, avec ses rebondissements. Depuis la mise en liquidation il y a une semaine du groupe Quinta Industries, les nouvelles se suivent. Et se ressemblent.

1) Liquidation judiciaire décidée

Quinta industries, détenue à 83% par l'homme d'affaires franco-tunisien Tarak Ben Ammar et à 17% par Technicolor, était en cessation de paiement depuis le 1er septembre et avait été placé début novembre en redressement judiciaire. Les 115 salariés de LTC, une filiale à 100% du groupe, s'étaient mis en grève le vendredi 9 décembre, ce qui avait entraîné comme première conséquence le blocage de la livraison des copies de Hugo Cabret et du réassort de quelques films (voir actualité du 13 décembre).

Le processus de numérisation des salles, qui s'est accéléré ces derniers mois (voir actualité du 26 septembre), aura eu raison des activités photochimiques.

LTC, ScanLab, SIS, les Audis de Boulogne : toutes ont été liquidées en attendant les offres de reprises début janvier. La continuation de l'activité a été accordée jusqu'à la mi-janvier seulement. On peut ajouter à cela l'absence de proposition pour reprendra Duran et le studio Duran Duboi (voir actualité du 2 décembre), qui "plantent" ainsi les effets spéciaux de plusieurs grosses productions. La continuation de l'activité est prévue jusqu'à fin janvier. Cela va notamment entrainer les producteurs à trouver d'autres solutions, coûteuses.

2) Des films menacés, reportés...

Warner Bros a annoncé aujourd'hui que la sortie du film Les Seigneurs, d'Olivier Dahan, serait reportée d'avril à septembre 2012. Fidélité Films a voulu rassurer. Pour Astérix 4, ils examinent différentes solutions, comme "la reprise de l'ensemble des effets spéciaux par des sociétés tierces. Cette reprise va s'accompagner de surcoûts importants, que nous n'avions évidemment pas prévus, mais qui sont gérables dans le cadre d'une production comme Astérix."

En plus de la casse sociale (près de 200 employés licenciés d'ici la fin de l'année) à la veille des Fêtes, ce sont en effet 36 longs métrages qui sont impactés. 36 films qui étaient en cours de post-production dans ces différents laboratoires, parmi lesquels, Astérix au Service de sa Majesté, La Vérité si je mens 3, Les Seigneurs, le nouveau film d'Olivier Dahan, Les Infidèles de Jean Dujardin et Gilles Lellouche, le prochain Leos Carax, Holly Motors, ou encore Thérèse Desqueyroux de Claude Miller. Les films de Gilles Bourdos, Pierre Jolivet, Frédéric Forestier, Régis Roinsard sont également concernés.

La Fédération des industries techniques du cinéma, de l'audiovisuel et du multimédia (Ficam) explique que
"toutes saisies et déplacements des serveurs informatiques entraîneraient la perte irrévocable des éléments", soit près de 300 millions d'euros d'investissements de production. Les serveurs des sociétés feraient déjà l'objet de saisies. La perte des données est sans doute le risque le plus grave actuellement. Au delà des films en cours, il y a aussi le transfert des oeuvres du patrimoine (depuis 1935) qui doit être envisagé. La Ficam propose de former un comité d'experts pour trouver des solutions à court terme mais aussi la mise en place d'un Fonds spécial de compte de soutien.

3) Les issues de secours

Il faut donc un plan de sauvetage urgent. Et là, nous ne pouvons être que circonspects face à la réponse publique. Le CNC a immédiatement réagit. Une réunion se tient aujourd'hui avec les organisations professionnelles en vue de trouver les bonnes solutions. Mais le Ministère de la Culture a attendu près d'une semaine pour faire valoir sa position. Le mépris à l'égard de cette situation surprend. Et la réponse ne rassure pas complètement.

Après la formule de politesse qui convient (Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture et de la Communication fait part "de la très vive attention qu’il porte à la situation des industries techniques du cinéma, suite à la liquidation judiciaire dont fait l’objet le groupe Quinta industries et les sociétés qui le compose"), il fixe une priorité (qui paraît évidente) : "permettre dans les meilleures conditions la finalisation et la sortie en salle des films actuellement traités par Quinta industries, et à moyen terme de garantir la conservation des œuvres stockées par le groupe."

Mais dans son communiqué, le ministre considère que l'urgence ne concerne que les films qui doivent sortir d'ici fin janvier (très peu des 36 films concernés), ignorant sans doute qu'une phase de post-production est engagée plusieurs mois avant la sortie du film. Erreur de raisonnement.

Pour les autres oeuvres, qui sont prévues après janvier, le Ministère délègue au CNC le dialogue avec les parties concernées. Manière de ne pas trop se mouiller en cas d'échec.

Enfin, maladroitement, le Ministère indique que la liquidation de Quinta industries était prévisible. Il y a eu ces dernières années une volonté publique de numériser les salles (notamment "par l’intermédiaire de dispositifs de soutien déjà existants, mais également dans le cadre des programmes de numérisation des films de patrimoine, afin de faire du numérique non seulement un moyen de valoriser et diffuser les œuvres, mais également une opportunité pour nos industries"). Manière d'annoncer que l'Etat ne sauvera pas le savoir-faire des techniciens licenciés et que les salles n'ont plus d'autres choix que de passer au numérique... La liquidation judiciaire de ces sociétés est donc une opportunité et l'Etat les enterre sans ménagement. On ne s'étonnera pas que dans ce communiqué, on ne trouve pas un seul mot pour les employés.