La Cinémathèque de la danse et le Centre national de la danse fusionnent. Si la niche semble étroite, l'enjeu est important et concerne aussi bien la recherche, la conservation, la sauvegarde et la diffusion des films et documents filmés relatifs à la danse - toutes les danses -, que le développement de la culture chorégraphique et l’élargissement des publics de la danse. Les membres de l’Assemblée Générale de l’association de la Cinémathèque de la danse et du conseil d’administration du Centre national de la danse ont voté à l’unanimité, "leur volonté de donner un cadre renouvelé pour le développement des missions à caractère public de la Cinémathèque de la danse depuis trente ans."
Depuis le 1er janvier 2013, l’équipe de la Cinémathèque de la danse (9 salariés) est donc accueillie dans un nouveau département « Cinémathèque de la danse » au sein du CND. Le Centre national de la danse, dont le siège (rénové) est à Pantin (près de Paris), a ouvert des espaces dédiés à la Cinémathèque de la danse pour le stockage et le traitement des documents audiovisuels mais aussi pour l’accueil du public, notamment avec l’ouverture d’une salle de projection de cent places. Les travaux ont été financés par le Ministère de la Culture et de la Communication, qui indique par ailleurs avoir "prévu dans le Projet de loi de finances 2013 le transfert au Centre national de la danse de l’intégralité de la subvention précédemment allouée à l’association et l’inscription des emplois nécessaires."
Choix cornéliens
Pourtant, il y a encore trois mois, la fusion n'allait pas de soi. Le 13 novembre, le Conseil d’administration de la Cinémathèque de la Danse devait décider de la dissolution ou non de l’association qu’il contrôle. En cas de dissolution, cela signifiait une perte de son autonomie, de son nom, et même de son identité. En cas de refus, le Ministère avait prévenu que les subventions seraient coupées dès le 1er janvier 2013. Autant dire que le choix n'existait pas vraiment.
Clairement, la Cinémathèque a préféré la survie, même en situation de dépendance. Créé en 1998, le CND était logiquement programmé pour accueillir la Cinémathèque de la Danse, créée en 1982 au sein de la Cinémathèque française (elle est indépendante depuis 2005). Mais, selon le directeur de la Cinémathèque et ses nombreux soutiens, le CND est mal desservi (l'accès s'est amélioré depuis l'arrivée du Tramway à proximité, en plus du métro et du RER) et le lieu ne parviendrait pas à attirer les parisiens (ce qui est démenti par le Centre et qui n' aucun sens à un moment où l'on imaginele Grand Paris). Voilà pourquoi la Cinémathèque de la Danse était très réticente à y emménager : une cinémathèque sans public, ça n'a aucun sens. A ce déménagement qui ne soulevait aucun enthousiasme, il fallait ajouter un manque de fonds, des crédits en berne et une administration indécise... Certains craignaient même que le budget de la Cinémathèque (800 000 €) sera amputée pour combler les déficits du CND. Costa-Gavras, président de la Cinémathèque française, avait alerté en avril dernier les pouvoirs publics d'une telle annexion.
Polémique et inquiétudes
Quand le précédent Ministre de la culture, Frédéric Mitterrand décrète que la Cinémathèque doit perdre son statut d'association pour devenir un simple département du CND, la polémique enfle. La profession s'inquiète de l'avenir de la Cinémathèque puisque le CND n’a soi-disant aucune expérience en matière cinématographique, d’acquisition de films, de programmation, de diffusion et même de relations internationales (la Cinémathèque de la danse a une antenne à Pékin et une autre en cours de réalisation à Rio de Janeiro) ... Le Centre réfute ses arguments en affirmant disposer de 4100 titres dans la collection principale, 80 fonds d’archives riches en document vidéos, 1500 heures de programmes captés à Pantin depuis 2005 et les vidéos déposées par les compagnies depuis 1998.
Après huit mois de négociations et, reconnaissons-le devant l'évidence et la céessité d'un tel rapprochement, la fusion s'avère inéluctable. Tout dépendait de savoir dans quelles conditions. Et si cette fusion était actée dès novembre, ce n'est seulement que le 15 février 2013 que le Ministère de la Culture s'est félicité de "l'heureux dénouement". Coûteuse issue aussi puisque les travaux du siège de Pantin s'élèvent à 6 millions d'euros.
Reste à attirer le public
La Cinémathèque de la danse conserve son nom et devient donc le département Cinémathèque du CND. Et le budget sera inscrit en tant que tel dans l’analytique du CND pour le département Cinémathèque, autrement dit il este autonome. La Cinémathèque gardera son nom et son logo. Le Ministère de la culture et celui de l'Economie ont tout fait pour déminer le terrain, jusqu'à maintenir les 8 membres de la Cinémathèque de la danse. Arriveront-ils à travailler avec les équipes du CND?
Toutes les inquiétudes ont donc été effacées. Toutes? Non : il reste à savoir si le public sera au rendez-vous.
Le CND a mis en place une importante programmation cinéma/danse pour la saison en cours. Une nuit de la danse et du cinéma allemand le 21 juin est même prévue. Mais pour l'instant, les deux sites internet sont toujours distincts... et la Cinémathèque s'affiche toujours dans le 12e arrondissement de Paris. Le temps des synergies est venu...