Berlin 2013 : le cinéma taïwanais bien représenté, en attendant les lauréats de la Taipei factory à Cannes

Posté par MpM, le 11 février 2013

La fête battait son plein dimanche soir lors de la traditionnelle Taïwan party de Berlin (en présence de plusieurs stars dont le réalisateur Arvin Chen, voir notre photo), et tous les professionnels taïwanais présents avaient l'air content. Il faut dire qu'il y a de quoi. La Taipei Film Commission, créée en 2008, promeut le cinéma taïwanais à travers le monde, mais soutient également les productions internationales soucieuses de tourner à Taïwan ainsi que les coproductions locales. Résultat, en moins de quatre ans, la commission a aidé 645 films tournés à Taipei, dont 70 en partie financés par des fonds étrangers.

Avec une politique aussi incitative, il n'est guère étonnant de retrouver le cinéma taïwanais dans les plus grands festivals internationaux. Cette année, quatre films taïwanais sont ainsi présents dans la sélection berlinoise : Cutaways of Jiang Chun Gen - Forward and Back Again de James T. Hong (court métrage présenté dans la section Forum expanded) ; Together de Hsu Chao-jen (Forum) ; Touch of the light de Chang Jung-Chi (Generation 14plus) et Will you still love me tomorrow d'Arvin Chen (Panorama special).

Et ce n'est pas fini. Il y a peu, la Commisison annonçait la création d'une "Taipei Factory" permettant à de jeunes cinéastes taïwanais et internationaux de travailler ensemble. Cette résidence, qui se tient à Taïwan du 25 février au 15 mars, réunit quatre binômes de réalisateurs invités à écrire, tourner et finaliser un court métrage de 15 min. Ils auront également l'occasion de rencontrer des représentants de l’industrie cinématographique du monde entier (producteurs, distributeurs, représentants de festival…) susceptibles de les aider dans le développement de leurs projets de longs-métrages.

L'actrice et cinéaste français Joanna Preiss (Sibérie) fait partie des participants au programme. Elle travaillera en tandem avec le Taïwanais Midi Zhao. Les autres duos sont Chang Jung-Chi (Taïwan) et Alireza Khatami (Iran) ; Shen Ko-Shang (Taïwan) et Luis Cifuentes (Chili) ; Singing Chen (Taïwan) et Jero Yun (Corée du Sud).

La première projection mondiale des films ainsi réalisés aura lieu le 16 mai prochain à Cannes. En effet, la Quinzaine des Réalisateurs s'est associée à cette première édition de la "Taipei Factory" et invite les 8 réalisateurs à venir rencontrer public et professionnels présents pendant le Festival. Une initiative passionnante qu'il sera donc facile de suivre de près, et qui pourrait bien faire des émules parmi les pays les plus cinéphiles de la planète.

Joseph Gordon-Levitt enlève les scènes pornos de son film

Posté par vincy, le 11 février 2013

C'est la rançon du succès. Don Jon's Addiction, premier film réalisé par l'acteur Joseph Gordon-Levitt, va faire l'objet de coupes afin de pouvoir être distribué aux USA. Une censure qui a le consentement du réalisateur, sans doute très sensible aux bonnes critiques reçues par son film à Berlin, où il est sélectionné dans Panorama.

Une censure dictée également par un impératif économique : Relativity a acheté les droits pour distribuer le film aux USA en signant un chèque de 4 millions de $ lors du dernier festival de Sundance (avec une garantie de 25 millions de $ en dépenses marketing). Il faut pouvoir rentabiliser l'investissement.

Gordon-Levitt explique que "cela n'affectera pas le film". Pour ne pas être classé parmi les films pornographiques, il devra en effet retirer des scènes explicitement sexuelles. Lors de sa conférence de presse berlinoise, l'acteur avoue qu'il s'attendait à ça.

Dans son film, JGL incarne un mélange de Lothaire (Don Quichotte) et de Don Juan (d'où Don Jon) des temps modernes, complètement addict à la pornographie et la masturbation.

Le film réunit Scarlett Johansson en Jessica Rabbit plus vraie que nature, Julianne Moore et Tony Danza (Madame est servie). Joseph Gordon-Levitt relativise la portée des images X dans son film (dans ce cas pourquoi les avoir tournées?) en justifiant que c'est la répétition des actes qui est essentielle à la compréhension psychologique du personnage. Pour lui, son film est avant une comédie romantique dans une société où notre culture, obsédée par les objets et les images, réduit notre capacité à pouvoir vivre une intimité entre humains.

On peut cependant espérer que le film sera visible en Europe dans sa version intégrale. Les codes de censure ne sont pas identiques et le sexe n'est pas aussi tabou qu'aux USA. Dans le même genre, Lars Von Trier a déjà anticipé le problème avec Nymphomaniac, en proposant deux versions de son film : l'une avec des scènes X et l'autre purgée de séquences pornos.

Berlin 2013 : un film en sélection cartonne déjà (légalement) sur youtube

Posté par MpM, le 11 février 2013

Présenté dans la section Panorama, le documentaire TPB QFK: the pirate bay away from keyboard du Suédois Simon Klose (sur les fondateurs de The Pirate Bay) est disponible gratuitement et légalement sur youtube depuis sa présentation berlinoise le 8 février dernier. Le cinéaste (cité par Screen international) assure que plus de 200 000 personnes ont regardé le film durant les premières 20 heures. Trois jours plus tard, le nombre frise les 900 000, à quelques encablures seulement de l'objectif (désormais parfaitement réaliste) d'un million en une semaine.

D'autant que d'après Klose, il s'agit là simplement du nombre de fois où la vidéo a été vue sur youtube, sans tenir compte des échanges sur les réseaux de partage de fichiers, difficilement calculables. Ce n'est pas la première fois qu'un film est mis légalement à disposition sur internet avant sa commercialisation en salles (voir notamment notre news du 31 octobre), mais il s'agit de la première opération d'une telle envergure, intervenant aussi amont dans la chronologie traditionnelle de diffusion des films. Une opération pas totalement neutre puisque le cinéaste a déclaré avoir déjà reçu 30 000 dollars de donation de la part des internautes.

Bien sûr, le procédé pose un certain nombre de questions, et notamment la possibilité pour le film de connaître une carrière en salles après avoir été ainsi mis à la disposition de tout un chacun sur le web. Il pourrait même singulièrement remettre en cause le circuit traditionnel de distribution (à l'image de certains films qui sortent directement en dvd, on peut imaginer une diffusion directement sur internet) et offrir un canal supplémentaire à certaines oeuvres fragiles ou militantes. Indéniablement, le sujet risque de revenir régulièrement dans les mois à venir, tant internet change la donne en matière de diffusion et de distribution des oeuvres. C'est sûr, des systèmes restent à imaginer et tester. Car quel réalisateur ne rêverait pas d'attirer un million de spectateurs en seulement quelques jours ?

En attendant, pour ce qui est de la qualité intrinsèque de TPB AFK, puisque c'est possible, et recommandé par l'auteur, le mieux est encore de se faire sa propre idée :

Vesoul 2013 : Rencontre avec Kamila Andini

Posté par kristofy, le 11 février 2013

Vesoul 2013Le 19e Festival International des Cinémas d'Asie de Vesoul propose un Regard sur le cinéma indonésien composé de 22 films, du classique Après le couvre-feu de Usmar Ismail datant de 1954 à la première de The Blindfold, le dernier film de Garin Nugroho, le président du jury.

« Le cinéma indonésien est en pleine renaissance et fait preuve d'une grande effervescence créative » a ainsi expliqué Jean-Marc Thérouanne, délégué général du FICA de Vesoul. Des premiers films de jeunes cinéastes qui feront le cinéma indonésien de demain sont d'ailleurs présentés durant la semaine.

La jeune réalisatrice Kamila Andini est l'un de ces nouveaux talents à suivre en Indonésie. Son premier film The mirror never lies s’intéresse aux ‘gitans de  la mer’, la tribu Bajo dans le petit archipel de Wakatobi; dont le mode de vie est d’ailleurs méconnu de la plupart des Indonésiens. Il s’agit de nomades qui font de la mer leur maison, et qui ont construit au milieu de la mer des huttes sur pilotis au-dessus de l’eau. Cette communauté s’étend d’ailleurs jusqu’en Malaisie et aussi aux Philippines (là où d’ailleurs Brillante Mendoza a filmé son dernier film Thy Womb).

The mirror never lies suit une fillette d’une douzaine d’année qui voudrait voir dans un petit mirroir un reflet de son père, signe qu’il n’est pas mort après avoir disparu en mer. En parallèle, son meilleur ami voudrait lui dire qu’il est amoureux d’elle en utilisant la chanson d’un copain, sa mère dissimule ses émotions avec de la poudre blanche sur le visage, et un étranger en provenance de Jakarta arrive chez eux et dans leurs vies…

Rencontre avec la réalisatrice Kamila Andini.

Ecran Noir : La production de votre film The mirror never lies a duré 3 ans avant son tournage, quelles en ont été les étapes ?

Kamila Andini : En tant que cinéaste indépendante qui faisait son premier long métrage, le premier objectif était de trouver le financement, ce qui est difficile quand c’est un premier film, ça a pris beaucoup de temps. La deuxième chose concernait le lieu de tournage du village en mer qui est en fait plutôt éloigné de l’Indonésie. Pour mes recherches et la préparation j’ai fait plusieurs voyages aller-retour entre là-bas et le pays. A un moment où on était prêt à commencer le tournage il y a eu des complications de la météo, il nous fallait un beau temps calme et ensoleillé et il y a eu des tempêtes et plusieurs ouragans. La météo a ainsi été une cause de report du tournage à l’année d’après. Or, les enfants initialement choisis avaient changé et mué, on a dû recaster des enfants deux semaines avant de tourner.

EN : Comment la tribu Bajo qui vit en pleine mer a réagi en voyant arriver une équipe de cinéma ?

KA : Mes différents voyages chez eux ont justement permis une connexion de confiance avec eux avant le tournage, j’avais une petite caméra pour filmer des choses et le leur montrer ensuite, ils savaient ce que je faisais et que je voulais réaliser un film avec eux. La deuxième année ils attendaient que le tournage commence, ils étaient très content d’en faire partie, ce sont ceux qui y vivent qui sont mes acteurs. Le bouclage du financement tardait et eux me demandaient quand les gens de Jarkarta viendraient filmer. Notre équipe était composée de 25 personnes venant de Jakarta et les autres personnes de l’équipe étaient des pêcheurs. Plusieurs scènes du film sont devenues meilleures que ce que j’avais imaginé grâce à la participation des Bajo. Pour un endroit où j’avais besoin d’un bateau, il y en avait une cinquantaine qui arrivaient pour participer, du coup j’ai une longue file de bateaux à l’image et c’est magnifique. Pour moi le film c’est moins mon travail que notre travail collectif avec eux

EN : Ces enfant de l’île s’imaginent quitter la mer pour un jour aller dans les villes du continent, tandis que la plupart des gens en Indonésie ignorent tout de la façon de vivre de ces gens sur la mer, et pourtant certaines personnes comme vous rêvent d’aller là-bas…

KA : Oui, chaque endroit est en quelque sorte une oasis pour les gens d’un autre endroit, tout le monde s’imagine un ailleurs plus agréable. La perception de ce qui est mieux est différente pour chacun. Le plus grand problème des enfants de la mer est qu’ils n’ont vraiment pas beaucoup d’options pour ce qui est de quoi faire quand ils grandiront, c’est soit pêcheur ou soit enseignant pour d’autres enfants. C’est pour ça que les jeunes veulent aller dans une ville ou même dans un autre pays, ils souhaitent quelque chose de nouveau à vivre. Pour moi, en tant que femme qui vit dans une ville très urbaine, quand j’arrive chez eux je me dit que le bien-être est là-bas. Eux, ils n’ont pas vraiment besoin d’argent pour vivre, la nourriture est vraiment sous leur pied avec les poissons. Dans une ville on est dépendant de beaucoup de choses pour vivre, eux n’ont pas ce genre de besoin ce qui les rend peut-être plus libre, ils ont une sorte d’indépendance que j’aime, et particulièrement la relation qu'ils ont avec la nature.

EN : Pour votre second film The Seen and Unseen vous avez le soutien de la Résidence Cinéfondation du Festival de Cannes, ça se passe comment ?

KA : Il y a une centaines de postulants et ils choissent moins d’une dizaine de projets pour ensuite retenir six cinéastes qu’ils vont aider avec un séjour à Paris, un peu comme une bourse. Cette année il y a moi d’Indonésie, une personne du Costa Rica, du Brésil, un américain qui vit en Chine, un autre du Sri-Lanka, et aussi du Kirghizstan. Ils nous donnent accès à tous les cinémas, moi en Indonésie je ne peux pas voir autant de films différents. Ici à Vesoul c’est extraordinaire de voir autant de films de chaque partie de l’Asie alors j’en profite pour en voir beaucoup. En Indonésie, je n’ai jamais eu l’occasion de voir tous ces films du festival, chez moi il n’y a pratiquement aucun film de pays voisins. Vivre un peu en France avec cette Résidence je découvre d’autres films, et aussi l’art en général comme les peintures des musées, ça aide beaucoup pour notre créativité, on peut rencontrer différentes personnes qui travaillent dans le cinéma comme des producteurs ou des distributeurs. D’ailleurs mon film The mirror never lies n’a pas de distributeur français, alors qu’il y en a un par exemple pour une sortie au Japon. C’est difficile pour un film asiatique d’avoir un distributeur européen, j’espère que ça sera le cas pour mon prochain film.

Brèves de Berlin : Gosling, Streisand et Jacquot

Posté par vincy, le 11 février 2013

Ryan Gosling va lui aussi se lancer dans la réalisation. Alors que James Franco et Joseph Gordon-Levitt présentent leurs films à Berlin, l’acteur a confirmé qu’il filmerait How to Catch A Monster. Il a annoncé que Saoirse Ronan tiendrait le rôle principal de son projet.

Grand retour derrière la caméra pour Barbra Streisand. Son dernier film, Leçons de séduction (The Mirror has Two Faces), date de 1996. La star doit encore choisir parmi les multiples projets qu’elle a en tête, mais elle déjà signé un contrat avec une société de production. Ce sera son quatrième long métrage depuis Yentl en 1983.

Est-ce bien utile ? Toujours est-il que <a href="http://www.ecrannoir.fr/recherche/recherche.php?rech=benoit%20jacquot"<Benoît Jacquot, dont Les Adieux à la Reine avait été en compétition à Berlin l’an dernier, va réaliser une nouvelle version du Journal d’une femme de chambre. Luis Bunuel et Jean Renoir ont déjà filmé l’adaptation d’Octave Mirbeau, avec respectivement Jeanne Moreau et Paulette Goddard. Jacquot promet une version plus fidèle au roman. On connaîtra le nom de l’actrice au prochain festival de Cannes.

Argo, Amour et Skyfall couronnés par les BAFTAS

Posté par vincy, le 11 février 2013

Palmarès complet des BAFTAS

Meilleur film : Argo
Meilleur film britannique : Skyfall
Meilleur film étranger : Amour
Meilleur documentaire : Searching for Sugar Man
Meilleur réalisateur : Ben Affleck (Argo)
Meilleure actrice : Emmanuelle Riva (Amour)
Meilleur acteur : Daniel Day-Lewis (Lincoln)
Meilleure actrice dans un second rôle : Anne Hathaway (Les Misérables)
Meilleur acteur dans un second rôle : Christoph Waltz (Django Unchained)
Meilleur espoir : Juno Temple
Meilleur scénario original : Django Unchained
Meilleur scénario adapté : Happiness Therapy
Meilleure musique originale : Skyfall
Meilleur film d'animation : Rebelle
Meilleur court métrage d'animation : The Making Of Longbird
Meilleure image : L'odyssée de Pi
Meilleurs effets spéciaux : L'odyssée de Pi
Meilleurs costumes : Anna Karenine
Meilleur montage : Argo
Meilleur son : Les Misérables
Meilleurs décors : Les Misérables
Meilleurs maquillages : Les Misérables
Meilleur début pour un réalisateur, auteur ou producteur : Bart Layton, Dimitri Doganis (The Imposter)
Prix honorifique : Alan Parker