Posté par MpM, le 7 février 2013
On peut être surpris de voir Wong Kar-wai ouvrir la 63e Berlinale avec un film de kung-fu, hommage au grand maître Ip Man qui enseigna les arts martiaux à Bruce Lee. C'est que pour lui, The grandmaster (voir notre critique) peut être vu à plusieurs niveaux. "C'est un film sur le kung-fu, mais pas que ça", a-t-il déclaré lors de la conférence de presse du film. "Il va au-delà des simples techniques pour parler de ses valeurs, de sa philosophie et de son code d'honneur. Je trouve cet univers fascinant. Et j'espère que le film peut apporter au public une nouvelle perspective sur les arts martiaux."
L'idée d'un film qui retracerait la vie d'Ip Man lui est venue après avoir vu un documentaire, dans lequel le maître, très âgé, faisait une démonstration assez longue de mouvements de kung-fu. "Tout à coup", se souvient-il, "il s'est arrêté parce qu'il ne pouvait plus continuer, soit parce qu'il avait mal, soit parce qu'il ne savait plus les mouvements... et ce moment m'a touché profondément."
Ip Man a toujours refusé de faire des démonstrations privées de son art, même en échange de grosses sommes d'argent. Il ne voulait pas transmettre à un seul disciple, mais à tous sans distinction. Pour Wong Kar-zai, c'est là un des enseignements du kung-fu : "un grand maitre doit être généreux".
Il se dit d'ailleurs surpris de ses rencontres avec différents maîtres kung-fu lorsqu'il préparait le tournage de The grandmaster : "J'ai été frappé par leur modestie. A l'origine, le kung-fu est un art de défense. Il peut tuer. Si les grands maîtres sont si modestes, c'est parce qu'ils savent qu'ils ont des armes dans la main. "
Le réalisateur a par ailleurs reconnu que le mécanisme qui pousse les cinéastes à faire des films est relativement simple : "Nous avons envie de dire quelque chose, et pour ça nous avons besoin d'un public avec qui le partager, quel que soit le sujet."
Pendant 10 jours, en tant que président du jury, il va exceptionnellement se retrouver dans le rôle de celui qui reçoit le film, et semble s'en réjouir. "Nous sommes ici pour servir les films", a-t-il en effet confié. "Nous ne sommes pas là pour les juger mais pour les apprécier, promouvoir ceux qui nous inspirent et nous transportent."
Crédit photo : MpM
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Posté par vincy, le 7 février 2013
Documentaire présenté dans le cadre de la sélection Berlinale Speciale, Assistance mortelle est un choc. On savait les ravages qu'avait causé le tremblement de terre il y a trois ans sur ce pays, l'un des plus pauvres du monde. Mais Raoul Peck, haïtien de 60 ans , directeur de la prestigieuse Fémis, membre du jury à Berlin en 2002 puis à Cannes l'an dernier , ancien Ministre de la culture de son pays, a réussit à filmer l'envers du décor : la reconstruction du pays, "la bulle financière" des "institutions humanitaires" (églises, ONG, agences de coopération...") et les dommages structurels qu'elles causent sur le pays.
L'assistance humanitaire réagit en fonction d'un système très codé, qui révulsera les donateurs de tous les pays. Non pas que l'argent n'est pas employé, mais il est gâché, dispersé, et souvent peu utile. Le portrait de ces généreuses personnes qui ont foi dans leur mission est ébranlé par le cirque politique qui palabre mais ne résout rien. Le cumulard Clinton, les stars comme Sean Penn et Angelina Jolie servent à attirer l'attention d'occidentaux égocentriques. Mais sur place, c'est une autre affaire. Haïti n'est pas plus peuplé que Paris, ce n'est qu'une grosse métropole pauvre du tiers-monde. Les puissances occidentales, les organismes bilatéraux et multilatéraux, les ONG font comme si le gouvernement n'existait pas, comme s'ils n'écoutaient pas les réels besoins à pourvoir, pensant qu'une maison préfabriquée sans cuisine ni toilettes vaut mieux qu'une tente.
Un documentaire choc mais un film presque doux
Raoul Peck n'est jamais agressif, violent, ni même joueur. Il donne la parole aux puissants et aux miséreux, aux bienfaiteurs et aux citoyens engagés, parfois révoltés. Il teinte même son discours de belles phrases, littéraires, bien écrites, même quand il s'agit d'ironiser sur un ancien dictateur, accueillit comme une star people malgré son passé de tortures et d'exactions en tous genres. Il filme les faits, et leur donne parfois une dimension cinématographique.
Les choses pourraient en être autrement. Mais les donateurs auraient sans doute trop à perdre : Haïti souffre d'avoir une image de pays corrompu, ingouvernable... Peck, heureusement, ne fait pas que pointer la caméra sur les absurdités d'un tel système ; il ne fait pas qu'écouter les doléances d'haïtiens qui ne demandent qu'à réorganiser tout ce bordel pour leur bien commun ; il montre aussi à quel point cette île est belle, et ses habitants dévoués, parfois festifs, abattus mais pas anéantis.
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