Berlin 2013 : le jury de l’OFAJ récompense Zwei Mütter

Posté par kristofy, le 16 février 2013

Durant ce 63e Festival de Berlin, un jury composé de 7 jeunes a été invité par l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (OFAJ) à se rencontrer et à échanger autour des films de la sélection ‘Perspective Deutsches Kino’ qui privilégie les premiers films de jeunes cinéastes allemands. Le Prix OFAJ – Dialogue en Perspective existe depuis 2004, doté de 5 000 euros (et d’une aide au sous-titrage et à sa diffusion), cette année ils ont été choisis parmi plus de 120 candidatures : 3 jeunes originaires de France, 3 jeunes originaires d’Allemagne, et 1 originaire du Portugual (tous billingue français-allemand). Ce jury OFAJ était présidé par la réalisatrice Emily Atef (de culture à la fois française, allemande et iranienne).

L’objectif est de proposer à de jeunes européens un espace de dialogue autour du 7ème art, et à Berlin en particulier avec le jeune cinéma allemand. Durant quelques jours, nous avons rencontré plusieurs fois ces jeunes jurés dans les salles et entre deux projections. Jorge, 23 ans, est celui qui vient de Lisbonne mais il est en ce moment étudiant à Paris pour un master en communication, il aime autant Godard et Fassbinder que Audrey Estourgo et Jan Raiber : "on a des journées où on voit 5 films, dans le jury chacun donne son avis, on s’est réunis plusieurs fois ensemble pour en débattre. On a tous différentes sensibilités mais aussi des références communes. Notre présidente Emily Atef elle nous écoute, elle demande qu’on argumente, elle pose des questions."

Clara, 24 ans, vient de Reims et fait un master d’études cinématographiques, elle s’intéresse à l’enfance dans le cinéma avec Jacques Doillon, Bruno Dumont et Ramon Zürcher : "Emily Atef donne un avis plus appuyé en général que le notre mais elle ne vote pas, les débats sont fructueux, on parle des films de manière large, aussi bien de questions techniques qu'esthétiques".

Un film sur deux femmes amoureuses qui désirent un enfant

Ce prix du jury de l’OFAJ 2013 a donc été remis au film Zwei Mütter (deux mères) : en Allemagne, l'histoire de deux femmes amoureuses (43 et 37 ans) qui pendant plus d'un an vont être confrontées à diverses difficultés dans leur désir d'avoir un enfant (pas de don de sperme aux lesbiennes, inséminations, donneurs à chercher...) et comment tout cela va affecter leur couple. « Le long-métrage d’Anne Zohra Berrached a convaincu le jury tant par son esthétique et son travail sur la forme, que par sa sincérité et la profondeur de son contenu. Le film parvient avec beaucoup de délicatesse à traiter d’un thème politique, sans pour autant chercher à être militant. L’authenticité du jeu des deux actrices principales permet au film de dresser le portrait convaincant d’une relation amoureuse complexe entre deux femmes aspirant à une vie de couple et de famille. En trouvant l’équilibre entre une démarche documentaire et le construction d’une fiction, la réalisatrice parvient de manière très intelligente à ouvrir de nouvelles perspectives où les deux formes trouvent leur place et se conjuguent parfaitement. »

La diversité des films en sélection a été saluée. Florian, 27 ans de Paris, a fait son mémoire sur l’œuvre de Werner Herzog précise en aparté que "le choix du jury n’a aucun rapport avec l’actualité en France sur le mariage pour tous ou la PMA, ce sont les qualités de narration du film qui l’ont emporté" ; et Tatiana, 29 ans de Karishue, étudiante en journalisme et déjà co-fondatrice d’un magazine de cinéma : "il n’y a pas eu unanimité, on a discuté de tous les films, chacun a défendu son préféré, il y a eu un débat animé et constructif avant de choisir le film lauréat".

Théophile, 22 ans originaire de Picardie, étudiant en sciences politiques dans un double cursus franco-allemand, est très impliqué dans un ciné-club : "Je ne vois pas de différence entre les jurés français et allemands, on ne peut pas résumer une culture à 3 jurés, on vient tous d’univers très différent, ce qui compte plus que notre pays d’origine ce sont nos origines universitaires. On expose plusieurs arguments qui ouvrent des champs de perspectives, on part avec un à-priori et puis la discussion peut faire considérer un film sous d’autres angles. Avec Emily Atef on a une grande complicité, elle a une façon d’enrichir la conversation qui permet un dialogue constructif et une certaine qualité de discussion."

L’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse célèbre cette année 2013 les 50 ans du traité de l’amitié franco-allemande.

Le palmarès de Berlin 2013 : le film roumain Child’s Pose remporte l’Ours d’or

Posté par vincy, le 16 février 2013

child's pose ours d'or berlin 2013

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Child's Pose du roumain a surclassé tous les favoris, y compris Bruno Dumont, ignoré par le jury. A cet Ours d'or, ajoutons les deux prix pour le film de Danis Tanovic, An episode in the Life of an Iron Picker (belle, sensible et réaliste incursion dans une petite communauté rom où la solidarité finit par prédominer) et tout cela confirme que le cinéma d'Europe de l'Est continue de séduire ; sans oublier le Teddy Award remis hier au très beau film polonais In the Name of...!

Child's Pose, "portrait d'une époque et d'un certain milieu social en même temps que celui d'une mère possessive", aborde le conflit de générations et la question de la culpabilité. Ce tableau d'une classe moyenne dominante et arrogante est composé de "scènes étirées, de dialogues brutaux et tout contribue à un sentiment de malaise qui sonne juste" écrivions-nous dans notre bilan.

Un court-métrage Français (La fugue), une grande actrice chilienne, Paulina Garcia, époustouflante Gloria, et un cinéaste québécois, Denis Côté, qui aime les chemins de traverse, au point d'être autant adoré que détesté avec son Vic + Flo ont vu un Ours, sont parmi les primés de ce soir, qui feront oubliés des choix plus discutables dans d'autres catégories.

Jafar Panahi n'hérite ainsi que d'un modeste prix du meilleur scénario pour son film clandestin Closed Curtain. Harmony Lessons du Kazakh Emir Baigazin, magistralement filmé, ne revient qu'avec le prix, mérité, de la meilleure contribution technique. Gold et In the Name of Father... ont été snobé, tout comme les films français, pourtant appréciés par la critique. Ne parlons pas du cinéma américain : on trouve Wong Kar-wai bien indulgent d'avoir décerné une mention spéciale à Gus Van Sant pour son Promised Land.

On reste aussi circonspects avec le prix de la mise en scène pour David Gordon Green, dont Prince avalanche a séduit une partie de la presse, et qui s'avère un remake d'Either way de l'Islandais Hafsteinn Gunnar Sigurðsson, dont le charme décalé avait plus d'intérêt.

Palmarès du jury

Ours d'or : Pozitia Copilului (Child's Pose) de Calin Peter Netzer (Roumanie)

Deux mentions spéciales : Layla Fourie de Pia Marais et Promised Land de Gus Van Sant

Grand prix du jury : An episode in the Life of an Iron Picker de Danis Tanovic (Bosnie Herzégovine)

Prix Alfred Baueur (innovation) : Vic+Flo ont vu un Ours de Denis Côté (Canada)

Meilleur réalisateur : David Gordon Green pour Prince Avalanche (USA)

Meilleure actrice : Paulina Garcia dans Gloria de Sebastian Lelio (Chili)

Meilleur acteur : Nazif Mujic dans An episode in the Life of an Iron Picker de Danis Tanovic (Bosnie Herzégovine)

Meilleure contribution technique : le directeur de la photographie Aziz Zhambakiyev pour Harmony Lessons d'Emir Baigazin (Kazakhstan)

Meilleur scénario : Closed Curtain de Jafar Panahi (Iran)

Ours d'or d'honneur : Claude Lanzmann

Prix du premier film (toutes sélections confondues)

Meilleur premier film : The Rocket de Kim Mordaunt (Australie), sélectionné en Generation Kplus

Mention spéciale : A batalha de Tabatô (The Battle of Tabatô) de João Viana (Guinée Bissau/Portugal)

Court-métrages

Ours d'or  : La Fugue de Jean-Bernard Marlin (France)

Ours d'argent : Die Ruhe bleibt (Remains Quiet) de Stefan Kriekhaus (Allemagne)

Berlin 2013 : The Broken Circle Breakdown, coup de coeur du public dans la section Panorama

Posté par vincy, le 16 février 2013

Les prix du public (28 000 votes cette année) pour la section Panorama de la 63e Berlinale ont été révélés cet après-midi. Le public berlinois devait choisir parmi 52 films venus de 33 pays.

Après avoir conquis le jury du prix Europa Cinémas du meilleur film européen hier, The Broken Circle Breakdown, du Belge Felix Van Groeningen, vient d'obtenir les faveurs du public de cette section parallèle. Le film sera distribué en France par Bodega Films. Selon le communiqué de presse, le film s'est installé en favori très tôt durant le Festival, et a gagné de manière très nette.

The Broken Circle Breakdown, histoire passionnelle sous influence américaine tendance musique country, est l'adaptation d'une pièce de Johan Heldenbergh et Mieke Dobbels. Il s'agit du quatrième long métrage du réalisateur Felix Van Groeningen.

Reaching the Moon, du vétéran brésilien Bruno Barreto, récit auour de la poétesse new yorkaise Elizabeth Bishop lors d'un voyage à Rio de Janeiro, est classé 2e ; Inch'Allah de la canadienne Anaïs Barbeau-Lavalette, jusque là plutôt documentariste, a reçu suffisamment de suffrages pour obtenir la 3e place avec son histoire humaniste où une médecin québécoise est confrontée aux problèmes des femmes palestiniennes.

Côté documentaires, The Act of Killing de l'américain Joshua Oppenheimer, qui revient sur le coup militaire indonésien de 1965, l'a emporté sur Salma de la britannique Kim Longinotto, qui nous emmène dans une minorité musulmane en Inde, et A World Not Ours du citoyen sans frontières Mahdi Fleifel, qui nous immerge dans un camp de réfugiés palestiniens au Liban.

Berlin 2013 : Teddy Awards évidents pour « In the Name of… » et Sébastien Lifshitz

Posté par vincy, le 16 février 2013

C'est un film de la compétition qui a été élu meilleur film par le jury des Teddy Awards (les prix LGBT de la Berlinale). Logiquement, In the Name of (W Imie) de la polonaise Malgoska Szumowska (avec ses deux comédiens principaux sur le photo) a été couronné par le prix le plus convoité par le cinéma LGBT. Il a aussi été récompensé par un prix du public. Nous avions déjà prédit sa victoire dans notre actualité du 8 février...

Logique car le sujet était en soi porteur : un prêtre catholique amoureux d'un de ses protégés, résistant aux tentations alors que son Jésus s'offre à lui. Il doit également géré des adolescents turbulents, mal à l'aise avec leur sexualité, certains ayant des penchants sodomites ou juste une orientation clairement homosexuelle. Mais le film valait bien ce prix tant sa mise en scène sobre et sensible, son image sublime, ses comédiens charismatiques et sensuels, et son scénario très bien construit en font aussi l'un des favoris pour un Ours du jury ce soir à Berlin.

Les Teddy Awards étaient remis hier. Sébastien Lifshitz (Les invisibles) a été sacré par le prix du meilleur documentaire pour Bambi, qui retrace le parcours d'un homme, né en 1935 en Algérie, devenu femme française de 77 ans.

Les autres prix ont été remis à Undress me du suédois Victor Lindgren (meilleur court métrage) et à Concussion de l'américaine Stacie Passon (prix spécial du jury).