Edito: Et maintenant, on va où?

Posté par redaction, le 30 novembre 2015, dans Actualité, société, L'actu de l'équipe.

Bien des émotions se sont succédées en nous depuis la soirée du 13 novembre. Horreur, tristesse, angoisse, colère, accablement. On a écouté, incrédule, les hommes politiques prendre la parole. On a assisté à des démonstrations de force, des déclarations de guerre. On a essayé de suivre la pensée des penseurs, les observations des observateurs, les débats des débatteurs. Chacun semblait avoir un rôle si bien défini dans cet "après" que l'on s'est demandé lequel était le nôtre. On se sentait un peu mal face à ces grands mots, ces attitudes belliqueuses et ces décisions prises "pour le bien collectif".

Alors on a envisagé (si, si, sérieusement) d'aider les Anonymous à tracker les terroristes sur le web. On a bu un verre en terrasse (plusieurs, à vrai dire). On s'est même demandé fugacement, juste après cette fameuse soirée en terrasse, où trouver un drapeau tricolore. Et puis, parce que c'est dans notre nature, parce qu'on se sentait tristement inutile, parce que tout devenait déjà trop compliqué, ou au contraire trop simpliste, on a repris le chemin des salles de cinéma. On s'est assis, et on a regardé les films nous parler de nous, de notre monde, et de notre avenir. On ne peut pas dire que tout s'est éclairé, mais soudain on avait moins peur, on se sentait moins seul. A l'écran, de tout petits enfants apprenaient le vivre ensemble par la magie quotidienne de l'école. Un homme errait dans sa propre vie sans trop savoir quoi en faire. Une femme retrouvait le goût du désir, du plaisir et de l'existence.

Et puis il y avait les films de demain, ceux qui n'étaient pas encore arrivés jusqu'à nos cinémas : des expériences formidables pour sauver la planète, une histoire intime et épurée pour mettre des mots et des images sur un traumatisme qui n'est pas celui du 13 novembre et qui pourtant lui ressemble comme deux gouttes d'eau, une quête cinématographique éblouissante qui serait comme la somme de tous les films jamais tournés... et les autres, tous les autres, tous ceux qu'il reste à inventer, à rêver, à réaliser et à regarder. On s'est dit qu'on avait peut-être trouvé notre place, finalement, dans cet "après" qu'on n'arrivait pas encore à nommer. Rien de glorieux ni d'héroïque, rien d'intelligent ni même d'utile, mais juste un petit rouage dans le grand mouvement en train de se mettre en place : continuer.

Tags liés à cet article : , , .

exprimez-vous
Exprimez-vous

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.