Edito: La folie des passions versus la sagesse de l’indifférence

Posté par redaction, le 26 mai 2016

Il n'y a pas que Ken Loach qui a eu une deuxième Palme d'or cette année. Le cinéaste britannique, le plus sélectionné en compétition de l'histoire cannoise, rejoint ainsi Bille August, Francis Ford Coppola, les frères Dardenne, Michael Haneke, Shohei Imamura, Emir Kusturica et Alf Sjöberg dans ce club très fermé. Le Royaume Uni s'offre ainsi sa 10e Palme. Mais derrière cette victoire, il y a aussi celle de Why Not productions, qui avait déjà été palmé l'an dernier pour Dheepan.

C'est peu de le dire : on n'attendait pas Ken Loach en champion du Festival. Le film est honnête, sagement engagé, assez attendu, parfois prévisible. Rien à voir avec le discours de Loach lors de la remise de son prix, qui a rappelé à juste titre le carnage provoqué par un système qui oublie l'être humain. L'être humain, justement, il était aussi incarné par Xavier Dolan, à fleur de peau lorsqu'il a reçu son Grand prix du jury. Le jeune cinéaste-producteur-scénariste-acteur prodige québécois avait ému et enthousiasmé festivaliers et réseaux sociaux quand Mommy avait obtenu le prix du jury il y a deux ans. Retour de bâton, cette année, son discours n'est pas passé. Le film a divisé et beaucoup trouvait ce prix immérité. Mais, tout le monde y a vu du "chiqué" lorsqu'il a rendu hommage, en larmes, à François Barbeau, chef costumier québécois. On a vu les gifs moqueurs fleurir sur la toile, les commentaires et piques méprisantes ou sarcastiques se multiplier. On lui a fait payer sa jeunesse, sa réussite, son apparente arrogance. Pourquoi tant de haine? Nous n'avons pas aimé le film mais on peut aussi croire à la sincérité du discours.

François Barbeau est mort fin janvier. C'était un immense homme du théâtre au Québec. Ses dessins de costumes sont archivés à la Bibliothèques et Archives nationales. Il fait partie de l'émergence du nouveau théâtre québécois dans les années 1960 et a travaillé avec Claude Jutra, Louis Malle, Gérard Depardieu, Jean-Claude Lozon, la Comédie-Française, le Cirque du Soleil, et même la Batsheva Dance Company, l'une des troupes de danse les plus créatives de ces dernières années. C'est à lui qu'on doit les costumes de Laurence Anyways de Xavier Dolan.

Dolan a eu raison de le citer. De mettre en lumière cet homme de l'ombre, ce créateur de génie. Il n'y avait pas de quoi se moquer. Paradoxalement, si le palmarès n'a pas récompensé les films les plus fous, tous les discours possédaient la flamme. Quand Xavier Dolan cite Anatole France - "je préfère la folie des passions à la sagesse de l’indifférence" - il a touché juste: le palmarès n'a pas laissé indifférent (tant il a été incompris et rejeté par les médias, nous inclus) et la passion a été au rendez-vous cette année (avec ce qu'il faut d'enthousiasme, de bashing, de divisions).

Il aurait pu en citer une autre, du même auteur: "Les grandes oeuvres de ce monde ont toujours été accomplies par des fous.” Car cette année, les fous étaient Maren Ade, Alain Guiraudie, Bruno Dumont, Paul Verhoeven, Kleber Mendonça Filho, Jim Jarmusch, Olivier Assayas, Nicolas Winding Refn, Park Chan-wook. Ces cinéastes ont choisi l'audace quand le jury a préféré des auteurs qui ont opté pour des voies plus balisées, jamais transgressives. Un jury qui a préféré la pudeur à la passion justement, les films puritains aux oeuvres plus queer, les tartuffes aux  tabous. Et comme le disait Anatole France, encore lui: "De toutes les aberrations sexuelles, la pire est la chasteté.”

Tout en haut du monde reçoit le Prix Jean Renoir des lycéens

Posté par vincy, le 26 mai 2016

tout en haut du mondeLe Prix Jean Renoir des lycéens 2016 a été attribué au film d'animation Tout en haut du monde de Rémi Chayé, qui recevra son prix ce soir lors d'une cérémonie à la Fémis à Paris. Il succède à Rêves d’or de Diego Quemada-Diez en 2014 et Une belle fin de Uberto Pasolini en 2015.

Le Prix Jean Renoir des lycéens est attribué par un jury de lycéens composé de deux délégués par classe, qui se sont réunis les 25 et 26 mai 2016. Après avoir rencontré les réalisateurs des films en lice," ils ont choisi le  film lauréat à l’issue de plusieurs sessions de délibérations privilégiant la discussion et l’échange" selon le communiqué. Pour cette cinquième édition, 54 établissements, dont 13 lycées professionnels, ont participé au jury.

Les films sélectionnés pour 2016 étaient : Vers l’autre rive, Kiyoshi Kurosawa ; Fatima, Philippe Faucon ; Le bouton de nacre, Patricio Guzman ; Mia madre, Nanni Moretti ; Tout en haut du monde, Rémi Chayé ; Good luck Algeria, Farid Bentoumi ; Tempête, Samuel Collardey; et Rosalie Blum, Julien Rappeneau

Un prix de la critique a également été décerné, récompensant les meilleures des mille critiques de films publiées sur le site du Prix par les lycéens participants. Le jury était composé de critiques professionnels : N.T. Binh (Positif) et Thierry Méranger (Les Cahiers du cinéma). Cette année, le prix de la critique a été décerné à Anaïs Perry, Thomas Van Kerckhove, Sarah Barthélémy, Sidonie Gomont, et une classe du lycée professionnel André Malraux de Béthune.

Il est organisé par le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, en partenariat avec le Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (CNC), la Fédération nationale des cinémas français, la Fondation Auchan pour la jeunesse, le groupe Orange, les CEMÉA, Réseau Canopé, les Cahiers du cinéma, la revue Positif et le journal Phosphore.

Cannes 2016: le prix Vulcain pour la directrice artistique de Mademoiselle

Posté par vincy, le 26 mai 2016

Dernier prix du Festival de Cannes, révélé avec un peu de retard (mercredi 25), le prix Vulcain, ancien Grand prix de la Commission supérieure technique (CST). Ce prix Vulcain honore un artiste-technicien d'un film en compétition officielle.

Cette année le jury de la CST a récompensé Seong-Hie Ryu "pour sa direction artistique, d’une grande inspiration de Mademoiselle", film réalisé par Park Chan-Wook.

Depuis la création du Prix Vulcain en 2003, c'est la première fois qu'un technicien / artiste asiatique reçoit cette récompense. C'est aussi la première fois qu'un directeur artistique a cet honneur.

Seong-Hie Ryu a déjà collaboré avec Park Chan-wook (Old Boy, Thirst), mais aussi avec Joon-ho Bong (Memories of Murder, The Host, Mother) et Jee-woon Kim (A Bittersweet Life).