Moonlight complètement altéré par la censure indienne

Posté par wyzman, le 23 février 2017

A quelques jours des Oscars, le second film de Barry Jenkins est au cœur d'une bien triste polémique. Un utilisateur de reddit a récemment mis en lumière la censure dont Moonlight est actuellement victime en Inde. En effet, le Central Board of Film Certification (soit l'office de régulation et de censure du cinéma indien) a tout simplement modifié un nombre considérable de scènes du film.

Centré sur le parcours d'un jeune garçon noir qui tente de comprendre sa sexualité, le film qui a reçu pas moins de 8 nominations aux Oscars n'a visiblement pas plu aux censeurs dans son état d'origine. Vraiment pas plu ! Ainsi, les mots "bitch", "bitches", "motherfucker" et "dick" ont été assourdis. De plus, la scène au cours de laquelle l'un des protagonistes a un rapport sexuel avec une jeune fille de son école a été coupée, tout comme le rapport sexuel largement suggéré de deux garçons sur la plage.

Dans un pays où même un simple baiser peut choquer les censeurs (ce qui explique pourquoi dans Lion, le couple Dev Patel/Rooney Mara ne s'embrasse pas, par respect pour le public indien, selon son réalisateur), on comprend que cela les révulse...

Mais ce n'est pas tout ! Le CBFC a également pris la peine d'ajouter des spots alertant contre le méfaits du tabagisme avant et au milieu du film et des messages statiques lorsque les personnages fument à l'écran.

L'homosexualité étant toujours un sujet tabou et un crime passible de la prison à vie en Inde, il va sans dire que la sortie de Moonlight ne pouvait avoir lieu sans incident. Néanmoins, les censeurs ont ici complètement altéré le sens et la beauté de Moonlight. Privé de scènes-clés et d'un langage nécessaire à l'appréhension du personnage, le public indien risque d'avoir bien du mal à comprendre la complexité du film et les enjeux de la troisième et dernière partie.

Pragmatique, un autre utilisateur de reddit a tenté la comparaison avec John Wick 2 et écrit ainsi : "toute la violence gratuite [de John Wick 2] est présente dans son ensemble. Le [CBFC] a cette étrange habitude de couper des injures et des scènes intimes mais un gars tué après un coup de fusil de chasse dans sa bouche ? C'est tout à fait acceptable !"

Pour rappel, Moonlight est le film le plus récompensé de l'année. Il a récemment reçu le Golden Globe du meilleur film dramatique et pourrait faire, on l'espère!, une petite razzia aux Oscars de dimanche soir.

Le festival Tout-petits Cinéma enchante avec Filopat et cie

Posté par MpM, le 23 février 2017

filopat

La 10e édition de Tout-petits Festival, qui s'est tenue du 4 au 19 février dernier au Forum des images, était l'occasion de (re)découvrir certains ciné-chansons créés spécialement pour la manifestation au cours des années. Parmi eux, le merveilleux Filopat et cie, un spectacle imaginé en 2011 par David Sire et Pierre Caillot autour de 4 courts métrages d'animation de Gunter Rätz.

Ce qui frappe d'emblée dans cette proposition, c'est qu'elle est pensée comme un spectacle complet qui va bien au-delà de l'accompagnement musical des films. Dès le début de la séance, David et Pierrot, les personnages-musiciens, apparaissent à l'écran en ombres chinoises. Ils semblent ensuite en sortir pour rejoindre la scène où les attendent leurs instruments. Plus tard, ils retourneront dans l'écran afin de voir comment fonctionne "le cinéma", et en reviendront les bras chargés de pellicule. L'occasion rêvée pour expliquer aux petits spectateurs familiers des DVD que c'est ce drôle de ruban qui permet la magie du cinéma.

Car, et c'est l'autre chose qui saute aux yeux, Filopat et cie s'adresse avant tout à l'intelligence des enfants. Ici, pas de mièvrerie, pas de facilités bébêtes. Il est question de découvertes et de voyages, de petits qui grandissent et de saisons qui passent. C'est tendre et drôle, poétique et léger, à l'image des jolis films de Gunter Rätz qui mettent en scène une petite abeille qui part récolter du nectar pour la première fois, deux amis musiciens, ou encore l'hiver qui laisse peu à peu place au printemps. Tantôt en dessin animé, tantôt en stop motion avec des personnages en fil de fer, le programme séduit par sa simplicité et sa vivacité joyeuse.

Résultat, les parents passent eux-aussi un excellent moment, charmés par le travail d'animation (varié et délicat) autant que par celui des deux musiciens, qui y ajoutent une part de rêve et d'humour. Les très jeunes Festivaliers découvrent ainsi le cinéma en tant qu'expérience immersive (le grand écran blanc dans l'obscurité), multidimensionnelle (la musique et le chant, les images animées, l'histoire qui se déroule à la fois à l'écran et sur scène...) et bien sûr collective (dans une salle pleine à craquer). Il n'en faut pas plus pour former d'irrépressibles vocations de cinéphiles.

Edito: 2016, Terminus! Tout le monde descend!

Posté par redaction, le 23 février 2017

On en a (presque) fini avec 2016. Le week-end qui vient va sacrer les "meilleurs" films français côté Cesar et les "meilleurs" film américains côté Oscars. 2017 a pourtant déjà bien commencé avec les festivals de Sundance et de Berlin.

On se le dit chaque année, ce n'est pas trop tôt. Deux mois que l'année est révolue, que les Top 10 ont disparu. Bien sur, il reste un film parmi les huit nommé aux Oscars qui n'est pas encore sorti. Quelques films cannois issus d'Un Certain regard, de la Quinzaine des réalisateurs et de la Semaine de la critique attendent leur programmation en salles.

On a envie de se projeter en 2017, mais 2016 nous tire par le mollet. Tardivement, donc, les votants d'ici et d'ailleurs, récompensent des films qui ont de moins en moins besoin de ces statuettes dorées.

Côté Oscars, si on prend le box office comme étalon, Moonlight, Lion et Manchester by the Sea ont le plus à gagner. Ils sont encore en salles et n'ont pas rapporté plus de 50M$. Pour La La Land ou Premier Contact, respectivement 340M$ et 200M$ dans le monde, cela leur donnera surtout un titre de plus ou une aura de prestige. Pour des comédiens, cela peut être une consécration comme une malédiction, l'opportunité de voir sa carrière décoller ou de sceller à jamais sa filmographie sur un dernier bon film. C'est ce que nous vous expliquerons avec le débat que nous organisons, Ecran Noir, Toute la culture et Les Ecrans, dimanche soir au Club de l'Etoile.

Côté César, le distributeur devra ressortir le film en salles puisqu'ils ont déjà tous plus ou moins disparu des écrans. Il y aura certainement quelques milliers de spectateurs à séduire. Aucun des films nommés n'a dépassé les 700000 entrées. Un certain potentiel existe. mais comme ils sont tous déjà disponibles en DVD ou VàD, cela risque surtout de profiter au "home cinema" plutôt qu'aux salles de cinéma. Finalement, ce sont bien les Oscars qui pourraient avoir un véritable impact puisque les deux tiers des nommés sont encore bien présents dans les cinémas. Un paradoxe: les César n'ont plus vraiment d'utilité commerciale, en plus d'être souvent décriés pour leurs choix, et les Oscars continuent d'être "bankable" pour les vainqueurs.

Une chose est certaine, lundi matin, nous en aurons fini avec le crû 2016. Il nous lâchera les baskets. Même si, pour certains, la course aux prix de l'année prochaine a déjà commencé.