Cannes 2018: Qui est Anja Kofmel ?

Posté par MpM, le 13 mai 2018

Anja Kofmel semble (pour le moment) la femme d’un seul projet : celui de redonner vie à son cousin Chris, jeune journaliste suisse retrouvé assassiné dans de mystérieuses circonstances en Croatie en 1992, en pleine  guerre de Yougoslavie, et de découvrir la vérité sur cette mort.

La jeune femme n’a que dix ans au moment de la mort de Chris, mais elle ne cessera jamais d’y songer. Devenue adulte, elle suit des cours à l'Université des Arts de Zurich (ZHdK), puis étudie l'animation à l'Ecole de Design et d'Art de Lucerne (HSLU), et c’est naturellement qu’elle choisit son cousin, et son histoire, comme sujet de son court métrage de fin d’études.

Chrigi reçoit un bel accueil et fait le tour des festivals (il est notamment couronné par le prix du meilleur film d’école suisse à Winterthur en 2009). Tout en nuances de gris, la réalisatrice y parle à la première personne de ce grand cousin qu'elle n'a vu que deux fois dans sa vie, et de la manière dont elle a appris sa mort. Le trait est assez épuré, les décors minimalistes, et le ton à la fois enfantin et humoristique.

Anja Kofmel s'y met en scène sous les traits d'une petite fille subjuguée par l'existence aventureuse du jeune homme, qu'elle transforme en personnage de roman. Cela permet de gommer l'aspect le plus dramatique du récit, sans pour autant l'édulcorer. En quelques images, la réalisatrice suggère en effet les conditions troubles des derniers jours de Chris. L'hommage est aussi touchant que sincère, et surtout réussi.

Mais Anja Kofmel ne s’arrête pas là, et fait également de Chris le sujet de son premier long métrage, Chris the Swiss. Cette fois, il s’agit d’un documentaire qui donne la parole à ceux qui ont connu le jeune journaliste, doublé d’une enquête pour comprendre les circonstances de sa mort.

Les parties en animation permettent de faire revivre Chris et de mettre en scènes les derniers mois de sa vie. La réalisatrice a gardé une esthétique assez épurée, avec un noir et blanc contrasté, et un trait qui s'affirme, plus travaillé que dans le court. La jeune femme se met également en scène dans les passages en prise de vues continues, afin de donner corps à son périple.

On découvrira le film en compétition à la Semaine de la Critique avant de le retrouver à Annecy hors compétition. En attendant, une question nous brûle les lèvres : Anja Kofmel en a-t-elle vraiment fini pour de bon, en tant que réalisatrice, avec son cousin Chris, ou nous réserve -t-elle d’autres surprises ?

Cannes 2018: Ursula Meier présidera le jury de la Caméra d’or

Posté par vincy, le 27 mars 2018

La réalisatrice suisse Ursula Meier présidera le jury de la Caméra d'or, qui récompense la meilleure première œuvre présentée en Sélection officielle, à la Quinzaine des Réalisateurs et à la Semaine de la Critique.

Depuis 1994, Ursula Meier est l'auteure de 5 courts métrages, dont Tous à table trois fois primé à Clermont-Ferrand en 2001, 2 œuvres pour la télévision, 2 documentaires et 2 longs métrages pour le cinéma. Ancienne assistante-réalisatrice d'Alain Tanner (Fourbi, 1996). A Cannes, en sélection officielle, elle était venue présenter en 2014 Les Ponts de Sarajevo, œuvre collective portée par 13 cinéastes européens.

Son premier long métrage, présenté à la Semaine de la critique, Home (2008), avec Isabelle Huppert et Olivier Gourmet, a été nommé au César du meilleur film étranger. Il avait reçu trois prix aux "César" suisses: meilleur film, meilleur scénario et meilleur espoir pour Kacey Mottet Klein. En 2012, avec L’Enfant d’en haut, elle obtient un Ours d’argent à la Berlinale, mais aussi un prix d'interprétation à Cabourg pour Léa Seydoux, une nomination aux César pour Kacey Mottet Klein et de nouveau trois prix aux "César" suisses: meilleur film, meilleur scénario et meilleur acteur pour Kacey Mottet Klein.

Sa dernière œuvre, Journal de ma tête, met en scène Fanny Ardant et Kacey Mottet Klein. Elle a été projetée dans la section Panorama à la dernière Berlinale.

"Un premier film, déclare la Présidente nouvellement désignée dans le communiqué du Festival de Cannes, c’est le lieu de tous les possibles, de toutes les audaces, de toutes les prises de risques, de toutes les folies. On dit souvent qu’il ne faut pas tout mettre dans un premier film mais c’est tout le contraire, il faut tout mettre dans un premier film, tout, comme il faut tout mettre dans chaque film en gardant au fond de soi, toujours, ce désir originel, vital, brutal, sauvage de la première fois. Quelle immense excitation et quelle immense joie de découvrir tous ces films !"

Ursula Meier et son jury remettront le prix de la Caméra d’or lors de la soirée de Clôture du Festival de Cannes, le samedi 19 mai. L'an dernier Jeune Femme de Léonor Serraille (Un Certain Regard) avait remporté la prestigieuse récompense.

« Ma vie de Courgette » parmi les trois finalistes du Prix Lux 2016

Posté par vincy, le 27 juillet 2016

Lors de la révélation de la sélection des Venice Days, les trois finalistes du 10e Prix Lux du parlement européen ont été dévoilés.

- A peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid (co-production franco-tunisienne), présenté aux Venice Days 2015 et récompensé par le label Europa Cinemas. Le film avait séduit près de 100000 spectateurs en France lors de sa sortie en décembre. Le film a aussi reçu plusieurs prix aux festivals de Carthage, Dubaï et East End (Royaume Uni) ainsi que deux nominations aux Prix Lumière (Meilleur Espoir Féminin, Meilleur film francophone hors de France).

- Ma vie de Courgette de Claude Barras (co-production suisse-France), devient le premier film d’animation nommé aux Prix Lux. Grand prix et prix du public à Annecy, il avait enthousiasmé les cannois lors de son avant-première à la Quinzaine des réalisateurs. En compétition au Festival du film francophone d'Angoulême, le dessin animé sort en salles le 19 octobre. Le scénario est co-signé par Céline Sciamma, adapté du roman de Gilles Paris.

- Toni Erdmann de Maren Ade (co-production germano-roumaine) était l'un des favoris de la critique parmi les films en compétition au dernier festival de Cannes. Il a d'ailleurs reçu le prix Fipresci.  Trois semaines après sa sortie en Allemagne, il est toujours dans le Top 10 avec déjà 225000 entrées. Il a également reçu trois prix au Festival du film de Bruxelles (Meilleurfilm, Meilleur scénario, et prix de la RTBF). Il sort le 17 août en France.

Mary, Queen of Scots : la face intime de l’Histoire

Posté par MpM, le 12 novembre 2014

Synopsis: La reine d'Ecosse Marie Stuart passe sa jeunesse en France. Elle est promise à la couronne de France, mais peu après son mariage, la maladie emporte son mari. La jeune veuve rentre seule dans une Ecosse dévastée par la guerre. Au même moment, Elisabeth est sacrée reine d'Angleterre. Pour Marie, elle est comme une soeur jumelle à qui elle peut se confier librement. Après s'être remariée, Marie donne naissance à un héritier du trône. Mais son nouveau mari, Lord Darnley, s'avère être un faible. Lorsque Marie rencontre l'amour de sa vie, le comte de Bothwell, elle fait assassiner Darnley et épouse Bothwell. Horrifiés par ce geste et par la passion aveugle qui l'a motivé, l'aristocratie et le peuple d'Ecosse se retournent contre elle. Pour éviter une bataille sanglante, Marie doit renoncer à son Bothwell bien-aimé. Désespérée, elle demande l'aide d'Elisabeth, mais celle-ci la fait jeter en prison. Après dix-neuf années passées dans une cage dorée, Elisabeth lui apporte la « délivrance » par le biais de l'échafaud.

Notre avis: L'histoire de Mary Stuart, Reine d'Ecosse, fut semée d'embûches. Libre à une époque où cela n'était possible ni à une femme, ni à une souveraine, elle paya de sa vie son désir d'aimer et de vivre à sa guise tout autant que ses choix politiques.

Avec Mary, Queen of Scots, adapté d'un roman de Stefan Zweig, le réalisateur suisse Thomas Imbach s'attaque à une page compliquée de l'histoire de France et surtout d'Angleterre. Mais plutôt que de noyer le spectateur sous les mentions historiques, il transforme le destin tragique de cette Reine malchanceuse en un portrait intime et minimaliste. Avec très peu d'explications, et encore moins de moyens, il expose ainsi les différentes facettes d'une personnalité complexe et contrariée, prise dans le feu contradictoire d'intérêts suprêmes la dépassant.

Une fois habitué au rythme elliptique et aux enjeux opaques du récit, on se laisse prendre à ses ruptures de ton, à ses scènes surréalistes, à ses paysages désolés et à ses émotions extrêmes. Il faut ainsi se laisser porter par l'ambiance qui se dégage de cette œuvre exigeante, moins pédagogique qu'intime, à l'intensité proportionnelle à l'épure.

La mise en scène, superbement mise en valeur par les lumières et les cadres, occupe peu à peu tout l'écran, ce qui est peut-être la limite du film, souvent incapable de reconnecter le spectateur avec l'intrigue. Chaque séquence est comme une fresque qui vaudrait par elle-même, mais qui, juxtaposée aux autres, finit par tourner à vide. On est pourtant envoûté, presque malgré soi, et on sort de la salle sans être réellement capables de réciter la généalogie des Stuart et des Tudor, mais persuadés d'avoir croisé la route d'un grand cinéaste.

Festival de l’Histoire de l’Art 2014 : la Suisse et les Collections

Posté par kristofy, le 2 juin 2014

Festival de l'histoire de l'artDu 30 mai au 1er juin, les amateurs d'Art avaient rendez-vous à Fontainebleau pour assister à la 4e édition du Festival de l’Histoire de l’Art. Cette manifestation maintenant bien installée est encouragée par notamment par le CNC, l’Institut National de l’Histoire de l’Art et l’Institut national du Patrimoine.

« Le Festival de l’histoire de l’art favorise la rencontre du public avec tous ceux qui font l’histoire de l’art, conservateurs et restaurateurs, collectionneurs, artistes et marchands, enseignants-chercheurs et professeurs de l’Éducation nationale engagés dans l’éducation artistique et culturelle, éditeurs et libraires. Il veut donner le goût de voir, des clefs pour comprendre, aiguiser le regard devant des œuvres, des plus anciennes aux plus contemporaines. Conçu comme un événement résolument interdisciplinaire, le Festival propose, à Fontainebleau, dans la ville et dans cet extraordinaire château qui est à lui seul une encyclopédie de l’histoire de l’art européenne, trois grands rendez-vous : le Forum de l’actualité du monde des arts ; le Salon du livre et de la revue d’art ; et le festival Art & Caméra consacré aux films et à l’art. » Cela représente plus de 300 événements (conférences, débats, concerts, lectures, visites guidées…) pendant 3 jours, avec quantité de projections de films.

Cette édition 2014 du festival Art & Caméra proposait comme thématique particulière "les Collections "(pourquoi, comment, pour qui…) ainsi qu'un hommage aux cinéastes suisses (le pays invité) du Groupe 5 (mouvement de la Nouvelle Vague suisse réunissant les cinéastes Alain Tanner, Claude Goretta, Michel Soutter, Jean-Louis Roy et Jean-Jacques Lagrange).

Ainsi des films comme Les glaneurs et la glaneuse d'Agnès Varda, Le Voyeur de Michael Powell, Dernière séance de Laurent Achard, Poussières d’Amérique d'Arnaud des Pallières, Lisa et le Diable de Mario Brava, L’obsédé de William Wyler ou encore La Collectionneuse d'Eric Rohmer ont mis en lumière des collectionneurs hors-norme qui dérangent la société.

Plusieurs cinéastes avaient fait le déplacement : Arnaud des Pallières pour une rencontre avec le public (et pour son court Diane Wellington), le suisse Lionel Baier pour accompagner son film Un autre homme, Albert Serra pour Histoire de ma mort, le réalisateur de Zoo Zero Alain Fleischer pour joeur le rôle de président du jury Art & Caméra.

Plusieurs tables-rondes ont également animé ces trois jours de festival, comme "les musées au cinéma" pour évoquer leur influence réciproque : des films deviennent sujets d’expositions (par exemple Tim Burton, Jacques Demy, Star Wars Identities…) tandis que des productions d’art contemporain, notamment des installations vidéo, interrogent le cinéma (par exemple la performance de Tsai Ming-Liang à Bruxelles).

Par ailleurs, Art & Caméra intègre aussi des courts métrages, pour lesquels un jury de lycéens avait pour mission de remettre un Prix Jeune Critique. Le lauréat de l’année dernière Stéphane Demoustier (pour Fille du Calvaire) était à nouveau à l'honneur cette année avec une séance spéciale de ses autres courts : Dans la jungle des villes, Des nœuds dans la tête (avec Anaïs Demoustier et Grégoire Leprince-Ringuet) et Bad Gones.

Stéphane Demoustier en est le réalisateur et scénariste mais aussi le producteur via la société Année Zéro, une structure de production qui après quantités de courts métrages remarqués dans de nombreux festivals (comme Le Naufragé et Un monde sans femme de Guillaume Brac) développe aussi des longs métrages : Stéphane Demoustier va ainsi bientôt sortir son film Terre battue avec Olivier Gourmet, Valeria Bruni Tedeschi, et Cécile Ducrocq. Cette dernière, dont le dernier court La Contre-allée a été remarqué à la Semaine de la Critique à Cannes (prix Petit Rail d'Or), prépare d'ailleurs elle-aussi son film Avance-rapide... Qui sait, peut-être retrouvera-t-on ces jeunes cinéastes à Fontainebleau l'an prochain ?

Quoi qu'il en soit, rendez-vous en mai 2015 pour la 5e édition du Festival qui s'articulera autour des Pays-Bas et de l'(Im)matériel.

Cannes 2014 – les prétendants : une multitude de candidats européens

Posté par vincy, le 5 avril 2014

Bent Hamer 1001 grammes

Thierry Frémaux prépare sa sélection officielle du 67e Festival de Cannes. Il ne s'agit pas de faire des pronostics - vains - mais plutôt de repérer les films potentiels. Certains seront en compétition, d'autres recalés, d'autres encore à Un certain regard, et parfois dans les sélections parallèles. Passage en revue. Année européenne politiquement, elle pourrait aussi l'être cinématographiquement. Les plus grands noms sont au rendez-vous. Avec un contingent massif venu du Royaume Uni, de Scandinavie, de Hongrie et d'Italie. Des pays souvent gâtés par Cannes. Reste aussi quelques auteurs majeurs venus d'ailleurs : Russie, Turquie, Allemagne, Autriche, ...

Fatih Akin, The Cut. Avec Tahar Rahim, George Georgiou, Akin Gazi. L'ovni du Festival? Film muet façon Chaplin croisé à un Western style Sergio Leone, ce film annoncé comme philosophique suit un père de famille dans son tour du monde, à la recherche de ses enfants disparus lors de la première guerre mondiale. Une occasion pour célébrer le centenaire de la Grande guerre?

Roy AnderssonA Pigeon Sat on a Branch Reflecting on Existence. Avec Holger Andersson, Nisse Vestblom. Prix du jury avec Chansons du deuxième étage en 2000, le cinéaste suédois est très attendu avec son humour absurde. Le film est annoncé comme l'ultime épisode de sa trilogie, dont le deuxième film était Nous, les vivants en 2007..

Jonas Alexander ArnbyWhen Animals Dream. Avec Lars Mikkelsen, Jakob Oftebro, Sonja Richter. La séance de minuit parfaite? Un film d'horreur avec une adolescente solitaire qui vit avec sa mère en chaise roulante sur une île. Ce premier film pourrait être très convoité par les sélections parallèles. Arnby a longtemps travaillé avec Lars Von Trier.

Susanne BierSerena. Avec Jennifer Lawrence, Bradley Cooper, Rhys Ifans. Ce drame familial en Caroline du Nord durant les années 30 serait l'occasion de croiser le couple chéri de David O. Russell sur la Côte d'Azur. Susanne Bier peut aussi présenter un film qui n'a rien d'hollywoodien puisqu'elle vient d'achever En Chance til (Une deuxième chance).

John Boorman, Queen and Country. Avec David Thewlis, Tamsin Egerton, Caleb Landry Jones. Cette suite du film Hope and Glory (1987) est l'histoire d'un anglais qui a grandit dans une Londres bombarédée durant la seconde guerre mondiale avant de devoir s'engager lui-même dans un conflit, en Corée. Boorman a reçu le prix de la mise en scène à Cannes il y a 16 ans avec The General.

Nuri Bilge CeylanWinter Sleep (Sommeil d'hiver). Avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbag. Deux grand prix et un prix de la mise en scène, le Turc Ceylan part avec de bonnes dispositions. Son film est terminé, patientant tranquillement pour être montré sur la Croisette. On ne connait rien de l'histoire, si ce n'est qu'elle se déroule en Cappadoce.

Jean-Pierre et Luc Dardenne, Deux jours, une nuit. Avec Marion Cotillard, Olivier Gourmet, Catherine Salée. On voit mal les frères belges, deux Palmes d'or au compteur, primés à chacun de leurs films en compétition à Cannes, être absents. Pour le symbole, il serait amusant de ne pas les sélectionner. Mais cette éventualité est peu probable : le film est prêt, Cotillard est une star et le sujet très social. On l'annonce même "grand public".

- Sauld Dibb, Suite française. Avec Margot Robbie, Michelle Williams, Ruth Wilson, Kristin Scott-Thomas, Matthias Schoenaerts, Lambert Wilson, Sam Riley. L'adaptation du roman d'Irène Némirovsky sous les Palmiers? cela dépendra beaucoup de la stratégie de Harvey Weinstein en vue de la campagne pour les Oscars qu'il prépare pour ce film. Cannes, Venise, Toronto? Où faire l'avant-première mondiale? L'histoire est celle d'une villageoise française qui tombe amoureuse d'un soldat allemand durant les premières années de l'Occupation.

- Andrea Di Stefano, Paradise Lost. Avec Josh Hutcherson, Benicio Del Toro, Brady Corbet. Premier film réalisé par le comédien italien, ce thriller romantique a sûrement plus de chances d'aller à Venise. Tout se passe en Colombie, où un jeune surfeur rencontre la femme de ses rêves, puis l'oncle de celle-ci, Pablo Escobar.

Andreas DresenAls wir träumten (Pendant que nous rêvons). Avec Ruby O. Fee, Joel Basman, Peter Schneider. Grand prix à Berlin en 2002, Prix un Certain regard en 2011 avec Pour lui, c'est l'un des cinéastes allemands à surveiller. Ce film, adaptation du roman de Clemens Meyer, est la chronique de jeunes amis juste avant la chute du mur de Berlin.

Stephen Frears, Lance Armstrong. Avec Ben Foster, Chris O'Dowd, Dustin Hoffman, Guillaume Canet. Un film biographique (avec ceux de Leigh et Loach, ça commence à devenir une tendance du cinéma britannique) sur le cycliste américain, multiple champion du Tour de France avant une tombée aux enfers suite aux accusations de dopage. Frears n'a pas été en compétition depuis 18 ans. Et il a surtout envoyé ses meilleurs films à Venise.

- Jean-Luc Godard, Adieu au langage. Avec Kamel Abdeli, Dimitri Basil, Zoé Bruneau. A 84 ans, le Maître hélvétique reste l'un des réalisateurs les plus courtisés par les grands festivals. Godard a déjà été cinq fois en compétition. Cette fiction a été tournée avec lenteur, deux jours par semaine pendant deux ans. Film en 3D, il se concentre sur deux couples dans deux espace-temps différents, avec le langage comme lien (territoire?) commun entre les Hommes.

- Szabolcs Hajdu, Mirage. Avec Isaach De Bankolé, Razvan Vasilescu, Orsolya Török-Illyés. Issu de la jeune génération de cinéastes hongrois, Hajdu propose avec ce film l'histoire d'un joueur de football africain qui commet un crime dans une petite ville hongroise et qui doit fuir. Il trouve refuge dans une ferme, qui est, en fait, un camp d'esclave moderne.

Bent Hamer1001 grammes (photo). Avec Ane Dahl Torp, Laurent Stocker, Hildegun Riise, Didier Flamand, Per Christian Ellefsen. Le film est déjà calé pour une sortie le 24 décembre en France. Hamer a imaginé qu'une scientifique norvégienne, Marie, en séminaire à Paris (sur le poids réel du kilo), elle mesure sa vie, ses déceptions et ses amours, qui pèsent finalement peu sur la balance. Rappelons que trois de ses récents films étaient à Cannes :  La nouvelle vie de Monsieur Horten à Un certain regard en 2007, Factotum et Kitchen Stories à la Quinzaine des réalisateurs, respectivement en 2005 et 2003.

- Jessica Hausner, Amour fou. Avec Christian Friedel, Birte Schnoeink, Stephan Grossmann. Après Lourdes, remarqué à Venise, la cinéaste autrichienne, repérée à la Cinéfondation il y a 15 ans, s'est inspiré de la vie de l'écrivain et dramaturge Heinrich von Kleist (Le Prince de Hombourg, Michael Koohlhaas), qui a finit ses jours en se suicidant avec son compagnon.

- Duane Hopkins, Bypass. Avec George MacKay, Benjamin Dilloway, Donald Sumpter, Charlotte Spencer. 5 ans après Better Things, le cinéaste revient avec un thriller, tourné dans la région de Norfolk, dont le héros est un jeune homme malade.

Dagur KariFusi (Rocketman). Avec Margrét Helga Jóhannsdóttir, Sigurjón Kjartansson, Ilmur Kristjánsdóttir. Un peu d'Islande sous les Palmiers? Le film suit un quadra qui ne sort pas de l'enfance et vit toujours chez sa mère. Mais l'arrivée d'une jeune femme va bouleverser sa routine.

- Panos Koutras, Xenia. Film en suspens. Les financements manquent pour cette histoire de deux frères qui recherchent leur père afin d'obtenir la nationalité grecque. Homosexualité, mafia, extrême-droite, immigration clandestine, crise économique : Koutras raconte la Grèce d'aujourd'hui. Reste que tout était presque terminé quand le gouvernement grec a décidé de geler les aides au cinéma.

Emir KusturicaOn the Milky Road. Avec Monica Bellucci, Natasa Ninkovic. Un double palmé, ça revient régulièrement. Cette fois-ci Kusturica a concocté un drame sentimental serbo-bosniaque avec une femme qui perd son mari la veille de son mariage.

Ken Loach, Jimmy’s Hall. Avec Barry Ward, Simone Kirby, Andrew Scott. 3 Prix du jury, une Palme d'or, on voit mal Ken Loach ne pas revenir en compétition. D'autant qu'il a annoncé sa retraite après ce film, un biopic sur leader communiste irlandais James Gralton.

Mike Leigh, Mr. Turner. Avec Timothy Spall, Lesley Manville, Roger Ashton-Griffiths. Parmi l'énorme contingent britannique, Leigh fait figure d'incontournable. Pas seulement parce qu'il a déjà reçu une Palme d'or, un prix de la mise en scène et présidé le jury de la Compétition. Mais bien parce qu'il s'attaque à un monument avec ce biopic sur le peintre anglais le plus célèbre du monde, J.M.W. Turner.

Kristian LevringThe Salvation. Avec Eva Green, Mads Mikkelsen, Jeffrey Dean Morgan. Un Western danois en anglais. Dans l'Amérique des années 1870, un homme tranquille tue le meurtrier qui a massacré sa famille. Il déclenche à la fois la colère d'un chef de gang et la peur des habitants de sa ville.

- Mario Martone, Il giovane favoloso. Avec Anna Mouglalis, Elio Germano, Isabella Ragonese. Un biopic sur la vie de Giacomo Leopardi, considéré comme le plus grand poète italien du XIXe siècle.

- Nanni Moretti, Mia Madre. Avec aussi John Turturro, Margherita Buy. Le film est déjà calé pour une sortie française le 17 décembre. Sera-t-il prêt à temps pour Cannes? Moretti est un des abonnés à la compétition mais le tournage de ce film partiellement autobiographique est à peine terminé.

Kornel MundruczoFehér isten (White God). Avec Zsófia Psotta, Sándor Zsótér, Lili Horváth. 6 ans après Delta, prix de la Critique à Cannes, le cinéaste hongrois, pourrait revenir avec un film qualifié d'aventure sentimentale. Une jeune fille se voit retirer son chien par son père. Elle décide de fuguer pour le retrouver.

- Gyula Nemes, Zero. Avec Udo Kier, Tamás Joó, Krisztián Kovács. Autre proposition hongroise qui pourrait atterrir dans une sélection parallèle : ici, l'histoire d'un jeune trentenaire se lance dans l’apiculture forestière. Mais ses abeilles sont chassées à cause d'un relais de relais de téléphonie mobile tout proche. Un film écologique dans la lignée des Erin Brokovitch.

- Claudio Noce, La foresta di ghiacciao. Avec Emir Kusturica, Adriano Giannini, Kseniya Rappoport. Deuxième film du jeune réalisateur italien qu'on verrait aussi à Venise. Il s'agit d'un thriller où les problèmes d'une centrale électrique révèlent une série de mystères qui hantent la région.

Ruben ÖstlundTourist. Avec Lisa Loven Kongsli, Johannes Kuhnke. Devenu un habitué de Cannes, après une sélection à Un certain regard et une autre à la Quinzaine des réalisateurs, le suédois Östlund pourrait faire son retour avec ce drame qui prend place dans les Alpes françaises. Une famille suédoise va affronter les conséquences d'une avalanche qui s'abat sur eux.

- György Pálfi, Free Fall. Avec Piroska Molnar, Reka Tenki, Zsolt Nagy. 8 ans après Taxidermie (Un certain regard), 2 ans après le grandiose Final Cut (hors compétition), le réalisateur hongrois va encore nous intriguer cette année avec l'histoire d'une femme qui saute du haut d'un immeuble : au fil des étages, le spectateur découvrira la vie des résidents... Reste à savoir si ce film tourné cet hiver sera prêt.

Christian PetzoldPhoenix. Avec Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Michael Maertens. Barbara avait enthousiasmé le festival de Berlin il y a deux ans. Et le cinéma allemand est rarement présent à Cannes. Ce serait aussi l'opportunité de voir Nina Hoss, star outre-Rhin. Cette fois-ci, le cinéaste nous plonge dans l'après seconde guerre mondiale, avec une femme qui a survécu à la Shoah. Présumée morte, elle revient chez elle avec une nouvelle identité afin de savoir si son mari l'a bien trahie.

- Alice Rohrwacher, Le meraviglie. Avec Monica Bellucci, Alba Rohrwacher, Margarete Tiesel. Trois ans après Corpo Celeste à la Quinzaine des réalisateurs, la cinéaste italienne reviendra-t-elle sur la Riviera? Ou son film ira-t-il à Locarno, à Venise? Dans cette fiction, Gelsomina, 14 ans, vit au sein d'une famille gentiment dysfonctionnelle. L’arrivée de Martin, un jeune criminel allemand en programme de réhabilitation, va tout dérégler.

- Michaël R. Roskam, The Drop. Avec Tom Hardy, Noomi Rapace, James Gandolfini. Difficile d'imaginer projet plus attirant. Le dernier film avec le Sporano. Le nouveau film du réalisateur de Bullhead. Et en bonus, l'adaptation d'une nouvelle de Dennis Lehane (Mystic River, Shutter Island). Dans ce polar, un barman de Brooklyn qui travaille dans l'enseigne de son cousin, spécialisée dans le recel d'argent liquide obtenu illégalement, est au coeur d'un braquage qui tourne mal et mettra les deux hommes en danger face à des mafieux décidés à récupérer leur butin.

- João Salaviza, Montanha. Avec David Mourato, Maria João Pinho, Ema Araújo, Margarida Fernandes. Palme d'or du court métrage il y a 5 ans et Ours d'or du court métrage il y a 2 ans, le cinéaste portugais pourrait désormais briguer la Caméra d'or avec ce premier long métrage. Durant un été brûlant à Lisbonne. Bruno, 14 ans, est dans l'attente de la mort imminente de son grand-père mais refuse de lui rendre visite, de peur de le perdre. Mónica, la mère de Bruno, passe ses nuits à l'hôpital. Le vide que laisse déjà son grand-père oblige Bruno à devenir l'homme de la maison, alors qu'il n'est pas prêt à passer à la vie adulte.

- Ulrich Seidl, In the Basement. Un docufiction sur ce qui se cache dans les caves autrichiennes. Seidl est un régulier du Festival et une présence en séance spéciale ne paraitrait pas incongrue : il développe ce projet depuis 5 ans.

- Peter Strickland, The Duke of Burgundy. Avec Sidse Babett Knudsen, Monica Swinn, Chiara D'Anna. Une femme étudie les papillons et teste les limites de sa liaison amoureuse (et la patience de son amoureux). Deux ans après l'acclamé Berberian Sound Studio, le britannique pourrait (enfin) faire ses débuts sur la Croisette.

Liv UllmannMiss Julie. Avec Jessica Chastain, Colin Farrell, Samnatha Morton. La muse de Bergman reviendra-t-elle pour la deuxième fois en compétition, 14 ans après Infidèle? Le film se déroule durant l'été 1890. Une jeune femme aristocrate tente de séduire le valet de son père. Il s'agit de l'adaptation de la célèbre pièce d'August Strindberg.

Thomas Vinterberg, Far From the Madding Crowd. Avec Carey Mulligan, Juno Temple, Michael Sheen, Matthias Schoenaerts. Prix de l'Europe à Cannes l'an dernier pour ce projet, Vinterberg reviendra-t-il à Cannes, deux ans après La chasse? Cette adaptation du roman de Thomas Hardy est le portrait d'une femme qui entretient des relations avec trois hommes différents.

- Lars Von Trier, Nymphomaniac vol II director's cut. Il n'est plus persona non grata depuis cet automne. Le cinéaste danois pourrait donc venir présenter hors-compétition le second volet, en version longue, de ce diptyque qui n'a pas trouvé son public en salles en version courte. Le premier film avait été présenté à la dernière Berlinale.

- Wim Wenders, Everything will be fine. Avec Rachel McAdams, James Franco, Charlotte Gainsbourg. On voit mal la Palme d'or de Paris, Texas ne pas revenir à Cannes avec sa première fiction depuis Rendez-vous à Palerme en 2008 (et déjà en compétition). L'histoire d'un écrivain, Tomas, qui, après une dispute conjugale, s'en va faire un tour de la ville et tue accidentellement un gamin.

Michael Winterbottom, The Face of an Angel. Avec Kate Beckinsale, Daniel Brühl, Cara Delevingne. Pas sûr que le film soit terminé dans les temps. Et face à l'invasion de cinéastes britanniques, Winterbottom ne semble pas favori. L'histoire tourne autour du procès d'Amanda Knox à travers le regard d'un journaliste et d'un documentariste.

Andreï ZvyagintsevLeviathan. Avec Vladimir Vdovichenkov, Elena Lyadova, Aleksey Serebryakov. Un Lion d'or, un prix du jury Un certain regard : Zvyagintsev est l'un des cinéastes russes les plus respectés depuis une quinzaine d'années. Son nouveau film est une histoire d'amour dans une partie isolée du pays, une transposition moderne du Livre de Job.

Godard again

Posté par vincy, le 9 avril 2009

A 79 ans, Jean-Luc Godard revient sur les plateaux de tournage. Et pas comme sujet d'un documentaire, mais comme cinéaste. Il tourne en Grèce son prochain film, Socialisme.

A l'origine le film est prévu pour être divisé en deux parties. La première d'entre elle sortirait en 2010. Vega films, le producteur, vient d'en diffuser quelques images...

Selon des sources internes, le scénario impliquerait une fausse espionne russe, un philosophe (Alain Badiou), et des enfants rois sur un bateau de croisière.

Il s'agit de la première fiction de Godard depuis Notre musique en 2003.

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Le monde entier fait son marché à Locarno

Posté par MpM, le 14 août 2008

Les organisateurs du marché du film de Locarno n’en reviennent pas. A trois jours de la clôture du Festival, les droits de cinq films sélectionnés en compétition officielle ont déjà été achetés. Un autre homme (Lionel Baier, Suisse), Yuri’s day (Kirill Serebrennikov, Russie), Daytime drinking (Noh Young-seok, Corée du Sud), Mar Nero (Federico Bondi, Italie) et Sonbahar (Özcan Alper, Turquie) sont donc dès maintenant assurés d’une carrière en salles.

Pour Locarno, c’est d’autant plus un succès que d’autres accords pourraient encore être signés dans les jours à venir, suite aux discussions initiées pendant la manifestation. Nadia Dresty, la responsable de l’Industry Office, précise en effet que les retours des professionnels sur la qualité de la compétition sont excellents. Pour la première fois cette année, le Festival suisse a attiré 215 acheteurs venus de 29 pays différents, preuve indiscutable de l’importance qu’il revêt désormais dans le circuit mondial des marchés jugés incontournables.