Vittorio Taviani doit mourir sans Paolo (1929-2018)

Posté par vincy, le 15 avril 2018

C'est l'un des grands duos fraternels du cinéma, avec les Dardenne et les Coen. Les Frères Taviani, récompensés dans les plus grands festivals, ont signé quelques uns des plus beaux films italiens des années 1960 aux années 2010. Vittorio, l'aîné, né en 1929, est mort le 15 avril à l'âge de 88 ans, laissant son cadet de deux ans, Paolo, seul.

Entre cinéma engagé et style néo-réaliste, les deux frères ont réalisé une œuvre aussi poétique que philosophique et littéraire, psychanalytique qu'historique, sur un monde politique en mutation, une société en transformation, en quête d'un idéal souvent inatteignable. Conteurs hors-pairs (Contes italiens, leur dernier film ensemble, en est une belle démonstration), ne cherchant jamais la chaleur d'un esthétisme séduisant, leur cinéma est souvent sans concession. Ils ont vécu, ensemble, pour le cinéma, comme d'autres se vouent à une foi.

Les Frères Taviani ont signé des films marquants comme Padre Padrone, Palme d'or à Cannes, La nuit de San Lorenzo, Grand prix du jury à Cannes, César doit mourir, Ours d'or à Berlin, Kaos, contes siciliens. Pour l'anecdote, Padre Padrone fut le premier film a remporter la Palme d’Or, alors que Roberto Rossellini était président du jury (quel beau symbole de transmission) et le Prix de la critique internationale. Sa sélection provoqua pourtant un scandale public lors du festival de Cannes puisque le film, tourné en 16mm, était destiné pour la télévision. C'était il y a 40 ans...

Ils auscultaient l'Italie, sous toutes ses coutures, avec des "affinités électives" pour ce Mezzogiorno et ses îles italiennes écrasées par la pauvreté et le soleil. Leur cinéma dur et épuré, cruel et parfois surréaliste et même fantastique, s'est aussi prolongé dans le documentaire avec le si bien intitulé Un autre monde est possible. De la ruralité sarde à une prison romaine, il y a chez eux, un instinct de révolte et un envie de faire exister, de montrer les fantômes d'un monde ignoré.

"Nous ne voyons pas comment nous pourrions travailler l’un sans l’autre expliquaient-ils, ajoutant "Tant que nous pourrons mystérieusement respirer au même rythme, nous ferons des films ensemble."

Vittorio a pourtant du laisser Paolo réaliser en solitaire Une affaire personnelle, sorti l'an dernier. Ils avaient écrit à quatre mains le scénario. Une histoire de résistance, encore et toujours.

Fermeture du cinéma La clef à Paris: amenez votre bouteille pour noyer le chagrin!

Posté par vincy, le 15 avril 2018

Rien n'y a fait. Le cinéma associatif La Clef projettera ses derniers films aujourd'hui, dimanche 15 avril. Ironiquement, le dernier film projeté s'intitule Avant que nous disparaissions, à 20h30. Toute la journée se succèderont Fortunata, Kedi, des chats et des hommes, Blancanieves, L'ordre des choses, Nostalgie de la lumière, Moi, Tonya et Ceci est mon corps, film ayant attiré le plus de spectateurs dans l'histoire du cinéma (devant Demain).

Depuis plusieurs mois, le cinéma se bat contre le comité d'entreprise de la Caisse d’Epargne d’Ile-de-France, propriétaire des murs. Un comité de défense s'était créé (Laisseznouslaclef). La maire du Ve arrondissement Florence Berthout a tenté une négociation, sans résultats. L'adjoint à la culture, et premier adjoint d'Anne Hidalgo, Bruno Julliard, a interpellé (tardivement) la ministre de la Culture Françoise Nyssen. Si la ville de paris n'a pas fait plus, le ministère, de son côté, n'a carrément pas répondu. L'équipe a essayé de racheter les murs, en vente, depuis un an.

Mais le 15 avril, le CE de la CEIDF a exigé que la place soit libre. La culture a finalement peu d'intérêt pour le Comité d'entreprise et la banque. Tout le monde s'est finalement "heurté à un mur de silence" comme l'explique La Clef. C'est d'autant plus surprenant que le Comité d'entreprise est dirigé par des syndicalistes étiquetés à gauche (SUD, CGT).

La culture ne vaut rien contre la valeur des murs parisiens

"Dans son ultime communication le propriétaire, le Comité d’Entreprise de la Caisse d’Epargne d’Ile de France (CECEIDF) finit par justifier son refus de nous vendre les murs de La Clef d’un définitif « le CECEIDF est libre de vendre, ou pas, son bien à qui il veut et comme il veut »" explique La Clef. "Bien sûr, juridiquement c’est inattaquable. Mais quand on est propriétaire d’un lieu culturel qui accueille du public, et que ce public s’est approprié ce lieu et sa programmation si spécifique pendant des années, moralement n’y a-t-il pas un devoir de tout mettre en oeuvre pour le pérenniser ?" interroge l'exploitant.

Cependant, les salariés permanents du Cinéma La Clef se sont constitués en collectif, indépendamment de la direction de l'association afin de pouvoir engager "un dialogue constructif avec les élus du CECEIDF, d’aujourd’hui ou de demain" et "d’évaluer la possibilité de faire converger nos valeurs et nos intérêts : la sauvegarde du Centre Culturel La Clef." Ils proposent "un projet de reprise en adéquation avec l’histoire du lieu". Le collectif a lancé une campagne de financement participatif sur WeJustice avec un objectif de 10 000 € à capter en 30 jours.

Rien ne dit que cela suffira. Car, plus prosaïquement, on voit bien que le Comité d'entreprise veut réaliser une belle opération financière, plutôt que de soutenir un cinéma qui a organisé près de 25000 séances en diffusant 2500 films de 130 pays différent, 1200 débats, et 150 festivals en sept ans et demi. Soit 370000 spectateurs et aucun pop-corn vendu aucune publicité

On ignore ce qu'adviendra de ce bâtiment. Mais Isabelle Buron, présidente de l’association du Cinéma La Clef et Raphaël Vion, directeur et co-programmateur veulent un enterrement joyeux: "Pour nous aider à passer ce cap douloureux, nous vous proposons, pour celles et ceux qui ne seraient pas encore sur les pistes ou sous les cocotiers, de venir avec nous noyer notre tristesse dans la boisson (alcoolisée ou non), à partir de 19h. Merci d’apporter une bouteille, on s’occupe du reste. Et merci à toutes et tous, à celles et ceux qui pourront venir / à celles et ceux qui seront avec nous par la pensée."

Milos Forman on the Moon (1932-2018)

Posté par vincy, le 14 avril 2018

Requiem. Milos Forman, de son vrai nom Jan Tomáš Forman, est mort le 13 avril à l'âge de 86 ans. Né le 18 février 1932 en Tchécoslovaquie, le réalisateur et scénariste avait été adoubé dans le monde entier par de multiples récompenses.

Son premier film, L'as de pique a obtenu un Léopard d'or au Festival international de Locarno. En 1971, Taking Off reçoit le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes. Cinq ans plus tard avec Vol au-dessus d'un nid de coucou, il est oscarisé pour le film et la réalisation. L'Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur lui revient une nouvelle fois en 1985 pour Amadeus. A Berlin, il est sacré par un Ours d'or pour Larry Flynt. Man on the Moonlui vaut l'Ours d'argent, toujours à Berlin, du meilleur réalisateur.

Trois fois nommé au César du meilleur film étranger (Vol au dessus d'un nid de coucou, Hair, Amadeus) et une fois dans la catégorie meilleur réalisateur (Valmont), il a été honoré pour l'ensemble de sa carrière à Karlovy Vary en 1997, aux Directors Guild of America Awards en 2013 et par un Prix Lumière au Festival Lumière de Lyon en 2010. Il y avait dit: "L'Histoire ne s'écrit pas avant ou après Jésus-Christ mais avant ou après Lumière."

Toute sa vie avait été dédiée au 7e art, avec exigence, audace, ambition. Milos Forman n'a réalisé que 13 longs métrages en 45 ans. Mais il a laissé des œuvres aussi marquantes que populaires, peuplées d'héros aussi subversifs qu'insolents, dévastés par leur folie ou leur passion, se brûlant les ailes à l'approche de leurs rêves. La lumière qu'ils cherchaient cramaient immanquablement leur esprit. Les films de Milos Forman exposaient des personnages charismatiques qui finissaient en fantômes.

Ses trois premiers films, tchèques, sont dans la veine de la Nouvelle Vague française. Loin du style américain qui va l'imposer parmi les plus grands cinéastes du XXe siècle. L'as de pique, récit initiatique sur un jeune homme qui ne trouve pas sa place dans la société, dévoile à la fois son talent pour la comédie et son appétit pour l'anticonformisme. Il poursuit une trilogie amorcée la même année en 1963, avec le court métrage Concours, et qui s'achèvera en 1965 avec Les amours d'une blonde. Là aussi, il s'intéresse à un personnage, une jeune femme, qui n'aspire pas aux mêmes désirs que les autres. Plus romantique, le film dépeint déjà un monde où les conventions et les mensonges parasitent les idéaux.

Il ira bien plus loin dans sa critique du système communiste qui régit les pays d'Europe de l'Est avec Au feu les pompiers!, satire incisive qui se voit sélectionnée à Cannes en 1968, alors que le Festival va être interrompu. Ce brûlot politique lui vaut une violente polémique dans son pays. L'allégorie n'est pas comprise. Alors que le Printemps de Prague est saccagé par les chars soviétiques, il profite alors de la promotion du film en Occident pour passer à l'Ouest. Son destin deviendra américain.

En 1971, il signe son premier film occidental, Taking Off, qui s'inscrit dans la lignée du Nouveau cinéma américain, aux côtés de Scorsese, Hopper et Coppola. Un film brut sur le divorce entre deux générations - les parents et les enfants - où chacun retrouve sa liberté par l'éloignement. Une fugue pas si mineure, même si elle est à l'ombre des films qui vont suivre. A commencer par Vol au dessus d'un nid de Coucou.

Ce huis-clos en hôpital psychiatrique, avec Jack Nicholson, Louise Fletcher, Danny DeVito et Christopher Lloyd, et 5 Oscars au final, a été avant tout un immense succès public, devenant une référence dans la pop culture contemporaine. En France, en 1976, il a attiré 4,8 millions de spectateurs. Forman explore le monde des "dérangés", ceux qu'on ne montre jamais. Considéré comme l'un des grands films américains du XXe siècle, ce Coucou s'avère aussi fascinant dramatiquement que poignant émotionnellement. Les performances des comédiens y est pour beaucoup. Le symbolisme politique aussi: difficile de ne pas voir dans cet enfermement et cette aliénation collective (et les traitements de chocs réservés aux "malades") la manière dont le communisme écrase la liberté et la singularité des individus. Hormis le personnage de Nicholson, personne ne résiste aux traitements de l'infirmière incarnée par Fletcher. Seul un "fou" résiste, vainement, fatalement.

Avec le pop-broadway Hair, en 1979, le cinéaste s'attaque à la comédie musicale la plus emblématique des seventies, mélange d'utopie hippie et de bataille contre un système imposant des règles de vie. Là encore, Forman aime les résistants, les Hommes libres, et en profite poru critiquer une dictature (ici, celle de l'argent). La mise en scène est aussi efficace qu'inventive. Il débute là une trilogie musicale, qui se prolonge avec Ragtime, autour du jazz et des afro-américains, autres persécutés. L'injustice est au cœur de l'intrigue, tout comme le racisme. Une fois de plus, Forman s'intéresse à celui dont les droits sont niés.

Mais c'est avec Amadeus, en 1985, que Forman va entrer dans la légende en s'attaquant à Mozart. Il rencontre ici "son" personnage. Fougueux, anticonformiste, génial: un chien dans un jeu de quilles. Il déforme le biopic en "thriller psychologique". Transforme le fameux "Requiem" de Mozart en séquence de haute tension, où trahison et injustice se mêlent. Des éclats du jeune prodige, on ne retient finalement que sa lente agonie et la fosse commune. Une fois de plus le "système" a détruit un homme qui n'était pas dans la "norme". Les fidèles de Mozart ont crié à la trahison historique. Mais Milos Forman a toujours revendiqué qu'il s'agissait d'une fiction inspirée de la vie du musicien. Ce que l'on retient, outre l'immense succès du film (4,6 millions de spectateurs en France), c'est bien ce passage de la lumière à l'obscurité, de l'enchantement au crépuscule, d'un homme qui n'a jamais pu être respecté, être à sa place, comme tous les "héros formaniens".

Tous ces êtres qui voient leurs rêves et leur liberté butés contre un mur construit par les dominateurs et les résignés. Ainsi Valmont, sa version des Liaisons dangereuses, qui a le malheur de sortir quelques mois après le film de Stephen Frears, et de souffrir de la comparaison. Pourtant le film n'est pas raté. Le scénario coécrit avec Jean-Claude Carrière est même d'une belle subtilité. Frears a opté pour le romantisme et les manigances. Forman préfère la cruauté et l'ethnologie d'une aristocratie là encore destructrice.

Après cet échec, le réalisateur attend 7 ans avant de revenir au cinéma, avec un film radicalement différent, et pourtant s'inscrivant dans la même filiation, entre libertinage et conventions. Larry Flynt n'est autre que l'histoire du fondateur du magazine Hustler, concurrent de Playboy. L'immoralité face à la vertu. Le personnage, sur une chaise roulante, en profite pour faire, déjà, un plaidoyer contre une Amérique dogmatique et impérialiste. Mais si Flynt semble proche de Valmont, le film est davantage la succession de Hair, entre pacifisme et liberté sexuelle et liberté d'expression.

De même Man on the Moon, son film suivant, en 1999, pourrait être considéré comme une suite logique à Larry Flynt: le portrait d'un Américain pas comme les autres, qui a dynamité à sa hauteur un système. Mais le film, qui donne à Jim Carrey l'un de ses plus grands rôles (avecThe Truman Show et Eternal Sunshine of the Spotless Mind), se relie davantage à Amadeus: l'histoire d'un prodige qui se perdra dans son miroir. Car, le comique Andy Kaufman, comme Mozart, est mort précocement à l'âge de 35 ans. Et comme pour Amadeus, Forman déforme la réalité, insuffle un ton et une esthétique qui n'en font pas un biopic mais bien un drame cinématographique. On se rapproche même de la folie de McMurphy dans Vol au dessus d'un nid de coucou: "You're insane, but you might also be brilliant" dit-on sur le comédien adepte de l'absurde.

Malgré la légèreté apparente ou le rythme percutant des films de Forman, tous transmettent un mal-être indéniable et sont teintés de pessimisme. "L'humour jaillit d'une crevasse qui s'est ouverte entre ce que les choses prétendent signifier et ce qu'elles sont en réalité. Rien ni personne n'est dispensé du comique qui est notre condition, notre ombre, notre soulagement et notre condamnation", écrit son ami Milan Kundera à son propos.n Il n'y a pas de bonheur heureux. L'insoutenable légèreté de l'être, ce titre conviendrait si bien à Milos Forman...

En 2006, avec Les fantômes de Goya, coécrit avec Carrière une nouvelle fois et avec Javier Bardem et Natalie Portman, il creuse un peu plus le sillon de son œuvre sur les artistes en bout de course, épuisés par leur(s) création(s), contournant, se rebellant ou fuyant toujours ceux qui cherchent à les étouffer. Son ultime film, réalisé dans son pays natal, Dobre placená procházka (A Walk Worthwhile), est un retour aux sources, au théâtre, en musique, et à Prague. Milos Forman a accepté aussi d'être acteur en 2011. On l'avait déjà vu dans La Brûlure (Heartburn) de Mike Nichols et Au nom d'Anna (Keeping the Faith) d'Edward Norton. Il sera une dernière fois à l'écran chez Christophe Honoré, en ex-amant de Catherine Deneuve dans Les Bien-aimés.

Jamais dupe, toujours critique, surtout à l'égard des modèles et des dogmes, aussi minutieux que lucide, le cinéma de Forman a analysé les enchainements des mécaniques politiques ou historiques qui tuent l'individualité. Dans ses films, il met en lumière des personnages fragiles et libres, ne manquant jamais de panache, criant, chantant, jouant, provoquant, où les gestes sont grandiloquents, l'excentricité grandiose, le courage artistique.

Cinéaste européen sans frontières, refusant l'oppression, il a préféré la liberté et la vulnérabilité qui l'accompagne, la folie et le trouble de l'identité qui peut s'inviter, pour construire une œuvre non pas iconoclaste, bien au contraire, mais surprenante. Il voulait nous botter les fesses, nous pousser à hurler, nous montrer qu'il fallait se battre. Ainsi, son cinéma peut-être qualifié d'énergique. Même si, sur la fin, on sentait davantage de nostalgie et de mélancolie. La passion selon Milos. Celle de nous conduire, comme un chef d'orchestre, à jamais nous laisser abattre.

"Si vous aviez vécu, comme moi, plusieurs années sous le totalitarisme nazi, puis 20 ans de totalitarisme communiste, vous réaliseriez certainement à quel point la liberté est précieuse, et combien il est facile de perdre votre liberté" rappelait-il.

Uncut Gems : Adam Sandler remplace Jonah Hill chez les frères Safdie

Posté par wyzman, le 14 avril 2018

Incontournable dans les années 1990 et au début des années 2000, Adam Sandler a depuis un moment du mal à revenir sur le devant de la scène. Malgré des passages lumineux chez Jason Reitman (Men, Woman and Children) et Noah Baumbach (The Meyerowitz Stories), l'acteur de 51 ans a longtemps figuré parmi les stars les plus surpayées de Hollywood.

Comédies pour Netflix, drames pour le ciné

Pour inverser la tendance, il s'est offert un deal conséquent avec Netflix, qu'il a rallongé l'an dernier et comprend désormais 8 films. Si ses performances sur la plateforme de streaming sont remarquables, Adam Sandler n'est pas pour autant décidé à quitter les salles de cinéma. Deadline révèle ainsi qu'il interprétera le rôle-titre d'Uncut Gems, le prochain film de Joshua et Ben Safdie produit en partie par Martin Scorsese. Le projet sera leur cinquième réalisation commune tandis qu'ils co-écriront le scénario avec Ronald Bronstein, déjà présent à l'écriture de Good Time, leur dernier thriller présenté en Compétition à Cannes 2017 avec Robert Pattinson en lead. Le script d'Uncut Gems demeure certes secret mais l'on sait que le film devrait s'intéresser au milieu de la vente et revente de diamants à New York.

Uncut Gems est directement inspiré des aventures du père de Joshua et Ben Safdie alors qu'il travaillait dans le Diamond District, un quartier de New York connu pour ses nombreuses joailleries et bijouteries. Les raisons du départ de Jonah Hill du projet ne sont pas connues mais cela demeure une bonne nouvelle pour Adam Sandler. Il retrouvera prochainement Jennifer Aniston dans la comédie policière Murder Mystery et sera à l'affiche du film de Netflix The Week Of (soit Mariage à Long Island en VF) le vendredi 27 avril.

Le cinéma lusophone à l’honneur de Visions Sociales 2018

Posté par vincy, le 14 avril 2018

Ce n'est pas forcément la sélection la plus connue du festival, mais elle existe depuis déjà 16 ans. Visions Sociales aura lieu du 12 au 19 mai à Mandelieu - La Napoule.

Cette année, le parrain est Nicolas Philibert (Être et avoir), qui présentera deux de ses films : La Maison de la Radio et Retour en Normandie.

Visions sociales a décidé de mettre en lumière le cinéma lusophone (de langue portugaise).

  • Menina de Cristina Pinheiro
  • Saint Georges de Marco Martins
  • L’Usine de Rien de Pedro Pinho
  • Arábia de João Dumans
  • Comboio del sal e azuçar de Licínio Azevedo
  • Pela janela de Caroline Leone
  • Lettres de la guerre d'Ivo M. Ferreira
  • Tous les rêves du monde de Laurence Ferreira-Barbosa

Les partenaires de Visions Sociales, l’Acid, la Semaine de la Critique, la Quinzaine des Réalisateurs et Un Certain Regard complètent la programmation en présentant un film inédit de leur sélection. Le festival proposera également de découvrir des films soutenus par les Activités sociales comme Ausência de Chico Teixeira, Ultimo dias en La habana de Fernando Perez, Il filglio de Dario Albertini, Wajib d’Annemarie Jacir ou encore Winter Brothers d’Hlynur Pálmason.

A cela s'ajoutent des rencontres et des débats, notamment celle avec Tangui Perron, auteur de L'écran rouge, syndicalisme et cinéma de Gabin à Belmondo, que L(Atelier publiera le 17 mai, et une autre consacrée à "Mai et Juin 1968: une rébellion ouvrière".

Le programme

Masterclasse du cinéaste iranien Amir Naderi au Centre Pompidou

Posté par vincy, le 13 avril 2018

Le cinéma iranien est en fête ce printemps en France. Alors qu'Asghar Farhadi fera l'ouverture, en compétition, du prochain festival de Cannes, et que le nouveau film de Jafar Panahi, Three Places, sera lui aussi en compétition sur la Croisette, le Centre Pompidou, depuis le 5 avril propose une rétrospective du cinéaste Amir Naderi, en plus d'une sélection de films illustrant le cinéma moderne iranien.

Amir Naderi, pour la première fois en France, fera une masterclasse samedi 14 avril à 17h à Beaubourg. Entrée libre pour info. Elle sera animée par notre confrère Jean-Michel Fredon, ancien red'chef des Cahiers du cinéma. La masterclasse sera diffusée en direct sur le site web et sur la chaîne YouTube du Centre Pompidou.

Pour prolonger cette "leçon de cinéma", les cinéphiles peuvent voir demain La Montagne, son dernier film, qu'il présentera en compagnie de l'acteur principal du film Andrea Sartotetti (vu dans la série "Romanzo Criminale"). Le film avait été présenté à Venise en 2016. Entre la masterclasse et la projection, les fans du réalisateur pourront voir le film commandé par Pompidou dans le cadre d'une collection spécifique, "Où en êtes-vous?". Naderi a réalisé un court métrage à Los Angeles où il vient de terminer son dernier film, Magic Lantern.

Amir Naderi a ouvert son cycle avec Le coureur jeudi 5 avril, sans aucun doute son chef d'oeuvre datant de 1985, en compagnie de son acteur principal Madjid Niroumand. Ce dernier n'a tourné qu'un seul autre film, L'eau, le vent, la terre, réalisé par Amir Naderi en 1988.

Le coureur, qui sera de nouveau projeté les 6 et 16 juin, est emblématique de son œuvre. Le réalisateur y suit l'existence d'un gamin, sans attaches, errant dans une ville portuaire du Golfe persique, qui, entre débrouilles et volonté de s'affranchir de sa condition, repousse ses limites physiques en courant, pour rattraper un voleur, un train ou pour le plaisir. L'acmé du film  est un final où le montage (visuel) et le mixage (sonore) mélangent une course pour atteindre le premier un gros bloc de glaçe, à proximité des flammes d'une raffinerie et la récitation de l'alphabet au milieu d'éléments naturels déchaînés. le feu, la glace, l'eau, le vent: derrière ce naturalisme, il y a ce qui dessine toute l'œuvre de Naderi, un formalisme qui mue selon les lieux et les périodes. Le coureur, par son aspect autobiographique, film sensoriel où l'on ressent la canicule poussiéreuse comme le rafraîchissement des glaçons, a cette vertu d'être une ode au rêve (celui de l'envol, de l'exil) et de ne jamais se complaire dans le misérabilisme. La libération du garçon est accompagnée par l'élévation du film vers ce final "eisensteinien".

C'est là la beauté du cinéma iranien, et de celui de Naderi en particulier: des allégories symphoniques où une action simple, une situation banale sont transcendées par la magie du cinéma et de toutes ses possibilités, sans effets spéciaux.

GLAAD Media Awards 2018 : Une femme fantastique, This Is Us et Britney Spears récompensés

Posté par wyzman, le 13 avril 2018

C'est hier soir qu'avait lieu la 29e cérémonie des GLAAD Media Awards. Depuis 1990, l'Alliance des Gays et Lesbiennes Contre la Diffamation (GLAAD) récompense les personnalités, œuvres et projets engagés pour une meilleure représentation des personnes LGBTQ. Lors de l'annonce des nominations en janvier dernier, nous avions noté les présences de Call Me By Your Name et 120 battements par minute.

Particularité des GLAAD Media Awards, la cérémonie est scindée en deux. La première partie, celle d'hier soir, se déroulant à Los Angeles tandis que la seconde aura lieu le 5 mai prochain à New York. En attendant, notez que c'est le drame de Sebastian Lelio Une femme fantastique qui a raflé le prix du meilleur film avec une sortie limitée aux Etats-Unis. Il éclipse ainsi 120 battements par minute de Robin Campillo et God's Own Country et Francis Lee. Voici la liste des premiers gagnants annoncés hier soir :

MEILLEUR FILM (SORTIE LIMITÉE)

BPM (120 battements par minute) (The Orchard)
Une femme fantastique (Sony Pictures Classics)
Seule la terre (God's Own Country) (Samuel Goldwyn Films/Orion Pictures)
Thelma (The Orchard)
The Wound (Kino Lorber)

MEILLEURE SERIE COMIQUE

The Bold Type (Freeform)
Brooklyn Nine-Nine (FOX)
Crazy Ex-Girlfriend (The CW)
Modern Family (ABC)
One Day at a Time (Netflix)
One Mississippi (Amazon)
Superstore (NBC)
Survivor’s Remorse (Starz)
Transparent (Amazon)
Will & Grace (NBC)

MEILLEURE SERIE DRAMATIQUE

Billions (Showtime)
Doubt (CBS)
The Handmaid’s Tale (Hulu)
Nashville (CMT)
Sense8 (Netflix)
Shadowhunters (Freeform)
Star (FOX)
Star Trek: Discovery (CBS All Access)
This Is Us (NBC)
Wynonna Earp (Syfy)

MEILLEUR EPISODE (de série sans personnage LGBTQ récurrent)
“Chapter,” Legion (FX)
“Grace,” Pure Genius (CBS)
“Lady Cha Cha,” Easy (Netflix)
“The Missionaries,” Room 104 (HBO)
“Thanksgiving,” Master of None (Netflix)

MEILLEUR TÉLÉFILM OU MINI-SÉRIE

American Horror Story: Cult (FX)
Feud: Bette and Joan (FX)
Godless (Netflix)
Queers (BBC America)
When We Rise (ABC)

PRIX SPECIAUX

Prix Stephen F. Kolzak remis par Ryan Murphy à Jim Parsons
Vanguard Award remis par Ricky Martin à Britney Spears

BIFFF 2018 : Masterclass et mariachis pour Guillermo del Toro

Posté par kristofy, le 13 avril 2018

C'est l'année Guillermo del Toro. Depuis septembre 2017 quand La forme de l'eau remporte le Lion d'or au Festival de Venise puis durant les mois suivant en recevant des récompenses partout - Goya en Espagne, Bafta en Angleterre, Golden Globe (meilleur réalisateur) puis 4 Oscars (dont meilleur film et meilleur réalisateur) aux Etats-Unis. Il a désormais plein de projets en production et il parraine différentes structures qui aident au développement du cinéma mexicain et le rendez-vous est pris pour présider le jury du Festival de Venise 2018 dans quelques mois. Cette consécration mondiale est en fait moins celle de son dernier film que celle de l'ensemble de sa filmographie : quelques courts-métrages puis Cronos, Mimic, L'échine du Diable, Blade 2, Hellboy, Le labyrinthe de Pan, Hellboy 2: Les légions d'or maudites, Pacific Rim, Crimson Peak, et enfin le sacre avec le plus classique La forme de l'eau.

Cette constance dans le fantastique fait qu'il était naturel que Guillermo del Toro soit l'invité d'honneur du BIFFF (le contact avait d'ailleurs été pris en septembre durant Venise, donc bien avant les Oscars) d'autant plus que son premier film Cronos y avait été en compétition et avait reçu un Corbeau d'argent. Au programme donc cette année : Guillermo del Toro est fait Chevalier de l'Ordre du Corbeau (l'hommage du BIFFF), présente une séance spéciale de Cronos, et surtout offre une masterclasse.

Pour accueillir Guillermo del Toro la salle pleine d'environ 2000 spectateurs lui a fait une standing-ovation, et lui s'est amusé avec le rituel du BIFFF qui est d'entonner une chanson sur scène : il a chanté accompagné d'une formation de mariachis. La préparation semblait classique avec diverses questions à propos de chacun de ses films accompagnés d'un extrait mais c'était sans doute trop sage : la rencontre est devenue un dialogue plein de digressions d'un film à un autre sans ordre particulier et plein d'anecdotes sur sa jeunesse et les tournages.

Le saviez-vous ? Guillermo apparait dans chacun de ses films dans le montage sonore, pour le bruit d'un insecte ou le souffle de la respiration d'une créature : c'est en fait sa voix. Cette masterclasse s'est prolongée au-delà des 2 heures prévues puisque Guillermo était particulièrement bavard : en parlant de ses films on sent qu'il veut avant tout parler de sa passion pour le cinéma.

Extraits.

Cronos, le premier film :
Pour ma génération, quand j'étais jeune, le gouvernement au Mexique ne faisait pas grand chose pour soutenir le cinéma, il n'y avait pas d'aide pour monter des films ni de festival de cinéma. Quand on veut quelque chose, on peut concevoir les règles pour que ça arrive : j'ai participé à la création du festival international de Guadalajara, j'ai monté une société de production pour le tournage de Cronos. C'était mon premier long-métrage, des gens m'ont dit que ce n'était pas très bon et que ça n'irait nulle part. En fait La Semaine de la Critique à Cannes l'a aimé et l'a sélectionné, et on y a gagné le Prix. C'était formidable, le film voyageait en dehors du Mexique et il était vu dans plein de pays. Mais après Cronos je n'ai eu aucun travail pendant longtemps, j'ai écrit différents scénarios qu'aucun producteurs ne voulaient financer.

Mimic, second film et premier film américain :
Avec les frères Weinstein j'ai travaillé sur le scénario de ce qui devait être au début un court-métrage, mais il y avait selon moi matière à un film entier. Ça a pris beaucoup de temps pour le financement. Ce film a failli tuer mon désir de faire des films. Je vais vous donner ce conseil : quand on débute un tournage, on a l'instinct de commencer par une scène facile, en fait il faut directement commencer par une séquence complexe. Il faut dès le tout début directement impressionner les producteurs avec les premières images tournées dans l'objectif de garder le plus de contrôle possible pour la suite du tournage.

L'échine du Diable, troisième film et premier film en Espagne :
Encore une fois je me suis dit que ça allait être mon dernier film. Alors j'ai voulu réussir à un peu tout y mettre dedans : la guerre civile, les fantômes, un orphelinat avec des secrets et une bombe. Avec dans l'histoire de la peur, du deuil, des regrets.

Blade, Hellboy, Pacific Rim; ses blockbusters américains :
Dans Blade comme dans Hellboy le personnage a le choix: soit il peut être plus une créature soit il peut être plus humain, il y a un dilemme intérieur. Là je veux dire à chaque fois quelque chose. Pour les gens qui n'aiment pas ce genre de films, voici un film qui vous fera aimer, j'espère, ce genre de film. J'ai appris à filmer des scènes d'action en regardant beaucoup de films d'action, et à chercher comment faire autrement.

Crimson Peak et La forme de l'eau :
Je parle enfin plus de romance et de sexualité, il m'a fallu du temps. On voit un rapport sexuel physique de La forme de l'eau, mais revoyez Crimson Peak et vous verrez qu'il y a beaucoup de choses sur la sexualité avec notamment la séduction et le sentiment de rejet. Avoir des Oscars pour La forme de l'eau c'est venu symboliser l'amour de différentes communautés de spectateurs touchées par ce film. C'est ça qui est important, cet amour des spectateurs, que les gens aient été touchés à différents niveaux par le film. De quelqu'un qui dit 'je ne crois pas en l'amour', on dit que c'est un homme sage et de quelqu'un qui dit 'je crois en l'amour', on dit que c'est un homme fou, alors je suis fou. J'ai cette folie que je veux partager.

Le labyrinthe de Pan, le chef d'oeuvre :
J'ai pitché l'histoire à plusieurs studios et on m'a dit non pour le produire, parce que, à la fin, la petite fille meurt. J'ai utilisé les conventions des contes en général, comme avoir à choisir entre 3 portes et comme une mise à l'épreuve du personnage principal. Le film était en compétition à Cannes, on n'y a pas eu de récompense, le président du jury c'était Wong Kar-wai qui regarde les films avec ses lunettes de soleil... Le film a été montré en fin de festival et le public lui a fait une standing ovation de 23 minutes, un record je crois. Puis Le labyrinthe de Pan a eu des Oscars. J'ai voulu un fort contraste entre la beauté et la violence, il fallait être sincère avec ces deux aspects. La beauté rend la violence plus dure à supporter, la violence fait que la beauté est plus émouvante ou larmoyante.

BIFFF 2018 : le manga Inuyashiki filmé par Shinsuke Sato

Posté par kristofy, le 13 avril 2018

Le réalisateur japonais Shinsuke Sato semble toujours méconnu en France, faute de distribution de ses films... On se demande encore pourquoi à propos de son I am a hero qui avait d'ailleurs été sacré Corbeau d’Or au BIFFF 2016 par le jury de Jaume Balagerau. C'était un film avec des zombies, mais rien qui puisse effrayer les salles de cinéma, d'autant plus qu'en 2016 on pouvait par contre y voir les zombies coréens du Dernier train pour Busan...

Shinsuke Sato est devenu le plus grand spécialiste pour adapter des mangas (dessiné en dizaine de tomes, ou en série animée en plusieurs épisodes). Peut-être avez-vous le pénible souvenir du remake américain en prise de vue continue de Ghost in the shell avec Scarlett Johansson ? Shinsuke Sato, lui, est passé maître en la matière : non seulement ses films respectent l'oeuvre originale mais en plus ils lui permettent d'y gagner en prestige pour continuer à se développer. Son film I am a hero était l'adaptation du manga du même nom, il a aussi réalisé ainsi en film celles de Gantz, de Death note et prochainement de Bleach : en fait certains des plus gros succès de l'édition de livres.

Après avoir été couronné au BIFFF en 2016, Shinsuke Sato se retrouve de nouveau en compétition cette année avec Inuyashiki en avant-première mondiale (sortie au Japon le 20 avril), et peut-être un doublé au palmarès à venir puisque l'un des favoris... Inuyashiki est aussi un manga d'une dizaine de volumes ('Last Hero Inuyashiki' de Hiroya Oku), qui figurait d'ailleurs dans la sélection officielle du dernier festival de bande-dessinée d'Angoulême.

Inuyashiki, c'est le nom d'un homme de 58 ans plutôt méprisé par son entourage puisque terne employé de bureau et père de famille incompris. Quand il apprend qu'il souffre d'un grave cancer et que ses jours sont compté,s ni sa femme ni ses enfants ne répondent au téléphone quand il les appelle ("si je leur dis, me pleureront-ils?")... Un soir en allant dans un parc avec un chien abandonné un phénomène à priori extraterrestre se produit, et quand il revient  la maison il découvre que son corps à changé : il est devenu un cyborg mécanique doté de supers pouvoirs. Il a le pouvoir de guérir les gens alors en héros anonyme il se rend souvent à l'hôpital en cachette pour soigner, il se découvre comme une nouvelle mission pour sa fin de vie ("je me sens vivre à chaque fois que je sauve quelqu'un").

Mais une autre personne a lui aussi subi le même phénomène d'être devenu cyborg avec de terribles pouvoirs mortels qu'il utilise justement pour tuer quelques personnes puis de plus en plus ("tuer c'est un crime humain, cela ne me concerne plus"). Ce jeune homme est assez rapidement identifié et il est recherché, la télévision et internet parle de ses crimes et sa folie destructrice devient de plus en plus terrifiante ("la police me déclare la guerre, je déclare la guerre au Japon!")... De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités : une seule personne pourrait le combattre, c'est le vieux Inuyashiki qui doit apprendre à utiliser au mieux les fonctions de son nouveau corps tout en essayant en même temps de redevenir un père sur qui on peut compter

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Dans sa première moitié le film est plutôt une comédie avec cet homme héros malgré lui, avec aussi plusieurs réflexions sur la famille et le bien/le mal, pour au fur et à mesure se tourner vers de l'action de plus en plus spectaculaire. Quelques images de cette folie ébouriffante :

Cannes 2018 : Ex-Palmes d’or, films d’animation et productions Netflix parmi les absents de la Sélection officielle

Posté par wyzman, le 12 avril 2018

Il y a quelques minutes seulement, Pierre Lescure et Thierry Frémaux ont dévoilé les noms des films qui font partie de la sélection officielle du 71e Festival de Cannes. Et si le second a évoqué un "renouvellement de cinéaste", il faut bien admettre que l'on ne s'attendait pas à retrouver Jean-Luc Godard en compétition. Inattendue et rafraîchissante, la liste des films en compétition est également marquée par les présences de Spike Lee (Blackkklansman), David Robert Mitchell (Under the Silver Lake) et Christophe Honoré (Plaire, aimer et courir vite). Ceci dit, il y a de nombreux absents... Avec pas mal de primo-arrivants en Compétition, et peu "'habitués", cette sélection est assurément surprenante.

Où sont les acteurs et réalisateurs stars ?

Parmi les réalisateurs qui n'ont pas été cités, il y a les petits nouveaux dont les derniers projets nous ont bluffés  : Lenny Abrahamson (The Little Stranger), Claire Burger (C'est ça l'amour), Luca Guadagnino (Suspiria), Barry Jenkins (If Beale Street Could Talk), Harmony Korine (The Beach Bum), Pierre Schoeller (Un peuple et son roi), Felix Van Groeningen (Beautiful Boy). Mais ce n'est pas tout ! De manière surprenante, les sélectionneurs ont fait l'impasse sur des cinéastes établis et habitués du festival : Alfonso Cuaron (Roma, à cause de Netflix), Laszlo Nemes (Sunset), Pablo Trapero (La quietud), Brian De Palma (Domino), Carlos Reygadas (Where Life is Born), Claire Denis (High Life), Terry Gilliam (The Man Who Killed Don Quixote, même si on peut espérer un rebondissement grâce à al justice), Paolo Sorrentino (Loro), Naomi Kawase (Vision), et les quatre palmés Jacques Audiard (The Sisters Brothers), Mike Leigh (Peterloo), Nuri Bilge Ceylan (Le poirier sauvage) et Lars von Trier (The House That Jack Built, qui pourrait quand même s'ajouter à la liste). On apprécie néanmoins la présence de Wim Wenders dont le film Le Pape François - un homme de parole, distribué par Universal, sera projeté en séances spéciales.

Quant aux stars, c'est la pénurie. Hormis Everybody Knows d'Asghar Rafhadi (avec Pénelope Cruz et Javier Bardem), Under the Silver Lake de David Robert Mitchell (avec Andrew Garfield), En guerre de Stéphane Brizé (Vincent Lindon), Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré (avec Vincent Lacoste et Pierre Dalondonchamps) et Blackkklansman de Spike Lee (avec Adam Driver), les films en compétition sont loin d'être portés par des grosses têtes d'affiche. A Un Certain regard, on croisera quand même Marion Cotillard (Gueule d'ange), Riccardo Scamarcio (Euphoria, Clovis Cornillac et Karin Viard (Les chatouilles)... En séances spéciales, Mads Mikkelsen sera présent pour Arctic. Hors compétition, Solo, A Star Wars Story (Alden Ehrenreich, Emilia Clarke, Thandie Newton, Woody Harrelson, Paul Bettany, Donald Glover) et Le grand bain (Guillaume Canet, Leïla Bekhti, Mathieu Amalric, Virginie Efira, Jean-Hugues Anglade, Marina Foïs, Benoît Poelvoorde, Mélanie Doutey, Jonathan Zaccaï) devraient donc être les plus gros événements people d'un Cannes qui s'annonce radical. La proposition est en soi intéressante (et stimulante pour la critique).

Une diversité relative

Les plus attentifs l'ont déjà noté : dans cette sélection officielle, il n'y aucun long-métrage d'animation ! Une triste nouvelle lorsque l'on sait que 4 courts-métrages d'animation ont été sélectionnés et que l'offre était foisonnante cette année.

A défaut de s'émerveiller devant des personnages dessinés, notons tout de même la présence de films libanais (Capharnaüm de Nadine Labaki), polonais (Cold War de Pawel Pawlikowski) et égyptien (Yomeddin, premier film de A.B. Shawky) en compétition. Un certain regard compte six premiers films! Globalement, l'Amérique latine est la grande absente de la compétition, qui manque aussi pas mal de films nord-américains. Le cinéma asiatique compense...

L'épineux cas Netflix

Quant à Netflix, les choses semblent plus claires depuis la nuit dernière. Ted Sarandos, le responsable des contenus de Netflix, s'est entretenu hier avec le magazine américain Variety, rappelant au passage les désirs du géant du streaming : "Nous voulons que nos films soient mis au même niveau que tous les autres cinéastes. Il y a un risque que nous y allions et que nos films et nos réalisateurs soient traités de manière irrespectueuse au festival. Ils ont donné le ton." Tout cela avant de lancer un cinglant "Je ne pense pas que ce serait bien pour nous d'être là." Résultat : Netflix retire tous ses films suite à la nouvelle règle du festival. Celle-ci veut que les films qui ne sont pas distribués dans les salles françaises au moment de leur sortie ne soient plus acceptés en compétition.

Bien qu'il soit toujours possible pour Netflix de les proposer hors-compétition, la firme américaine semble s'être fait une raison. Car il faut reconnaître qu'après le tollé provoqué par les présences en compétition d'Okja et The Meyerowitz Stories l'an dernier, Thierry Frémaux n'a pas choisi d'y aller par quatre chemins, visant directement les plateformes de streaming. D'après lui, ces dernières empêchent les films d'appartenir "à la mémoire cinéphile" à cause de leurs algorithmes. Malgré des critiques vives et incessantes, Netflix s'était montré favorable à l'idée que les deux films soient diffusés dans des cinémas en France. Malheureusement, la chronologie actuelle des médias exige que les films ne soient disponibles sur des plateformes domestiques que 36 mois après leur sortie en salle, un contre-sens total pour le modèle économique de Netflix !

the other side of the wind orson welles john hustonOrson Welles le grand absent

Visiblement très remonté contre Thierry Frémaux, Ted Sarandos n'a donc pas hésiter à le mentionner dans les colonnes de Variety. Concernant une potentielle présence de Netflix hors-compétition, le cadre de 53 ans explique : "Je ne pense pas qu'il y ait de raison pour que l'on soit hors-compétition. La [loi] était implicitement à propos de Netflix et Thierry l'a rendue explicite quand il annoncé la nouvelle règle." Au sujet de leur passage mouvementé à Cannes l'an dernier, il constate : "Le festival a choisi de célébrer la distribution plutôt que l'art du cinéma. Nous sommes à 100% du côté de l'art du cinéma. Et au fait, tous les autres festivals du monde le sont aussi." Interrogé sur sa présence sur la Croisette en mai prochain, il botte en touche : "Nous aurons des gens du secteur de l'acquisition de films parce que beaucoup de films seront là sans distributeur." Enfin, à propos de l'avenir, Ted Sarandos est néanmoins assez confiant : "Thierry partage mon amour pour le cinéma et serait un héros en changeant [la règle] quand il réalisera à quel point celle-ci est punitive pour les cinéastes et les cinéphiles."

Pour rappel, Netflix devait amener jusqu'à la Croisette Norway de Paul Greengrass, Hold the Dark de Jeremy Saulnier, le nouveau film d'Alfonso Cuaron, Roma, le film inédit d'Orson Welles, The Other Side of the Wind, ainsi que They'll Love Me When I'm Dead, le documentaire de Morgan Neville sur Orson Welles ! La non-présence du dernier film de son père a d'ailleurs bouleversé Beatrice Welles qui a supplié Ted Sarandos dans un e-mail de "laisser le travail de [son] père être le film qui fait le pont entre Netflix et Cannes".