Cannes 2019 : Qui est Diao Yinan ?

Posté par MpM, le 18 mai 2019

Depuis ses débuts derrière une caméra, Diao Yinan fait sensation, cumulant deux sélections cannoises et un Ours d’or à Berlin en quatre longs métrages. C’est pourtant en tant qu’acteur et scénariste qu’il a fait ses premiers pas, et le public occidental l’a notamment découvert à l’affiche du film d’anticipation politique All tomorrow’s parties de Yu Lik Wai, sélectionné en section Un Certain Regard à Cannes en 2003.

Issu d’un milieu simple mais cultivé (son père est rédacteur dans un magazine culturel, sa mère est actrice), il s’oriente vers l'Académie de Pékin et l'écriture théâtrale. Après une dizaine d’années en tant qu’acteur et scénariste, il passe à la réalisation de son premier long métrage, Uniforme (2003), dont l’un des conseillers artistiques n’est autre que son compatriote Jia Zhang-ke. Le film met en scène un jeune homme à l’avenir complètement bouché, qui découvre l’ivresse du pouvoir en endossant l’uniforme de policier qu’il a trouvé. Sélectionné au Festival de Vancouver, puis à celui de Rotterdam, il remporte plusieurs récompenses dont le prix Dragons and Tigers et le prix NETPAC.

C’est ensuite la reconnaissance cannoise avec Train de nuit à Un Certain Regard (2007). Le film raconte la rencontre amoureuse entre une femme huissier de justice et le mari de la détenue condamnée à mort dont elle a la charge. A la fois portrait d’une femme chinoise, "opprimée par sa solitude, épiée par ses voisins et témoins des atrocités du système " comme nous l'écrivions alors, et dénonciation d’une "société chinoise écrasante, niant l’individu".

Sept ans plus tard, Diao Yinan remporte l’Ours d’or avec Black coal, Thin Ice, un polar poisseux et désenchanté aux accents romantiques mêlés de cynisme. Sur fond d’enquête pour découvrir qui a tué et démembré un employé d’une carrière minière, le cinéaste brosse à nouveau le portrait d’un pays au bord de l’explosion, dans lequel il n’est plus possible que de survivre difficilement. La violence individuelle, filmée sans fard, apparaît comme le reflet d’une violence collective plus insidieuse, basée notamment sur l’argent et la puissance qu’il confère à ceux qui en sont pourvus.

En 2014, il expliquait dans un entretien au Figaro : "Ma critique de la société passe par l'intrigue policière parce qu'elle permet d'exprimer deux thèmes qui m'importent: la violence et la solitude. La violence m'effraie, et plus j'en ai peur, plus j'ai envie de l'exprimer à l'écran, en lui donnant une dimension esthétique ou satirique. Parce que l'écart entre riches et pauvres crée beaucoup de situations et d'événements absurdes dans la société chinoise."

Contre toute attente, Black Coal connaît un succès populaire en Chine, et c’est auréolé de ce double plébiscite que le cinéaste chinois revient cette année avec son 4e long métrage, Le lac aux oies sauvages, propulsé pour la première fois en compétition à Cannes. Il s’agit à nouveau d’un polar qui réunit au cœur d’une chasse à l’homme "un chef de gang en quête de rédemption" et "une prostituée prête à tout pour recouvrer sa liberté". Un programme qui pourrait bien accélérer la rapide ascension de Diao Yinan dans le club fermé des cinéastes chinois de tout premier plan.

Synonymes, Ours d’or séduisant et singulier, comme son héros

Posté par vincy, le 17 février 2019

Sacré par un Ours d’or mais aussi par le prix FIPRESCI de la critique internationale, Synonymes repart de Berlin avec un autre titre: c’est le premier film israélien à remporter la récompense suprême berlinoise. Le film sortira en salles en France le 27 mars.

D’un point de vue cinématographique, le choix du jury est assez audacieux. Le film peut paraître déroutant et laisser à distance ceux qui ne rentrent pas dans ce « délire » érudit, allégorique et foutraque. Pourtant, c’est aussi toute sa force: à travers cette épopée romanesque (au sens littéraire du terme) et romantique, Nadav Lapid propose une réflexion sur Israël - qui fera enrager Netanyahu - et un reflet de la France. Il relie affectivement les deux pays avec un triangle amoureux dont les élans et les débats rappellent les films de Godard, Truffaut ou Bertollucci.

Suleiman et Modiano

Synonymes semble être un croisement cinématographique entre un de ces drames burlesques d’Elie Suleiman et une odyssée parisienne de Patrick Modiano. Le film est un mouvement perpétuel, fortement influencé par Blake Edwards, celui des corps comme celui du langage. Apprendre la langue de l’autre pour oublier la sienne et ce qu’elle véhicule.

Dans ce tourbillon de la ville, le réalisateur parvient à faire exister son personnage (Tom Mercier), qui fuit Israël et la guerre, avec son lot de galères pour survivre sans un sou, dans un pays où il ne connaît personne. Il commence en effet le film littéralement à poil, sans rien. C’est un film frontal. Ou le riche côtoie le pauvre, la beauté des âmes coexiste avec la réalité un peu laide, où chacun, pourtant généreux ou aimant, teste ses limites.

Allons enfants de la Patrie !

Mais il réussit surtout à doser subtilement ses déclarations d’amour à la France - tout en s’amusant de ses défauts - et justifier son rejet d’Israël. Si le film a remporté cet Ours d’or, ce n’est pas sans arrière-pensée politique. Alors que l’antisémitisme ressurgit à découvert en Europe, que l’amalgame avec l’antisionisme n’est toujours pas clair pour beaucoup, Nadav Lapid préfère porter sa charge contre l’Etat, et donc le gouvernement en place. Comme nous l’écrivions lors du bilan de la Berlinale, « le personnage principal trouve une succession de qualificatifs allant d’odieux à fétide » pour définir ce pays qu’il renie.


Voilà pour le recto de l’histoire. Il y a aussi le verso. Cette hymne à cette France laïque, « libre, égalitaire, fraternelle ». On peut croire le propos naïf. Le réalisateur prend quand même une certaine distance, notamment dans ces deux séquences où Léa Drucker, agent prosélyte de la République, assène une propagande sur les valeurs républicaines (si souvent meurtries pourtant) et fait chanter la Marseillaise (on notera l’ironie d’entendre un homme ayant déposé les armes clamer le couplet le plus sanglant de cet hymne patriotique). Nadiv Lapid, en sondant le mystère de la beauté de Paris et en cherchant des réponses à son amour pour la France, tend un miroir flatteur de cette nation à un peuple exigeant, pessimiste et blasé qui aurait tendance à vouloir tout saborder régulièrement. « Tu n’as aucune idée de la chance que tu as d’être Français ! »

Maux croisés

Evidemment, Synonymes n’est pas que ça. C’est absurde et cruel, drôle et mélancolique, fou et triste. Le scénario part dans toutes les directions, suivant un personnage papillonnant dans une ville-lumière trop attirante. Ce n’est pas un film porté par une intrigue ou une quelconque rationalité. Il s’agit d’une expérience cérébrale riche de brillants dialogues (ou monologues quand notre bel israélien soliloque les synonymes qui lui traversent l’esprit). Ces montagnes russes, où nous sommes tentés de préférer les excès d’un fou gogolien à ce trio sage à la « Jules et Jim », où nous sommes séduit par l’extrémisme de certaines séquences (la première séance photo humiliante) et frustrés par d’autres qui n’ont pas cette fulgurance.

C’est un Ours qui plaide pour le temps libre et la poésie, pour la paix et l’amour, la lâcheté et le courage. Le film est une allégorie où mythes (Hector dans L’illiade), contes et anecdotes (du grand-père yiddish aux faits d’armes sur le plateau du Golan) se croisent dans une épopée cinématographique très singulière, séduisante et aérienne, loin d’un cinéma formaté.  Un mélange d’Eros et de colère, avec un Apollon défiant Mars. Une histoire d’amour absolu et d’amitié inconditionnelle, après avoir survécu à la trahison et la séparation. « C’est beau, comme l’Antique ».

Berlinale 2019: Synonymes et Grâce à Dieu grands vainqueurs du palmarès

Posté par vincy, le 16 février 2019

Alors que le Festival se termine avec des températures printanières et un grand ciel bleu, la soirée de la remise des prix de la 69e Berlinale a commencé avec une ombre, la mort de l'acteur suisse Bruno Ganz. Une ovation debout a salué celui qui fut l'un des plus grands comédiens de théâtre et de cinéma germanophones. Et puisqu'on était dans les adieux, ça a aussi été l'occasion de voir un film hommage et un prix honorifique pour le directeur Dieter Kosslick, qui cède les rênes de la Berlinale après 18 ans de service.

Les prix des autres palmarès de la 69e Berlinale
Le bilan de la compétition

Il y a eu un consensus entre le jury et le public puisque la coproduction franco-soudanaise Talking about trees, prix du public Panorama plus tôt dans la journée, a été couronné par le jury, toutes sélections confondues du Prix du meilleur documentaire.

Mais on note surtout que le cinéma allemand s'en sort bien cette année avec l'Ours d'or du court métrage et le Prix du meilleur premier film (toutes sélections confondues). Mais aussi l'Ours d'argent de la réalisation pour Angela Schenalec et le prestigieux Prix Alfred Bauer (pour des films qui ouvrent des perspectives) décerné à une autre réalisatrice: Nora Fingscheidt.

Le jury de Juliette Binoche avait à remettre 6 autres prix pour les 14 films restants. Tout résidait plus dans la hiérarchie des prix que dans le choix des films primés. Le film de Wang Xiaoshuai a récolté les deux prix d'interprétation, s'offrant ainsi une belle victoire sans être dans le haut du tableau. Mais on soulignera avant tout que c'est le cinéma français le grand vainqueur de cette Berlinale, avec l'Ours d'or et le Grand prix du jury distinguant le film le plus parisien de Nadav Lapid et le film de François Ozon, deux films engagés. Déjà primé à Berlin pour 8 femmes (un prix d'ensemble pour ses actrices), il reçoit là le plus important prix de sa carrière alors que l'on saura lundi si son film sortira en salles mercredi.

Que Synonymes soit sacré par un Ours d'or, alors qu'il s'agit d'un film audacieux, aussi burlesque que tragique, drôle que dramatique. C'est aussi la première fois qu'un cinéaste israélien remporte la récompense. Et par le même coup, on souligne que le jury a oublié Dieu existe, son nom est Petrunya, l'un des favoris. Il faut croire que le jury a été sensible au discours de Nadav Lapid: ouvrez les frontières!

Tout le palmarès

Ours d'or: Synonymes de Nadav Lapid
Grand prix du jury: Grâce à Dieu de François Ozon
Prix Alfred Bauer: Systemsprenger (System Crasher) de Nora Fingscheidt

Interprétation féminine: Yong Mei dans Di jui tian chang (So Long, My Son) de Wang Xiaoshuai
Interprétation masculine: Wang Jingchun dans Di jui tian chang (So Long, My Son) de Wang Xiaoshuai

Mise en scène: Angela Schanelec pour Ich war zuhause, aber (I Was at Home, But)
Scénario: Maurizio Barucci, Claudio Giovannesi & Roberto Saviano pour La paranza dei bambini (Piranhas)
Contribution artistique: Rasmus Videbæk pour l'image de Out Stealing Horses réalisé par Hans Petter Moland.

Ours d'or du court métrage: Umbra de Florian Fischer et Johannes Krell, Allemagne
Prix du jury du court métrage: Blue Boy de Manuel Abramovich, Argentine
Prix du court métrage Audi: Rise de Barbara Wagner et Benjamin De Burca, Brésil

Meilleur premier film: Oray de Mehmet Akif Büyükatalay, Allemagne (Perspektive Deutsches Kino)

Meilleur documentaire: Talking About Tree de Suhaib Gasmelbari, Soudan (Panorama)

Berlin 2019: un Ours d’or d’honneur et un hommage à Charlotte Rampling

Posté par vincy, le 17 décembre 2018

La 69e Berlinale étoffe son programme avec un hommage et un Ours d'or d'honneur pour l'actrice Charlotte Rampling, qui sera ainsi distinguée pour l'ensemble de sa carrière.

Le 14 février, la comédienne recevra sa récompense honorifique, en accompagnant la projection de l'emblématique Portier de nuit réalisé par Liliana Cavani en 1974.

Avec plus de 100 films à son actif, l'ancienne présidente du jury du Festival de Berlin (en 2006), et Ours d'argent de la meilleure actrice pour 45 ans d'Andrew Haigh (photo) en 2015, film qui lui valu une nomination à l'Oscar, sera "l'icône d'un cinéma non conventionnel et excitant" que Dieter Kosslick souhaite mettre en avant pour sa dernière édition en tant que directeur du festival.

Rampling est assurément l'une des comédiennes les plus distinguées dans le monde, notamment avec une coupe Volpi de la meilleure actrice au Festival de Venise en 2017 avec Hannah. Elle avait aussi obtenu un European Film Award d'honneur en 2015 et deux prix d'interprétation féminine pour 45 ans et pour Swimming Pool de François Ozon en 2003, avec qui elle a aussi tourné Sous le sable, Angel et Jeune et jolie. Le cinéaste revient en compétition cette année avec Grâce à Dieu.

Cosmopolite et éclectique

Révélée en 1964 avec Le Knack... et comment l'avoir de Richard Lester, Palme d'or à Cannes, elle a tourné avec les auteurs les plus prestigieux ou dans des blockbusters internationaux, passant d'un univers à un autre, osant des prises risques iconoclastes ou des personnages troublants et amoraux: Les Damnés de Luchino Visconti, son plus grand succès en France, Zardoz de John Boorman, La Chair de l'orchidée de Patrice Chéreau, Un taxi mauve d'Yves Boisset, Orca de Michael Anderson, Stardust Memories de Woody Allen, Le Verdict de Sidney Lumet, Viva la vie de Claude Lelouch, On ne meurt que deux fois de Jacques Deray, Max mon amour de Nagisa ?shima, Angel Heart de Alan Parker, La Cerisaie de Michael Cacoyannis, Signs and Wonders de Jonathan Nossiter, Spy Game : Jeu d'espions de Tony Scott, Embrassez qui vous voudrez de Michel Blanc, Lemming de Dominik Moll , Vers le sud de Laurent Cantet, Le Bal des actrices de Maïwenn, Life During Wartime de Todd Solondz, Melancholia de Lars von Trier, La Chambre interdite de Guy Maddin , Red Sparrow de Francis Lawrence... Elle vient de terminer le nouveau film de Paul Verhoeven, Benedetta.

Une dizaine de ces films seront diffusés pour son hommage, en plus du documentaire Charlotte Rampling: The Look, Germany d'Angelina Maccarone (2011).

Charlotte Rampling a reçu un César d'honneur en 2011, en plus de quatre nominations. On l'a aussi vue dans des séries comme Dexter et Broadchurch.

Vittorio Taviani doit mourir sans Paolo (1929-2018)

Posté par vincy, le 15 avril 2018

C'est l'un des grands duos fraternels du cinéma, avec les Dardenne et les Coen. Les Frères Taviani, récompensés dans les plus grands festivals, ont signé quelques uns des plus beaux films italiens des années 1960 aux années 2010. Vittorio, l'aîné, né en 1929, est mort le 15 avril à l'âge de 88 ans, laissant son cadet de deux ans, Paolo, seul.

Entre cinéma engagé et style néo-réaliste, les deux frères ont réalisé une œuvre aussi poétique que philosophique et littéraire, psychanalytique qu'historique, sur un monde politique en mutation, une société en transformation, en quête d'un idéal souvent inatteignable. Conteurs hors-pairs (Contes italiens, leur dernier film ensemble, en est une belle démonstration), ne cherchant jamais la chaleur d'un esthétisme séduisant, leur cinéma est souvent sans concession. Ils ont vécu, ensemble, pour le cinéma, comme d'autres se vouent à une foi.

Les Frères Taviani ont signé des films marquants comme Padre Padrone, Palme d'or à Cannes, La nuit de San Lorenzo, Grand prix du jury à Cannes, César doit mourir, Ours d'or à Berlin, Kaos, contes siciliens. Pour l'anecdote, Padre Padrone fut le premier film a remporter la Palme d’Or, alors que Roberto Rossellini était président du jury (quel beau symbole de transmission) et le Prix de la critique internationale. Sa sélection provoqua pourtant un scandale public lors du festival de Cannes puisque le film, tourné en 16mm, était destiné pour la télévision. C'était il y a 40 ans...

Ils auscultaient l'Italie, sous toutes ses coutures, avec des "affinités électives" pour ce Mezzogiorno et ses îles italiennes écrasées par la pauvreté et le soleil. Leur cinéma dur et épuré, cruel et parfois surréaliste et même fantastique, s'est aussi prolongé dans le documentaire avec le si bien intitulé Un autre monde est possible. De la ruralité sarde à une prison romaine, il y a chez eux, un instinct de révolte et un envie de faire exister, de montrer les fantômes d'un monde ignoré.

"Nous ne voyons pas comment nous pourrions travailler l’un sans l’autre expliquaient-ils, ajoutant "Tant que nous pourrons mystérieusement respirer au même rythme, nous ferons des films ensemble."

Vittorio a pourtant du laisser Paolo réaliser en solitaire Une affaire personnelle, sorti l'an dernier. Ils avaient écrit à quatre mains le scénario. Une histoire de résistance, encore et toujours.

Berlin 2018: Touch Me Not d’Adina Pintilie, Ours d’or et meilleur premier film

Posté par vincy, le 24 février 2018

touche me not

Le palmarès officiel de la 68e Berlinale fait la part belle aux réalisatrices: Ours d'or (et meilleur premier film toutes sections confondues) pour Adina Pintilie, Grand prix du jury pour Malgorzata Szumowska, Ours d'or du court métrage pour Ines Moldavsky, le Prix du meilleur documentaire pour Ruth Beckermann.

En déjouant les pronostics, le jury a réservé pas mal de surprises, s'assurant de créer des déceptions (notamment pour Dovlatov, qui repart avec un maigre prix, ou Utøya 22. juli (U – July 22) et In den Gangen, oubliés. Mais il colle aussi à des films déjà distingués par d'autres prix berlinois comme Las Herederas, Prix Alfred Bauer et Prix d'interprétation féminine, qui avait gagné les faveurs de la Fipresci.

Le cinéma européen, et surtout d'Europe de l'Est, et le cinéma latino-américain squattent le palmarès qui a snobé quasiment toute la sélection hollywoodienne. On notera quand même que Wes Anderson repart avec un prix de la mise en scène avec son film d'animation L'île aux chiens. Un film animé couronné par ce prestigieux prix est assez exceptionnel en soi.

Enfin, c'est un jeune acteur français, qui a quand même dix ans de carrière derrière lui, qui a raflé l'Ours d'argent dans sa catégorie pour La prière de Cédric Kahn, seul film français récompensé à Berlin cette année.

Nos pronostics et favoris dans la course à l’Ours d’or
Retour sur la compétition
Tous les prix parallèles de la 68e Berlinale
Les actualités et les films de la 68e Berlinale

Ours d'or: Touch Me Not de Adina Pintilie

Ours d'argent - Grand prix: Twarz (Mug) de Malgorzata Szumowska

Ours d'agent - Prix Alfred Bauer (Nouvelles perspectives): Las herederas de Marcelo Martinessi

Ours d'argent - meilleur réalisateur: Wes Anderson pour L'île aux chiens

Ours d'argent - meilleure actrice: Ana Brun pour Las herederas de Marcelo Martinessi

Ours d'argent - meilleur acteur: Anthony Bajon pour La prière de Cédric Kahn

Ours d'argent - meilleur scénario: Manuel Alcalá & Alonso Ruizpalacios pour Museo

Ours d'argent - contribution artistique: Elena Okopnaya pour les costumes de Dovlatov d’Alexey German Jr

Ours d'or du meilleur court métrage: The Men Behind the Wall d'Ines Moldavsky

Ours d'argent - Prix du jury (court métrage): Imfura de Samuel Ishimwe

Prix du court métrage Audi: Solar Walk de Reka Bucsi

GWFF Best First Feature Award (Premier film toutes sections confondues): Touch Me Not de Adina Pintilie
Mention spéciale: An Elephant Sitting Still de Hu Bo

Glashütte Original – Documentary Award (Documentaire toutes sections confondues): Waldheims Walzer de Ruth Beckermann
Mention spéciale: Ex Pajé (Ex Shaman) de Luiz Bolognesi

Berlin 2017: « On Body and Soul » remporte quatre prix dont l’Ours d’or

Posté par vincy, le 18 février 2017

Si l'Ours d'or a échappé à Aki Kaurismäki, qui hérite quand même du prix de la mise en scène, le palmarès de cette 67e Berlinale révèle que les favoris sont tous présents au tableau d'honneur, couronnant toute une palette de cinémas venant d'Asie, d'Amérique latine, d'Afrique ou d'Europe. Il y a peu d'impairs (nos pronostics, dans le désordre hiérarchique certes) étaient assez justes, hormis cet étrange prix Alfred Bauer à un film qui n'ouvre pas tant de perspectives et l'absence de Colo de Teresa Villaverde (qui elle aurait éventuellement mérité le prix Alfred Bauer).

La diversité était là. Mais finalement c'est On Body and Soul, film hongrois de la cinéaste Ildiko Enyedi qui l'a emporté après avoir glané le prix du jury écuménique, le prix de la critique internationale et le prix du jury des lecteurs du Berliner Morgenpost. Un grand chelem en quelque sorte pour ce film sensible qui a fait l'unanimité. Rappelons que la réalisatrice avait remporté la Caméra d'or en 1989 à Cannes pour Mon XXe siècle (Az én XX. szazadom).

Ours d'or du meilleur film: On Body and Soul, de Ildiko Enyedi
Grand prix du jury: Félicité d'Alain Gomis
Ours d'argent de la mise en scène: Aki Kaurismäki pour L'autre côté de l'espoir
Ours d'argent de la meilleure actrice: Kim Minhee dans On the beach at night alone de Hong SangSoo
Ours d'argent du meilleur acteur: Georg Friedrich dans Helle Nächte de Thomas Arslan
Ours d'argent du meilleur scénario: Una mujer fantastica de Sebastian Lelio et Gonzalo Maza
Prix Alfred-Bauer (récompensant un film ouvrant de nouvelles perspectives): Spoor d'Agnieszka Holland
Ours d'argent de la meilleure contribution artistique: Dana Bunescu pour le montage d'Ana, mon amour

Meilleur documentaire:
Istiyad Ashbah (Ghost Hunting) de Raed Andoni

Meilleur premier film:
Estiu 1993 (Summer 1993) de Carla Simon

Ours d'or d'honneur: Milena Canonero
Berlinale Kamera: Nansun Shi, Geoffrey Rush, Samir Farid

Ours d'or du meilleur court métrage:
Cidade Pequena (Small Town) de Diego Costa Amarante
Ours d'argent du meilleur court métrage:
Ensueno en la pradera d'Esteban Arrangoiz Julien

Berlinale Shorts - Audi Short Film Awards:
Street of Death de Karam Ghossein et Jin Zhi Xia Mao (Anchorage Prohibited) de Chiang Wei Liang

Panorama (prix du public)
- Meilleur film: Insyriated de Philippe Van Leeuw (2e place: Karera ga Honki de Amu toki wa (Close-Knit) de Naoko Ogigami, 3e place: 1945 de Ferenc Török)
- Meilleur documentaire: I Am Not Your Negro de Raoul Peck (2e place: Chavela de Catherine Gund et Daresha Kyi ; 3e place: Istiyad Ashbah (Ghost Hunting) de Raed Andoni)

Prix du jury écuménique
- Compétition : On Body and Soul de Ildiko Enyedi
Mention spéciale: Una mujer fantástica de Sebastian Lelio
- Panorama: Tahqiq fel djenna de Merzak Allouache
Mention spéciale: I Am Not Your Negro de Raoul Peck
- Forum: Maman Colonelle de Dieudo Hamadi
Mention spéciale: El mar la mar de Joshua Bonnetta and J.P. Sniadecki

Prix de la FIPRESCI
- Compétition : On Body and Soul de Ildikó Enyedi
- Panorama: Pendular de Julia Murat
- Forum: Shu'our akbar min el hob de Mary Jirmanus Saba

Prix CICAE du cinéma art et essai
- Panorama: Centaur de Aktan Arym Kubat
- Forum: Newton d'Amit V Masurkar

Label Europa Cinema
Insyriated de Philippe Van Leeuw

Prix Caligari
El mar la mar de Joshua Bonnetta et J.P. Sniadecki

Prix Amnesty International
La libertad del diablo d'Everardo González

Prix du jury des lecteurs du Berliner Morgenpost
On Body and Soul de Ildiko Enyedi

Prix des lecteurs du Tagesspiegel
Maman Colonelle de Dieudo Hamadi

Generation Kplus
- Crystal Bear du meilleur film: Piata lo' (Little Harbour) d'Iveta Grofova
- Mention spéciale: Amelie rennt (Mountain Miracle – An Unexpected Friendship) de Tobias Wiemann
- Crystal Bear du meilleur court métrage: Promise de Xie Tian
- Mention spéciale: Hedgehog's Home d'Eva Cvijanovic
- Grand Prix Generation Kplus du meilleur film (ex-aequo): Becoming Who I Was de Chang-Yong Moon et Jin Jeon ; Estiu 1993 (Summer 1993) de Carla Simon
- Prix spécial du jury Generation Kplus pour le meilleur court: Aaba (Grandfather) de Amar Kaushik

Compass Perspektive Award : Die Beste aller Welten d'Adrian Goiginger

Berlin 2016: Fuocoammare, Mort à Sarajevo, Mia Hansen-Love, Hedi, Lav Diaz récompensés

Posté par vincy, le 20 février 2016

La 66e Berlinale s'achève. Les jurys ont rendu leur verdict. Dans la compétition, Meryl Streep (présidente) était entourée de Lars Eidinger (acteur), Nick James (critique), Brigitte Lacombe (chef op), Clive Owen (acteur), Alba Rohrwacher (actrice) et Margorzata Szumowska (réalisatrice). Pour le jury du premier film était composé de Enrico Lo Verso (acteur), Ursula Meier (réalisatrice) et Michel Franco (réalisateur).

Avec un Ours d'or, Gianfranco Rosi réalise un doublé après son Lion d'or à Venise en 2013 pour Sacro GRA. Danis Tanovic réussit aussi un autre doublé, un deuxième Grand prix du jury berlinois, trois ans après celui de La femme du ferrailleur.

Si le cinéma européen est en force dans ce palmarès, notons les beaux prix pour le philippin Lav Diaz et le chinois Yang Chao, deux oeuvres dont l'esthétisme a été salué. Enfin, le cinéma français n'est pas en reste avec le prix de la meilleure réalisatrice pour Mia Hansen-Love, manière de signaler que les femmes existent aussi derrière la caméra, et surtout pour Hedi, le film tunisien de Mohamed Ben Attia, récompensé par deux jurys: celui pour le meilleur premier film et celui de la compétition pour son acteur.

Ours d'or (meilleur film): Fuocoammare (La mer en feu) de Gianfranco Rosi (Italie)
Ours d'argent - Grand prix du jury: Smrt u Sarajevu (Mort à Sarajevo) de Danis Tanovic
Prix Alfred Bauer pour un film qui offre de nouvelles perspectives: Hele Sa Hiwagang Hapis (Une berceuse au mystère douloureux) de Lav Diaz (Philippin)
Ours d'argent du meilleur réalisateur: Mia Hansen-Love pour L'amour (France)
Ours d'argent de la meilleure actrice: Trine Dyrholm dans La commune de Thomas Vinterberg (Danemark)
Ours d'argent du meilleur acteur: Majd Mastoura dans Hedi (Tunisie)
Ours d'argent du meilleur scénario:: Tomasz Wasilewski pour son film Zjednoczone Stany Milosci (United States of Love / Les Etats-Unis de l'amour) (Pologne)
Ours d'argent pour la meilleure contribution artistique: Le chef opérateur Mark Lee Ping-Bing pour Chang Jiang Tu (Courant contraire) de Yang Chao (Chine)

Prix du meilleur premier film (toutes sélections confondues): Inhebbek Hedi (Hedi) de Mohamed Ben Attia (Tunisie) en section Compétition - photo

Ours d'or du meilleur court métrage: Balada de um batraquio de Leonor Teles (Portugal)
Ours d'argent du court métrage - Prix du jury: A man returned de Mahdi Fleifel (Royaume Uni)
Prix Audi du meilleur court métrage: Jin Zhi Xia Mao (Anchorage Prohibited) de Chiang Wei Liang (Taiwan)

Ours d'or d'honneur: Michael Ballhaus
Berlinale Kamera: Ben Barenholtz, Tim Robbins, Marlies Kirchner

Tous les autres prix remis au Festival du film de Berlin 2016

19e Festival Télérama: une sélection inégale mais quelques incontournables à rattraper

Posté par vincy, le 30 novembre 2015

jafar panahi taxi

Le 19e Festival cinéma Télérama se déroulera du 20 au 26 janvier 2016. 16 films ont été choisis par la rédaction du magazine, et comme vous le constaterez, ils divergent sensiblement de nos goûts cette année. Disons, pour vulgariser, que cinq d'entre eux auraient pu être facilement remplaçables, mais il y a sans doute eu une logique de "grands noms". Résultat, 9 des 16 films ont été présentés au Festival de Cannes. Une domination écrasante qui n'a pas forcément laisser la porte ouverte à d'autres genres. On s'étonnera ainsi de l'absence de films asiatiques ou de documentaires. Alors que le cinéma latino-américain a été plébiscité cette année dans les grands festivals, la rédaction de Télérama a préféré un Woody Allen moyen ou un contestable Jacques Audiard. Mais, parmi cette sélection, on vous en recommande une bonne moitié, pour leur style ou les émotions qu'ils procurent.

Pour 3,5€ la place avec le pass, vous pourrez donc rattraper ces films dans plus de 300 salles de France.

Trois souvenirs de ma jeunesse- Arnaud Desplechin. Cannes 2015. ****
Mia madre-  Nanni Moretti. Cannes 2015. **
Mustang - Deniz Gamsey Ergüven. Cannes 2015. ****
Comme un avion - Bruno Podalydès. ***
Life - Anton Corbijn. Venise 2015. ***
Dheepan - Jacques Audiard. Cannes 2015 (Palme d'or). 0
Much loved- Nabil Ayouch. Cannes 2015. ***
L’Homme irrationnel- Woody Allen. Cannes 2015. **
Birdman- Alejandro Gonzalez Inarritu. Oscar du meilleur film. ***
Taxi Téhéran- Jafar Panahi. Berlin 2015 (Ours d'or). ****
Phoenix- Christian Petzold. Berlin 2015. **
Fatima- Philippe Faucon. Cannes 2015. ****
Back Home (Louder than Bombs)-  Joaquim Trier. Cannes 2015. **
Marguerite- Xavier Giannoli. Venise 2015. ***
La Loi du marché- Stéphane Brizé. Cannes 2015. ***
Phantom Boy - Alain Gagnol et J.L. Felicioli. Animation. ****

Taxi, Ours d’or 2015, en avril dans les salles françaises

Posté par vincy, le 15 février 2015

jafar panahi taxi

Taxi de Jafar Panahi, qui a reçu l'Ours d'or à Berlin et le Prix Fipresci, sera distribué en France, le 15 avril, par Memento films. La société d'Alexandre Mallet-Guy, qui a été distingué par Le Film Français jeudi soir par un Trophée de la personnalité de l'année, a distribué récemment Une séparation et Black Coal (autres Ours d'or), Ida et Winter Sleep (Palme d'or à Cannes).

En provenance de la Berlinale, Memento films a aussi acquis Que Horas Ela Volta? (The Second Mother) de la brésilienne Anna Muylaert (Prix du public et Prix des salles art et essai dans la section Panorama), qui sera distribué le 17 juin, et Big Father, Small Father and Other Stories du vietnamien Phan Dang Di, en salles vers septembre.

Memento est aussi chargé des ventes internationales de Body de Malgorzata Szumowska, Ours d'argent de la mise en scène.