Pippo Delbono en rétrospective au Centre Pompidou

Posté par vincy, le 5 octobre 2018

Du 5 octobre au 5 novembre, les Cinémas du Centre Pompidou mettront en lumière l'œuvre de Pippo Delbono, à travers une installation ("L'esprit qui ment"), une rétrospective et des performances. Il s'agit de la première rétrospective intégrale en France pour le comédien, réalisateur et metteur en scène italien.

Artiste pluridisciplinaire, créateur de sa propre compagnie au milieu des années 1980, Pippo Delbono a commencé avec des captations au Centre Pompidou dans le cadre de la manifestation Vidéodanse. Depuis 2003, il réalise également des films, qui relèvent autant du journal filmé que de la fiction. Guerra, son premier long métrage, est sélectionné à la 60ème Mostra de Venise et reçoit le prix David di Donatello (César italien) du meilleur documentaire. En 2006, il signe un film biographique, Grido. En 2009, le festival de Locarno rend un hommage important à Pippo Delbono et présente tous ses films, dont La Paura, filmé avec un téléphone portable, et Questo buio feroce, réalisés la même année. Amore Carne, en 2011, sélectionné à la 68ème Mostra et au Festival de Nyon – Visions du réel, puis Sangue, en 2013, sélectionné à DocLisboa et primé à Locarno, poursuivent son introspection itinérante, entre fiction et journal personnel. Son dernier film, Vangelo, en 2016, a été présenté à Venise dans la sélection Venice Days.

Encore largement méconnu, le cinéma de Pippo est un cinéma indépendant, intime, humaniste, iconoclaste. Il a aussi été comédien pour Bernardo Bertolucci (Moi & Toi), Peter Greenaway (Goltzius et la Compagnie du Pélican<.a>), Valeria Bruni-Tedeschi (Un château en Italie) ou encore Yolande Moreau (Henri). En parallèle Pippo Delbono proposera d'ailleurs cinq performances autour du travail avec le texte, la voix, la musique et enfin le corps en étant rejoint par les acteurs qu’il aime et avec lesquels il travaille depuis de nombreuses années, mais aussi des invités inédits tels Valeria Bruni-Tedeschi, Yolande Moreau ou encore Sophie Calle.

On l'a aussi vu dans A Tramway in Jerusalem d'Amos Gitai, sélectionné à Venise cette année, Rendez-vous à Atlit de Shirel Amitay, United Passions de Frédéric Auburtin, et Amore de Luca Guadagnino.

C'est l'intégrale cinématographique qui sera présentée à Beaubourg. Et comme pour chaque rétrospective, Pippo Delbono a également réalisé un nouveau court métrage inédit dans la cadre de la série "Où en êtes-vous?".

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L’animation en fête pendant tout le mois d’octobre

Posté par MpM, le 5 octobre 2018

C'est avec la projection en avant-première du très sensible Funan de Denis Do (le film, dont nous vous parlions à l'occasion du festival d'Annecy, sort le 13 mars 2019) que s'est ouverte la 17e Fête du cinéma d'animation organisée depuis 2002 par l'Association française du cinéma d'animation (AFCA). Une manifestation qui se poursuit tout au long du mois d'octobre avec plus de 1000 initiatives en France et à travers le monde.

Il fallait bien un événement d'une telle ampleur pour rappeler l'importance du cinéma "image par image" et en valoriser à la fois les œuvres et les auteurs. Cette grande et belle fête atteindra son apogée le 28 octobre avec la Journée mondiale du film d’animation, célébrée en souvenir de la première projection publique de bandes animées par le pionnier de l'animation Émile Reynaud en 1892.

Un prix portant son nom est d'ailleurs remis depuis 1977 à un court métrage d’animation français. Parmi les lauréats, on retrouve Michel Ocelot (Le prince et la princesse), Serge Elissalde (Le balayeur, La Vie secrète d’Emile Frout), Florence Miaïhle (Hammam, Au premier dimanche d'août), Vergine Keaton (Je criais contre la vie. Ou pour elle), Sébastien Laudenbach (avec Sylvain Derosne pour Daphnée ou la belle plante) ou encore Céline Deveaux (Le Repas dominical). Parmi les courts métrages en lice cette année, on retrouve notamment plusieurs films qui étaient à l'honneur cet été dans notre série de "rencontres animées" comme La chute de Boris Labbé, Etreintes de Justine Vuylsteker, Guaxuma de Nara Normande ou encore Le tigre de Tasmanie de Vergine Keaton. Le lauréat sera annoncé le 26 octobre au cours d'une soirée exceptionnelle au Carreau du temple.

Côté programmation, la fête proposera des courts et des longs métrages, ainsi que des programmes exclusifs et inédits articulés autour de quatre thématiques : place à l'artiste ; la petite histoire dans la grande histoire ; nos voisins fantastiques ; en chantant. L'occasion de (re)découvrir par exemple Le Tableau de Jean-François Laguionie, Le Garçon et la Bête de Mamoru Hosoda, Sita chante le blues de Nina Paley, Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet ou Le Chant de la mer de Tomm Moore.

Par ailleurs, cinq réalisateurs se déplaceront dans toute la France afin de rencontrer le public et présenter leurs films : Amélie Harrault avec Mademoiselle Kiki et les Montparnos, Joris Clerté avec La Nuit américaine d’Angélique, Olesya Shchukina avec Le Vélo de l’éléphant, Laurent Boileau avec Couleur de peau : miel, Izù Troin avec Le Bûcheron des mots. Enfin, en plus de ces nombreuses projections et rencontres, des ateliers, expositions, ciné-concerts et masterclasses seront également organisés pendant tout le mois d'octobre.

On ne saurait trop vous conseiller de profiter de la manifestation pour prendre à bras le corps les préjugés contre le cinéma d'animation et faire le plein de films passionnants et merveilleux, indispensables aux cinéphiles avertis comme aux amateurs éclairés.

Les films en lice pour le prix Emile Reynaud 2018

1 mètre/ heure de Nicolas Deveaux (Cube Créative)
La Chute de Boris Labbé (Sacrebleu productions)
Etreintes de Justine Vuylsteker (Offshore)
Guaxuma de Nara Normande (Les Valseurs)
Je sors acheter des cigarettes d'Osman Cerfon (Miyu productions)
La Nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel (Kazak productions)
Raymonde ou l'évasion verticale de Sarah Van Den Boom (Papy3D productions, JPL films)
Le Tigre de Tasmanie de Vergine Keaton (Sacrebleu productions)

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17e Fête du cinéma d'animation
Jusqu'au 31 octobre 2018
Informations et programme sur le site de la manifestation

En Pologne, le film « Kler » bat des records au box office et se transforme en polémique politique

Posté par vincy, le 5 octobre 2018

935000 spectateurs le week-end dernier pour Kler (Clergé en français) au box office polonais. Le film de sorti le 28 septembre réalisé par Wojciech Smarzowski a battu tous les records locaux depuis 30 ans, surclassant Cinquante nuances de Grey, Star Wars et n'importe quel film polonais. Cold War, primé à Cannes et représentant du pays pour les Oscars, n'a ainsi attiré "que" 755000 spectateurs au cours de sa carrière. Un phénomène d'autant plus marquant que ce drame aborde un sujet brûlant : les prêtres et la pédophilie, dans un pays encore très catholique.

Il reste encore de la marge pour battre le record de recettes historique dans le pays (Avatar, seul film à avoir dépassé les 20M$ aux box office). Mais ce devrait être le plus gros succès polonais dans le pays, record détenu par Lejdis, comédie sortie en 2008.

Le film dénonce pourtant les méthodes et les affaires d'une église omniprésente dans le champ politique polonais et à laquelle le peuple reste très attaché 40% des Polonais croient encore aux lois de l'Eglise et un peu plus vont régulièrement à la messe). Dans les débats, l'Eglise encaisse et compte sur ses relais.

Le chef du parti ultraconservateur et nationaliste (au pouvoir), Jaroslaw Kaczynski, a même parlé d'un "coup porté contre la Pologne", le chef du bureau de sécurité nationale Pawel Soloch hurle au "film de propagande odieux". Le film attise les passions dans un pays où la religion catholique est encore enseignée à l'école et où l'Eglise intervient intensément dans la politique (l'avortement est toujours interdit, le blasphème est un délit pénal).

"Tous ceux qui portent la Patrie dans leur coeur, qui aiment Dieu et la Pologne, doivent dire clairement aujourd'hui "non" à la destruction de nos valeurs nationales", a affirmé une association de journalistes catholiques, appelant au retrait d'un film profondément "anticlérical, anticatholique et antipolonais" qui "fausse" l'image de l'Eglise, rapporte l'AFP.

La vérité sur une Eglise intouchable

En s'attaquant aux crimes pédophiles des prêtres, Kler tombe à pic. Des scandales de ce genre, il y en a chaque semaine qui sont révélés du Chili aux Etats-Unis, d'Irlande à l'Allemagne, du Canada à la France. Il y a déjà eu des films sur le sujet (Sleepers, Spotlight) et le prochain Ozon, Grâce à Dieu, sera sur ce thème.

En montrant les coulisses de l'institution cléricale, le réalisateur Wojciech Smarzowski, qui a du tourner une partie de son film en République tchèque, met en lumière ce que pensent les Polonais sur la sacro-sainte Eglise. Nombreux sont ceux qui avouent que le pays a besoin de voir son Eglise en face, de comprendre cette vérité.

Le film raconte l'histoire de trois prêtres. L'un d'eux est accusé (à tort) d'actes pédophiles tandis qu'un autre utilise tout son pouvoir pour masquer ses propres "écarts". Victimes ou témoins de tels crimes dès leur enfance, c'est en fait un combat pour que le mensonge gagne sur la vérité. C'est aussi un film qui expose la corruption, l'hypocrisie, l'abus de bien social, l'alcoolisme et l'homosexualité des élites religieuses. Le cinéaste a fait relire son scénario à des membres du clergé, qui ont authentifié chacune des déviances racontées.

"Aucun réalisateur n'a jamais osé présenter une vision aussi critique de l'Eglise catholique en Pologne. Kler s'attaque ouvertement à l'Eglise et dénonce tous ses péchés cardinaux allant de cas de pédophilie, au versement d'argent par les fidèles pour accéder aux sacrements, aux appels d'offres truqués et à la démoralisation généralisée de la hiérarchie", explique Janusz Wroblewski, critique de cinéma.

Controversé, dérangeant, le film a remporté six prix au Polish Film festival dont celui du public.