Chadwick Boseman (1976-2020) : Le Black Panther d’une génération emporté par un cancer

Posté par wyzman, le 29 août 2020

La nouvelle est tombée ce matin : l'acteur principal de Black Panther est mort vendredi à Los Angeles d'un cancer du côlon, à l'âge de 43 ans.

Mort d'un super-héros

A l'affiche du premier blockbuster de Marvel porté par un super-héros noir, Chadwick Boseman s'est éteint hier dans sa maison de Los Angeles entouré de sa femme et de ses proches après avoir lutté pendant quatre ans contre un cancer. Très pudique quant à sa vie privée, il n'avait jamais évoqué ledit cancer. Dans un communiqué publié sur Twitter, sa famille affirme qu'enchaîner « d’innombrables opérations et chimiothérapies » n'a jamais changé son envie de tourner des blockbusters, bien au contraire. « C’était un vrai combattant. Chadwick a persévéré à travers tout cela » peut-on lire dans ce même communiqué qui rappelle sur le fait que « c'était l'honneur de sa carrière de donner vie au Roi T'Challa dans Black Panther ».

A l'affiche de séries telles que New York 911New York, police judiciaireLes Experts : Manhattan dans les années 2000, Chadwick Boseman a dû attendre 2016 et l'intronisation de Black Panther/T'Challa dans Captain America : Civil War pour être enfin mis sur le devant de la scène. Second couteau dans des films comme Le Pari d'Ivan Reitman ou encore Gods of Egypt d'Alex Proyas, le rôle de Black Panther en a fait une star internationale. Avec des recettes mondiales estimées à 1,346 milliard de dollars (pour un budget de 200 millions de dollars), Black Panther de Ryan Coogler demeure le film le plus rentable de 2018.

Un film qui aura bouleversé sa carrière tant la mise en scène du premier super-héros noir créé par Marvel Comics en 1966 était attendue. Dans une Amérique toujours rongée par les violences policières et le racisme systémique, Black Panther avait fait office de cultural reset à l'époque. La dépiction d'un pays africain (bien que fictif) éloignée de tous clichés et stéréotypes avait été saluée par la presse. Aux côtés de l’oscarisée Lupita Nyong’o, Angela Bassett, Forest Whitaker et Daniel Kaluuya, Chadwick Boseman avait redonné foi à toute une génération de cinéphiles en manque de représentation dans des blockbusters.

L'an dernier, on avait pu le retrouver dans un registre différent, celui d'un policier particulièrement têtu dans Manhattan Lockdown de Brian Kirk. Et au début de l'été, sa présence au casting de Da 5 Bloods de Spike Lee n'avait pas manqué de retenir l'attention du grand public.

Hommages massifs

Sur Twitter, de nombreuses personnalités ont déjà commencé à publier des messages de soutien à ses proches. Le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden parle d'un acteur qui « a inspiré des générations et leur a montré qu'ils peuvent être tout ce qu'ils veulent - même des super-héros » quand Viola Davis affirme que « ce fut un honneur de travailler à [s]es côtés ».

Ses co-stars Don Cheadle évoquent un « frère qui a toujours été lumière et amour et Chris Evans écrit : « Je suis absolument dévastée. C'est plus que déchirant. Chadwick était spécial (...) C'était un artiste profondément engagé et constamment curieux. Il lui restait encore tant de travaux étonnants à créer. Je lui suis infiniment reconnaissant de notre amitié. »

La réalisatrice Ava DuVernay conclut quant à elle : « Je vous souhaite un beau retour, Roi. Vous nous manquerez tellement. »

Netflix gonfle les salaires de Dwayne Johnson, Ryan Reynolds et Mark Wahlberg, acteurs les mieux payés en 2020

Posté par wyzman, le 13 août 2020

Une fois n'est pas coutume, le très sérieux magazine américain Forbes vient de dévoiler la liste des 10 acteurs les mieux payés de l'année. Et force est de constater que la plateforme de streaming Netflix est pour beaucoup dans l'ordre de ce classement !

Une histoire de gros sous

Peu de surprise à la lecture de ce classement, Dwayne "The Rock" Johnson est toujours au sommet avec pas moins de 87,5 millions de dollars touchés au cours des douze derniers mois. S'il perd 1,9 million de dollars en un an, cette somme considérable s'explique notamment par un chèque de 20 millions de dollars signé par Netflix pour la comédie d'action Red Notice attendue pour 2021. Ryan Reynolds suit avec 71,5 millions de dollars liés aux films 6 Underground... et le fameux Red Notice de Rawson Marshall Thumber (le réalisateur de Les Miller, une famille en herbe et Skyscraper) — deux films distribués par Netflix et pour lesquels il a touché plus de 20 millions de dollars.

Mark Wahlberg leur emboîte le pas avec 58 millions de dollars touchés en 2020. La raison ? Le film de Netflix Spenser Confidential a fait un véritable carton pendant le confinement et les docu-séries McMillions et Wahl Street qu'il produit sont deux mines d'or. En quatrième position, Ben Affleck fait un retour tonitruant (55 millions de dollars) grâce à ses cachets sur The Way Back (Warner Bros.) et The Last He Wanted (Netflix). Vin Diesel est cinquième avec 54 millions de dollars. Le neuvième volet de la saga Fast & Furious a certes été repoussé à l'été 2021 mais ça ne l'a pas empêché de s'improviser producteur de la série de Netflix (!) Fast & Furious Spy Races.

Seul acteur issu de Bollywood de cette liste, Akshay Kumar aurait perçu 48,5 millions de dollars cette année grâce à de juteux contrats de sponsoring. Mais en attendant qu'il débarque sur nos grands écran, il travaille sur sa première série pour Amazon Prime : The End. Lin-Manuel Miranda est septième avec 45,5 millions de dollars grâce à la vente des droits de la comédie musicale Hamilton à Disney (pour pas moins de 75 millions de dollars) et il devrait voir son salaire gonfler avec la sortie au cinéma de l'adaptation de son autre comédie musicale In the Heights.

Will Smith est huitième avec 44,5 millions de dollars. Ces revenus sont générés par son cachet obtenu pour King Richard (un film centré sur le père des athlètes Serena et Venus Williams), sa série pour Snapchat et du sponsoring sur Instagram. Après avoir longtemps été l'atout secret des studios américains pour faire exploser une comédie sans grande envergure, Adam Sandler doit désormais se contenter de la neuvième place et de 41 millions de dollars gagnés cette année. Suite au succès de Murder Mystery, Netflix lui a fait signer un contrat concernant pas moins de quatre autre films. Ou comment mettre un sacré paquet de beurre dans ses pâtes ! Enfin, Jackie Chan et ses 40 millions de dollars referment ce classement. Après avoir tourné dans pas moins de cinq films l'an dernier, la star de notre enfance continue de toucher gros grâce à d'énormes contrats de pure promotion.

Alan Parker (1944-2020), le réalisateur de Midnight Express tire sa révérence

Posté par wyzman, le 31 juillet 2020

Ce vendredi, le British Film Institute a confirmé la mort d’Alan Parker, des suites d’une longue maladie.

Nommé deux fois aux Oscars dans la catégorie meilleur réalisateur pour Midnight Express (1978) et Mississippi Burning (1988), ce cinéaste né à Londres laisse derrière lui une oeuvre des plus éclectiques. Passionné par les comédies musicales, le compositeur-scénariste et producteur était connu pour les incontournables Bugsy Malone, Fame, Pink Floyd the Wall, The Commitments et Evita.

Au cours de sa carrière, Alan Parker a remporté dix-neuf BAFTA, dix Golden Globes et six Oscars. Il a été nommé Commander of the Order of the British Empire pour ses services rendus à l'industrie cinématographique britannique et était l'un des membres fondateurs de la Directors Guild of Great Britain. Les étudiants d’écoles de cinéma ont pu le croiser lors de multiples conférences. En 2013, il recevait le BAFTA Academy Fellowship Award, la plus haute distinction que la British Film Academy puisse décerner à un cinéaste tandis que ses archives personnelles ont confiées aux Archives nationales du British Film Institute en 2015.

  • 1976 : Du rififi chez les mômes (Bugsy Malone)
  • 1978 : Midnight Express
  • 1980 : Fame
  • 1982 : Pink Floyd: The Wall
  • 1984 : Birdy
  • 1988 : Mississippi Burning
  • 1996 : Evita

Vincent Dedienne : Les tribulations d’un amoureux des tribus

Posté par vincy, le 27 juillet 2020

On l'attend dans son nouveau spectacle en solo pour 2021, sept ans après "S'il se passe quelque chose", qui l'avait révélé. Vincent Dedienne a surtout mis sa notoriété (y compris cathodique avec "Quotidien" sur TMC) au service du théâtre: "Le Jeu de l'amour et du hasard" de Marivaux, "Callisto et Arcas" de Ovide, le plus barré "Ervart ou les derniers jours de Frédéric Nietzsche" de Hervé Blutsch et "La Carpe et le Lapin", un cadavre exquis de Catherine Frot et lui-même, brutalement interrompu par le confinement en mars.

Au cinéma, il sera à l'affiche de trois films cette année. Tout commence ce mercredi avec Terrible jungle d'Hugo Bénamozig et David Caviglioli. Il y est Eliott, jeune chercheur naïf, qui part étudier les Otopis, un peuple mystérieux d’Amazonie (le film a été tourné à La Réunion). C’est aussi l’occasion pour lui de s’éloigner de l’emprise de sa mère, la possessive Chantal de Bellabre (Catherine Deneuve, trop contente de rejouer sous les tropiques, et en plus avec des jeunes). Mais celle-ci, inquiète pour lui, décide de partir à sa recherche en s’aventurant dans l’étrange forêt amazonienne avec un guide pas vraiment doué (Jonathan Cohen). C'est du pur pop corn à la française, mais ici l'humour est absurde et un brin décalé, et les comédiens excellent à incarner cette dérision.

Dans moins d'un mois, on le croisera en fermier bio dans Effacer l'historique, primé à Berlin, réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern, avec Blanche Gardin, Denis Podalydès, Corinne Masiero. Là il n'a qu'un petit rôle.

Et en attendant A Good Man de Marie-Castille Mention-Schaar le 3 mars 2021, sélectionné à Cannes 2020 et avec Noémie Merlant et Soko, on retrouvera Vincent Dedienne dans Parent d'élève, de Noémie Saglio, avec Camélia Jordana, Héléna Soubeyrand, Anne Charrier et Samir Guesmi. Cette fois-ci, il incarne un trentenaire sans enfant qui infiltre la tribu des parents d’élèves. Se retrouver aux réunions parents-prof, aux sorties d’école et à la kermesse de fin d’année relève d’un sacré exploit !

Autant en emporte Olivia de Havilland (1916-2020)

Posté par vincy, le 26 juillet 2020

104 ans. Elle était la doyenne du 7e art. Olivia de Havilland, née le 1er juillet 1916 à Tokyo (Japon), est morte le 25 juillet à Paris, où elle résidait depuis 1953. « Les Français sont très indépendants, intelligents, bien éduqués et créatifs. Ce sont des gens qui expriment leurs sentiments. Ils sont vivaces. Bref, ils sont celtes » justifiait-elle pour expliquer sa migration définitive dans la capitale.

Cinq fois nommée à l’Oscar et deux fois gagnante pour A chacun son destin en 1946, un mélo où elle se vieillit, et L’Héritière en 1950, en épouse timide et vengeresse, prix d’interprétation à Venise pour La fosse aux serpents en 1949, où elle est schizo et démente, l’actrice britannico-franco-américaine avait été révélée au monde entier avec le personnage de la douce et bienveillante Mélanie dans Autant en emporte le vent en 1939. Elle fut aussi la première femme à présider le jury de Cannes.

La sœur (et rivale) de Joan Fontaine, autre actrice hollywoodienne légendaire, avait une beauté fragile et une diction presque aristocrate. C’est avec des personnages sympathiques , vulnérables, qu’elle a forgé sa carrière d’actrice, même si, de temps à autres, elle se fourvoyait dans des rôles plus sombres et ambigües. « J’ai toujours eu plus de chance avec les rôles de gentilles parce qu’ils demandaient davantage de travail que ceux de méchantes » disait-elle. Avant de devenir de faire face à Vivien Leigh en Scarlett O’Hara, Olivia de Havilland a conquis le cœur de l’Amérique avec des films de divertissement populaire, aux côtés de son partenaire Errol Flynn, avec qui elle a joué huit films entre 1938 et 1943 dont Les aventures de Robin des bois.

Dans les années 1940, elle devient incontournable, et l’une des meilleures actrices de sa génération. De 1935 à 1988, elle tourne cependant plus rarement que de nombreuses de ses consœurs. Outre les Michael Curtiz (Capitaine Blood, La charge de la brigade légère, Robin des bois, La poste de Santa Fe…), elle est mise en lumière par des cinéastes majeurs comme John Huston (L’amour n’est pas en jeu), Raoul Walsh (La charge fantastique, The Strawberry blonde), William Wyler (L’héritière, avec le sublime Montgomery Clift), Stanley Kramer (Pour que vivent les hommes), Robert Aldrich (le jouissif Chut… chut, chère Charlotte, avec Bette Davis), Henry Koster (Ma cousine Rachel). Sur la fin de sa carrière, elle se concentre sur des seconds-rôles dans des grosses productions (Airport 77, Le cinquième mousquetaire) et pour le petit écran.

Durant trois décennies, Olivia de Havilland et son visage angélique et charmant ont souvent été associés à des films de qualité. S’il manque un grand chef d’œuvre à sa filmographie (à l’inverse de sa sœur qui croise deux grands films d’Hitchcock), il y a peu de fautes de goût. Surtout son jeu s’est étoffé au fil des ans et sa palette assez vaste la conduisent au firmament, aux côtés de Katharine Hepburn, son amie Bette Davis ou encore Jennifer Jones. Elle vacille ainsi du côté d’un registre plus tragique. Paradoxalement, au sommet de son art dans les années 1950, elle tournera moins, et s’effacera lentement de l’affiche. Au total, à peine 50 films avec son nom au générique, mais des rôles de femmes fortes et des récits dans tous les genres, du cape et d’épée au film catastrophe en passant par le western. Jusqu’à sa splendide et mystérieuse dualité qu’elle offre dans La double énigme de Robert Siodmak où elle joue deux sœurs jumelles, l’une criminelle, l’autre innocente.

Il faut dire qu’elle était une femme de tête. Ne supportant plus les rôles qu’on lui proposait, elle les refusait un à un. La Warner avait abusivement suspendu son contrat. Plutôt que de se laisser faire, la star décida d’entrer en guerre. Olivia de Havilland avait une détermination sans faille pour protéger sa vie privée, mais aussi pour poursuivre judiciairement les studios à qui elle fit de nombreux procès, farouchement défenseuse de sa liberté et de ses droits. Contre la Warner, elle gagne et cette bataille au prétoire aboutit à une nouvelle loi sur les contrats entre acteurs et producteurs. L'arrêt fait toujours jurisprudence dans le Code du travail californien sous le nom de De Havilland Law. De quoi mériter sa standing ovation dans une de ses dernières apparitions aux Oscars au début des années 2000.

Sur la fin de son existence, elle préférait écrire, le seul art dont elle ne se lassait pas. La longévité était son seul défi. « Chaque anniversaire est une victoire » disait-elle. Elle a fêté le dernier il y a un peu plus de trois semaines.

Venise 2020: Tilda Swinton et Ann Hui à l’honneur

Posté par vincy, le 20 juillet 2020

Venise fait comme si de rien n'était. Les festivals sont de plus en plus virtuels voire annulés (Telluride par exemple). les grosses sorties reportées (dernière en date, Tenet, désormais hors calendrier). Mais la Mostra continue d'y croire malgré une pandémie de Covid-19 toujours intense sur la planète.

Toujours est-il que pour cette 77e Mostra, Alberto Barbera a choisi ses deux Lions d'or d'honneur pour l'ensemble de leur carrière: l'actrice britannique Tilda Swinton, actuellement en tournage à Madrid avec Pedro Almodovar (photo), et la réalisatrice hongkongaise Ann Hui.

Tilda Swinton, 59 ans, est "unanimement reconnue comme une des interprètes les plus originales et les plus intenses à s'être fait connaître à la fin du siècle dernier", a expliqué dans son communiqué le directeur de la Mostra, Alberto Barbera. Oscarisée pour Michael Clayton, deux fois Teddy Award à Berlin, meilleure actrice européen pour We need to talk about Kevin, et prix d'interprétation à Venise pour Edward II en 1991, Tilda Swinton est l'un des actrices les plus éclectiques dans les genres, mais aussi les plus fidèles à ses cinéastes (Jarmusch, Anderson, Guadagnino...). Elle sera à l'affiche cet automne de The French Dispatch et de The Personal History of David Copperfield.

"Ann Hui est une des réalisatrices les plus appréciées, prolifiques et polyvalentes du continent asiatique", a rappelé Alberto Barbera. Elle a commencé comme assistante de réalisation auprès du maître du cinéma d'arts martiaux King Hu. Figure fondatrice de la Nouvelle vague hongkongaise, elle a déjà réalisé 26 longs métrages de fiction (notamment Nu ren si shi, son plus grand film) et deux documentaires. Lauréates des principaux prix majeurs en Asie (dont 7 fois le prix du meilleur cinéaste aux oscars hongkongais), elle aussi obtenu deux prix à Berlin (dont une Berlinale Camera pour son œuvre) et quatre prix parallèles à Venise pour Une vie simple en 2011

Ryan Gosling et Chris Evans pour lancer une nouvelle franchise sur Netflix

Posté par vincy, le 18 juillet 2020

Malgré le coronavirus et l'arrêt de l'exploitation dans de nombreux marchés majeurs, Hollywood prépare quand même l'après-crise. Enfin Netflix surtout, qui est le grand vainqueur du confinement mondial. La plateforme va investir 200M$ dans The Gray Man, adaptation de la série de best sellers de Mark Greaney. L'auteur est connu pour avoir été un collaborateur de Tom Clancy, et a d'ailleurs repris la série Jack Ryan pendant un temps. Les dix romans d'espionnage de The Gray Man sont inédits en français.

A l'origine Christopher MacQuarrie avait pris une option sur ce projet il y a quatre ans.

Finalement, le film sera réalisé par Joe et Anthony Russo (Avengers), avec un match au sommet entre Chris Evans (Captain America) et Ryan Gosling. Ce dernier incarnera un ancien agent de la CIA devenu tueur à gages, poursuivi par un ancien collègue devenu justicier (Evans). Dans le style des Jason Bourne, les réalisateurs imaginent une grosse franchise à plusieurs épisodes, avec Gosling au centre de la saga.

Le tournage est prévu pour le début 2021.

Un adieu sur la pointe des pieds pour Zizi Jeanmaire (1924-2020)

Posté par vincy, le 17 juillet 2020

Zizi Jeanmaire, figure emblématique de la culture française des années 1940 aux années 1990, est morte à l'âge de 96 ans. D'abord danseuse classique, elle introduira avec le chorégraphe Roland Petit de la danse moderne. Son physique fluet androgyne , avec sa coupe à la garçonne et sa souplesse, en font une Carmen (le ballet de Bizzet) au succès mondial dès 1949.

Avec sa gouaille, elle devient aussi chanteuse, puis meneuse de revue et même actrice puisque Howard Hugues l'enrôle pour un film de Charles Vidor, Hans Christian Andersen et la danseuse (1952). Elle tournera peu mais sera remarquée dans Quadrille d'amour de Robert Lewis, Folies Bergères d'Henri Decoin et Guinguette de Jean Delannoy avant de faire une ultime apparition dans Les collants noirs de Terence Young.

Des chansonniers au music-hall, de l'Olympia au Zénith, des Opéras aux Théâtres, de Gainsbourg ("Elisa") au légendaire Truc en plumes, elle est passé par les univers de Raymond Queneau, Brigitte Fontaine, Irma la douce, Marcel Aymé et bien sûr Michel Legrand en jazzman pré-Demy... Zizi Jeanmaire a joué Feydeau et de l'opérette, a porté du Saint Laurent pour sa revue à l'Alhambra (avec son fameux truc en plumes), et a finalement été un peu boudée par le cinéma. Un gros acte manqué pour l'une de nos étoiles les plus douées et les plus iconoclastes.

Jean-Pierre et Luc Dardenne, Prix Lumière 2020

Posté par vincy, le 16 juillet 2020

Il fallait s'y attendre un jour: les frères Dardenne, deux fois Palme d'or à Cannes, pour Rosetta et L'enfant, recevront le prestigieux prix Lumière 2020. C'est la première fois que des cinéastes francophones reçoivent la distinction créée en 2009. Ils succèdent à Francis Ford Coppola.

La 12e édition du festival Lumière se déroulera à Lyon du samedi 10 au dimanche 18 octobre 2020.

Réalisateurs de 11 longs métrages de fiction, de six documentaires et producteurs d'une trentaine de films (dont Le couperet de Costa-Gavras, L'exercice de l'Etat de Pierre Schoeller, La Part des anges de Ken Loach, Au-delà des collines de Cristian Mungiu et De rouille et d'os de Jacques Audiard), Jean-Pierre et Luc Dardenne ont été de multiples fois distingués en Europe, notamment avec David di Donatello, un European Award, un prix Robert Bresson à Venise et surtout deux Palmes d'or, un grand prix du jury, un prix de la mise en scène et un prix du scénario à Cannes.

Humanisme et néo-réalisme

"Les frères Dardenne ont empreint le cinéma contemporain de leur regard puissant et immédiatement reconnaissable. Une poétique de la réalité poussée à son paroxysme, qui fait écho à leur origine de cinéastes-documentaristes. Ils viennent d’un pays, la Belgique, extraordinairement actif et productif dans l’histoire du cinéma, ils sont célébrés sur la scène internationale et admirés par leurs collègues (...), il est temps de célébrer l’œuvre de Jean-Pierre et Luc Dardenne pour ce qu’elle est : humaine, forte, engagée, tournée vers la jeune génération et criante de vérité" explique le festival lyonnais.

"Nous sommes très honorés de recevoir ce Prix Lumière 2020, ont déclaré Jean-Pierre et Luc Dardenne. Pour nous, deux frères cinéastes, ce prix recèle une émotion particulière. Il nous met en contact avec la fraternité originelle du cinéma, avec les deux frères qui ont filmé pour la première fois des corps, des visages d’hommes et de femmes, d’ouvriers et d’ouvrières sortant de leurs ateliers. Plus d’un siècle après, nous filmons des corps, des visages qui sont les descendants de ceux filmés par les frères Lumière et nous essayons chaque fois de les filmer comme si c’était la première fois. Ce sera magnifique de recevoir ce Prix dans le cadre du festival qui fait dialoguer, comme nulle part ailleurs, le patrimoine mondial du cinéma et le public d’aujourd’hui."

Morale et misérables

Emilie Dequenne, Olivier Gourmet, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Déborah François, Arta Dobroshi, Idir Ben Addi, Cécile de France, Marion Cotillard, Adèle Haenel: le cinéma des Dardenne est un cinéma de corps et de visages, de précision théâtrale et de regard social. Il y a chez eux une volonté de montrer les marginaux, les déclassés, les éclopés, les misérables de notre temps. Ils "résistent à leur manière, violemment, maladroitement, tendrement. Les deux frères cinéastes le font avec brio, avec talent, avec une attention à la morale des choses, nous faisant découvrir d’immenses acteurs et nous prouver que ce que l’on regarde, surtout si on le fait avec cette humanité, compte autant que le regard lui-même" a souligné Bertrand Tavernier.

Rosetta (1999) reste leur plus grand succès en France avec plus de 700000 entrées, devant Le gamin au vélo (2011) et Deux jours, une nuit (2014), tous deux au-dessus des 500000 spectateurs.

Il était une fois Ennio Morricone (1928-2020)

Posté par vincy, le 6 juillet 2020

Ennio Morricone est mort le 6 juillet 2020 à l'âge de 91 ans. Compositeur, producteur et chef d'orchestre italien, il était l'un des plus grands musiciens du cinéma, composant des thèmes devenus des classiques, primés un peu partout dans le monde.

Prolifique depuis les années 1960, il naviguait entre les cinémas américains, italiens et français. Il y a évidemment sa collaboration légendaire avec Sergio Leone (Pour une poignée de dollars, Il était une fois dans l'Ouest, Le Bon, la Brute et le Truand, Il était une fois en Amérique), mais aussi les musiques de Salò ou les 120 Journées de Sodome , 1900, Les Moissons du ciel, Mission, Les Incorruptibles, Cinéma Paradiso, Le Professionnel, Attache-moi, Inglorious Basterds et Les Huit Salopards, qui lui vaudra son deuxième Oscars, après celui d'honneur en 2007, après cinq nominations infructueuses.

Trois fois nommé aux César, six fois récompensé aux British Awards, une fois distingué par les Grammy Awards, trois fois primé aux Golden Globes, neuf fois consacré par les Donatello italiens, et un Lion d'or d'honneur à Venise parmi les multiples prix pour l'ensemble de sa carrière: Morricone était assurément l'un des grands noms de la musique de films, avec ses envolées mélancoliques et lyriques, sensibles et puissantes.

Immense légende du cinéma, trompettiste de formation, directeur d'orchestre, il aura navigué du contemporain au classique, sachant manier à la perfection trois accords entêtant avec toutes sortes d'instruments et de son. « Ennio Morricone l’empereur de la musique au cinéma, un harmonica, des rythmes, mélodies, instruments inattendus, des trilles, 3 notes faciles à retenir, la prodigalité de ses partitions », a réagi sur Twitter Gilles Jacob, ancien directeur du Festival de Cannes.