La nouvelle est tombée ce matin : l'acteur principal de Black Panther est mort vendredi à Los Angeles d'un cancer du côlon, à l'âge de 43 ans.
Mort d'un super-héros
A l'affiche du premier blockbuster de Marvel porté par un super-héros noir, Chadwick Boseman s'est éteint hier dans sa maison de Los Angeles entouré de sa femme et de ses proches après avoir lutté pendant quatre ans contre un cancer. Très pudique quant à sa vie privée, il n'avait jamais évoqué ledit cancer. Dans un communiqué publié sur Twitter, sa famille affirme qu'enchaîner « d’innombrables opérations et chimiothérapies » n'a jamais changé son envie de tourner des blockbusters, bien au contraire. « C’était un vrai combattant. Chadwick a persévéré à travers tout cela » peut-on lire dans ce même communiqué qui rappelle sur le fait que « c'était l'honneur de sa carrière de donner vie au Roi T'Challa dans Black Panther ».
A l'affiche de séries telles que New York 911, New York, police judiciaire, Les Experts : Manhattan dans les années 2000, Chadwick Boseman a dû attendre 2016 et l'intronisation de Black Panther/T'Challa dans Captain America : Civil War pour être enfin mis sur le devant de la scène. Second couteau dans des films comme Le Pari d'Ivan Reitman ou encore Gods of Egypt d'Alex Proyas, le rôle de Black Panther en a fait une star internationale. Avec des recettes mondiales estimées à 1,346 milliard de dollars (pour un budget de 200 millions de dollars), Black Panther de Ryan Coogler demeure le film le plus rentable de 2018.
Un film qui aura bouleversé sa carrière tant la mise en scène du premier super-héros noir créé par Marvel Comics en 1966 était attendue. Dans une Amérique toujours rongée par les violences policières et le racisme systémique, Black Panther avait fait office de cultural reset à l'époque. La dépiction d'un pays africain (bien que fictif) éloignée de tous clichés et stéréotypes avait été saluée par la presse. Aux côtés de l’oscarisée Lupita Nyong’o, Angela Bassett, Forest Whitaker et Daniel Kaluuya, Chadwick Boseman avait redonné foi à toute une génération de cinéphiles en manque de représentation dans des blockbusters.
L'an dernier, on avait pu le retrouver dans un registre différent, celui d'un policier particulièrement têtu dans Manhattan Lockdown de Brian Kirk. Et au début de l'été, sa présence au casting de Da 5 Bloods de Spike Lee n'avait pas manqué de retenir l'attention du grand public.
Hommages massifs
Sur Twitter, de nombreuses personnalités ont déjà commencé à publier des messages de soutien à ses proches. Le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden parle d'un acteur qui « a inspiré des générations et leur a montré qu'ils peuvent être tout ce qu'ils veulent - même des super-héros » quand Viola Davis affirme que « ce fut un honneur de travailler à [s]es côtés ».
Ses co-stars Don Cheadle évoquent un « frère qui a toujours été lumière et amour et Chris Evans écrit : « Je suis absolument dévastée. C'est plus que déchirant. Chadwick était spécial (...) C'était un artiste profondément engagé et constamment curieux. Il lui restait encore tant de travaux étonnants à créer. Je lui suis infiniment reconnaissant de notre amitié. »
La réalisatrice Ava DuVernay conclut quant à elle : « Je vous souhaite un beau retour, Roi. Vous nous manquerez tellement. »
Le pitch:Natasha Romanoff, alias Black Widow, voit resurgir la part la plus sombre de son passé pour faire face à une redoutable conspiration liée à sa vie d’autrefois. Poursuivie par une force qui ne reculera devant rien pour l’abattre, Natasha doit renouer avec ses activités d’espionne et avec des liens qui furent brisés, bien avant qu’elle ne rejoigne les Avengers.
Le cast: Réalisé par Cate Shortland, avec Scarlett Johansson, Florence Pugh, David Harbour, Rachel Weisz, William Hurt.
L'atout: Ce sera le premier Marvel à sortir depuis la fin des Avengers. Drôle de sortie, reportée pour cause de covid, et qui a décalé l'ensemble du programme du studio. Black Widow c'est aussi un prequel très attendu par les fans du personnage incarné par Scarlett Johansson, pourtant bien morte dans Avengers: Endgame. Une manière de ressusciter l'un des super-héros les plus populaires de la franchise et de mettre en lumière la seule star qui n'avait pas eu son film en solo. Ce sera pour Scarlett un gros test de popularité perso. Et pour Disney un enjeu financier majeur.
Reset. L'univers Avengers est achevé. Et Natasha Romanoff aka Black Widow s'était sacrifiée. Pourtant, nous la retrouvons dans ce premier film du nouveau cycle Marvel. Une manière de tester la "vista" de Kevin Feige avec une super-héroïne qui méritait son film depuis longtemps.
Druk de Thomas Vinterberg
Ce sont les retrouvailles du réalisateur danois avec Mads Mikkelsen, huit ans après La chasse. Ce drame autour de l'alcool, et de ses conséquences, s'il devait être présenté dans un grand festival, devrait décourager certains de finir la soirée bourrés.
Annette de Leos Carax
Un projet forcément excitant sur le papier. D'abord parce Leos Carax est l'un des cinéastes les plus singuliers et audacieux. Ensuite parce qu'il réunit Adam Driver et Marion Cotillard. Enfin, pour son premier film en anglais, il réalise un musical autour du couple, sur des chansons des Sparks.
Nomadland de Chloe Zhao
Bien sûr, la réalisatrice de The Rider est attendue pour un gros blockbuster, Les Eternels, made in Marvel. Mais c'est son autre film, Nomadland que l'on attend le plus, avec Frances McDormand. Un drame entre road-movie et crise économique, bref une autre facette de l'Amérique.
Eté 84 de François Ozon
Ozon nostalgique? Le voici qui livre un teen-movie dans une station balnéaire en Normandie durant les années 1980, où un ado se révèle à lui-même. Melvil Poupaud, Valeria Bruni Tedeschi, Benjamin Voisin, Philippine Velge et celui qui sera le centre du film, Félix Lefebvre sont au générique.
Stillwater de Tom McCarthy
Après l'Oscar du meilleur film pour Spotlight, le réalisateur s'oriente vers une nouvelle aventure, qu'il a scénarisé par Jacques Audiard, Thomas Bidegain et Noé Debré. Matt Damon incarnera un père qui doit aller en France pour aider sa fille, arrêtée pour meurtre.
Peninsula de Yeon Sang-ho
Quatre ans après avoir pris le Dernier train pour Busan, le virus zombie s'est répandu à travers la Corée. Yeon Sang-ho veut faire de cette suite surprise une extension de l'univers. Cela se passe après les événements de Busan, mais pas avec les mêmes personnages.
The French Dispatch de Wes Anderson
Autant dire qu'on est un peu surexcité à l'idée de cette histoire française par le plus stylé des cinéastes américains. Surtout que le casting de ce scénario-puzzle réunit Timothée Chalamet, Léa Seydoux (qui avec le James Bond et le Dumont s'offre une belle année), Tilda Swinton, Saoirse Ronan, Benicio Del Toro, Frances McDormand, Kate Winslet et Bill Murray.
#Jesuislà d'Eric Lartigau
Si on devait retenir une comédie populaire françaie, ce serait celle-là. Parce q'Alain Chabat (et Blanche Gardin). Parce que la Corée du sud. Parce que Lartigau, comme Nakache/Toledano, maîtrise généralement bien ses scénarios.
Mort sur le Nil de Kenneth Branagh
Le film d'énigme redevient à la mode. En reprenant la moustache et l'accent belge d'Hercule Poirot, Branagh (qui réalise aussi Artemis Fowl cette année), s'offre de nouveau Agatha Christie et un casting chic (Gal Gadot, Armie Hammer, Annette Bening, Tom Bateman, Letitia Wright , Sophie Okonedo, Jennifer Saunders, Ali Fazal...) pour rebooter ce classique policier.
Les années se suivent et se ressemblent. Depuis 2010, Disney a dominé le box office nord américain annuel sept fois dont les trois dernières années grâce à Pixar, Star Wars et Marvel. Cette année, on prend peu de risques à se dire que l'année terminera sur le triomphe de La Reine des neiges 2, Star Wars épisode IX ou le dernier Avengers qui surclasse tout le monde pour le moment. La domination en 2019 est indéniable: les quatre premières places du box office avec Avengers:Endgame, Le Roi Lion, Toy Story 4, Captain Marvel (et un peu plus loin Aladdin dans le Top 10. Toutes les licences du groupe cartonnent. Disney c'est 40% des recettes en salles en Amérique du nord.
Dans le monde, sept films ont dépassé le milliard de dollars de recettes, dont cinq sont distribués par le groupe. La domination est totale. Maléfique 2 s'offre même une place dans le Top 15, effaçant le semi-échec de Dumbo. Moins de sorties, mais elles cartonnent toutes ou presque.
Une entrée sur cinq est pour Disney en France
La France ne fait pas exception. Le groupe s'arroge une part de marché de 22%. Une entrée sur cinq est pour Disney. Le plus gros succès de l'année c'est Le Roi Lion. Trois des cinq plus gros succès sont des films du groupe. Ils sont 8 dans le Top 20 (tous au dessus de 2 millions d'entrées).
Ce n'est pas terminé puisque, aux USA, Star Wars est déjà le film le plus demandé pour les fêtes si on prend en compte les achats de tickets pré-réservés. Et La Reine des Neige 2 est deuxième, battant tous les records, déjà détenus par les films d'animation de Disney (remakes en "prises de vues réelles" inclus).
En rachetant Pixar, Marvel et Star Wars au prix fort, puis la Fox en début d'année, Disney n'a quasiment plus de concurrents. Enfin presque. Warner Bros a prouvé qu'elle pouvait jouer à jeu égal côté comics avec le Joker. Universal peut compter sur la franchise Jurassic Park/Jurassic World. Et Sony a Spider-Man. Mais aucun groupe n'a la panoplie de blockbusters/franchises de Disney.
10 millions d'abonnés à Disney +
En se lançant la semaine dernière sur le marché du streaming avec Disney +, elle affronte désormais Netflix sur un créneau plus familial et en voulant séduire les fans des sagas propriétaires. Fort de son catalogue et de quelques nouveautés, Disney + a annoncé hier avoir eu déjà 10 millions d'abonnés aux USA (ça reste six fois moins que Netflix sur les Etats-Unis). Le réchauffement climatique a pris cher avec une demande plus forte que prévue, qui a même provoqué un bug paralysant le système. Disney + vise de 60 à 90 millions d'abonnés d'ici cinq ans aux USA. La plateforme sera lancée en Europe fin mars.
D'un côté, on peut être admiratif de cette industrialisation du divertissement, qui conquiert toute la planète (hormis la Chine, puisque le plus gros succès n'est que 14e du box office annuel). De l'autre, on peut s'agacer d'une telle emprise de l'empire sur le cinéma.
Scorsese attaque
On a beaucoup glosé sur les propos de Martin Scorsese à propos des films Marvel. "J’ai dit que j’avais essayé d’en regarder quelques uns et qu’ils n’étaient pas pour moi, qu’ils me semblaient plus proches des parcs d’attraction que des films tels que je les ai connu et aimé au cours de ma vie, et qu’au final je ne pensais pas que c’était du cinéma." A-t-il vraiment tort? Bien sûr qu'il y a de bons films dans l'écurie Marvel (Thor: Ragnarok, Black Panther...). Or, ce qu'il dit est ceci : "Le fait que les films eux-mêmes ne m’intéressent pas relève du goût personnel et du tempérament. Je sais que si j’étais plus jeune, si j’avais grandi plus tard, je serais sans doute excité par ces films, et peut-être que j’aurais envie d’en réaliser un moi-même. Mais j’ai grandi quand j’ai grandi et j’ai développé un sens des films (ce qu’ils étaient et ce qu’ils pouvaient être) aussi éloignés de l’univers Marvel que ne peut l’être la Terre par rapport à Alpha du Centaure."
Notre culture du cinéma se forge avec les films que l'on va voir. Dans les années 1980, on pouvait mettre Le dernier empereur de Bernardo Bertolucci ou L'Ours de Jean-Jacques Annaud en couverture des magazines de cinéma. Des films comme Le nom de la rose, Out of Africa, Amadeus attiraient près de 5 millions de spectateurs (ce que peu d'adaptations de comics réussissent). Hormis Indiana Jones, les Belmondo et Star Wars, il n'y avait aucune franchises qui dépassaient les 4 millions d'entrées. Les années 1990 ont sensiblement connu le même faste pour la diversité du cinéma (y compris américain). Les cinéastes étaient les stars, voire des marques, à l'instar d'Hitchcock.
Les auteurs en perdition
Ces cinéastes n'ont pas disparu. Prenons la définition de Scorsese: "le cinéma était une histoire de révélation (révélation esthétique, émotionnelle et spirituelle). Il s’agissait de personnages, de la complexité des gens et leurs contradictions, et parfois leurs natures paradoxales, la façon dont ils peuvent se blesser et s’aimer les uns les autres et se retrouver soudainement face à eux-mêmes." On peut coller à cette définition des noms comme Pedro Almodovar, Ken Loach, Bennett Miller, Paul Thomas Anderson, Steve McQueen, Wes Anderson, Hirokazu Kore-eda, Bong Joon-ho... Mais force est de constater, qu'ils dépassent rarement les deux millions d'entrées en France et les 30M$ de recettes aux USA.
En revanche, la définition de Scorsese ne correspond en effet pas trop aux films Marvel (mais davantage à Star Wars ou aux Pixar ou même à La Reine des neiges 2), dont les relations interpersonnelles sont assez superficielles le plus souvent, toujours très chastes, et prévisibles à coup sûr. Divertir n'est pas le problème. Spielberg en a toutes les compétences. Hitchcock savait très bien le faire. Bong Joon-ho maîtrise parfaitement l'alliage entre récit, discours et formalisme sans ennuyer le spectateur.
"60 ou 70 ans plus tard, on regarde toujours ses films en s’émerveillant. Mais est-ce qu’on y retourne pour les frissons et les chocs ? Je ne le pense pas. Les décors de La Mort aux trousses sont incroyables, mais ils ne seraient qu’une succession de compositions dynamiques et élégantes et de coupes sans les émotions douloureuses qui sont au centre de l’histoire ou l’absolu perdition du personnage de Cary Grant" explique Scorsese. Ce qui pose la question: Marvel sera-t-il regardable dans vingt, trente ans? Ce n'est pas l'objectif. Disney fabrique une machine à rêves, et les réinventent au gré des époques et des technologies (confère Le Roi Lion, double triomphe à 25 ans d'intervalle dans deux formats).
Prêt à la consommation
"Beaucoup des éléments qui définissent le cinéma tel que je le connais se retrouvent dans les films Marvel. Ce qu’on n’y trouve pas, c’est la révélation, le mystère, ou un véritable danger émotionnel. Rien n’est en danger. Les films sont faits pour satisfaire des demandes bien précises, et ils sont conçus comme des variations autour d’un nombre de thèmes fini. On appelle ça des suites, mais en réalité ce sont des remake, et tout ce qu’il y a dedans a été officiellement autorisé parce qu’on ne peut pas faire autrement. C’est la nature d’un film de franchise moderne : études de marché, tests auprès du public, validations, modifications, nouvelles validations, et nouvelles modifications jusqu’à ce que ce soit prêt à être consommé" explique le réalisateur de Taxi Driver.
On est alors loin d'une expérience inattendue, d'une histoire que le cinéma va "grandir", d'un style singulier qui peut nous émerveiller. Ce que pointe Scorsese c'est l'uniformisation. "Pourquoi ne pas laisser les films de super-héros et les autres films de franchise tranquille ? La raison est simple. Dans beaucoup d’endroits dans ce pays et autour du monde, les films de franchise sont désormais le choix principal quand vous choisissez d’aller voir quelque chose sur grand écran. C’est un temps périlleux pour l’expérience cinéma, et il y a de moins en moins de salles indépendantes. L’équation s’est retournée et le streaming est devenu le premier canal de distribution. Cela dit, je ne connais pas un réalisateur qui ne veut pas créer des films pour le grand écran, qui soient projetés en salle devant un public."
La série, nouveau territoire des auteurs
Son dernier film, The Irishman, n'a été rendu possible que grâce à l'argent de Netflix. Il ne sera pas forcément vu en salles. Tous les films d'auteurs accusent une baisse de fréquentation régulière depuis des années. On parle davantage des séries que des films, à l'exception de quelques phénomènes ou dans le contexte d'une actualité chaude. Mais finalement, nos esprits, notre culture, notre vision du monde et des gens, se construisent avec des films spectaculaire, coûteux, dont on connait la fin, et avec des séries, bien plus audacieuses, plus riches, plus imprévisibles, qui, d'ailleurs, attirent de plus en plus d'auteurs et de réalisateurs.
"Certaines personnes dans ce business sont totalement indifférents à la question de l’art et à la prise en compte de l’histoire du cinéma, ce qui est à la fois dédaigneux et confiscatoire : une combinaison létale. La situation, malheureusement, c’est ce que nous avons maintenant deux champs séparés distinctement : d’un côté le divertissement audiovisuel mondial, de l’autre le cinéma. Ils se croisent encore de temps en temps, mais ça devient de plus en plus rare. Et je crains que la domination financière de l’un est utilisée pour marginaliser et même rabaisser l’existence de l’autre" rappelle le cinéaste.
La détestation du risque
Il est inquiétant que The Irishman n'ait pas trouvé de studio et de distributeur en salles, pas même la Warner capable de signer un chèque pour n'importe quel Eastwood et un chèque en blanc pour n'importe quel Nolan. The Irishman était trop long, trop cher. Difficile à rentabiliser car , "peu importe avec qui vous faites vos films, le fait est que les écrans de la plupart des multiplexes sont occupés par les films de franchise" explique Scorsese. La "disparition du risque" et celle de l'artiste devraient nous inquiéter.
Car Disney, aussi imposant soit son succès, n'est pas à l'abri des attaques. Les récents déboires sur Star Wars - les réalisateurs de Solo évincés en plein tournage, les auteurs de Game of Thrones qui quittent le navire... -, les échecs de la Fox - X-Men notamment - et les tergiversations autour de Spider-Man - le studio, trop gourmand, a failli laisser lui échapper le super-héros pour ses franchises Marvel - montrent que le Royaume n'est pas invincible. Mais aussi que la machinerie peut se gripper au contact des artistes et des visionnaires. C'est un peu la parabole de Le Mans 66 quand les cadres dirigeants de Ford veulent imposer leur système industriel à la "start-up" ingénieuse et inventive de Carroll Shelby qui sait que, sans prise de risques et sans un pilote génial, on ne gagne pas une course. (Nota bene: le film produit par la Fox est distribué par... Disney).
A cela s'ajoute des retours dubitatifs sur certaines productions. La version en prises de vues réelles de La Belle et le Clochard (pour Disney +) n'a pas séduit la critique américaine. Et la série Le Mandalorian ne les a pas plus convaincus. Mais ces deux "produits" suffisent à séduire pour attirer des millions de foyers sur la plateforme. Et Disney produit de bons films, parmi les plus attendus chaque année. Ce désir de cinéma "populaire" n'est pas négligeable, alors que jeux vidéos et séries TV prennent de plus en plus de temps dans la consommation de produits culturels. C'est ce qui explique les synergies/convergences dans les contenus (une marque déjà connue est plus facile à vendre) et une démultiplication des supports (streaming, salles, etc...). La belle facture de La Reine des Neiges 2 le prouve encore. Le savoir-faire du groupe est indéniable et ses succès démontrent qu'il a opté pour la bonne stratégie. Pour combien de temps?
Plus d'un mois après le divorce entre Sony et Marvel autour de Spider-Man, la situation a été renversée, par surprise. Le super-héros, dont l'usage cinématographique est réservé à Sony (Marvel touche une petite partie des recettes en salles et la totalité des recettes de produits dérivés), va pouvoir apparaître dans les films de l'univers cinématographique Marvel de Disney.
Un accord a été trouvé. Marvel a sans doute ravalé une partie de ses ambitions (le studio voulait la moitié des recettes en salles). Selon Variety Disney/Marvel financera 25% du prochain film Spider-man (pour 25% des recettes) et le super-héros pourra revenir dans un film du MCU.
Spider-Man est l'un des rares super-héros populaires à avoir survécu aux Avengers. Et sa franchise vient tout juste de redémarrer, avec succès. Sans doute, était-il prévu que le jeune homme apparaisse encore dans le nouveau cycle Marvel, qui se lancera avec Black Widow et Les Eternels l'an prochain.
Le prochain Spider-Man sortira le 16 juillet 2021, et l’acteur Tom Holland en sera toujours son interprète. Cet accord n’empêchera pas Sony de continuer de décliner son propre univers Spider-Man, qui comprendra Venom 2, Sinister Six et Morbius.
Si Sony est largement vainqueur côté finances, Marvel réussit à imposer le producteur vedette des récents triomphes du studio, Kevin Feige, également coproducteur des deux Spider-Man de Sony.
Avec plus d’un milliard de recettes (et 200M$ de profits pour Sony), Spider-Man : Far from home, sorti en juillet, est la pépite du studio nippo-américain. Après son D23 en août, où les fans de Marvel ont clairement exprimé leur mécontentement et où Tom Holland a été accueilli comme un super-héros sacrifié, Disney a du revoir sa copie : le rapport de force n’était pas en sa faveur.
D23. Sous ce nom de code se cache la grande convention des fans du groupe Disney. Après l'annonce du lancement de Disney +, le Comic-con, quelques communiqués officiels, le groupe a dévoilé de nouveaux projets, bandes annonces, photos, qui complètent ainsi un programme destiné à rassurer les actionnaires, les exploitants et mobiliser les fans.
STAR WARS
- Star Wars: L'Ascension de Skywalker. Ce sera bien le dernier épisode de la troisième trilogie et sans doute le dernier opus de la saga commencée en 1977, avant de passer à d'autres combats. J.J. Abrams s'en va chez Warner de toute façon. Le producteur a révélé que ce serait une lettre d'amour à Carrie Fisher. "Le personnage de Leia est vraiment le cœur de l'histoire" a-t-il déclaré, ajoutant qu'ils avaient utilisé entre autres des scènes non utilisées lors du tournage de l'épisode VII. Prévu pour la fin de l'année, le film réunit Daisy Ridley, John Boyega, Adam Driver, Isaac, Kelly Marie Tran et signera le grand retour de Billy Dee Williams dans le rôle de Lando Calrissian.
- Obi-Wan Kenobi. le puissant Jedi reviendra dans une série pour Disney +. Et Ewan McGregor reprendra le costume après l'avoir incarné dans la deuxième triologie. Le scénario est écrit et le tournage débutera l'année prochaine. Le film autour du Jedi tombe donc à l'eau. Conséquence du semi-échec de Solo.
- The Mandalorian. Annoncée depuis longtemps, la série qui sera réalisée par Jon Favreau, avec Pedro Pascal et Diego Luna (vus dans Rogue One) autour de Cassian Andor, sera aussi une série pour Disney +. Elle sera même la série inaugurale de la plateforme!
MARVEL
- Les éternels. Angelina Jolie, Salma Hayek, Kumail Nanjiani, Lauren Ridloff, Brian Tyree Henry, Richard Madden (dans le rôle d'Ikaris, premier personnage gay de l'univers Marvel), Gemma Chan, Barry Keoghan sont de la partie. Mais la surprise est que Kit Harrington, aka Jon Snow dans Game of Thrones, rejoint le casting de la super-production. Sortie en novembre 2020.
- Black Panther 2. C'était le rand absent des annonces du Comic-con. Normal il est prévu pour le 6 mai 2022. Quatre ans après le carton de Black Panther, la suite déferlera sans qu'on sache s'il amorcera la phase V ou s'il sera la conclusion de la phase IV du Marvel Cinematic Universe, après Thor: Love and Thunder (où Tessa Thompson aura le droit à une romance lesbienne a priori), Ryan Coogler l'affirme: "On ne prend pas notre temps, nous essayons de faire les choses bien." Chadwick Boseman sera de la partie.
- Les séries. Anthony Mackie et Sebastian Stan reprendront leur costume de super-héros dans la série Disney + Falcon and the Winter Soldier, où s'ajoute Emily VanCamp (déjà l'agent SHIELD Sharon Carter). Bisha K. Ali écrira et réalisera la série Ms Marvel. Les séries She-Hulk et Moon Knight ont aussi été confirmées.
RÉINVENTIONS
- Cruella. Une réinvention de plus? Pas vraiment. La première image dévoilée du film sur l'affreuse méchante des 101 Dalmatiens, Cruella de Vil, incarnée par Emma Stone, se déroulera dans un Londres punk des seventies. Sorte de prequel pour expliquer sa méchanceté, à la manière de Maléfique. Réalisé par Craig Gillepsie (Moi, Tonya), le film met aussi en scène Emma Thompson, Paul Walter Hauser et Joel Fry. Sortie en mai 2021.
- La Belle et le clochard. Avec les voix de Tessa Thompson et Justin Theroux. Sur le même principe que Le Roi Lion et Le Livre de la jungle, ce classique Disney, réalisé par Charlie Bean (The Lego Ninjago Movie), est prévu pour le lancement de Disney +, le 12 novembre.
- Jungle Cruise. Dwayne Johnson et Emily Blunt seront les vedettes de Jungle Cruise, adapté d'une attraction de Disneyland, à l'instar de Pirates des Caraïbes. Une sorte d'A la poursuite du diamant vert, qu'on espère moins ringard que le résumé de Johnson, qui se voit comme un mec héroïque bottant le cul des méchants et sauvant la fille (certes plus intelligente). Rappelons qu'il est l'acteur le mieux payé du monde.
FAMILLE
- Noelle. C'est la cible principale de Disney +: les enfants et la famille. Parmi les programmes originaux qui seront dès cette fin d'année, sur la plateforme, on trouvera Noelle, film sur la fille du Père Noël, avec Anna Kendrick, entourée de Shirley MacLaine et Bill Hader. A l'origine, le film devait sortir en salles.
- Les Muppets. Kermit, Piggy et compagnie sont de retour aussi sous la forme d'une série de courts épisodes pour Disney +, à partir de 2020. Histoire de conjurer le mauvais sort apr§s l'échec au cinéma de Muppets Most Wanted et à la télévision de la série The Muppets.
- Soul. Un Pixar qui sort en juin en 2020. Le nouveau film de Pete Docter a annoncé son cast vocal: Jamie Foxx, dans le rôle d'un prof de musique qui rêve de jouer au club de jazz The Blue Note, Tina Fey, Daveed Diggs, Questlove et Phylicia Rasha. Le tout avec une BOF signée Jon Batiste, Trent Reznor et Atticus Ross.
Le pitch a été précisé. L'âme du professeur se retrouve séparée de son corps. Il atterrit à un séminaire nommé "You". C'est un lieu étrange où les jeunes âmes reçoivent leur formation, acquièrent leurs passions et leurs personnalités avant d'être envoyées vers des enfants à naître. Sur place, il fera la rencontre de 22, une jeune âme piégée au séminaire depuis plusieurs années.
- Un peu avant, en mars, Pixar présentera En avant (Onward), avec les voix de Tom Holland, Chris Pratt et Julia Louis-Dreyfus, histoire de deux frères elfes adolescents s’embarquent dans une quête extraordinaire pour découvrir s’il reste un peu de magie dans le monde.
- Un peu après, ce sera Raya and the Last Dragon, qui sera en salles en novembre 2020. Réalisé par Ral Briggs et Dean Wellins, ce récit aux influences asiatiques sera centré sur l’héroïne Raya, guerrière solitaire, qui s’allie à une bande de marginaux pour trouver le dernier dragon et restaurer l’harmonie dans le royaume de Kumandra.
En effet, Sony, propriétaire de Spider-Man a rejeté l'accord proposé par Disney. Par conséquent, Spider-Man n'intègrera aucun des films à venir de Marvel, et devra se concentrer sur ses nouveaux super-héros.
Ce n'est pas si affolant pour Disney, qui, avec le producteur Kevin Feige, a rendu Marvel leader du box office après son acquisition en 2009. Spider-Man n'a intégré le Marvel Cinematic Universe que depuis 2016, quand Sony a choisi Tom Holland pour succéder à Tobey Maguire et Andrew Garfield. Et, dans la phase IV, on voyait mal comment le jeune homme allait éventuellement s'intégrer aux projets confirmés. Enfin, l'absence de Spider-Man ne sera pas plus importante que celles d'Iron Man ou de Captain America.
Pour Sony, l'enjeu était différent. Les 8 films de la saga depuis le premier Sam Raimi de 2002 ont rapporté près de 6,5 milliards de dollars dans le monde. Tous les films ont récolté plus de 190M$ aux USA. Le dernier Spider-Man est le seul film du studio avec Skyfall (James Bond) a avoir cumulé plus d'un milliard de dollars dans le monde. Quant au film d'animation Spider-Man: New Generation, il a récolté un Oscar face aux Pixar en février. Autant dire que Sony ne va pas lâcher ses droits cinématographiques de si tôt.
Mais depuis 2015, Sony et Marvel ont signé un accord historique pour permettre à Spider-Man d'intégrer l'univers Marvel: il apparaît sous les traits de Tom Holland dans le dernier Captain America, les deux derniers Avengers et les deux Spider-Man de Sony ont intégré l'histoire du MCU dans la chronologie des faits. Le tout contre 5% des recettes qui vont à Marvel Studios.
Une franchise étendue chez Sony
Disney a été sans doute trop gourmand. En demandant à Sony de participer davantage au financement des futurs films de Spider-Man et de recevoir la moitié des recettes, et en voulant se mêler beaucoup plus des histoires de super-héros, le studio a froissé son concurrent, qui entend garder le contrôle de sa pépite. Sony profite aussi de l'arrêt de la saga Avengers. Disney a donc décidé brutalement de rompre le contrat en cours, en guise de "représailles".
Les deux prochains films prévus contractuellement avec le réalisateur John Watts et l'acteur Tom Holland se feront donc à l'écart de Marvel. Et Sony a d'autres projets (notamment la suite de Venom et un film sur Morbius).
Officiellement, Sony est déçu de ce désaccord public. La question est de savoir si, sans Kevin Feige aux manettes, et sans l'expertise Marvel, Spider-Man va continuer d'être aussi rentable, alors que le reboot et sa suite avec Andrew Garfield ont été décevants au box office. Sony plaide que la véritable raison est l'emploi du temps surchargé du dirigeant de Marvel Studios, qui va devoir gérer la phase IV du MCU, l'intégration de la Fox et les séries TV pour Disney +.
La Fox disparaît un peu plus. Il aura fallu à peine quelques mois pour que Disney opère son grand ménage. D'abord en fermant Fox 2000, puis en licenciant pas mal d'employés (124 simplement pour la journée d'hier), et enfin en fusionnant différents départements de la Fox avec ceux similaires chez Disney.
La dévoration continue alors que les résultats de la Fox (170M$ de pertes) ont plombé le dernier bilan financier de Disney. L'Oncle Picsou vient de confirmer que les super-héros Marvel de 20th Century Fox (X-Men, Les Quatre Fantastiques) seront dorénavant sous la coupe du patron de Marvel Studios, Kevin Feige, qui aura tous les personnages et comics sous ses ordres. Certains iront directement sur la future plateforme Disney +.
Mais le plus dur est ailleurs. La plus grande partie des films en développement va être supprimée tandis que le calendrier des sorties va être revu. Ad Astra a déjà été décalé, et Ford v. Ferrari reste dans les starting-blocks, tout comme The Woman in the Window. The King's Man, Mort sur le Nil ou le West Side Story de Steven Spielberg sont de toute façon plus ou moins en boîte et calés pour 2020 (on imagine mal Disney se fâcher avec Steven Spielberg).
Disney + en priorité
Cependant, Bob Iger, patron de Disney, a clairement critiqué les performances de la Fox, dont le potentiel est, à ses yeux, sous-exploité. Aucun film n'est prévu après 2020. Ce sont bien les prochaines annonces qu'il faudra surveiller pour évaluer la stratégie de Disney pour la Fox, notamment les films d'animation et les reboots.
En revanche, le groupe veut exploiter au maximum quatre franchises familiales populaire pour sa plateforme Disney + : Une nuit au musée, Maman j'ai raté l'avion, Journal d'un dégonflé, Treize à la douzaine connaîtront de nouvelles vies. En clair, Disney veut industrialiser la Fox, en créant des marques. Tous les projets seront revus sous cet angle. De Avatar à La Planète des singes.
La bonne nouvelle est que Fox Searchlight survit à tout ça, pour l'instant. Mais rien ne dit que sa liberté éditoriale persistera. Là encore, le distributeur n'a plus que quatre films en stock pour la fin de l'année. Bob Iger a assuré, à défaut de rassurer, que la filiale "art et essai" devra fournir des films à Disney +.
Week-end faste pour les fans de Marvel. En recettes courantes (et non pas en nombre d’entrées), Avengers : Endgame a surclassé le record de recettes mondiales d’Avatar. Le dernier épisode des Avengers a récolté 2,79 milliards de dollars dans le monde dont 853 millions en Amérique du nord et 629 millions en Chine.
Au Comic-Con de San Diego, le studio a révélé sa phase IV, et son lot de surprises. Notamment l’absence d’une suite (immédiate) pour Deadpool. Cependant le 3e volume des Gardiens de la Galaxie est en préparation, tout comme les suites de Black Panther et Captain Marvel et un reboot des Quatre Fantastiques (ex Fox). Pour l’instant aucun croisement avec les X-Men, qui sont absents du programme. Tout cela sera après 2021.
Marvel a aussi annoncé de nouvelles séries pour Disney + : The Falcon and the Winter Soldier, avec Anthony Mackie, Sebastian Stan et Daniel Brühl dans le rôle du méchant, Wanda Vision, avec Elizabeth Olsen et Paul Bettany, Loki, avec Tom Hiddleston (forcément), What if… (en série animée) et Hawkeye avec Jeremy Renner et Kate Bishop. De quoi prolonger l'aventure avec les personnages secondaires (mais primordiaux) de la phase III).
Black Widow.
Cate Shortland réalisera l’un des films les plus attendus par les fans depuis au moins dix ans. Quid du script sachant que le personnage (spoiler) se sacrifie dans Avengers :Endgame. Toujours est-il que Scarlett Johansson a fait sensation au Comic-con. Elle reprendra son rôle, aux côtés de Florence Pugh, qui incarne sa sœur, Rachel Weisz, David Harbour, et O.T. Fagbenie. On sait juste que le film racontera l’histoire de Black Widow. Mais comment cela s’articulera-t-il avec les autres films prévus par Marvel ? Sortie le 1er mai 2020, peut-être pour faire le lien avec la suite.
Les Eternels.
Ce sera la nouvelle saga qui fera le lien entre tous les autres films. Angelina Jolie, applaudie comme une reine, Salma Hayek, Richard Madden, Brian Tyree Henry, Kumail Nanjiani, Lauren Ridloff et Don Lee incarneront les aliens débarqués sur la Terre il y a 35000 ans. Le film sortira le 6 novembre 2020. On pourra y découvrir les origines de Thanos (Avengers) comme celles des Celestials (dont on connaît Ego, le vilain des Gardiens de la Galaxie 2). Le premier film de cette nouvelle franchise révèlera surtout les origines des Eternals et des Deviants.
Shang-Chi and the Legend of Ten Rings.
Nouveau super-héros de la galaxie Marvel, et première star d’origine asiatique de l’univers Marvel. Simu Liu en sera la star, accompagné de Awkwafina et de Tony Leung (loin de In the Mood for Love) en super vilain nommé Le Mandarin. Réalisé par Destin Cretton, le film est programmé pour le 12 février 2021.
Doctor Strange in the Multiverse of Madness.
Benedict Cumberbatch et Elizabeth Olsen seront à l’affiche de cette suite du seul super-héros d’Avengers qui n’avait pas eu de franchise dans la phase III (mais qui est apparu dans deux Avengers et un Thor). Marvel a annoncé qu’il s’agirait aussi du premier film horrifique de son histoire, tendance gothique. Sortie prévue le 7 mai 2021 pour ce film réalisé par Scott Derrickson.
Thor Love and Thunder.
On ne l’attendant pas celui-là. Un quatrième épisode autour d’un super-héros, c’est inédit dans l’histoire du MCU. Natalie Portman, qui incarnait Jane Foster dans le premier film de la franchise du viking sera un Thor au féminin, aux côtés de Tessa Thompson, sous la direction de Taika Waititi. Le film, qui sera centré sur les Walkyries, est planifié pour le 5 novembre 2021. On attend de savoir ce qu’il adviendra de Chris Hemsworth, parti (spoiler) avec les Gardiens de la Galaxie à la fin d’Avengers :Endgame. Mais comme il était sur scène, il y a peu de doutes sur sa présence au générique.
Blade.
Un reboot de Blade (ancienne propriété de la Fox). Avec le doublement oscarisé Mahershala Ali. C’est la surprise que réservait Marvel. Blade a eu le doit à une trilogie, avec Wesley Snipes, avant la construction du MCU. Pas de date annoncée.
Avengers Endgamea tué le jeu. 350 millions de $ au box office nord-américain, record absolu, 1,2 milliards de $ au total dans le monde, du jamais vu. Aux Etats-Unis, en trois jours et un soir, le film se classe déjà 50e du box office historique, 203e si on ajuste le dollar à l'inflation au niveau de Twilight : New Moon et de Comment se débarrasser de son patron?. Au niveau mondial, c'est la 18e recette la plus importante, grâce notamment à un score monstrueux en Chine (300M$). Il a fracassé tous les records pour un week-end d'ouverture. Le film a déjà battu le score final de Captain America: Civil War, égalisant même celui d'Iron Man 3. En France, Avengers a attiré 2,8 millions de spectateurs en 5 jours, soit le 6e meilleur démarrage de l'histoire et le plus important depuis 2008.
On observe le même carton avec la série Game of Thrones, dont la 8e saison annonce l'épilogue. Elle a démarré aux USA avec 17,4 millions de téléspectateurs lors de son lancement mi-avril, là encore un record. En sept saisons, la saga avait multiplié par cinq son audience. La progression se poursuit. Et on ne compte pas le téléchargement illégal, alors que GOT reste la série la plus piratée du monde.
On écrit dans notre critique d'Avengers: Endgame: "De ce mois d’avril 2019, on ne retiendra que l’ultime saison de Game Of Thrones côté séries. Mais côté cinéma, on ne saurait faire plus incontournable qu’Avengers : Endgame. Peut-être parce que dans les deux cas, il y aura un avant et un après."
C'est très clair. mais surtout, les deux "achèvements" de ces méga-franchises traduisent deux tendances sociologiques plus profondes.
Les deux histoires, jouant avec les mythes, racontent finalement l'effondrement du monde. Dans Game of Thrones, cela passe par une multitude de morts, dont aucun héros n'est à l'abri. Environ 400 personnages quittent le monde des vivants. Les stars sont souvent plus protégée, autrement dit essentiellement ceux qui sont apparus au début de la série, mais on sait que personne n'est immortel, pas même les nobles.
Chez les super-héros de Marvel, c'est la moitié d'entre eux qui a disparu à la fin d'Avengers: Infinity War. La sélection guerrière de GOT est remplacée ici par une volonté d'assainir le cosmos de son surplus démographique, désastreux pour l'équilibre économique, social et écologique. Si on savait déjà que certains allaient ressurgir d'outre-tombe, il n'empêche que la théorie de Thanos était bien similaire à celle de la bataille de Winterfell: l'espèce est menacée.
Les deux grandes sagas de l'année, de la décennie même, illustrent finalement la théorie de l'effondrement, ou collapsologie, décrite dans un livre écritpar Pablo Servigne et Raphaël Stevens au printemps 2015. Notre monde va dans le mur: le chaos est proche et l'humanité est menacée d'extinction. Ce discours est évidemment simplifié dans les deux récits chevaleresques, mais il rencontre un écho inconscient chez les spectateurs, qui s'identifient très bien à cet enjeu apocalyptique, bien plus qu'à une guerre nucléaire ou extra-terrestre. On reproche d'ailleurs souvent l'aspect sombre des scènes les plus spectaculaires, l'obscurité étant un facteur dramaturgique.
This is the End
A cela s'est ajouté une montée en puissance des deux franchises en terme de narration. Les spectateurs adorent les conclusions: celles qui sont définitives, quitte à renaître autrement. La finalité des choses, comme la mort l'est avec la vie, a son importance. Comme lorsqu'on lit un livre qu'on adore, on sait que la frustration peut-être là, mais on est satisfait d'avoir terminé l'histoire. En annonçant leurs adieux, les Avengers et Game of Thrones ont capitalisé sur une fanbase conquise d'avance et prête pour les accompagner ... jusqu'à la mort."Part of the journey is the end" rappelle Iron Man dans le film.
Il n'y a rien de pire qu'une franchise ou une série qui ne sait pas se terminer à temps. On l'a vu avec Harry Potter (apothéose réussie, spin-off moins convaincants), les Pirates des Caraïbes et Transformers (sans fin, et perdant leurs publics), Le seigneur des anneaux (qui se suffisait à lui-même, sans décevoir avec Le Hobbit), ou encore Shrek et L'âge de glace qui, au-delà du troisième épisode, perdaient de leur intérêt.
Ou alors il faut savoir se réinventer, comme Star Wars, qui a sur rebondir après une deuxième trilogie trop opportuniste et moins performante. Pour Marvel, c'est le moment de se renouveler avec les Eternels, Black Widow, Shang-Chi, Docteur Strange, Black Panther, les Gardiens de la Galaxie et Captain Marvel. Pour HBO, il s'agir d'explorer la mythologie de Game of Thrones en allant dans le passé, en amont de l'histoire. Une histoire sans fin définitive, finalement, un peu à la manière des mangas.
Mais, en rappelant que tout bonheur a un but (et un épilogue), et que personne n'est immortel, les Avengers comme Game of Thrones nous rappellent que la vie est courte et aléatoire. Mais aussi que le monde autour de nous est peut-être en train de s'effondrer. Bizarrement, tout le monde le sait, mais personne ne veut être spoilé.