Lumière 2020: Falling et Nomadland, l’entraide pour ne pas sombrer

Posté par vincy, le 13 octobre 2020

© ecran noir

Une sonate et une balade. Toutes deux remplies de silences. Viggo Mortensen et Chloé Zhao n'ont a priori rien en commun. Pourtant, à voir leur film en avant-première à Lumière, il y a une résonance particulière, comme un écho sensible et ténu qui fait le lien entre Falling et Nomadland.

Falling est le premier film en tant que réalisateur de Viggo Mortensen. Présenté en clôture à Sundance, sélectionné à Cannes 2020, ce drame intime, accompagné par la douce musique de Viggo lui-même, suit un père, atteint de démence au crépuscule de sa vie, et son fils, qui a quelques vérités sur le cœur à lui balancer. A travers cette histoire, il oppose aussi deux Amériques irréconciliables. Le patriarche sénile est un homme conservateur, anti-communiste, paysan, homophobe, misogyne, doté d'un handicap affectif qui l'a conduit à finir seul, abandonné de ses femmes et de ses enfants. Le fils est  marié à un homme d'origine asiatique, avec qui il a adopté une petite fille latino, vit en Californie et vote pour Obama. Mais, derrière ces gros traits de caractère, se dessine surtout l'incompréhension de l'un vis-à-vis de l'autre, le tableau d'un naufrage (la vieillesse) et l'envie d'aimer (au-delà des reproches et rancœurs). Falling est mélancolique et sombre. La chronique familiale - pas très loin des films aux personnages de vieux grincheux comme Monsieur Schmidt ou Un homme simple - s'offre quand même quelques parenthèses rageuses et touchantes, voire drôles avec l'irruption de David Cronenberg en proctologue. Mais on retient aussi cet amour de Viggo pour la nature, les saisons, les paysages, alors qu'il ne filme jamais la ville, préférant la protection du foyer.

C'est là qu'un lien invisible se dessine avec Nomadland de Chloé Zhao, récent Lion d'or à Venise. L'âge qui avance, une Amérique des oubliés, mais surtout ce rapport au "vivant": le ciel, les paysages splendides de l'Ouest américain, l'hiver enneigé et l'été lumineux... Comme si l'avancée vers la mort amenait un besoin de se réconcilier avec l'essentiel. Nomadland est, aussi, à sa manière, une histoire de famille. Celle qu'on se choisit, tant on n'a plus grand chose en commun avec celle de sang, quand il y en a une. On suite une femme proche de la retraite, récente veuve (et toujours inconsolable), plongée dans la précarité après la fermeture de l'usine qui faisait vivre un bled du Nevada. Entre villes fantômes et camps sauvages "hippies", elle prend goût à sa nouvelle liberté, loin des contraintes d'une société matérialiste. Ici, tout se bricole, se recycle, entre survie et contemplation. La beauté des images, portée par les lancinantes mélodies de Ludovico Einaudi, ne cache rien de la misère : esclavagisme chez Amazon, troc nécessaire pour palier au manque de dollars, etc... Mais la réalisatrice réussit avec grâce ce mélange de fiction - un road-movie en van comme une odyssée - et de réalisme - de vrais nomades qui racontent leur vie et donnent une touche d'authenticité bienvenue.

Dans leurs films, Mortensen et Zhao ont en commun ce besoin d'entraide pour ne pas sombrer. Un sentiment très fort qui montre une envie de solidarité. Entre les démunis, exclus de la masse, méprisés ou ignorés. Entre un père et un fils, qui doivent surmonter leurs différents et affronter le temps qui passe. Dans les deux œuvres, la mort n'est pas montrée, mais elle est omniprésente. Falling nous invite à aimer pour vivre tandis que Nomadland préfère nous rappeler la force de la liberté. Deux choix qui amènent le spectateur à se projeter dans un "vivre ensemble" où la sincérité et la tolérance sont des vertus indispensables.

Venise 2020: Le Lion d’or pour Nomadland de Chloé Zhao

Posté par vincy, le 12 septembre 2020

Cette édition si spéciale du festival de Venise, la 77e, n'aura pas brillé d'un point de vue médiatique. Les Américains étaient relativement absents. Le tapis rouge était cloîtré. Les spectateurs masqués. Ambiance de confinement. Pourtant, de l'avis général, tout s'est bien passé. Si le festival manquait sans doute d'un film dont le good buzz fasse le tour de la planète, il a réussi à exister malgré la covid. Mieux, avec le court métrage de Pedro Almodovar, La voix humaine, unanimement apprécié, il s'est offert un petit gâteau surprise en guise de cadeau.

Côté palmarès, aucun film ne se détache non plus même si Quo Vadis, Aida? de Jasmila Zbanic, Nomadland de Chloé Zhao, Notturno de Gianfranco Rosi et Miss Marx de Susanna Nicchiarell glanent quelques prix mineurs en marge du festival. Nomadland a été couronné par le Lion d'or, qui récompense une réalisatrice singulière dans l'Hollywood d'aujourd'hui, Chloé Zhao. Adulée pour ses films d'auteurs (The Rider, Les Chansons que mes frères m'ont apprises), cette américaine née en Chine a été choisie pour une superproduction Marvel (Eternals, 2021). Avec Nomadland, elle reste dans son territoire. Le film interprété par Frances McDormand et David Strathairn nous renvoie dans le passé et dans les horizons immenses: Après avoir tout perdu pendant la Grande Récession, une sexagénaire se lance dans un voyage à travers l'Ouest américain, vivant comme un nomade des temps modernes. Ironiquement, alors que les Américains sont absent de Venise, c'est une production Fox Searchlight distribuée par Disney qui est sacrée par le deuxième plus grand festival du monde.

Le prix FIPRESCI de la critique a été décerné à The Disciple de l'indien Chaitanya Tamhane pour la compétition (par ailleurs distingué par le jury de Cate Blanchett pour son scénario) et à Dashte Khamoush (The Wasteland) de l'iranien Ahmad Bahrami (Orizzonti) pour les autres sélections. Le film a d'ailleurs été couronné par le jury d'Orizzonti. Le cinéma iranien a aussi été distingué avec le prix Marcello Mastroianni pour le jeune Rouhollah Zamani.

Du côté des Giornate degli autori (Venice Days), le palmarès a couronné The Whaler Boy du russe Philipp Yuryev (meilleur réalisateur), 200 Meters du palestinien Ameen Nayfeh (prix du public), et Oasis du serbe Ivan Ikic (prix Label Europa). Le Grand prix de la Semaine internationale de la Critique a distingué Hayaletler (Ghosts) d'Azra Deniz Okyay (Turquie). Enfin, The World to come de l'américaine Mona Fastvold a remporté le Queer Lion Award.

Côté hommages, deux Lions d'or d'honneur ont été remis à l'actrice écossaise Tilda Swinton et la cinéaste de Hong Kong Ann Hui. Abel Ferrara a reçu le prix Jaeger-LeCoultre Glory to the Filmmaker.

Il restait aux deux jurys principaux de révéler leurs choix: celui de la compétition (Cate Blanchett, présidente, Matt Dillon, Veronika Franz, Joanna Hogg, Nicola Lagioia : écrivain Drapeau de l'Italie Italie, Christian Petzold et Ludivine Sagnier) et celui de la section Orizzonti (Claire Denis, présidente, Oscar Alegria, Francesca Comencini, Katriel Schory et Christine Vachon).

Globalement, l'Europe et l'Asie se sont partagés la pièce montée.

On a déjà parlé du Lion d'or, mais le palmarès est aussi cosmopolite que divers. Le jury de Cate Blanchett n'a pas manqué de donner enfin un prix d'interprétation masculine à Pierfrancesco Favino pour Padrenostro, lui qui l'avait manqué l'an dernier à Cannes pour Le traître (qui lui a valu son premier Donatello du meilleur acteur cette année). De même côté actrice, Vanessa Kirby (The Crown) pouvait difficilement être snobée avec deux films en compétition : The World to Come et celui pour lequel elle a ce prestigieux prix, Pieces of a Woman, premier film anglophone du hongrois Kornél Mundruczó. Kiyoshi Kurosawa reçoit avec le prix du meilleur réalisateur sa plus importante récompense dans sa carrière, faiblement honorée (hormis à Cannes avec un prix en 2015). Initialement choisi par Cannes, le nouveau film du mexicain Michel Franco repart de son côté avec le Grand prix du jury (cinq ans après son prix du scénario à Cannes).

Listen d'Anna Rocha de Sousa est parmi les vainqueurs de la soirée avec un prix spécial du jury Orizzonti et le prix du meilleur premier film toutes sélections confondues. On notera dans la sélection Orizzonti les deux prix d'interprétation pour un acteur tunisien et une actrice marocaine, confirmant année après année la pleine forme du cinéma maghrébin sur le Lido. Quant à Lav Diaz, Lion d'or en 2016, son cinéma si singulier est une nouvelle fois récompensé avec le prix du meilleur réalisateur.

LE PALMARÈS

Compétitition
Lion d'or: Nomadland de Chloé Zhao
Grand prix du jury: Nuevo Orden (New Ordre) de Michel Franco
Lion d'argent du meilleur réalisateur: Kiyoshi Kurosawa pour Les amants sacrifiés
Coupe Volpi de la meilleure actrice: Vanessa Kirby (Pieces of a Woman de Kornél Mundruczó).
Coupe Volpi du meilleur acteur: Pierfrancesco Favino (Padrenostro de Claudio Noce)
Meilleur scénario: The Disciple de Chaitanya Tamhane
Prix spécial du jury: Dear Comrades d'Andreï Konchalovsky

Sélection Orizzonti
Meilleur film: Dashte Khamoush (The Wasteland) d'Ahmad Bahrami
Meilleur réalisateur: Lav Diaz (Genus Pan (Lahi, Hayop))
Prix spécial du jury: Listen d'Anna Rocha de Sousa (Orizzonti)
Meilleure actrice: Khansa Batma (Zanka Contact de Ismaël El Iraki)
Meilleur acteur: Yahya Mahayni (L'Homme qui avait vendu sa peau de Kaouther Ben Hania)
Meilleur scénario: I predatori de Pietro Castellitto
Meilleur court métrage: Entre tu y milagros de Mariana Saffon

Prix Luigi de Laurentiis (premier film): Listen d'Anna Rocha de Sousa (Orizzonti)
Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir: Rouhollah Zamani (Sun Children de Majid Majidi, compétitition)

Venise 2020: les films de la sélection officielle

Posté par vincy, le 28 juillet 2020

Quelques films prévus à Cannes, une sélection très européenne et asiatique: Venise n'a pas de gros événements hollywoodiens à présenter, mais quelques auteurs prestigieux à proposer aux jurys. Alberto Barbera n'a sans doute pas réussi son pari de vouloir profiter de l'absence de Cannes. Il en résulte un festival passionnant pour les cinéphiles mais qui manque de glamour et d'excitation pour les autres.

Il y a heureusement quelques grands noms, y compris côté documentaires. Et comme un retour aux origines de Venise, avant que le festival ne joue les rampes de lancement pour les Oscars.

En compétition, le jury du 77e festival sera présidé par Cate Blanchett, entourée de Veronika Franz, Joanna Hogg, Nicola Lagioia, Christian Petzold, Cristi Puiu et Ludivine Sagnier. Pour la section Orizzonti, Claire Denis présidera le jury, aux côtés de Oskar Akegria, Francesca Comencini, Katriel Schory et Christine Vachon.

COMPETITION
In Between Dying, Hilal Baydarov
Le Sorelle Macaluso, Emma Dante
The World to Come, Mona Fastvold
Nuevo Orden, Michel Franco
Amants, Nicole Garcia
Laila in Haifa, Amos Gitai
And Tomorrow The Entire World, Julia Von Heinz
Dorogie Tovarischi (Dear Comrades), Andrei Konchalovsky
Wife of a Spy, Kiyoshi Kurosawa
Khorhid (Sun Children), Majid Majidi
Pieces of a Woman, Kornel Mundruczo
Miss Marx, Susanna Nicchiarelli
Padrenostro, Claudio Noce
Notturno, Gianfranco Rosi
Never Gonna Snow Again, Malgorzata Szumowska & Michal Englert
The Disciple, Chaitanya Tamhane
Quo Vadis, Aida?, Jasmila Zbanic
Nomadland, Chloe Zhao

HORS COMPETITION – Fiction
Lacci, Daniele Luchetti– OUVERTURE
Lasciami Andare, Stefano Mordini - CLÔTURE
Mandibules, Quentin Dupieux
Love After Love, Ann Hui
Assandira, Salvatore Mereu
The Duke, Roger Mitchell
Night in Paradise, Park Soon-Jung
Mosquito State, Filip Jan Rymsza

HORS COMPETITION – Documentaire
Sportin’ Life, Abel Ferrara
Crazy, Not Insane, Alex Gibney
Greta, Nathan Grossman
Salvatore – Shoemaker of Dreams, Luca Guadagnino
Final Account, Luke Holland
La Verità Su La Dolce Vita, Giuseppe Pedersoli
Molecole, Daniele Segre
Narciso Em Ferias, Renato Terra, Ricardo Calil
Paolo Conte, Via Con Me, Giorgio Verdelli
Hopper/Welles, Orson Welles
City Hall, Frederick Wiseman

HORS COMPETITION – Séances spéciales
30 Monedas – Episode 1, Alex De La Iglesia
Princesse Europe, Camille Lotteau
Omelia Contadina, Alice Rohrwacher

ORIZZONTI
Apples, Christos Nikou - OUVERTURE
La Troisieme Guerre, Giovanni Aloi
Milestone, Ivan Ayr
The Wasteland, Ahmad Bahrami
The Man Who Sold His Skin, Kaouther Ben Hania
I Predatori, Pietro Castellitto
Mainstream, Gia Coppola
Genus Pan, Lav Diaz
Zanka Contact, Ismael El Iraki
Guerra e Pace, Martina Parenti, Massimo D’Anolfi
La Nuit Des Rois, Philippe Lacôte
The Furnace, Roderick Mackay
Careless Crime, Shahram Mokri
Gaza Mon Amour, Tarzan Nasser, Arab Nasser
Mila, Christos Nikou
Selva Tragica, Yulene Olaizola
Nowhere Special, Uberto Pasolini
Listen, Ana Rocha De Sousa
The Best is Yet to Come, Wang Jing
Yellow Cat, Adilkhan Yerzhanov

Venise 2020: Tilda Swinton et Ann Hui à l’honneur

Posté par vincy, le 20 juillet 2020

Venise fait comme si de rien n'était. Les festivals sont de plus en plus virtuels voire annulés (Telluride par exemple). les grosses sorties reportées (dernière en date, Tenet, désormais hors calendrier). Mais la Mostra continue d'y croire malgré une pandémie de Covid-19 toujours intense sur la planète.

Toujours est-il que pour cette 77e Mostra, Alberto Barbera a choisi ses deux Lions d'or d'honneur pour l'ensemble de leur carrière: l'actrice britannique Tilda Swinton, actuellement en tournage à Madrid avec Pedro Almodovar (photo), et la réalisatrice hongkongaise Ann Hui.

Tilda Swinton, 59 ans, est "unanimement reconnue comme une des interprètes les plus originales et les plus intenses à s'être fait connaître à la fin du siècle dernier", a expliqué dans son communiqué le directeur de la Mostra, Alberto Barbera. Oscarisée pour Michael Clayton, deux fois Teddy Award à Berlin, meilleure actrice européen pour We need to talk about Kevin, et prix d'interprétation à Venise pour Edward II en 1991, Tilda Swinton est l'un des actrices les plus éclectiques dans les genres, mais aussi les plus fidèles à ses cinéastes (Jarmusch, Anderson, Guadagnino...). Elle sera à l'affiche cet automne de The French Dispatch et de The Personal History of David Copperfield.

"Ann Hui est une des réalisatrices les plus appréciées, prolifiques et polyvalentes du continent asiatique", a rappelé Alberto Barbera. Elle a commencé comme assistante de réalisation auprès du maître du cinéma d'arts martiaux King Hu. Figure fondatrice de la Nouvelle vague hongkongaise, elle a déjà réalisé 26 longs métrages de fiction (notamment Nu ren si shi, son plus grand film) et deux documentaires. Lauréates des principaux prix majeurs en Asie (dont 7 fois le prix du meilleur cinéaste aux oscars hongkongais), elle aussi obtenu deux prix à Berlin (dont une Berlinale Camera pour son œuvre) et quatre prix parallèles à Venise pour Une vie simple en 2011

Venise 2019: le Lion d’or pour le Joker

Posté par redaction, le 7 septembre 2019

Roman Polanski, Lion d'argent (Grand prix du jury) avec J'accuse, Ariane Ascaride, Coupe Volpi (la douzième pour une actrice française), Sami Bouajila, le trio Jessica Palud, Philippe Lioret, Diastème dans la section Orrizonti: le cinéma français a été honoré à la Mostra de Venise cette année. Mais c'est bien le Joker qui rafle le Lion d'or dans un palmarès éclaté... Même les super-héros peuvent gagner un grand prix prestigieux international, en plus de triompher au box office.

Palmarès Compétition
Lion d'or: Joker de Todd Phillips
Grand prix du jury: J'accuse de Roman Polanski
Meilleur réalisateur: Roy Andersson pour About Endlessness
Meilleure actrice: Ariane Ascaride pour Gloria Mundi de Robert Guédiguian
Meilleur acteur: Luca Marinelli pour Martin Eden de Pietro Marcello
Meilleur scénario: Yonfan pour Ji yuan tai qi hao (No. 7 Cherry Lane)
Prix spécial du jury: La mafia non è più quella di una volta de Franco Maresco
Prix Marcello Mastroianni (espoir): Toby Wallace dans Babyteeth

Palmarès Orrizonti
Meilleur film : Atlantis de Valentyn Vasyanovych
Meilleur réalisateur : Théo Court pour Blanco en Blanco
Prix spécial du jury: Verdict de Raymund Ribay Gutierrez
Meilleure actrice: Marta Nieto dans Madre de Rodrigo Sorogoyen
Meilleur acteur: Sami Bouajila dans Bik Eneich (Un Fils) de Mehdi M. Barsaoui
Meilleur scénario : Jessica Palud, Philippe Lioret, Diastème pour Revenir de Jessica Palud
Meilleur court-métrage: Darling de Saim Sadiq

Prix Luigi De Laurentiis du meilleur premier film (toutes sélections confondues)
You Will Die At 20 de Amjad Abu Alala

Réalité virtuelle
Grand prix du jury: The Key de Céline Tricart
Meilleur contenu interactif: A Linha de Ricardo Laganaro
Meilleure histoire: Daughters of Chibok de Joel Kachi Benson

Venezia Classici
Meilleur film restauré: Extase de Gustav Machatý
Meilleur documentaire sur le cinéma: Parou de Barbára Paz

Venice Days
Prix du public: Un divan à Tunis de Manele Labidi
Label Europa Cinemas: Boze Cialo de Jan Komasa
Prix Edipo Re Inclusion: Boze Cialo de Jan Komasa
Prix Venice Different Smile: My Brother Chases Dinosaurs de Stefano Cipani

Venise 2019 : Joker, J’accuse et Marriage Story favoris de la presse

Posté par kristofy, le 7 septembre 2019

Ce 76e Festival de Venise se dirige vers sa clôture avec en point de mire la traditionnelle "cerimonia di premiazione" soit l’annonce du palmarès et du Lion d’or qui succèdera à deux films mexicains, La forme de l'eau en 2017 et Roma en 2018. Les membres du jury présidé par Lucrécia Martel vont devoir défendre leurs films préférés et convaincre les autres, car aucun titre n’est favori pour l'unanimité.

La compétition était riche de 21 films dont un film d’animation, un documentaire, deux longs réalisés par une femme et deux films diffusés uniquement sur Netflix.

On y a vu un mélange de grands noms connus  (Hirokazu Kore-eda, James Gray, Noah Baumbach, Roman Polanski, Pablo Larrain, Todd Philipps, Olivier Assayas, Steven Soderberg, Roy Anderson, Atom Egoyan, Lou Ye, Ciro Guerra...)  et de talents émergeants. Certains films sont handicapés par une durée beaucoup trop longue qui n’était pas assez justifiée par leur histoire comme l’animation No 7 Cherry Lane de Yonfan (125 minutes), A herdade (Le Domaine) de Tiago Guedes (164 minutes), The painted bird de Vaclav Marhoul (169 minutes)… Surtout il va falloir départager un grand nombre de films reconstituant l'Histoire (la seconde guerre mondiale reste inspirante pour les cinéastes).

Chaque jour, à la Mostra, comme à Cannes et à Berlin, une publication fait état d’un tableau des étoiles qui synthétise une moyenne de notes par un panel de la presse italienne et internationale,  avec une notation sur 5.

Pour les journalistes italiens seuls deux films ont été très largement appréciés avec un 4/5: Joker de Todd Philipps et J’accuse de Roman Polanski. Marriage Story de Noah Baumbach suit de près avec 3,5/5.

Pour la presse internationale Marriage Story de Noah Baumbach a séduit aussi avec un 4/5, devançant J’accuse (3,7/5) et Joker (3,4/5). Il en ressort que Wasp Network de Olivier Assayas a été plutôt froidement accueilli (injustement ?) avec une note parmi les plus basses, et que Ad Astra de James Gray ne fait pas consensus (3,3/5 pour l’international, 2,7/5 pour les italiens).

De manière générale seul un tiers des films présenté en compétition ont une note moyenne tirée vers le haut, le tout restant assez disparate. Tout le monde s’accorde pour trouver Joker très réussi (et c’est le cas), et pour apprécier J’accuse sans tenir compte du passé judiciaire de Polanski (et c’est tant mieux). Toutefois tout ceci n’est pas vraiment un indicateur: le palmarès est très ouvert et il y aura donc des surprises, surtout avec un jury aussi éclectique et technique: Lucrétia Martel, cinéaste argentine plutôt radicale, Piers Handling (critique et historien canadien), Mary Harron (réalisatrice), Stacy Martin (actrice franco-britannique), Rodrigo Prieto (directeur de la photographie mexicain), Shinya Tsukamoto (réalisateur japonais), et Paolo Virzi (réalisateur italien).

Quelques films séduisent par leur forme, d’autres plutôt par la portée politique de leur histoire. Et puis il y a ceux qui marquent pour les personnages, leur incarnation et donc les acteurs qui les interprètent. Pour les prix d’interprétation, il y a des noms qui se détachent de manière assez évidente : Mariana Di Girolamo dans Ema de Pablo Larrain, Eliza Scanlen et Toby Wallace dans Babyteeth de Shannon Murphy, Mark Rylance dans Waiting for the Barbarians de Ciro Guerra et évidemment Joaquin Phoenix dans Joker et Catherine Deneuve dans La vérité, tous deux chouchous de la critique anglo-saxonne.

Joker de Todd Philipps est bel et bien un des grands favoris, et il est aussi probable que le palmarès va compter avec La vérité de Hirokazu Kore-eda,  The Painted bird de Vaclav Marhoul, Martin Eden de Pietro Marcello, et The Perfect candidate de Haifaa Al-Mansour dans cette édition ouverte, mais décevante. Car, pour la plus haute récompense, le Lion d’or, bien malin celui qui devinera le vainqueur.

Venise 2019: Un Lion d’or d’honneur pour Pedro Almodovar

Posté par vincy, le 14 juin 2019

Le cinéaste espagnol Pedro Almodovar va recevoir un Lion d'or d'honneur au 76e Festival du film de Venise (28 août-7 septembre). Cette récompense couronnera l'ensemble de sa carrière. Don Pedro s'est dit à la fois excité et honoré de ce "don". Il se souvient d'avoir fait ses débuts internationaux à la Mostra en 1983 avec Dans les ténèbres. "C'était la première fois qu'un de mes films sortait d'Espagne" explique-t-il. Il est revenu sur le Lido avec son premier grand succès international, Femmes au bord de la crise de nerfs en 1988, qui avait remporté le Prix du meilleur scénario, sa première récompense. "Ce Lion va devenir mon animal domestique, à côtés des deux chats qui m'accompagnent" ajoute le maître espagnol.

Inutile de signaler que Pedro Almodovar est l'un des réalisateurs les plus réputés dans le monde. Parle avec elle lui a valu un Oscar du meilleur scénario (en plus d'une nomination à titre de meilleur réalisateur), Tout sur ma mère a été choisi pour l'Oscar du meilleur film en langue étrang§re. Il a reçu 4 Baftas, un Teddy Award à Berlin, un prix du scénario et un autre de la mise en scène à Cannes (en plus de prix d'interprétation pour les actrices de Volver et pour Antonio Banderas dans Douleur et Gloire), 4 César, 7 European Film Awards, et de nombreux Goyas dans son pays: meilleur film et meilleur scénario original pour Femmes au bord de la crise de nerfs, meilleur film et meilleur réalisateur pour Tout sur ma mère, meilleur film et du meilleur réalisateur pour Volver... Il a également été sacré par un Prix Lumière du Festival éponyme de Lyon il y a 5 ans.

Depuis 40 ans, Pedro Almodovar n'est pas seulement le "cinéaste qui nous a offert les portraits les plus variés, les plus controversés et les plus provocants de l’Espagne post-franquiste" comme l'explique le Festival de Venise, ni "seulement le réalisateur espagnol le plus important et le plus influent depuis Buñuel". "Almodóvar excelle avant tout dans la peinture de portraits féminins d'une originalité incroyable, grâce à une empathie exceptionnelle qui lui permet de représenter leur puissance, leur richesse émotionnelle et leurs faiblesses inévitables avec une authenticité rare et touchante" s'enthousiasme la Mostra.

"Les thèmes de la transgression, du désir et de l’identité sont le terrain de prédilection de ses films, qu’il imprègne d’un humour corrosif et orne d’une splendeur visuelle qui confère un éclat inhabituel au camp esthétique et au pop art auxquels il fait explicitement référence. Le chagrin d'amour, le chagrin d'abandon, les contradictions du désir et les déchirures de la dépression convergent dans des films qui chevauchent le mélodrame et sa parodie, atteignant des pics d'authenticité émotionnelle qui rachètent tout excès formel potentiel" a déclaré Alberto Barbera.

Stanley Donen (1924-2019), grand styliste qui a tout donné

Posté par vincy, le 23 février 2019

Le réalisateur américain Stanley Donen est mort d'une crise cardiaque jeudi à New York, à l'âge de 94 ans, a indiqué samedi l'un de ses fils, Mark Donen, au Chicago Tribune.

S'il n'avait jamais remporté d'Oscars pour ses films et s'il n'a jamais été nommé en tant que réalisateur, ce qui en soi est un scandale et relativise beaucoup le poids de la statuette dans la cinéphilie mondiale, il avait reçu un Oscar récompensant l'ensemble de sa carrière, en 1998 et un Lion d'or d'honneur à Venise en 2004.

Né le 13 avril 1924, avec un père gérant d'un magasin de robes et une mère fille de bijoutier, il avait souvent confié que son enfance n'était pas très heureuse et qu'il avait été victime d'antisémitisme. Pour s'échapper de l'ennui, il passe l'essentiel de sa jeunesse au cinéma, adorant les westerns, les comédies et les thrillers. En 1933, en voyant Flying Down to Rio avec Fred Astaire et Ginger Rogers, il décide d'en faire son métier et commence à tourner quelques films avec une caméra 8mm. Il prend des cours de danse, se produit au théâtre municipal et a la chance de voir les comédies musicales de Broadway lors des vacances d'été.

Il débute comme assistant chorégraphe (de Gene Kelly) et assistant réalisateur (de George Abbott) durant la seconde guerre mondiale. Finalement, il passe à la réalisation en 1949 en signant un contrat de sept ans avec la MGM. Il n'a que 25 ans. Un jour à New York ( On the Town), adaptation du hit éponyme de Broadway, avec Gene Kelly et Frank Sinatra, un histoire de beaux marins qui pose les bases de son cinéma: aérien, volant même, léger, et musical.

Le succès est au rendez-vous. Il enchaîne avec Mariage Royal, où il retrouve l'autre grand acteur-danseur-chanteur de l'époque, Fred Astaire, pour un autre musical. "Quand Fred Astaire danse, tout est parfait dans ce monde". Puis il fait tourner Elizabeth Taylor dans Une vedette disparaît, comédie romantique de commande qu'il s'applique à mettre en scène.

Son génie du cinéma - alliant avec grâce le rythme et le divertissement - va éclater très vite avec l'un des chefs d'œuvre de la comédie musicale, où il insuffle son envie de joie et de bonheur. En 1952, il tourne Chantons sous la pluie (Singin' in the Rain) avec Gene Kelly, Debbie Reynolds et Cyd Charisse. Tout le monde connaît le titre phare de cette romance qui a pour toile de fond le passage du cinéma muet au parlant à Hollywood. L'exigence de Gene Kelly et le perfectionnisme de Stanley Donen font des étincelles avec des séquences sublimes, sommet de l'âge d'or de la comédie musicale. Paradoxalement, le film n'a reçu que deux nominations aux Oscars (et aucune victoire). Aujourd'hui, il est considéré comme l'un des deux meilleurs films de son genre de l'Histoire du 7e art.

Sous contrat avec la MGM, Stanley Donen ne va pas être utilisé à sa juste valeur. Il réalise une comédie, L'Intrépide (Fearless Fagan) avec Janet Leigh, et des musicals comme Donnez-lui une chance (Give a Girl a Break), avec Debbie Reynolds, et Beau fixe sur New York (It's Always Fair Weather), avec Gene Kelly, Cyd Charrisse et Michael Kidd. Mais c'est avec Les Sept Femmes de Barbe-Rousse (Seven Brides for Seven Brothers), où chorégraphies (de Kidd) et mise en scène (de Donen) impressionnent. Le film est cinq fois nommé aux Oscars, dont meilleur film, et repart avec l'Oscar de la meilleure musique.

Chez Donen, tout est toujours beau, de la direction artistique aux acteurs. Mais cela ne cache pas la complexité de ses personnages, tourmentés, contradictoires, parfois idéalistes, ou tout simplement cherchant le bonheur dans un monde assez noir. En 1957, pour son déjà 10e long métrage, le réalisateur ose le mélange entre la comédie romantique et la comédie musicale, une gloire mythique comme Fred Astaire et une étoile montante nommée Audrey Hepburn, un film entre questions existentialistes qui traversent les courants de pensée de l'époque et le carpe diem qui se fout du quand dira-t-on. Drôle de frimousse (Funny Face) est son deuxième chef d'œuvre. Et son premier film tourné à Paris, so chic. Tel un styliste de haute-couture, le réalisateur utilise parfaitement les décors et les comédiens pour donner l'émotion idoine. Mais surtout, il prouve qu'il est un as des ciseaux avec un montage endiablé et précis qui sont sa marque de fabrique. "Jean-Luc Godard a dit que le cinéma c'était la vérité en 24 images seconde. Je pense que le cinéma c'est des mensonges en 24 images secondes" expliquait-il.

Ensuite, il co-réalise avec George Abbott Pique-nique en pyjama (The Pajama game) avec Doris Day, et Embrasse-la pour moi (Kiss Them for Me), où il créé le duo improbable Cary Grant et Jayne Mansfield. Deux films mineurs. Mais en 1958, il réussit à réunir Cary Grant et Ingrid Bergman (12 ans après Les Enchaînés) pour Indiscret (Indiscreet). Donen expérimente de plus en plus l'image pour lui donner du rythme, notamment en utilisant le split-screen. Dans ce quasi huis-clos annonçant le futur Charade, il s'en sert même pour contourner la censure. Mais, durant cette période, le talent de Stanley Donen se gâche avec des scénarios pas vraiment à la hauteur. En dehors de l'adaptation du musical Damn Yankees!, co-réalisé avec Abbott une fois de plus, il tourne Chérie recommençons (Once More, with Feeling!) et Un cadeau pour le patron (Surprise Package), tous deux avec Yul Brynner. Il retrouve Cary Grant pour Ailleurs l'herbe est plus verte (The Grass Is Greener), avec également Deborah Kerr, Robert Mitchum et Jean Simmons.

Cela clôt une décennie inégale malgré quelques prodiges. En 1963, Stanley Donen tourne la comédie-thriller pop, piquante et romantique, en plus d'être hitchcockienne, Charade, à Paris, avec Cary Grant et Audrey Hepburn. Il retrouve là son mojo. Avec la réalisation élégante, le montage électrique, l'alchimie des deux stars et la musique d'Henry Mancini, le film devient vite un classique, summum du scénario à twists et de la comédie à répliques.

En tournant moins, Donen semble libéré de la pression des studios. Avec Arabesque trois ans plus tard, il tente quand même la même formule qu'avec Charade. Cette fois-ci les étincelles proviennent du duo Gregory Peck, après le refus de Cary Grant, et Sophia Loren, habillée en Dior. Le cinéaste trouvant le scénario moyen, décide de rendre la mise en scène clinquante, utilisant des angles de caméra étranges et des compositions visuelles excentriques. Il change complètement de direction avec son film suivant, en 1967, Voyage à deux (Two for the Road), avec Albert Finney, disparu il y a peu, et Audrey Hepburn. Ce qui aurait pu être un banal mélo sur un couple prêt à divorcer devient un hymne à l'amour à travers les souvenirs de ce couple tout en critiquant son embourgeoisement. Le génie de Donen est de mélanger les époques avec un montage malicieux où seuls les vêtements, coiffures et voitures permettent de distinguer les époques. Avec en bonus l'une des plus belles partitions de Mancini.

A compter de cette période le génial Donen va se perdre dans des projets moins intéressants, dépassé par un nouveau cinéma américain, loin de l'âge d'or qu'il vénérait. Il filme Bedazzled, adapte (et rate) Le Petit Prince, tourne Lucky Lady (avec Gene Hackman, Liza Minnelli et Burt Reynolds), s'essaie à la science-fiction (le nanar culte Saturn 3, avec Farrah Fawcett, Kirk Douglas et Harvey Keitel), offre deux films en un avec Movie Movie qui est divisé en deux parties, un film de boxe Dynamite Hands, et un musical Baxter's Beauties of 1933. Donen était l'un des rares à s'affranchir des contraintes et des conventions. Rappelons qu'il a réalisé en 1969 L'escalier (Staircase), avec Rex Harrison et Richard Burton, qui y formait l'un des premiers couples gays du cinéma américain. Aujourd'hui le film est perçu comme homophobe. A l'époque, ça a surtout été un désastre au box office.

La carrière du cinéaste s'arrête en 1984 avec La Faute à Rio (Blame It on Rio), remake du film Un moment d'égarement de Claude Berri , avec Michael Caine comme dernière star de sa filmographie. Malgré des projets, malgré son travail de producteur (pour la télévision principalement) ou de metteur en scène à Broadway, il n'a plus jamais sorti de film au cinéma. Il n'avait plus de défis à relever sans doute. Comme il le confiait: "Je pense que ce que nous aimons tous dans la vie, c'est le défi de faire quelque chose… qui n'est pas facile à faire."

2018 en 40 films (4/4): Blackkklansman, Les garçons sauvages, En liberté!, du genre, du docu, du noir et blanc, et une Palme d’or!

Posté par vincy, le 30 décembre 2018

Les garçons sauvages de Bertrand Mandico
Pour l'exploration fantastique, poétique, onirique des genres, ceux du cinéma et ceux des sexes. Le XXIe siècle est définitivement féminin.

Blackkklansman de Spike Lee
Une jubilation divertissante pour ceux qui veulent comprendre comment Trump est arrivé au pouvoir et pourquoi l'Amérique est toujours aussi raciste.

The House that Jack built de Lars Von Trier
Quand l'artiste qui a été persona non grata gratte l'art comme personne : le génie du crime est (toujours) là, sans limites.

High Life de Claire Denis
Pour ceux qui aiment douter au cinéma. Parce qu'avec cette incursion de Claire Denis dans le space opera, on n'est jamais totalement sûr de savoir si ce que l'on voit est sublime, ou un peu ridicule. Après réflexion intense, on penche définitivement pour la première option.

RBG de Betsy West et Julie Cohen (10/10)
Pour un portrait fidèle de l’une des plus grandes figures de la politique américaine, une femme qui a su poser son empreinte dans la pop culture.

Leto de Kirill Serebrennikov
Un remède rock et chic à la dépression hivernale.

Utoya 22 juillet d'Erik Poppe
Pour s'interroger sur la manière dont le cinéma doit, ou non, raconter l'horreur.

Wildlife de Paul Dano
Un premier film envoûtant et mélancolique qui nous hante par la force des sentiments qui se dégagent de ce sublime récit intime.

Grass de Hong Sang-soo
Pour une variation réconfortante et humaniste sur les thèmes de prédilection de Hong Sang-soo (les rapports amoureux, le milieu du cinéma, le hasard et les coïncidences). Et pour ceux qui, généralement, pensent que le Coréen n'est pas un véritable metteur en scène.

Roma d'Alfonso Cuaron
Ceci n'est pas un film. C'est du cinéma. Que l'on ne peut voir que chez soi, hélas. Mais Cuaron continue ainsi de raconter une histoire de mère(s), sans réel fil conducteur, dans un espace familier et une époque révolue. Splendide et bouleversant.

Cassandro, The exotico! de Marie Losier
Un portrait iconoclaste et allégorique d'un homme passionnant, par son métier (la lutte mexicaine), ses croyances (entre catholicisme et chamanisme), et sa différence sexuelle. Queer jusqu'au bout des talons aiguilles.

Spider-Man New Generation de Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman
Pour tous ceux qui rêvent de voir un grand film Marvel, qui veulent se faire plaisir avec un pur et palpitant Blockbuster, et qui espèrent enfin contempler un film américain d'animation qui s'aventurent dans les esthétiques du comics et osent toutes les audaces du cartoon et du manga.

Carmen et Lola d’Arantxa Echevarría
Pour les romantiques fascinés par les histoires d’amour impossibles.

Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda.
Pour les humanistes et les universalistes qui aiment les beaux récits où le cœur a toujours ses raisons, dans une société pleine de déraison.

Diamantino de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt
Pour les amateurs de foot et ceux qui le détestent, pour ceux qui aiment les chiens roses et ceux qui leur donnent des coups de pied, pour ceux qui aiment l'humour noir et ceux qui préfèrent l'auto-dérision absurde.

En liberté ! De Pierre Salvadori
Pour celles et ceux qui aiment les comédies françaises, les acteurs français et l’autodérision à la française !

Venise 2018: des valeurs sûres au palmarès

Posté par vincy, le 8 septembre 2018

Netflix repart avec le Lion d'or, et le prix du scénario. le jury a fait fi des polémiques. Au passage, le cinéma mexicain s'offre un deuxième Lion d'or consécutif puisque Guillermo del Toro (et son jury) a récompensé son ami Alfonso Cuaron pour sa fresque Roma. Dans le reste du palmarès de la compétition, on note que ce sont des artistes affirmés qui ont presque tout raflé, souvent des cinéastes estampillés cannois: Audiard à la réalisation (seul prix majeur pour un film français), les Coen, Willem Dafoe et bien sûr Lanthimos, autre grand vainqueur avec le Grand prix du jury ET le prix d'interprétation féminine pour The Favourite. L'omniprésence d'un cinéma en langue anglaise peut aussi inquiéter : Venise se transforme de plus en plus en rampe vers les Oscars, plus qu'en zone de découverte.

Seules véritables surprises: l'absence de Capri-Revolution, qui a récolté plusieurs prix chez les jurys parallèles, et les deux prix mérités pour The Nightingale, seul film réalisé par une femme dans la compétition, et qui aurait sandoute mérité un peu mieux quand même.

Compétition
Lion d'or: Roma d'Alfonso Cuaron
Grand prix du jury:The Favourite de Yorgos Lanthimos
Meilleur réalisateur: Jacques Audiard pour The Sisters Brothers
Coupe Volpi de la meilleure actrice: Olivia Colman dans The Favourite de Yorgos Lanthimos
Coupe Volpi du meilleur acteur: Willem Dafoe dans At Eternity's Gate de Julian Schnabel
Meilleur scénario: The Ballad of Buster Scruggs de Joel & Ethan Coen
Prix spécial du jury: The Nightingale de Jennifer Kent

Prix Marcello Mastroianni pour un acteur émergent
Baykali Ganmbarr dans The Nightingale de Jennifer Kent (compétition)

Prix Luigi de Laurentiis
Meilleur premier film (toutes sélections confondues): Yom Adaatou Zouli (The Day I Lost My Shadow) de Soudade Kaadan (en sélection Orizzonti)

Lion d'or d'honneur: Vanessa Redgrave et David Cronenberg

Orizzonti
Meilleur film: Kraben Rahu de Phuttipohong Aroonpheng
Meilleur réalisatrice: Emir Baigazin pour Ozen
Prix spécial du jury: Anons de Mahmut Fazil Coskun
Meilleure actrice: Natalya Kudryashova dans The Man Who surprised Everyone de Natasha Merkulova et Aleksey Chupov
Meilleur acteur: Kais Nashif dans Tel Aviv on Fire de Sameh Zoabi
Meilleur scénario: Jinpa de Pema Tseden
Meilleur court métrage: Kado d'Aditya Ahmad

Venice Virtual Reality
Meilleur VR: Spheres d'Eliza McNitt
Meilleure expérience: Buddy VR de Chuck Chae
Meilleure histoire: L'île des morts de Benjamin Nuel

Venezia Classics
Meilleur film restauré: La notte du San Lorenzo de Paolo et Vittorio Taviani
Meilleur documentaire sur le cinéma: The Great Buster: a Celebration de Peter Bogdanovich

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Les palmarès de la Gironate degli autore et de la Semaine internationale de la Critique
Tous les autres prix décernés au Festival de Venise