BIFFF 2019 : les films catastrophe, nouvelle tendance du cinéma scandinave

Posté par kristofy, le 20 avril 2019

Pour les films fantastiques, on peut reconnaître une région du globe à certaines spécificités : torture psychologique, humour sarcastique, bagarre à coups de marteau... au Japon, en Espagne, en Corée du Sud.

Les pays nordiques, en dehors des best-sellers littéraires, semblaient plus méconnus. Leurs films fantastiques sont plutôt signés de grands cinéastes reconnus dans les Festivals: Lars Von Trier (Mélancholia, The house that Jack built…) et Nicolas Winding Refn (Valhalla Rising, The Neon demon…) du Danemark, Andre Ovredal de Norvège (The Troll hunter, The Jane doe identity), Tomas Alfredson de Suede (Morse), Timo Vuorensola de Finlande (Iron Sky)…

Cette année, le BIFFF a programmé 7 films de cinéastes nordiques avec tueurs, zombies, odyssée spatiale et une série de films catastrophes à glacer le sang. Revue de détails pour 3 d’entre eux vraiment remarquables, et que vous pouvez déjà découvrir :

The Quake, de John Andreas Andersen, Norvège.

Le film The Wave était dans certains top 10 des meilleurs films de l’année 2016 (son réalisateur norvégien Roar Uthaug a été appelé à Hollywood pour réaliser le nouveau Tomb Raider). C’était d’ailleurs tellement bien que l’équipe en a fait cette suite réalisée par John Andreas Andersen. Après le tsunami en bordure d’une côte à Geiranger et ses 248 morts, cette fois c’est carrément un tremblement de terre dans la capitale, qui sera évidemment pire ! Encore une fois les effets spéciaux des catastrophes naturelles sont épatants, mais surtout ils sont au service de l’histoire : un géologue qui calcule les risques de cataclysme et qui craint de les voir survenir quand personne n’y croit. A Oslo, bien qu’ une faille sismique soit tout de même surveillée sans aucune alerte depuis 1904, il n'y a apriori aucun risque.

The Quake débute quelques années après l’autre film, on (re)découvre le héros solitaire et séparé de sa famille car il ressasse encore le traumatisme du tsunami, quand un collègue trouve la mort dans un tunnel de Oslo. Il y a bien un énorme tremblement de terre imminent mais sa femme et sa fille se trouve dans un immense building, le temps d’aller les chercher et c’est le piège qui s’effondre en étant à l’intérieur… Le seul reproche de ce film est qu’il soit centré uniquement sur cette famille en danger, quand l’autre donnait plus à voir une communauté de voisins en péril. Si avec The Wave on avait eu le souffle coupé, c’est le cœur qui s'arrête pour The Quake avec cet homme qui va tout faire pour sauver encore une nouvelle fois femme et enfants. (malheureusement pas de sortie en salles, disponible en e-cinéma)

The Unthinkable, du collectif Crazy Pictures, Suède

Dans beaucoup de films catastrophe, il y a toujours une histoire d’amour. Dans The Unthinkable on a ainsi un film d’amour dans une histoire de catastrophe. C’est l’œuvre de Crazy Pictures qui est un collectif de 5 Suédois qui ensemble s’occupent de l’écriture, la production, la réalisation, les effets spéciaux… C’est peut-être d’ailleurs parce que le film a été conçu à plusieurs mains qu’il raconte en fait 2 grandes histoires d’amour manquées et parallèles : celle du héros qui n’est pas parvenu à se déclarer à une fille qu’il retrouve douze années plus tard, et celle du héros en rapports conflictuels avec son père durant sa jeunesse auquel il va se confronter.

On verra que c’est autant compliqué de se rapprocher que de s’éloigner de qui on voudrait alors que dans le pays se déroule une vaste et mystérieuse attaque qui provoque à la fois des accidents de voitures, des coupures de courant, la mort de militaires et la disparition du gouvernement ! Le père entre dans une paranoïa d’agents étrangers tandis que la fête du solstice d’été est peut-être l’occasion pour le fils de reconquérir sa femme idéale. Mais des hommes armés et des hélicoptères en action vont tout perturber… The Unthinkable, étonnant à plus d’un titre, est logiquement sélectionné dans chaque festival fantastique comme Sitges, Paris, Gerardmer, et donc enfin le Bifff à Bruxelles. (il est désormais disponible depuis le 3 avril en dvd et blu-ray, édité par Wild Side)

Cutterhead, de Rasmus Kloster Bro, Danemark

En plein Copenhague, il y a un vaste chantier en cours. En fait, il s’étend loin en profondeur puisqu’il s’agit de percer des nouveaux tunnels pour un métro. Rie est une femme chargée d’y passer une journée à documenter les travaux avec des photos, elle descend alors dans les entrailles de la terre et y découvre dans des passages étroits le travail pénible de tunnelier. La plupart des ouvriers ne parlent pas danois ni même à peine anglais: il y a Ivo d’origine croate qui rentre chez lui une semaine par trimestre et Bharan qui a fuit l’Erythrée et qui a une lourde dette envers sa famille. Ces trois personnages vont se retrouver coincés - après une alarme incendie - dans un réduit de quelques mètres : la chaleur augmente, l’oxygène baisse, pas de nourriture, et l'incertitude d'une éventuelle intervention des secours…

Cutterhead débute presque comme un documentaire social pour très vite devenir une catastrophe oppressante et claustrophobe. Dès l’enfermement, c’est filmé au plus près des visages avec un soin particulier sur les sons extérieurs. L’angoisse et la peur gagnent en même temps les protagonistes et les spectateurs. Au fur à mesure que le temps passe, le désespoir l'emporte et les chances de survie s'amoindrissent. Il va falloir lutter pour soi et peut-être même contre les autres. Avec ce film, danger de suffocation…

Joachim Trier revient en Norvège mais s’aventure dans le surnaturel

Posté par vincy, le 11 juin 2016

Un an après sa présentation en compétition à Cannes de Louder than Bomb, son premier film en langue anglaise, Joachim Trier revient dans son pays natal, la Norvège, pour tourner un thriller surnatruel, Thelma. Le film promet d'être innovant pour le cinéaste, et pas seulement parce qu'il promet d'être dans le genre fantastique. En effet, après trois histoires de jeunes hommes, Joachim trier va se concentrer sur une jeune femme.

L'histoire est celle d'une jeune femme, dans une Norvège contemporaine, qui tombe amoureuse et réalise qu'elle a des pouvoirs inexplicables et effrayants. Coproduit avec la société française Memento films (qui s'occupe également des ventes internationales), Thelma a aussi reçu une importante aide de l'Institut du cinéma norvégien (1,2 million d'euros), représentant près d'un quart de son budget. La sortie est déjà programmée au printemps 2017 (Cannes?).

Le cinéaste cherche actuellement son casting féminin, notamment des filles de 18 à 26 ans, sachant faire du roller. Les producteurs scandinaves promettent également de nombreux effets spéciaux. Selon Cineuropa, le tournage débutera en septembre.

Cannes 2016: les prétendants européens

Posté par vincy, le 6 mars 2016

julieta almodovar

Troisième liste des prétendants pour le Festival de Cannes 2016. A moins de deux mois du Festival, faisons un point sur les films qui pourraient être sur la Croisette. La concurrence sera rude. Roumains, britanniques, espagnols (même si les films de Agustín Díaz Yanes et Fernando Trueba ne seront sans doute pas prêts) sont sur les starting-blocks. Pour Aki Kaurismaki et Sergei Loznitsa on attendra Cannes 2017... Il n'y aura pas de place pour tout le monde dans cette liste non exhaustive. Mais il est certain que les abonnés du Festival y trouveront leur place dans les différentes sélections (Ab Fab hors compét ou juste de passage, that is the question). L'Europe, une fois de plus en force? En tout cas, le menu est alléchant, même s'il n'y en a qu'un tiers de retenu.

- Paris pieds nus, de Dominique Abel et Fiona Gordon, avec Emmanuelle Riva et Pierre Richard
- Julieta, de Pedro Almodovar, avec Adriana Ugarte, Rossy de Palma, Michelle Jenner et Emma Suarez
- American Honey, d'Andrea Arnold, avec Sasha Lane, Shia LaBeouf et McCaul Lombardi
- Fais de beaux rêves (Fai bei sogni), de Marco Bellocchio, avec Bérénice Bejo, Valerio Mastandrea et Fabrizio Gifuni
- I Want to Be Like You, de Konstantin Bojanov, avec Thure Lindhardt, Kim Bodnia et Lubna Azabal
- Viceroy’s House, de Gurinder Chadha, avec Gillian Anderson, Michael Gambon, Hugh Bonneville et Om Puri
- Tulip Fever, de Justin Chadwick, avec Alicia Vikander, Cara Delevingne et Christoph Waltz
- La fille inconnue, de Luc et Jean-Pierre Dardenne, avec Adèle Haenel, Jérémie Renier et Olivier Gourmet
- La vita possibile, d'Ivano De Matteo, avec Margherita Buy, Valeria Golino, Andrea Pittorino
- Souvenir, de Bavo Defune, avec Isabelle Huppert, Johan Leysen, Kévin Azaïs
- Timm Thaler, d'Andreas Dersen, avec Arved Friese, Justus von Dohnányi et Axel Prahl
- Anthropoid, de Sean Ellis, avec Jamie Dornan, Cillian Murphy et Charlotte Le Bon
- Absolutely Fabulous: The Movie, de Mandy Fletcher, avec Joanna Lumley et Jennifer Saunders
- Florence Foster Jenkins, de Stephen Frears, avec Meryl Streep, Hugh Grant et Rebecca Ferguson
- The Promise, de Terry George, avec Christian Bale, Oscar Isaac et Charlotte Le Bon
- Walking to Paris, de Peter Greenaway, avec Emun Elliott, Carla Juri et Gianni Capaldi
- Glory, de Kristina Grozeva et Petar Valchano, avec Stefan Denolyubov et Margita Gosheva
- Heartstone, de Gudmundur Arnar Gudmundsson, avec Soren Malling, Nina Dögg Filippusdottir et Gunnar Jonsson
- Valley of Shadows, de Jonas Matzow Gulbrandsen, avec Kathrine Fagerland
- Salt and Fire, de Werner Herzog, avec Michael Shannon et Gael García Bernal
- Quit Staring at my Plate, d'Hana Jusic, avec Zlatko Buric
- Ray, d'Andrey Konchalovski , avec Yuliya Vysotskaya, Christian Clauss et Philippe Duquesne
- Le long de la voie lactée (On the Milky Way), d'Emir Kusturica, avec Monica Bellucci et Sergej Trifunovic
- L'économie du couple, de Joachim Lafosse, avec Bérénice Bejo, Marthe Keller, Catherine Salée et Cédric Kahn
- I, Daniel Blake, de Ken Loach, avec Hayley Squires, Natalie Ann Jamieson et Dave Johns
- Queen of Spades, de Pavel Lungin, avec Kseniya Rappoport, Ivan Yankovskiy et Igor Mirkurbanov
- Deep Water, de James Marsh, avec Rachel Weisz, Colin Firth et David Thewlis
- Dogs, de Bogdan Mirica, avec Dragos Bucur, Gheorghe Visu et Vlad Ivanov
- Rumeno, de Catalin Mitulescu, avec Alexandru Potocean, Ada Condeescu et Giada Laudicina
- Photo de famille (Fotografii de familie), de Cristian Mungiu, avec Vlad Ivanov, Maria-Victoria Dragus et Ioachim Ciobanu
- The Giant (Jätten), de Johannes Nyholm, avec Christian Eriksson, Johan Kylén et Anna Bjelkerud
- Mindörökké, de György Pálfi, avec Julia Ubrankovics, Tamás Polgár et Attila Menszátor-Héresz
- Sieranevada, de Cristi Puiu, avec Mimi Branescu et Bogdan Dumitrache
- L'ornithologue, de Joao Pedro Rodrigues, avec Paul Hamy et Chan Suan
- La Mort de Louis XIV, d'Albert Serra, avec Jean-Pierre Léaud, Patrick d'Assumçao et Marc Susini
- Luxembourg, de Myroslav Slaboshpytskiy
- Zoology, de Ivan I. Tverdovsky, avec Masha Tokareva, Aleksandr Gorchilin et Zhanetta Demikhova
- A Hologram for the King, de Tom Tykwer, avec Tom Hanks, Ben Whishaw, Tom Skerritt et Sidse Babett Knudsen
- Skokan, de Petr Vaclav, avec Karidja Touré, Klaudia Dudová et Leslie-Joy
- Elle, de Paul Verhoeven, avec Isabelle Huppert, Christian Berkel, Anne Consigny, Laurent Lafitte et Virginie Efira
- Les beaux jours d'Aranjuez, de Wim Wenders, avec Sophie Semin, Reda Kateb et Nick Cave
- Free fire, de Ben Wheatley, avec Brie Larson, Cillian Murphy et Armie Hammer
- The Neon Demon, de Nicolas Winding Refn, avec Keanu Reeves, Christina Hendricks et Jena Malone

Un thriller norvégien conquiert la Berlinale

Posté par vincy, le 11 février 2014

in order of disappearance

In Order of Disappearance, présenté lundi en compétition à Berlin, a conquis la presse et les professionnels. C'est mérité tant le thriller à la fois brutal et burlesque de Hans Petter Moland (dont c'est la troisième sélection à la Berlinale) manie avec savoir-faire une série de meurtres, une société déglinguée et le parcours d'un citoyen idéal qui se dérègle après la mort de son fils.

On pense évidemment à Fargo des frères Coen. Mais il y a aussi cet humour absurde typique qu'on retrouve chez Bent Hamer. Le casting réunit Stellan Skarsgard, l'acteur fétiche du cinéaste, et Bruno Ganz, entre autres. Une quinzaine de personnages principaux et secondaires se croisent dans ce jeu de massacre à la Agatha Christie. La mise en scène est brillante, mêlant habilement des séquences d'atmosphère proches du polar épuré, des scènes violentes soudaines et des dialogues ou des plans cocasses. Un divertissement jouissif.

Pas étonnant que les distributeurs se l'arrachent : en France, Chrysalis Films le diffusera dans les salles. Il a été acheté dans presque tous les pays européens. D'autant que le cinéaste n'est pas un inconnu. Ancien Grand prix du meilleur court métrage à Clermont-Ferrand, Hans Petter Moland, 59 ans, a écumé les festivals et gagné plusieurs prix tout au long de sa carrière, débutée il y a 20 ans.

Le titre du film fait un pied de nez aux génériques qui indiquent la distribution des rôles "par ordre d'apparition". Ici, pas de générique, mais des morts, "par ordre de disparition."

Göteborg 2014 : deuxième Dragon Award d’affilée pour le réalisateur norvégien Hisham Zaman

Posté par MpM, le 1 février 2014

letter to the kingA l'issue de la 37e édition du Festival international du film de Göteborg qui s'est achevée ce samedi 1er février, c'est le réalisateur norvégien Hisham Zaman qui a remporté le Dragon Award du meilleur film nordique, plus haute récompense de la compétition, pour la deuxième année consécutive. En 2013, il avait en effet été couronné pour le long métrage Before snowfall.

Cette année, c'est son nouveau film Letter to the king qui a conquis le grand jury mené par le réalisateur franco-tchadien Mahamat-Saleh Haroun et composé de la productrice Agnes Johansen (Islande), le producteur Kalle Løchen (Norvège), la réalisatrice Anna Odell (Suède), l'actrice Maria Sid (Finlande) et le directeur de la photographie Erik Molberg Hansen (Danemark).

Letter to the king suit cinq migrants en attente de régularisation qui sont autorisés à passer une journée à Oslo. Le scénario intelligent et d'une grande fluidité permet à chaque personnage d'exister en très peu de scènes, mais surtout de dépasser le stéréotype du réfugié en recherche d'intégration.

Au contraire, Hisham Zaman met l'accent sur la simplicité et l'universalité de leurs destins personnels : un adolescent qui cherche l'amour, une jeune veuve hantée par son passé, un spécialiste d'arts martiaux en recherche d'emploi... Le portrait moderne et ultra-sensible, à la frontière du documentaire, d'une réalité extrêmement actuelle qui échappe à tous les clichés misérabilistes.

L'autre grand vainqueur de la compétition of horses and men nordique est l'Islandais Benedikt Erlingsson qui a réussi l'exploit de conquérir à la fois le public et la critique internationale avec son premier long métrage en tant que réalisateur, Of horses and men.

Ce grand film choral, à la fois hilarant et d'une grande profondeur, filme avec intensité, sensualité et élégance les rapports entre les personnages et les chevaux qui partagent leur quotidien.

La beauté de la mise en scène, et ses audaces formelles, en font une œuvre éminemment cinématographique qui poursuit donc sa moisson de récompenses, après avoir obtenu le prix du meilleur réalisateur à Tokyo, celui du meilleur film à Tallinn ou encore celui de meilleur nouveau réalisateur à San Sébastien.

the quiet roarC'est par ailleurs The Quiet Roar de Henrik Hellström (Suède) qui a reçu le prix de la meilleure photographie.

Le film raconte, dans une inspiration bergmanienne, l'expérience sensorielle "au-delà de l'esprit" d'une femme sur le point de mourir qui se reconnecte avec un épisode de son passé et a l'occasion de comprendre ce que fut sa vie.

Malgré l'atmosphère futuriste des premières séquences, il s'agit d'une introspection quasi statique et  minimaliste qui laisse un peu de marbre.

Enfin, dans les différentes autres compétition, l'Italienne Emma Dante a reçu l'Ingmar Bergman International Debut Award pour A Street in Palermo, Anna Eborn remporte le Dragon Award du meilleur documentaire nordique avec Pine Ridge qui suit de jeunes Indiens de la réserve Pine Ridge dans le Dakota du Sud et le Telia Film Award va à la Finlandaise Ulrika Bengts pour The disciple, un huis clos familial opposant un gardien de phare tyrannique, sa famille résignée et son jeune apprenti rebelle.

Tout le palmarès

Dragon Award du meilleur film nordique
Letter to the King d'Hisham Zaman

Dragon Award du meilleur documentaire nordique
Pine Ridge d'Anna Eborn

Prix du public du meilleur film nordique
Of Horses and men de Benedikt Erlingsson

Ingmar Bergman International Debut Award
A Street in Palermo d'Emma Dante

Sven Nykvist Cinematography Award
Fredrik Wenzel pour The Quiet Roar de Henrik Hellström

Prix du public du meilleur long métrage
Twin Sisters de Mona Friis Bertheussen

Prix FIPRESCI
Of Horses and men de Benedikt Erlingsson

Telia Film Award
The disciple d'Ulrika Bengts

Lorens Award du meilleur producteur
Lars Jönsson pour We are The Best!

Dragon Award d'honneur
Ralph Fiennes

Nordic Dragon Award d'honneur
Baltasar Kormákur

Arras 2012 : Jackpot, thriller norvégien déjanté en compétition

Posté par MpM, le 16 novembre 2012

Le Arras Film Festival propose jusqu'à dimanche sa compétition d'inédits européens. A la clef, pour les principaux lauréats, des aides à la distribution leur permettant de bénéficier d'une sortie en salles en France. Les neuf films en lice viennent d'horizons variés : Hongrie, Espagne, Islande...

Parmi eux, on retrouve notamment Jackpot du Norvégien Magnus Martens, un thriller aussi détonnant que cocasse, qui met en scène un travailleur social mêlé à une sanglante fusillade. Interrogé par un policier aux méthodes plus qu'originales, il raconte tous les événements (forcément déjantés) ayant conduit à la scène de crime.

Magnus Martens s'amuse avec les codes du genre et propose une galerie de personnages de type pieds-nickelés dignes de certains grands films des frères Coen. Plus bêtes que méchants, les protagonistes du film cumulent en effet mauvaises idées, plans foireux et coups de malchance. Ils s'entretuent joyeusement (et dans de grandes explosions de sang) puis réfléchissent aux moyens les plus inattendus pour faire disparaître les corps. Petite mention spéciale au recyclage de cadavres en sapins de Noël...

Au lieu d'imprimer un rythme trépidant artificiel au récit, le réalisateur prend le temps de poser ses scènes, découpées soigneusement en champs/contre-champs élégants, voire en plans larges assez fixes où s'épanouit l'action. Le travail sur les couleurs de l'image, ternes et légèrement surannées (verdâtres, jaunies...), donne à l'ensemble un aspect atemporel, mais permet surtout de jouer sur le contraste du sang qui éclabousse tout, ou de la peinture rouge qui camoufle les taches.

On est délibérément dans un cinéma de la surenchère, où tout doit être comme observé avec une loupe grossissante. Ainsi les personnages, stéréotypes délirants de petites frappes minables, et les situations, systématiquement détournées (un petit déjeuner entre pires ennemis chez la mère de l'un deux, une bagarre pour un lit bronzant...), viennent nourrir une intrigue par ailleurs très classique. De quoi confirmer la vitalité foisonnante du cinéma norvégien et surtout son regard acéré sur ce drôle d'animal qu'on appelle l'être humain.

Ciné Party Charles Bukowski, de facto

Posté par vincy, le 14 novembre 2008

blog_bukowski.jpgSamedi 15 novembre, l'Elysées Biarritz vibrera aux sons, aux images et aux mots du poète maudit Charles Bukowski. On pourra y jouer du piano ivre comme d'un instrument à percussions jusqu'à ce que les doigts siagnent un peu...

Puis que le Capitaine s'est barré en 1994, les marins vont s'emparer de son oeuvre. La soirée débute à 20 heures avec des lectures. Puis sera projeté Factotum, film du cinéaste norvégien culte Bent Hamer, avec Matt Dillon dans le rôle de l'auteur. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2005, nous écrivions à son sujet : "Compilation de petits moments désopilants, la rate est dilatée, le foie, le nôtre ne risque rien. Et ces tragiques petites histoires forment un petit bijou de cinéma, certes un peu artificiel, maniéré même, par rapport au sujet. Mais perpétuellement attachant. Humain. Désespérément humain." Bukowski a été adapté au cinéma par Marco Ferreri et Barbet Schroeder, entre autres.

Après la projection, la Ciné Party déchaînera les mélodies et les sons de Ledfoot, groupe de Boston qui mixe blues, gothique et rock. Ils seront suivis de Kristin Asbjornsen, compositeur de la musqiue de Factotum, qui oscille entre jazz et pop et même gospel avec son dernier album.
Tout cela nous emmènera à l'aube, avec les damnés et les souvenirs d'un pas grand cose, vieux dégueulasse et chien de l'enfer.

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Ciné Party : toutes les informations
Elysées Biarritz, 22-24 rue Quentin Bauchart, Paris 8e
M° George V, Franklin Roosevelt
Préventes : Digitick.com, Elyseetv.com
Facebook : s'inscrire à l'événement

La Norvège croit en son cinéma

Posté par vincy, le 10 octobre 2008

nouvelledonne.jpgEcran Noir aime beaucoup le cinéma nordique : on l'a vu récemment avec des films islandais et norvégiens. Evidemment, comparé à nos bravos, leur B.O. en France n'ont pu que nous décevoir. Il est toujours amer pour des critiques de se sentir un peu seuls. A qui parler de la jubilation vécue en voyant Back Soon ou La nouvelle vie de Monsieur Horten ? A qui offrir le livre Jar City après avoir vu le film? Avec qui débattre de Nouvelle Donne ?  Et n'oublions pas Kaurismaki, Von Trier ou encore Anderson parmi les cinéastes venus de là-haut...

En tout cas, il faudra sans doute voir une résurgence du cinéma norvégien dans les prochaines années. Fort de ses succès dans les salles locales et dans les festivals internationaux, les films norvégiens n'ont jamais été aussi nombreux (21 longs métrages en 2006, un record. Les salles n'ont jamais été aussi pleines, approchant les 2 millions d'entrées pour les films nationaux, soit 2 fois plus qu'avant les années 2000. Certains films séduisaient de 200 000 à 300 000 norvégiens, quelque soit le genre ou la cible. Le budget des films avoisine 1,5 millions d'euros et la part de marché augmente (désormais elle atteint 16%).

La semaine dernière, le gouvernement norvègien a annoncé qu'il ajouterait 7 millions d'euros dans un budget totalisant 90 millions d'euros environ d'aides à l'industrie cinématographique. Dorénavant l'objectif est de produire 25 films par an et de vendre 3 millions de tickets, soit une part de marché de 25% pour les films locaux. Qui a parlé de crise?

Nouvelle donne, à l’heure norvégienne

Posté par MpM, le 11 juin 2008

L’équipe de Nouvelle donne

A l'occasion de la sortie de Nouvelle donne, premier long métrage norvégien bourré d'énergie, Ecran Noir a rencontré une partie de la joyeuse équipe du film. Au fond, Joachim Trier (le réalisateur) et Anders Danielsen Lie (qui interprète le personnage de Phillip), au premier plan Eskil Vogt (coscénariste et ami d'enfance de Joachim) et Espen Klouman Hoiner (Erik). Ne manque que la très charmante Viktoria Winge (Kari), arrivée plus tard. A lire, l'entretien accordé par les deux auteurs et le point de vue des acteurs sur le film.
Le soir même Malavida films organisait une avant-premère parisienne au goût de saumon, sur une péniche parisienne. Tout le casting était présent. Joachim Trier évoquait son émotion à l'avant veille de la sortie de son film à Paris. Nouvelle donne, qui date de 2006 dans son pays d'origine, découvert au Festival des films nordiques de Rouen et acquis l'an dernier à Cannes par l'équipe de Malavida, se déroule en partie à Paris et rend explicitement hommage à la Nouvelle Vague. Manière de boucler l'aventure en beauté de ce premier film.

Photo : Claire Fayau.