La crise espagnole va faire mal au cinéma, qui se rebelle

Posté par vincy, le 24 juillet 2012

Déjà en 2011, ça n'allait pas très fort. Le marché cinématographique espagnol encaissait une baisse de 4,9% de ses recettes totales et de 5,9% de sa fréquentation. Dans le sixième marché européen, les salles n'en finissent plus de se vider (-12% depuis le début de l'année). Déjà en 2010, la chute de la fréquentation avait été alarmante (-7,6%). Désormais 96 millions d'espagnols ont été enregistrés à une caisse de cinéma. C'est 47 millions de moins qu'en 2004! Aucun film depuis 2010 n'a dépassé les 25 millions d'euros de recettes. Seule lueur dans ce marasme, la part de marché des films nationaux progressait de 12,7 à 15% entre 2010 et 2011.

Les nouvelles mesures du gouvernement, présentées il y a dix jours, ne vont pas arranger les choses. Afin de réduire les déficits et d'augmenter les recettes, le premier ministre Mariano Rajoy a décidé de faire passer la TVA sur la place de cinéma de 8 à 21%! Ce serait le taux le plus important en Europe pour un billet de cinéma. Les billets de théâtres et de concerts et ceux des musées sont également concernés. Mais les livres (sauf s'ils sont numériques à cause d'une aberration règlementaire européenne) restent taxés à 4%. Le gouvernement affirme qu'il n'a pas le choix pour satisfaire les exigences des marchés, de la Commission européenne et du FMI.

Les lobbies s'organisent pour lutter contre cette hausse. A l'origine, les salles de cinéma voulaient se mettre en grève en guise de protestation. Finalement, ils maintiennent la menace si la TVA à 21% est actée après le vote du parlement. Des discussions institutionnelles sont en cours. Parmi les arguments, ils expliquent que les espagnols préféreront télécharger illégalement des films plutôt que de payer un ticket devenu trop cher (6,6€ en moyenne en 2011). L'autre conséquence, toute aussi importante, est que ces mesures freineraient la production de films en Espagne, notamment à cause d'un fléchissement des investissements venus des télévisions publiques. Une étude de l'Université de Navarre a calculé qu'une telle hausse de la TVA allait faire chuter la fréquentation des salles de 25%!

Depuis quelques jours, les artistes se mobilisent aussi, Pedro Almodovar (ici sur le tournage de son nouveau film), Marisa Paredes, Javier Bardem et Carlos Bardem en tête. Pour eux, la démocratie et la culture ne font qu'un. Un mouvement s'est créé sur Twitter (#porlacultura) et les réseaux sociaux pour contrer ce projet de loi de finances.

Almodovar est particulièrement engagé, pour ne pas dire remonté contre le gouvernement. "Nous vivons dans la pire période pour la culture depuis le retour de la démocratie. Nous vivons dans une situation dangereuse, non seulement pour notre cinéma, mais pour l'ensemble du pays parce que la démocratie est devenue imparfaite et affecte tous les secteurs. "

Almodóvar est convaincu que des mesures supplémentaires n'auront pas l'effet désiré. "Ces mesures sont inutiles et cruelles", dit-il. "Les plus faibles sont au bord de la misère." Pour lui, cela menace tout le système...

Certains évoquent déjà une apocalypse culturelle voyant les salles de cinéma, et les lieux culturels en général, disparaître à moyen terme.

Mathieu Demy réunit Salma Hayek, Chiara Mastroïanni et Géraldine Chaplin

Posté par vincy, le 3 juin 2011

Fils de Jacques Demy, dont on célèbre les 45 ans du tournage des Demoiselles de Rochefort ces jours-ci et d'Agnès Varda, Mathieu Demy avait déjà réalisé deux courts métrages : Le Plafond en 2000 et La bourde en 2005. Il passe dorénavant dans la cour des grands avec la réalisation d'un premier long métrage : Americano. Le film a été tourné à Los Angeles, Paris et Tijuana (frontière mexicaine au sud de San Diego) en septembre et octobre dernier et, actuellement en post-production, devrait arriver dans les Festivals de la fin d'été.

Pour ça, il a réussit à réunir un joli triplé de comédiennes très cosmopolites : Salma Hayek, Géraldine Chaplin (L'orphelinat, Parle avec elle) et Chiara Mastroïanni. L'acteur Demy, qu'on peut voir actuellement à l'affiche de Tomboy, sera aussi de la partie, ainsi que Carlos Berdem (Cellule 211) et le cinéaste Jean-Pierre Mocky.

Avec ce scénario, il avait été le lauréat de l'aide à la production de la Fondation Groupama en 2009.

Le film suit un certain Mathieu qui s’appelait Martin quand il était enfant et vivait à Los Angeles. Martin a grandi et vit à Paris. Lorsqu’il perd sa mère, restée en Californie, il doit retourner dans la ville de son enfance pour s'occuper des formalités liées à son héritage. Mais incapable de faire face à la mort, il fuit vers Tijuana et s’égare sur les traces d'une danseuse Mexicaine qu’il a connue jadis, et qui avait depuis occupée une place importante dans la vie de sa mère. Pour faire son deuil, Martin devra revisiter son passé. Pour faire son film, Mathieu doit se réapproprier Martin, l’enfant fictif d’un film d’Agnès…