Au 1er janvier 2014, la TVA sur les billets de cinéma a été réduite à 5,5%, comme pour les livres ou les billets de spectacle. Cette baisse de la TVA ne devrait pas se faire ressentir sur le prix du ticket. Au mieux cela conduirait à une baisse de 9 centimes par ticket.
Par conséquent, la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) a préféré lancer une opération ciblée vers le jeune public et donc les familles. Depuis hier, un spectateur né dans les années 2000 ne paiera que 4 euros sa place de cinéma.
Cette opération a pour but de relancer la fréquentation des salles. Certes, elle est restée à un haut niveau en 2013 (195 millions de spectateurs), mais elle recule. Il s'agit aussi de promouvoir le cinéma auprès des futures générations de spectateurs, de fidéliser les gamins pour qu'ils continuent d'aller dans les salles quand ils seront plus grands. Les moins de 14 ans représenteraient 8 à 9% des entrées et, en moyenne, le billet de cinéma valait 5,5€ pour eux jusqu'à présent.
Une mesure qui pourrait fragiliser de nombreux films
Pour les parents, c'est une aubaine financière. Pour la profession, ça l'est moins. Cette opération ne sera réussie que si le volume de nouveaux spectateurs compense la perte financière qu'enregistreront les producteurs et les distributeurs.
La mesure a été prise sans concertation réelle, de façon unilatérale même. Et si, en nombre d'entrées, on verra peut-être un effet significatif sur les films familiaux et d'animation, en recettes, le résultat sera très différent et pourrait s'avérer périlleux pour la rentabilité de certains films. Certains films font en effet la moitié de leurs entrées avec des moins de 14 ans. Autant de billets moins chers qui pèseront sur la profitabilité d'une sortie et réduiront les marges des distributeurs et les royalties des ayant-droits.
Dans l'immédiat, les dépenses marketing vont sans doute en souffrir, y compris pour les blockbusters américains, si un distributeur veut rentrer dans ses frais. Ce n'est pas la même chose d'espérer un film réalisant 15 millions d'euros de recettes (La Reine des neiges par exemple) et au final de n'en recevoir que 12 millions. Des films de type Les profs, les Marvel, Belle & Sébastien qui attirent les enfants comme les pré-ados seront fragilisés financièrement. Rien ne dit que les producteurs ne prendront pas en compte cette donnée pour encadrer davantage, en amont, les budgets de production d'un film.
Pour l'instant, on attendra les rapports d'étape pour voir si cette mesure est viable économiquement. Mais le doute est permis. Le blllet à 4 euros ne pourrait vivre qu'un an. Et on pourrait regretter que la FNCF n'ait pas imaginé une mesure forte pour les films art et essais, plus vulnérables et indispensables à la diversité cinématographique. Car, ne nous leurrons pas, ce ticket "low cost" pour les jeunes profitera avant tout à des films populaires, qui n'avaient pas forcément besoin ni de ce coup de pouce en termes de fréquentation, ni de ce coup de couteau en termes de recettes.