[We miss Cannes] Côté Courts #3 : Quatre instantanés de la jeunesse

Posté par MpM, le 21 mai 2020

Pour ce troisième volet consacré aux courts métrages cannois, un thème incontournable et même un peu tarte à la crème : la jeunesse. Qu'il se décline sous forme de coming of age, de teen movie, de portrait intime ou d'instantané d'une génération, il semble représenter un court métrage sur deux, et mettre d'accord les réalisateurs de tous les pays. Pas si étonnant quand on réalise qu'observer l'enfance, l'adolescence et le début de l'âge adulte, et surtout les phases de transition entre chaque époque, s'avère souvent assez fascinant. Peut-être parce que cela permet aux sélectionneurs que nous sommes de garder un contact avec les jeunes générations. Ou tout simplement que cela nous rappelle une période de notre vie de plus en plus lointaine...

Pour les réalisateurs, c'est plus ou moins la même chose : les plus jeunes parlent de ce qu'ils connaissent, de sensations et de situations qu'ils viennent à peine de quitter. Les autres renouent avec leur passé, ou s'interrogent sur cet âge si particulier et si mouvant, qui ne cesse d'évoluer avec les époques.

Pour commencer notre voyage, on part aux Etats-Unis avec Too cool for School de Kevin Phillips, sélectionné à la Semaine de la Critique en 2015 (réservé à un public adulte). Un ado apathique, plus préoccupé par le fait de coucher avec sa petite amie que par ses études, décide de sécher le lycée. De retour chez lui, un étrange phénomène le confronte à sa vraie personnalité, et le masque du jeune cool et sûr de lui tombe brutalement. Le film, lui, bascule du teen movie propret vers le cauchemar éveillé qui met en lumière avec brio les angoisses et l'ambivalence du personnage.

On passe ensuite à un grand classique du court métrage cannois, C’est gratuit pour les filles du duo Marie Amachoukeli - Claire Burger, présenté en 2009 à la Semaine de la Critique. On y suit Laetitia qui s'apprête à passer son brevet professionnel de coiffure et rêve d'ouvrir un salon avec sa meilleure amie Yeliz. Mais une vidéo diffusée largement sur internet vient tout remettre en cause. Dans le style documentaire qui est le leur, les deux réalisatrices se penche sur un véritable fléau moderne, accentué par la prédominance des réseaux sociaux, la diffusion en ligne de vidéos intimes. Le film, malheureusement toujours extrêmement d'actualité, suit avec pudeur et justesse le parcours de Laetitia, dont il réaffirme le droit de faire ce qu'elle veut de son corps, n'en déplaise à la fois aux moralistes hypocrites et aux harceleurs décomplexés.

Troisième étape de cette sélection, Selva de Sofía Quirós Ubeda nous emmène au Costa Rica, sur la presqu'île de Tortuguero, aux côtés de la jeune Selva qui observe son monde en train de disparaître. La réalisatrice tisse un récit lumineux et doux sur la fatalité des départs et des séparations, où même la nostalgie a quelque chose de joyeux. Il faut accepter de lâcher prise devant cette histoire qui nous parvient depuis les origines du monde, transcendant l'espace et le temps pour nous parler de ce qui nous fait grandir et apprendre.

Enfin, notre programme se termine en beauté, comme en apothéose, avec le flamboyant court métrage d'Agnès Patron, L'Heure de l'ours, sélectionné en compétition officielle l'an passé. Les lecteurs assidus d'Ecran Noir connaissent déjà ce succès incontournable de 2019, qui raconte, dans des éclats de rouge et de vert sur fond noir, le combat immémorial des enfants pour gagner leur liberté et s'affranchir des adultes. Au-delà de sa force d'évocation et de sa beauté singulière, le film est comme le symbole du mouvement de flux et de reflux qui oscille entre l'attachement à l'enfance et le désir de lui échapper.

Pour découvrir notre mini-programme en ligne :

Too cool for school de Kevin Phillips
C'est gratuit pour les filles de Marie Amachoukeli et Claire Burger
Selva de Sofía Quirós Ubeda
L'heure de l'ours d'Agnès Patron

Et pour retrouver nos deux premiers programmes, c'est par ici et par là !

Cannes 2014 : Qui sont Marie Amachoukeli et Claire Burger ?

Posté par vincy, le 14 mai 2014

Marie Amachoukeli et Claire Burger EN PASSANT PAR LA LORRAINE

Elles ouvrent Un certain regard. Marie Amachoukeli et Claire Burger grimpent les échelons cannois un par un. Le binôme de la Fémis est en fait un trouple puisque Samuel Theis, ami d'enfance de Claire Burger, est également co-réalisateur du film Party Girl, présenté cette année à Cannes. Si Claire et Samuel sont de la même région, Marie Amachoukeli, d'un père géorgien et d'une mère française, a un itinéraire différent, diplômée en histoire.

Party Girl est le premier long métrage des ces trois beaux jeunes talents : l'histoire d'une entraîneuse, Angélique, la soixantaine, mère de quatre enfants qu'elle a choisi de ne pas élever, décide d'épouser un de ses clients. Angélique existe vraiment, et l'un de ses fils n'est autre que Samuel Theis.

Avec un cinéma proche des Dardenne, très réaliste et ancré dans un contexte social souvent dur (la Lorraine des déshérités), le duo, engagé sur des valeurs humanistes, a déjà récolté de beaux lauriers grâce à leurs courts métrages. Forbach (2008), qui s'inspire de la vie de la famille Theis, reçoit le Grand prix du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, quelques mois après leur deuxième prix de la Cinéfondation au Festival de Cannes. Le très réussi C'est gratuit pour les filles (2009) est sélectionné à la Semaine de la critique au festival de Cannes avant d'être couronné par le César 2010 du meilleur court-métrage.

Claire Burger a étudié le montage, Marie Amachoukeli, qui manie l'humour parfois absurde, le scénario. Elles ne sont pas de la même promotion de la Fémis et pourtant, elles ont eu le coup de foudre. Il faut une bonne dose de confiance, d'amour, d'amitié pour surmonter les obstacles. Car, malgré Cannes et le César, Marie et Claire ont galéré pour pouvoir financer leur premier long métrage, sans stars. Le réalisme ne souffre d'aucun compromis : les acteurs sont des non professionnels. Cette absence de concessions ne les a pas empêchées d'avoir l'avance sur recettes.

Parallèlement, elles travaillent sur d'autres projets. Claire Burger a fait quelques montages (les courts de Bojina Panayotova) et réalisé Toute ma vie j'ai rêvé en 2009. Marie Amachoukeli a participé à des scénarios de courts métrages, notamment La femme à cordes, de Vladimir Mavounia-Kouka, nommé au César du meilleur film d'animation en 2012, et à l'écriture du premier long métrage de Cyprien Vial, Bébé Tigre qui pourrait être sélectionné à Locarno cet été.

Cannes 2014 : un premier film français ouvrira Un Certain Regard

Posté par MpM, le 11 avril 2014

PARTY GIRLParty girl, réalisé par Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis, ouvrira la Sélection officielle Un Certain Regard le 15 mai prochain.

Il s'agit du premier long métrage des réalisatrices Marie Amachoukeli et Claire Burger, César du meilleur court métrage en 2010 pour C'est gratuit pour les filles, et de l'acteur et réalisateur Samuel Theis, qui avait travaillé avec elles sur Forbach, 2e Prix de la Cinéfondation au Festival de Cannes  2008 et Grand Prix du Festival de Clermont-Ferrand 2009.

Dans la lignée de Forbach, qui racontait librement l'histoire de la famille de Samuel Theis, Party girl s'inspire de la vie de sa mère. Il met en scène Angélique, soixante ans, "entraîneuse dans un bar de nuit, qui aime encore la fête et les hommes mais qui, devenue la doyenne, se sent en fin de course". C'est la véritable Angélique qui interprète le personnage principal.

Le scénario du film avait été sélectionné aux Ateliers Jeanne Moreau du Festival d'Angers 2012 où il a été développé pendant 8 jours en compagnie d’Oliver Ducastel, Jacques-Henri Bronckart, Bence Fliegauf, Catalin Mitulescu, Raphaël Nadjari et Vincent Poymiro.

A noter, en cette période de forte vigilance sur la représentation des femmes cinéastes au Festival de Cannes, qu'après The Bling Ring de Sofia Coppola en 2013, c'est la deuxième année consécutive que la section Un Certain regard choisit un film d'ouverture (notamment) réalisé par une femme.

César 2010 : les 12 courts métrages en lice

Posté par vincy, le 1 octobre 2009

Ils sont douze. Douze courts métrages à avoir été sélectionnés par l'Académie française des arts et techniques du cinéma en vue d'être nommé parmi les cinq césarisables du meilleur court (et moyen) métrage.

Subjectivement, on vous annonce d'entrée notre affinité pour C'est gratuit pour les filles, de nos amies Claire Burger et Marie Amachoukeli. leur moyen métrage avait été présenté à la Semaine de la Critique cette année Cannes, juste avant Adieu Gary.

Les cinq finalistes seront connus le 22 janvier 2010. Le lauréat sera révélé le 22 février.

Masques de Jérôme Boulbès (Lardux Films)

Lila du Broadcast Club (Autour de Minuit Productions)

C’est gratuit pour les filles de Claire Burger et Marie Amachoukeli (Dharamsala)

¿ Dónde está Kim Basinger ? d'Édouard Deluc (Bizibi Productions)

Le feu, le sang, les étoiles de Caroline Deruas (Les Films au Long Cours)

Montparnasse de Mikhaël Hers (Les Films de la Grande Ourse)

Séance Familiale de Cheng-Chui Kuo (Ananda Productions)

Mei Ling de Stéphanie Lansaque et François Leroy (Je Suis Bien Content)

La raison de L’autre de Foued Mansour (C'est à Voir)

Les Williams d'Alban Mench (Les Films au Long Cours)

La harde de Kathy Sebbah (Ecce Films)

Voyage autour de ma chambre d'Olivier Smolders (Interscience Film)