Jar City : enquête insulaire

Posté par geoffroy, le 8 septembre 2008

Jar citySynopsis : Inspecteur à Reykjavik, Erlendur enquête sur le meurtre d'un vieil homme apparemment sans histoire. La photo de la tombe d'une petite fille retrouvée chez la victime réveille pourtant une affaire vieille de quarante ans. Et conduit Erlendur tout droit à Jar City, surprenante collection de bocaux renfermant des organes, véritable fichier génétique de la population islandaise...

Notre avis : Des secrets de famille, il n’en sort jamais rien de bon. Déterrer des vieux démons enfouis depuis des années, c’est faire ressurgir les mensonges cachés, les trahisons coupables et les douleurs de ceux qui vivent dans l’ignorance. C’est mettre à mal des êtres en les poussant aux crimes dans le déchirement d’un corps social malade. Sans révolutionner le genre, Jar City scrute avec sobriété un existentialisme douloureux en confrontant nature et culture dans un univers implacable où l’acte prend toute sa valeur. La dimension sociétale s’en retrouve décuplée et si l’enquête peut paraître décevante dans son cheminement, elle étire le nœud des relations, des interactions et des pesanteurs au jour le jour dans un temps tellurique magnifié par les paysages désertiques d’Islande.

Réussite en ce sens, le troisième film de Baltasar Kormakur déjà responsable du très bon 101 Reykjavik, s’appuie essentiellement sur un sens du plan – d’un long-métrage tourné en dv – en accord avec une narration par emboîtement d’évènements et de rebondissements. Classique car linéaire, l’enquête passe de la ville (écrasement de la perspective) à la campagne (survol des terres arides rocailleuses) et spécifie une atmosphère sans doute propre au pays. Pourtant, le réalisateur ose destructurer son récit en y greffant deux évènements distincts mis en parallèle, comme s’il s’agissait de souffler un sombre écho sans cesse répercuté. Le meurtre d’un homme a priori sans histoire répond alors au décès d’une petite fille foudroyée par une maladie rare et héréditaire. En focalisant son attention sur une enquête peu ou pas assez ramifiée avec le deuxième évènement, Baltasar Kormakur oublie de creuser des thématiques aussi riches que les liens du sang, l’hérédité et surtout l’incroyable joyau qu’aurait suscité le traitement de la recherche génétique au service de la science.

Sans tomber dans la mauvaise fiction d’anticipation, l’art du cinéma de genre est de puiser sur des réalités en marche afin d’y déceler les perspectives qui seront cinématographiquement pertinentes. L’enquête se devait d’être le point de départ d’une réflexion sur les risques de dérapages d’un tel pouvoir à l'instar du film d'Andrew Niccol, Bienvenue à Gattaca. D’autant plus que le metteur en scène pouvait librement s’inspirer de la création bien réelle d’un fichage génétique et médical en Islande par une boîte privée « DeCode Genetics Inc. » pour y dessiner un scénario plus consistant et surtout ambitieux. Il y avait de quoi mettre en résonance l’enquête du flic Erlendur et les questions soulevées par cette cité des Jarres, bastion post-moderne d’un devenir palpable où la génétique opératoire deviendrait la science favorite d’apprentis sorciers en tous genre. Au lieu de cela, nous nous retrouvons devant un polar classique dans sa dimension sociale, l’histoire de famille banale prenant le pas sur l’expertise d’une société en train de basculer vers une ingénierie génétique instigatrice d'une nouvelle morale.

Le club du vendredi 13 défend le cinéma de genre

Posté par MpM, le 14 juin 2008

En pleine polémique sur l'interdiction aux moins de 18 ans du film Martyrs de Pascal Laugier, plusieurs professionnels du paysage audiovisuel français ont annoncé la création du "Club du vendredi 13" destiné à défendre et promouvoir le cinéma de genre en France.

"Issu de l'esprit de la nouvelle vague et d'une "idéologisation" de la différence culturelle, le système institutionnel et artistique du cinéma en France cantonne les films de genre uniquement au cinéma commercial ou B (disant "Bis"voire Z) sous le prétexte qu'il ne serait pas motivé par une idéologie, un thème social ou psychologique suffisamment développé pour être entendu par les élites. Ce serait oublier que le film de genre est le cinéma de prédilection des grands auteurs du cinéma français et mondial que sont Tarantino, Kubrick, Jeunet, Lynch, Cronenberg, Les Frères Coen, Raimi, Melville, Hitchcock ou encore Lucas" peut-on notamment lire dans leur appel.

Le groupement, qui réunit des réalisateurs (Jan Kounen, Alain Corneau, Xavier Gens, Olivier Dahan...) mais aussi des distributeurs comme Wild side ou La fabrique de films, a d'ores et déjà un site (www.leclubduvendredi13.com) et promet pour bientôt des propositions en faveur du cinéma de genre français.