Ségolène Royal ne pardonne pas l’interdiction aux moins de 12 ans pour Only God Forgives

Posté par vincy, le 3 juin 2013

ryan goslingSégolène Royal aurait sans doute mieux fait de se taire. La présidente du Conseil régional Poitou-Charentes a tendance ces temps-ci à se mêler de tout et n'importe quoi. En mettant en cause Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication, dans le classement du film Only God Forgives, qu'a-t-elle voulu faire? Consolider son image de socialiste protectrice des enfants et adolescents (son créneau depuis qu'elle a été ministre de la Famille)? Fragiliser une ministre qui subit actuellement les médisances d'une partie du secteur culturel égomaniaque (arts plastiques, musique et art contemporain se sentent délaissés)?

Peu importe : on se demande juste quelle mouche (thaïlandaise) l'a piquée!

Hier, sur France 5 dans C/Politique, Royal vante l'éducation des jeunes contre les addictions et "toutes les formes de violence" et déclare : "Je regrette qu'Aurélie Filippetti ait fait déclasser un film ultra violent, qui était interdit au moins de 16 ans (...) sous la pression des producteurs". Elle reprend ainsi une information du Parisien publiée dans la matinée.

Dans le viseur, le film Only God Forgives, de Nicolas Winding Refn, en compétition à Cannes et en salles depuis le 22 mai. Le film n'est pas avare en violence (même si les séquences les plus gores ne composent que 15 % des 90 minutes). Le film était, dans un premier temps, interdit aux moins de 16 ans, avant, finalement, de n'être interdit qu'aux moins de 12 ans.

Mais l'hallucination devient totale quand Royal décide d'argumenter : "Si les producteurs veulent des films pour toutes les familles, qu'ils fassent des films visibles par toutes les familles". "On ne peut pas à la fois faire les bénéfices liés à des films familiaux et en même temps polluer les jeunes avec des scènes d'extrême violence" explique-t-elle en liant confusément rentabilité, genre de films et goûts des spectateurs. Depuis quand un élu dicte-t-il ce qui est bon pour le public, ce qui est "familial" ou pas? Les ados n'auraient donc le droit de voir que des dessins animés et autres comédies sans reliefs? A-t-elle vu le film ? La violence dans Only God Forgives est tout sauf gratuite et s'accompagne même d'une morale contre les pourris.

On peut certes contester l'interdiction aux moins de 12 ans tant les images sont vraiment violentes : et d'ailleurs la légèreté de la classification interpelle face à une scène proprement sadique. Mais ce n'est pas un élu de le décréter : il y a une commission, qu'on peut contester, pour ça.

Plus troublant, Royal semble ignorer que la ministre de la Culture n'a rien à voir dans ce processus de classification. La démagogie n'autorise pas tout. Aurélie Filippetti a donc réagit par communiqué ce matin :

"La classification du film "Only God forgives" réalisé par Nicolas Rinding soulève des interrogations. Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, tient à rectifier certaines inexactitudes et à rappeler le rôle que joue le ministère dans les procédures qui permettent, dans le respect de la liberté de création, de garantir la meilleure information des spectateurs.

La Ministre n'est en l'occurrence aucunement intervenue pour faire changer le visa rendu par l'assemblée plénière de la Commission de classification des œuvres cinématographiques (régie par le Décret n°90-174 du 23 février 1990) le 23 avril lors du premier examen, mais simplement pour demander un second visionnage comme le règlement l'y autorise, suite au recours du distributeur du film qui contestait le premier avis rendu d'une "interdiction aux mineurs de moins de seize ans avec avertissement".

Le 30 avril 2013, l'assemblée plénière de la Commission a réalisé ce second visionnage et, après débat, a décidé de revenir sur le premier avis rendu pour proposer une "interdiction aux mineurs de moins de douze ans avec avertissement".

La Ministre, informée de cette proposition, a suivi l'avis de l'assemblée plénière de la Commission qui comprend 28 membres, comme on pourra relever qu'elle l'a systématiquement fait pour l'ensemble des avis rendus jusqu'ici depuis sa prise de fonction."

Bruxelles autorise le CNC à aider les cinémas du monde entier

Posté par vincy, le 24 février 2012

Le 6 février dernier, la Commission européenne a autorisé le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) "à mettre en place des aides financières sélectives aux œuvres d'initiative étrangère coproduites avec des entreprises établies en France, dites "aides aux cinémas du monde"." Le Fonds sud va pouvoir donc muer pour une aide élargie à tous les pays du monde, y compris pour des cinématographies comme celles des Inuits.

Le Fonds sud cinéma, créé en 1984, a soutenu plus de 500 films originaires d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie, du Proche et Moyen-Orient, et de certains pays de l’Est depuis 1997. Son budget est de 3,3 millions d'euros. Fusionné avec l'Aide aux films en langues étrangères, il est dorénavant remplacé par Aide aux cinéma du monde. Eric Garandeau, président du CNC, nous avait expliqué lors d'un entretien en mai dernier à Cannes que "l’idée du Sud c’était très bien mais cette notion datait des années 60 et aujourd’hui le paradoxe est que la Chine est éligible au Fonds Sud alors que la Turquie ne l’est pas. On a souhaité rebattre les cartes." Le nouveau programme d'aides va ainsi doubler son budget (6 millions d'euros).

Dans son communiqué, le CNC précise : "La décision du 6 février ouvre désormais la voie à la publication, au Journal Officiel, des textes de droit français instituant les aides aux cinémas du monde. Le dépôt des dossiers correspondant auprès du CNC et de l'Institut français sera ouvert sitôt cette publication intervenue, vraisemblablement dans la première quinzaine de mars."

Ce nouveau dispositif permettra aux créateurs étrangers d'avoir un point d'entrée unique pour obtenir des aides en vue de projets de coproduction avec la France : "Ces aides contribueront ainsi à rendre plus ouverte, plus attrayante et plus simple l’association des cinéastes étrangers du monde entier aux professionnels français, en vue de coproduire ensemble les œuvres. Ce mécanisme contribuera à promouvoir la diversité culturelle, le rayonnement culturel de la France et le renouvellement de sa création" expliqué le communiqué.

La Commission européenne avait autorisé le 20 décembre 2011 la prolongation de la grande majorité des aides au cinéma gérées par le CNC.

Europe : la numérisation des salles devient un enjeu politique (4/4)

Posté par vincy, le 2 juin 2010

4 693 écrans numériques en Europe (34 pays)  fin 2009, c'est trois fois plus que l'an dernier (1 529). De 30 écrans numériques en 2003, on était passé à 527 en 2006 et 897 en 2007.  Un grand bond en avant, lié notamment au dynamisme de la 3D relief. Cela se traduit par une hausse de 12% des recettes en salles.  En moyenne, les complexes disposent de deux écrans numériques par site.

La France est leader avec 904 écrans (19% du parc européen) devant le Royaume Uni  (668 écrans, 14%), l'Allemagne (592 écrans, 13%); l'Italie (428 écrans, 9%) et l'Espagne (238 écrans, 5%). Les aides du CNC produisent leur effet en France, et l'arrivée d'UGC sur le marché devrait conforter la place dominatrice de l'Hexagone dans le secteur.

La Belgique détient cependant un record : celui du nombre d'écrans numériques par cinéma. Le Royaume des Flamands et des Wallons en offre 5,3 quand la France traîne à 3,5.

Enfin, les écrans 3D relief sont moins présents proportionnellement dans les trois grands pays (seulement un écran numérique sur deux en France) : l'ancienneté du passage au numérique et le nombre plus important de salles expliquent cette contre performance, là où, à l'inverse, les écrans numériques de petits pays sont directement passés au 3D relief.

La Commission Européenne a bien compris l'enjeu. Androulla Vassiliou, qui, en venant au Festival de Cannes, faisait son premier déplacement officiel en tant que Commissaire européenne  en charge de la culture, a annoncé la mise en place d'une aide pour la numérisation des petites salles, celles qui diffusent principalement le cinéma européen. Le budget consacré serait de 4 millions d'euros pour 2010, afin de soutenir le coût de l'équipement.