Festival Ecrans Noir: Les écrans s’allument en Afrique

Posté par vincy, le 26 juillet 2016

La 20e édition du Festival Ecrans Noirs à Yaoundé (Cameroun) s'est terminée samedi. Créé par le réalisateur Bassek Ba Kobhio, l'association Ecrans Noirs, qui organise l'événement, a pour objectif la diffusion des créations cinématographiques de six pays d’Afrique centrale (Cameroun, Gabon, Congo, République démocratique du Congo, République centrafricaine et Tchad) dans un continent qui souffre cruellement d'équipements pour le cinéma.
Cette année, le marocain Hicham El Jebbari a reçu l'Ecran d'or du meilleur film pour Larmes de Satan tandis que le prix du meilleur documentaire a été décerné au français Laurent Chevalier pour La trace de Kandia. La compétition confrontait CEO (Nigéria), Naked Reality (Cameroun), Sans regret, Innocent malgré tout (Cote d'Ivoire), Dealer (Congo), Le Pagne (Niger) et Katutura (Angola). Autant de films qu'on ne verra peut-être pas en France. Au moins CEO a bénéficié d'une avant-première inédite en étant diffusée sur un vol Lagos - Paris de la compagnie Air France (lire aussi le le reportage sur la jet set nigérienne et Nollywood à 10000 m d'altitude sur LeMonde.fr).

Mais si Ecrans Noirs a su s'installer au fil des ans, le problème de la visibilité des films africains perdurent. Manquant de salles, les pays d'Afrique de l'Ouest et du centre compensent avec la vidéo et internet. Youtube se targue d'être le premier diffuseur de films africains et un film qui n'y est pas a peu de chances d'être vu, y compris hors du vaste continent.

Un parc de salles insuffisant mais en progression

Récemment à Yaoundé, le groupe Vivendi a lancé la première de ses salles - Canal Olympia - parmi un grand nombre de cinémas prévus à Conakry en Guinée, à Cotonou au Bénin, à Brazzaville en République du Congo et à Dakar au Sénégal. C'est la première salle au Cameroun depuis 25 ans.
A Libreville au Gabon, il n'existe que la salle du Centre culturel français. A N'Djamena au Tchad, le Normandie n'a rouvert qu'en 2011 après 30 ans de fermeture. Mais les choses bougent. Outre les ambitions de Vivendi, il y a d'autres groupes ou promoteurs qui y voient un futur eldorado. Le cinéma Sea Plaza à Dakar, ouvert en janvier dernier, fait coexister blockbusters et films locaux.
Abidjan compte quelques vraies salles de cinéma, mais en a perdu beaucoup (notamment les légendaires cinémas du quartier de Yopougon). Cependant, le Majestic Ivoire, situé dans l'Hôtel Sofitel, fermé au début des années 2000, a rouvert il y a quelques mois, équipé pour la 3D. Enfin, le Nigéria a engagé un vaste plan de construction de cinémas et dispose de l'industrie la plus structurée (distributeurs, producteurs...).

Depuis le rapport d'Unifrance remis il y a deux ans, les choses ont bougé.

timbuktuUn problème de visibilité que compense en partie Internet

Pourtant, vu le retard pris, les producteurs misent avant tout sur la télévision, la vidéo et le web. Internet est d'autant plus crucial qu'il permet de toucher les expatriés dans le monde entier et surtout de faire connaître à l'international les productions nationales. Car là aussi, hormis quelques cas comme Timbuktu ou Un homme qui crie, peu de films d'Afrique de l'Ouest ou d'Afrique centrale parviennent à attirer des publics européens ou américains, quand ils sont distribués. Grâce à des liens de plus en plus intenses entre la Chine et l'Afrique, l'avenir serait peut-être en Asie: "L’industrie africaine du cinéma est une opportunité unique pour les investissements chinois sur le continent, expliquait il y a un an le professeur Nusa Tukic qui étudie les relations culturelles entre la Chine et l’Afrique à l’université Stellenbosh en Afrique du Sud. Et il existe de plus en plus de films qui prennent la Chine comme décor."

Chine et France

Dans cet article, il était rappelé que de plus en plus de sociétés chinoises investissent dans le secteur de la diffusion en Afrique, à l'instar de Star Times. "Les entreprises chinoises et nigerianes opèrent déjà conjointement des réseaux satellites, avec des signaux numériques de télévision couvrant 84% du continent africain. Le mariage de Nollywood et Chinawood devrait permettre d’alimenter les tuyaux. Certains l’ont bien compris. Le cinéaste Abderrahmane Sissako travaille en ce moment sur un nouveau projet de long-métrage ayant pour cadre la Chine et l’Afrique: « Avant tout une histoire d’amour, explique-t-il. Je veux montrer la mondialisation, la réalité d’un monde qui change. »"

Car hormis les trois grands producteurs du continent - Maroc, Nigéria, Afrique du sud - le cinéma africain souffre d'une dépendance vis-à-vis des aides internationales (et essentiellement françaises et européennes). Le CNC, à travers sa commission "Aide aux cinémas du monde" dispose d'un budget total de 6 millions d’euros. Ce sont surtout des films du Maghreb qui sont aidés. L'an dernier, le CNC a ainsi apporté son aide à Hedi de Mohamed Ben Attia (Tunisie), Ali, la chèvre et Ibrahim de Sherif El Bendary et Clash de Mohamed Diab (Egypte), La Miséricorde de la jungle de Joel Karekezi (Rwanda), Ladji Nyè de Daouda Coulibaly (Mali), Banc d'attente de Suhaib Gasmelbari Mustafa (Soudan), Dent pour dent de Mamadou Ottis Ba et Félicité de Alain Gomis (Sénégal), Indivision de Leila Kilani et Vigile de Faouzi Bensaïdi (Maroc), L'Abattoir de Lahsen hassen Ferhani et Le Fort des fous de Narimane Mari (Algérie).

Reconnaissance

Il y a un peu de lumière au bout du tunnel: le cinéma tunisien et le cinéma égyptien renaissent et sont de nouveau en vedette dans les grands festivals européens. Hedi a ainsi emporté deux prix à Berlin en février (dont celui du meilleur premier film). Des festivals - Marrakech, mais aussi Abu Dhabi et Dubai, permettent de mettre davantage à l'honneur ce cinéma méconnu auprès des professionnels. Et le Fespaco de Ouagadougou reste un événement incontournable chaque année.

En France, des festivals comme le Festival International Des Films De La Diaspora Africaine (en septembre à Paris), le Festival des Cinémas d'Afrique du Pays d'Apt (en novembre) ou Cinemas et Cultures d'Afrique (en mai à Angers) contribuent au rayonnement du cinéma de ce continent.

Charles Tesson nommé Président de la Commission des Aides au Cinémas du Monde

Posté par vincy, le 30 mai 2016

Frédérique Bredin, Présidente du CNC, et Bruno Foucher, Président de l'Institut français, ont nommé Charles Tesson comme nouveau Président de la commission des aides aux cinémas du monde. Il succède au cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako. Le délégué général de la Semaine de la critique au festival de Cannes et auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma, prend ainsi la tête d’une commission "qui est le symbole du rapport particulier qu’entretient le cinéma français avec les auteurs du monde entier, dans le cadre d’une politique volontariste de promotion de la diversité culturelle."

L’aide aux cinémas du monde (ACM), cogérée par le CNC et l’Institut français, est une aide sélective aux films de long métrage réalisés par des cinéastes de toutes nationalités, dans le cadre d‘une coproduction avec la France. Créée en 2012, elle a d’ores et déjà permis de soutenir 208 films de 72 nationalités différentes, dont Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan (Palme d’Or à Cannes en 2014), The Lunchbox de Ritesh Batra, Le procès de Viviane Amsalem de Ronit et Shlomi Elkabetz, Mustang de Deniz Gamze Ergüven (nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2016 et César du meilleur premier film), The Lobster de Yorgos Lanthimos (Prix du jury à Cannes 2015), Ixcanul de Jayro Bustamante (Ours d’Argent à Berlin en 2015) et Les délices de Tokyo de Naomi Kawase. On peut aussi y ajouter les films de Nanni Moretti, Carlos Reygadas, Amat Escalante, et quelques films récemment sélectionnés à Cannes comme Cristi Puiu (Sieranevada), Mohamed Diab (Clash), Davy Chou (Diamond Island), Boo Junfeng (The Apprentice), Bogdan Mirica (Dogs), Pablo Larrain (Neruda) et Shahrbanoo Sadat (Wolf and Sheep). Au total, 12 films étaient présents dans les différentes sélections du festival de Cannes en 2016.

78 films soutenus par l’ACM (soit plus de la moitié des films tournés à ce jour) ont été sélectionnés dans l’un des trois festivals internationaux les plus prestigieux (Cannes, Berlin, Venise).

La commission siège en deux collèges, l’un ouvert aux premiers et seconds films, l’autre aux projets portés par des réalisateurs confirmés. L’examen des projets s’organise en plusieurs étapes : comité de lecture, commission plénière, comité de chiffrage et décision des présidents du CNC et de l’Institut français. Le budget total de l’aide s’élève, en 2015, à 6 millions d’euros (maximum: 250000 euros par film). Chaque année, 4 sessions sont organisées et une cinquantaine de projets ainsi soutenus.

La prochaine session aura lieu mi-juillet.

La France signe un accord de coproduction avec les Territoires palestiniens

Posté par vincy, le 13 septembre 2013

Omar d'Hany Abu Assad

La ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti et son homologue palestinien Anwar Abu Eisheh ont signé mercredi 11 septembre un accord de coproduction cinématographique, le 54e accord de coproduction internationale.

Depuis une quinzaine d’années, de nombreux films palestiniens ont été soutenus par le Fonds Sud Cinéma ou par le programme qui l'a remplacé, l’Aide aux cinémas du monde. "C’est le cas notamment de Palestine Stereo de Rashid Masharawi, sélectionné cette année au festival de Toronto" indique le communiqué. Si les cinéphiles français connaissent surtout Elia Suleiman (Intervention divine), récompensé autant à Cannes qu'à Venise, ou Hiam Abbass, les Territoires palestiniens abritent aussi de jeunes cinéastes, notamment dans le documentaire. Ces dernières années, quelques films ont reçu des prix prestigieux comme Paradise Now d'Hany Abu-Assad (Golden Globe du meilleur film étranger, 2005), Le sel de la mer d'Annemarie Jacir (2008) ou cette année à Cannes, Omar d'Hany Abu-Assad (photo).

"L’accord facilitera le montage financier de coproductions bilatérales impliquant une coopération sur les plans artistique et technique" précise le communiqué du ministère. "La part du coproducteur minoritaire sera au minimum de 20% mais, par dérogation, pourra être abaissée à 10% après accord des autorités des deux parties en tenant compte des collaborations artistiques et techniques de chacun des coproducteurs."

Des dispositions visant "à encourager des initiatives communes dans les domaines de la formation aux métiers du cinéma, l’éducation à l’image, l’échange de savoir-faire entre professionnels, la distribution et diffusion des œuvres ainsi que la conservation du patrimoine cinématographique" sont aussi inclues dans cet accord.

Bruxelles autorise le CNC à aider les cinémas du monde entier

Posté par vincy, le 24 février 2012

Le 6 février dernier, la Commission européenne a autorisé le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) "à mettre en place des aides financières sélectives aux œuvres d'initiative étrangère coproduites avec des entreprises établies en France, dites "aides aux cinémas du monde"." Le Fonds sud va pouvoir donc muer pour une aide élargie à tous les pays du monde, y compris pour des cinématographies comme celles des Inuits.

Le Fonds sud cinéma, créé en 1984, a soutenu plus de 500 films originaires d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie, du Proche et Moyen-Orient, et de certains pays de l’Est depuis 1997. Son budget est de 3,3 millions d'euros. Fusionné avec l'Aide aux films en langues étrangères, il est dorénavant remplacé par Aide aux cinéma du monde. Eric Garandeau, président du CNC, nous avait expliqué lors d'un entretien en mai dernier à Cannes que "l’idée du Sud c’était très bien mais cette notion datait des années 60 et aujourd’hui le paradoxe est que la Chine est éligible au Fonds Sud alors que la Turquie ne l’est pas. On a souhaité rebattre les cartes." Le nouveau programme d'aides va ainsi doubler son budget (6 millions d'euros).

Dans son communiqué, le CNC précise : "La décision du 6 février ouvre désormais la voie à la publication, au Journal Officiel, des textes de droit français instituant les aides aux cinémas du monde. Le dépôt des dossiers correspondant auprès du CNC et de l'Institut français sera ouvert sitôt cette publication intervenue, vraisemblablement dans la première quinzaine de mars."

Ce nouveau dispositif permettra aux créateurs étrangers d'avoir un point d'entrée unique pour obtenir des aides en vue de projets de coproduction avec la France : "Ces aides contribueront ainsi à rendre plus ouverte, plus attrayante et plus simple l’association des cinéastes étrangers du monde entier aux professionnels français, en vue de coproduire ensemble les œuvres. Ce mécanisme contribuera à promouvoir la diversité culturelle, le rayonnement culturel de la France et le renouvellement de sa création" expliqué le communiqué.

La Commission européenne avait autorisé le 20 décembre 2011 la prolongation de la grande majorité des aides au cinéma gérées par le CNC.