Danièle Delorme est morte samedi 16 octobre à Paris à l'âge de 89 ans, a annoncé lundi la directrice de la galerie d'art "An Girard" que la comédienne avait créée. pour présenter les oeuvres de son père André Girard. Malade depuis plusieurs années, l'actrice, née le 9 octobre 1926, n'avait plus tourné depuis près de 15 ans.
Elle avait débuté sa carrière en 1942 en tournant La Belle aventure de Marc Allégret et Félicie Nanteuil du même réalisateur (le film est sorti en 1945). Après cela on l'a vue chez Robert Vernay (Le Capitan), Jean Delannoy (Les jeux sont faits), Maurice Tourneur (Impasse des Deux-Anges), Henri-Georges Clouzot (Miquette et sa mère). Mais en 1949 c'est en incarnant Gigi, pour Jacqueline Audry qu'elle devint populaire.
Très éclectique, on l'a vue devant la caméra de Daniel Gélin, son premier mari, (Les dents longues), Yves Allégret (La jeune folle), Sacha Guitry (Si Versailles m'était conté...), André Cayatte (Le dossier noir), Julien Duvivier (Voici le temps des assassins), Agnès Varda (Cléo de 5 à 7 et en voix narrative du court métrage Ô Saisons, ô châteaux), en Fantine pour Les Misérables de Jean-Paul Le Channois...
A partir des années 60, malgré l'ombre de Moreau, Darrieux, Girardot, Deneuve et Bardot, elle trouve sa place aussi bien chez son second époux Yves Robert (Un éléphant ça trompe énormément, Nous irons tous au paradis) que chez Georges Lautner (Le septième juré), Claude Lelouch (Le voyou), Elie Chouraqui (Qu'est-ce-qui fait courir David?)... Mais il lui aura manqué toujours le grand rôle qu'elle méritait, aussi bien dans la comédie où elle excellait que dans la drame où sa beauté atemporelle se confondait avec une émotion fragile et palpable. Mais une chose est certaine, elle est l'une des rares à avoir navigué entre le cinéma populaire et la Nouvelle vague, le cinéma d'auteur et les réalisateurs classiques de l'après guerre. Elle avait quelque chose d'indémodable.
Présidente du jury de la Caméra d'or à Cannes en 1988, Danièle Delorme a compensé ses manques de rôles avec la casquette de productrice aux côtés de Yves Robert. La Guéville a produit La guerre des boutons, Alexandre le bienheureux mais aussi des films d'Alain cavalier, Jacques Doillon, Elisabeth Rappeneau... Avec sa propore maison, Zazi Films, elle a connu deux jolis succès récemment: La cage dorée et Comme des frères, tous deux nommés au César du meilleur premier film.
Elle fut aussi une vedette du petit écran, tournant pour Jacques Demy (La naissance d'un jour), Bernard Stora (La grande dune) et surtout la série Madame le Proviseur dans les années 90. Sur les planches, durant quarante ans elle jouera Henrik Ibsen, Jean Anouilh, Luigi Pirandello, Paul Claudel, Paul Valéry, George Bernard Shaw, Albert Camus, Eugène Ionesco, Jean Cocteau...
Elle avait également publié ses Mémoires dans Demain tout commence!, paru en 2008.