François Perrot (1924-2019): le métier d’acteur et rien d’autre

Posté par vincy, le 21 janvier 2019

François Perrot, habitué des seconds rôles au cinéma avec près de 150 films et pièces de théâtre pendant près de soixante ans, est décédé dimanche à l'âge de 94 ans. Nommé une seul fois aux César (La Vie et rien d'autre de Bertrand Tavernier) en 1990, le comédien se glissait dans tous les costumes, à la demande.

Certains cinéastes n'hésitaient pas à faire régulièrement appel à ses services. Pour Claude Chabrol, il tourne Nada, Les innocents aux mains sales, Alice ou la dernière fugue. Avec Tavernier, il embellit sa filmographie de titres comme Coup de torchon, La vie et rien d'autre, et Quai d'Orsay (son dernier rôle en 2013). Claude Zidi l'enrôle aussi deux fois (Inspecteur la Bavure, Banzaï) tout comme Claude Lelouch (La belle histoire, Une pour toutes), Bertrand Blier (La femme de mon pote, Merci la vie) ou Henri Verneuil, aux côtés de Jean-Paul Belmondo (Le corps de mon ennemi, Les morfalous). Bébel et lui c'est aussi L'inconnu dans la maison de Georges Lautner et Un homme et son chien de Francis Huster. On le voit aussi chez des cinéastes aussi différents que André Cayette (A chacun son métier), Jean-Louis Trintignant (Le maître-nageur), Jean Yanne (Je te tiens tu me tiens par la barbichette), Costa-Gavras (Clair de femme), Christian de Chalonge (L'argent des autres), Roger Vadim (Surprise Party), André Téchiné (Hôtel des Amériques), José Giovanni (Une robe noire pour un tueur), Jacques Deray (Trois hommes à abattre), Maurice Dugowson (Sarah)... Films policiers, comédies (parfois proches de la série Z), drames d'auteur: François Perrot n'avait pas de frontières.

Sans plan de carrière, il navigue ainsi de Laurent Bénégui à Diane Kurys (Je reste!). Sans oublier la télévision avec des séries comme Chateauvallon, Le château des oliviers ou La prophétie d'Avignon, en passant par des Maigret, Cordier et autres Cinq dernières minutes. Père, militaire, flic, juge, médecin, notable ou chef d'entreprise: ses personnages étaient très loin de son métier d'origine, ébéniste.

Il avait débuté avec Louis Jouvet avant de rejoindre le TNP de Jean Vilar. C'est d'ailleurs au théâtre qu'il a le plus brillé, interprétant Molière, Gogol, Brecht, O'Neill, Camus, Wilde, Buzzati, Dard, ou même la pièce de Maria Pacôme, disparue il y a peu, Les Seins de Lola. Lui même metteur en scène, il a été dirigé par André Barsacq, Georges Vitaly, Robert Hossein, Jean-Louis Barrault et Jean-Luc Moreau.

Bye bye Zsa Zsa Gabor (1917-2016)

Posté par vincy, le 19 décembre 2016

L'actrice américaine Zsa Zsa Gabor, ex-Miss Hongrie 1936, est morte dimanche 19 décembre 2016 à l'âge de 99 ans d'une crise cardiaque. Née à Budapest, le 6 février 1917, cette "scandaleuse" aux neuf mariages aura surtout été une figure de la presse people: franc parler, humour et glamour ont d'ailleurs pris le dessus sur sa carrière professionnelle.

Mariée dès l'âge de 20 ans à un diplomate turc plus âgé qu'elle, Zsa Zsa a ensuite enchaîné les conquêtes, les bagues au doigt, les divorces. La Gabor a été l'une des premières comédiennes dont la notoriété était fondée sur sa présence et ses frasques médiatiques.

Elle a épousé le patron des hôtels Hilton, l'acteur britannique George Sanders ou encore il y a 30 ans, le prince allemand "auto-proclamé" Frederic von Anhalt qui voulait confier à l'anatomiste allemand controversé Gunther von Hagens le soin de "plastiner" son corps après son décès: "Ma femme a toujours rêvé que sa beauté soit immortelle".

Comédienne erratique

Sari Gabro (son vrai nom), née d'un père diamantaire et d'une mère rêvant d'être actrice, a quitté la Hongrie avec ses deux soeurs en 1941. Les "Gabor sisters" deviennent rapidement célèbres à Hollywood où Zsa Zsa, remarquée par sa personnalité flamboyante. Le cinéma s'intéresse à elle en 1952 avec Cinq mariages à l'essai d'Edmund Goulding et surtout le Moulin rouge de John Huston. En 1953, elle tourne Lili de Charles Walters (aux côtés de avec Leslie Caron et Mel Ferrer) et L'ennemi public numéro un d'Henri Verneuil, avec Fernandel (sur un scénario de Michel Audiard).

Iconoclaste autant que surprenante, l'actrice peut accepter aussi bien Sang et Lumières de Georges Rouquier, avec Daniel Gélin, Le clown est roi, avec Jerry Lewis et Dean Martin, ou La soif du mal d'Orson Welles (1958). Difficile de trouver une cohérence dans sa filmographie remplie de séries B (le film noir The Girl in the Kremlin, le drame judiciaire The Man Who Wouldn't Talk, le musical Country Music Holiday, le polar Death of a Scoundrel, la SF série Z Queen of Outer Space, la comédie The Road to Hong Kong...).

Devenue une célébrité plus qu'une grande comédienne, elle finit par jouer son propre rôle ou faire des caméos dans plusieurs films et notamment dans Freddy 3 - les Griffes du cauchemar en 1987.

Célébrité permanente

Elle a aussi été très présente à la télévision. Mais c'est bien dans la presse qu'elle aura tenu un premier rôle tout au long de sa vie, affirmant avoir couché avec Frank Sinatra, Richard Burton et Sean Connery, condamnée à trois jours de prison pour avoir giflé un policier en 1989 ou à 200000 dollars d'amende pour la rupture d'un contrat publicitaire en 1993. L'année suivante, elle se place sous la protection de la loi sur les faillites pour échapper à ses créanciers, après avoir été condamnée à 3,3 millions de dollars d'amende pour diffamation envers l'actrice Elke Sommer.

Un grave accident de voiture à Hollywood la laisse partiellement paralysée. Procédurière au maximum, elle poursuit sa coiffeuse qui conduisait le véhicule et obtient 2 millions de $ de dommages et intérêts. Finalement Zsa Zsa Gabor finira par faire la une avec ses hospitalisations: une attaque cérébrale, une opération de la hanche due à une mauvaise chute, l'amputation de la quasi-totalité d'une jambe et de problème cardiaques et pulmonaires. Elle aura vécu beaucoup de vies, une longue vie, une sacrée vie, mais il faut croire que la vie est chienne et lui a fait payer tous ses excès. Son plus grand rôle, elle l'a mis en scène elle-même: c'était elle.

Omar Sharif se couche (1932-2015)

Posté par vincy, le 10 juillet 2015

Il était beau, il était brun, il sentait bon le sable chaud. Omar Sharif aura été l'incarnation de la star mondialisée avant l'heure, avec sa gloire, les paillettes, les excès, et sa déchéance, la maladie, le vice du jeu... Nomade sans frontières qui a vécu en France, aux Etats-Unis, en Italie, polyglotte et résidant dans les Palaces, l'acteur égyptien doit toute sa carrière internationale à David Lean. Mais c'est Youssef Chahine qui l'a fait naître. Deux grands noms du cinéma qui ont créé l'image qu'il projetait au fil des décennies.

Chahine et Hamama

Né Michel Chalhoub le 10 avril 1932 à Alexandrie, entre Sahara et Méditerranéen, dans une famille d'origine libanaise, il est mort d'une crise cardiaque dans une clinique du Caire ce vendredi 10 juillet, à l'âge de 83 ans. Il souffrait d'Alzheimer et s'affaiblissait gravement depuis quelques semaines. La maladie lui avait fait prendre sa retraite, après 70 films, en 2012.

Omar Sharif a commencé sa carrière cinématographique en 1954, il y a plus de 60 ans, avec Ciel d'enfer, de Youssef Chahine, avec Faten Hamama, récemment disparue. Le film est en sélection à Cannes. Il se marie avec elle, véritable icône du cinéma égyptien. A cette occasion, ce catholique melkite s'était converti à l'islam. Il tourne avec elle son premier film occidental, La châtelaine du Liban de Richard Pottier, en 1956. Entre temps, il est à l'affiche de deux autres films de Chahine, Le Démon du désert et Les eaux noirs.

David Lean

Mais c'est évidemment six ans plus tard qu'Omar Sharif va briller dans le monde entier, avec un second rôle mémorable dans Lawrence d'Arabie de David Lean. Il empoche un Golden Globe et une nomination à l'Oscar au passage. Une première pour un comédien africain. Omar Sharif a également reçu Lion d'or au festival du film de Venise pour l'ensemble de sa carrière en 2003 et un César français du meilleur acteur pour Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran de François Dupeyron.

"Si je parle anglais, c'est parce que ma mère, qui voulait que je sois le plus beau, trouvait que j'étais trop gros lorsque j'étais enfant. Alors, elle m'a envoyé en pensionnat à l'école anglaise, parce qu'on y mangeait mal" expliquait-il au journal Libération en 2001. Cette pratique de l'anglais lui permet d'être enrôlé par David Lean, qui cherchait absolument un bel acteur arabe anglophone. En incarnant le prince altier Ali Ibn El-Kharish dans Lawrence d'Arabie, il s'impose comme un véritable alter-égo à l'autre révélation du film, Peter O'Toole. Trois ans plus tard, le cinéaste britannique l'engage de nouveau pour le rôle principal du médecin aventureux de Docteur Jivago, autre immense succès populaire. Et cette fois-ci, c'est le Golden Globe du meilleur acteur qu'il emporte dans ses valises.

Deneuve, Aimée, Huppert...

En signant à l'époque un contrat avec la Columbia, une première pour un acteur arabe, et en s'installant aux Etats-Unis, Omar Sharif devient vite une star de grandes fresques historiques incarnant Sohamus dans La chute de l'Empire romain d'Anthony Mann, Genghis Khan dans le film éponyme d'Henry Levin, l'emir Alla Hou dans La Fabuleuse aventure de Marco Polo de Denys de la Patellière et Noël Coward, Che Guevara dans Che! de Richard Fleisher, l'archiduc Rodolphe embrassant Catherine Deneuve dans Mayerling de Terence Young (avec qui il a tourné de nombreux films)...

Sa filmographie est impressionnante côté réalisateurs: Fred Zinnemann pour Et vint le jour de la vengeance, Francesco Rosi pour La belle et le cavalier, Sidney Lumet pour Le rendez-vous aux côtés d'Anouk Aimée, John Frankenheimer pour Les cavaliers, Henri Verneuil en flic grec pourri pour Le Casse opposé à Jean-Paul Belmondo, Blake Edward pour Top Secret et Quand la panthère rose s'en mêle, Andrzej Wajda pour Les Possédées avec Isabelle Huppert... Et on pourrait aussi citer Alejandro Jodorowsky, John McTiernan, Juan Antonio Bardem, Richard Lester, ... Pourtant, il ne se foulait pas. Il aurait pu avoir plus d'audace mais il confessait: "Ce que j’aime dans le métier d’acteur, c’est que je ne fous rien."

Streisand et la rupture égyptienne

En 1968, avec Funny Girl de William Wyler, il interprète un juif de la diaspora soutenant Israël, face à Barbra Streisand. Triomphe aux USA mais en pleine guerre des Six jours, le film provoque une énorme polémique dans son pays. Il est alors interdit de séjour en Egypte durant 9 ans. Il y est indifférent, ne supportant pas le régime autoritaire du pays.

Barbra Streisand s'est exprimé ce soir sur le décès de son première partenaire masculin au cinéma: "Il était beau, sophistiqué et charmant. Il était fier d'être Egyptien et pour certains le fait de l'avoir choisi était considéré comme controversé. (...) J'ai été chanceuse d'vaoir l'opportunité de travailler avec Omar, et je suis profondément triste d'apprendre sa mort."

Champion de bridge et ambassadeur du tiercé

Si cette carrière semble si chaotique, c'est aussi parce que ce seigneur d'un autre temps, aristocrate atemporel, avait le jeu dans le sang, au point, parfois, de perdre beaucoup. "Je préfère jouer au bridge que de faire un mauvais film" disait-il. Mais parfois il était bien obligé de faire un mauvais film pour jouer au bridge ou rembourser ses dettes (il ne faut pas oublier que la Columbia l'a exploité avec un contrat de cinq ans délibérément sous-évalué. Il a tourné Docteur Jivago pour des miettes de pain). Les Français se souviennent de la publicité pour Tiercé magazine. Cependant, ce champion de bridge (il a écrit de nombreux livres sur le sujet), habitué des casinos pour fuir sa solitude, était aussi propriétaire d'une importante écurie de chevaux de course.

Mais Omar Sharif était un affectueux. Fidèle aussi. S'il avait besoin de cash et tournait des films médiocres, accepter des petits rôles (Aux sources du Nil de Bob Rafelson, Hidalgo de Joe Johnston), il pouvait aussi s'impliquer complètement dans des personnages qui lui tenaient à coeur. Ainsi, avec Claudia Cardinale, il forme le couple du diptyque biographique d'Henri Verneuil, Mayrig et 588, rue Paradis. Et puis il peut aussi être la voix du lion dans le Monde de Narnia ou le narrateur dans 10000 de Roland Emmerich, ou, pire, jouer pour Arielle Dombasle (deux fois). On préfère son passage éclair et parodique dans Top Secret de Zucker-Abrahams-Zucker.

Tolérance et charisme

Mais son dernier grand rôle, celui qu'il aimait le plus était bien ce monsieur Ibrahim de François Dupeyron, vieil épicier arabe qui se lie d'amitié avec un jeune garçon juif.

Car il aura plaider constamment pour la tolérance entre les peuples, peu importe leur confession religieuse ou leur sexualité. Il a ainsi assumé publiquement l'homosexualité de son fils, Tarek, né de son mariage avec Faten Hamama, quitte à être incompris de ses compatriotes. Toujours engagé, contre les guerres de George Bush, il a soutenu ailleurs par le Printemps arabe (lire notre actualité du 30 janvier 2011).

Son autobiographie s'intitulait "L'éternel masculin". Physiquement, il y avait de ça. Il avait une aura incroyable, un charisme unique, une séduction diabolique, un humour sarcastique, parfois un tempérament ombrageux. L'homme était plus complexe. Selon lui, on lui a collé une image déformante, une vie qui n'était pas la sienne. Issu de l'élite, diplômé en sciences, curieux de tout, mais lassé de beaucoup de choses, y compris des paysages, il ne cherchait finalement qu'une chose: "Je veux qu'aujourd'hui soit comme hier. Est-ce trop demandé?" Mais aujourd'hui ne fut pas comme hier.

7 films pour ne pas oublier le Génocide arménien

Posté par redaction, le 24 avril 2015

ararat atom egoyan

Le génocide arménien a été commis entre avril 1915 et juillet 1916. On estime que les deux tiers des Arméniens sont morts suite à des déportations, famines et massacres, soit un million deux cent mille qui vivaient en Anatolie et en Arménie occidentale. Si l'on célèbre le Centenaire ce 24 avril, sa reconnaissance politique est encore en débat et fait l'objet de controverses. La Turquie nie encore aujourd'hui l'appellation de génocide, n'y voyant qu'une guerre civile. Ce mois-ci, le génocide a été reconnu par les parlements de vingt-trois pays.

Les Arméniens ont aujourd'hui un pays (dont le territoire a été largement amputé : le Mont Ararat, la fameuse montagne de l'Arche de Noé, et symbole de l'Histoire arménienne, est aujourd'hui en Turquie). La diaspora s'est installée dans de nombreux pays comme la France et aux Etats-Unis. Parmi les personnalités d'origine arménienne les plus célèbres: Sergei Parajanov (un musée est consacré au réalisateur à Erevan, en Arménie), Henri Verneuil, Charles Aznavour, Cher, Rouben Mamoulian, Robert Guédiguian, Eric Bogosian, Elia Kazan, Atom Egoyan, Francis Veber, Albert Hughes et Allen Hughes, Gregory Peck, Michel Legrand...

Pas étonnant que les films revenant de près ou de loin sur ce Génocide soient signés de ces descendants arméniens. Nous en avons retenus 7.

Auction of Souls (1919)
Le film d'Oscar Apfel est l'adaptation du livre d'Arshaluys Mardiganian, Ravished Armenia: The Story of Aurora Mardiganian, the Christian Girl, Who Survived the Great Massacre, où elle raconte le tout récent Génocide arménien. L'auteure y interprète d'ailleurs le rôle principal.
Le film est aujourd'hui introuvable. Il ne reste qu'une copie de vingt quatre minutes, qui a été restaurée en 2009.

america america elia kazanAmerica, America (1963)
Elia Kazan réalise le premier grand film sur le sujet, d'après son roman homonyme autobiographique. On y suit Stavros, Grec cappadocien et chrétien, qui vit en Anatolie à la fin du XIXe siècle dans des conditions misérables. Il subit l'oppression des Turcs musulmans, qui gouvernent l'Empire ottoman. Quand son village est ciblé par les Turcs, Stavros décide d'émigrer vers l'Amérique et entame le long et dangereux périple jusqu'à Constantinople dans l'espoir d'embarquer sur un bateau à destination de New York.
Le film a reçu la Coquille d'or au Festival de San Sebastian et les trois nominations les plus prestigieuses aux Oscars (film, réalisateur, scénario). de tous ses films, Kazan disait qu'America, America était son favori, et son plus personnel. Il avait voulu tourner à Istanbul (ex-Constantinople) mais a du filmer en Grèce.

Mayrig (1991)
Au crépuscule de sa vie, Henri Verneuil entreprend de filmer un diptyque sur la diaspora arménienne, dont le second volet, 588 rue Paradis se déroule en France. Mayrig est l'adaptation de son roman éponyme, avec Claudia Cardinale dans le rôle de sa mère et Omar Sharif dans celui de son père.
Le film raconte l'histoire de l'arrivée d'une famille arménienne en France en 1921, fuyant la répression des Turcs, à travers les souvenirs du jeune Azad, né en Arménie, le 11 mai 1915, au début du génocide du XXe siècle. Le récit est ponctué de flash back sur la période du génocide.

Ararat (2002)
Atom Egoyan et son épouse Arsinée Khanjian sont canadiens d'origine arménienne. Le cinéaste, après avoir été révélé par des films audacieux, souvent primés dans les grands festivals comme Cannes, réalise alors une oeuvre plus personnelle, avec un casting cosmopolite: le plus célèbre des Arméniens, Charles Aznavour, Eric Bogosian, Marie-Josée Croze, Bruce Greenwood, Simon Abkarian, Christopher Plummer, Arsinée Khanjian, Elias Koteas...
Sélectionné hors-compétition à Cannes (certains soupçonnent des pressions turques), Ararat est un récit gigogne sur le Génocide et l'exode qui a suivi en tentant de reconstituer une mémoire fragile, d'expliquer une situation complexe à travers différents points de vue.

le voyage en arménie robert guédiguianLe Voyage en Arménie (2006)
Hanté par ses origines, Robert Guédiguian aura attendu le milieu des années 2000, 25 ans après son premier film, pour revenir en Arménie. Et chose rare, son épouse Ariane Ascaride, actrice principale de ses films, est aussi au scénario pour cette oeuvre si particulière. Aux côtés d'Ascaride, on retrouve les fidèles Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin, mais aussi Simon Abkarian et Jalil Lespert.
Le Voyage en Arménie est une quête des origines. C'est l'histoire d'Anna, cardiologue, doit opérer son père, malade du cœur. Celui-ci disparaît soudainement. Anna est convaincue qu'il est parti en Arménie, pays qu'il avait quitté vers les années 1950. Elle part à sa recherche.
Le film est autant une fiction, amoureuse des paysages, qu'un reportage documentaire sur le pays, tiraillé entre son histoire millénaire et sa mutation post-communiste très libérale.

Le Mas des alouettes / La masseria delle allodole (2007)
Paolo et Vittorio Taviani adaptent le roman d'Antonia Arslan, Prix Stresa (l'équivalent du Goncourt en Italie) en 2004. Paz Vega, Angela Molina, Arsinée Khanjian, Tchéky Karyo et André Dussollier sont au générique.
Les Taviani plonge le spectateur en mai 1915, à Venise où Assadour Avakian, médecin d'origine arménienne, se prépare, après vingt ans de séparation, à retrouver sa famille natale en Anatolie. Pour cet événement, son frère Aram fait agrandir et restaurer le Mas des alouettes, la vieille demeure où sont nés et ont grandi les Avakian. Mais l'Italie vient d'entrer en guerre contre l'Autriche-Hongrie et l'Empire ottoman, et en Turquie, les Jeunes-Turcs sont au pouvoir et cherchent à se débarrasser des minorités ethniques. Pour les Arméniens, la situation devient un enfer: tous les individus de sexe masculin sont voués au massacre, les Avakian n'y font pas exception. Pour les femmes et le petit Avetis, déguisé en fille, débute alors un long calvaire dans le désert et le début de leur exil.

fatih akin tahar rahim the cutThe Cut (2014)
Présenté en compétition au Festival international du film de Venise l'an dernier, ce film est la première collaboration entre un cinéaste d'origine turque, Fatih Akin, et un scénariste d'origine arménienne, Mardik Martin.
The Cut suit, pendant le génocide arménien, Nazareth Manoogian, déporté de son village natal de Mardin, en Turquie. Après les déportations, il apprend que ses filles pourraient être encore vivantes et parcourt le monde pour les retrouver. Tahar Rahim interprète le rôle principal. On retrouve également au générique Simon Abkarian et Arsinée Khanjian.
C'est aussi le premier scénario de Mardik Martin en 34 ans, depuis Raging Bull. Akin a clairement avoué qu'il s'était inspiré d'America, America.

Fin de vadrouille pour Marie Dubois (1937-2014)

Posté par redaction, le 15 octobre 2014

marie duboisMarie Dubois est morte à l'âge de 77 ans ce mercredi 15 octobre, près de Pau. Elle était jolie, talentueuse, avec ce visage un peu moderne des Annie Girardot dans les années 60. Elle aura donné la réplique aux plus grands: Belmondo, Trintignant, Depardieu, Moreau, Huppert, Brasseur, Montand, De Funès, Noiret, Giannini, Kinski, Blier, Piccoli, Brynner, Fonda (père et fille), Lafont, Ventura, Lollobrigida, Simon...

Mais une sclérose en plaques la ronge depuis ses 23 ans et l'oblige a, progressivement, quitté les plateaux de cinéma depuis le milieu des années 80.

Dans un entretien au site Doctissimo, le 25 février 2003, elle explique: « J'avais 23 ans lorsque la maladie s'est déclarée. C'était après le tournage du film de François Truffaut Tirez sur le pianiste. Heureusement, cette première alerte n'a pas été trop sévère et je me suis empressée de l'oublier ; mais la maladie, elle, ne m'a pas oubliée Elle m'a rattrapée après le tournage de La menace, avec Alain Corneau, quelques vingt ans plus tard. Ces années de répit m'ont permis de mener à bien ma carrière sans que la maladie ne soit omniprésente. »

Née Claudine Huzé le 12 janvier 1937 à Paris, elle débute avec la Nouvelle vague, tournant avec Eric Rohmer (Signe du lion, 1959), Jean-Luc Godard (Une femme est une femme, 1961) et François Truffaut (Tirez sur le pianiste, 1960, Jules et Jim, 1962). Truffaut fut son mentor. C'est lui qui a choisi son nom de scène (emprunté à un roman de Jacques Audiberti, intitulé Marie Dubois).

La Grande Vadrouille et douze ans plus tard un césar

Après ses débuts, Marie Dubois, actrice capable d'être tragédienne et dramatique autant que comique, va alterner les grands succès populaires et les grands auteurs: Week-end à Zuydcoote d'Henri Verneuil, La Chasse à l'homme d'Édouard Molinaro, La Ronde de Roger Vadim, Les Grandes Gueules de Robert Enrico, Le Voleur de Louis Malle et bien entendu La Grande Vadrouille de Gérard Oury en 1966.

De 1967 à 1973, elle tourne souvent, mais les films sont moins remarquables. On la voit quand même dans Gonflés à bloc avec Tony Curtis, Bourvil et Mireille Darc et elle obtient le prix d'interprétation de l'Académie Nationale du Cinéma pour son rôle dans Les Arpenteurs en 1972.

En 1973, lle retrouve alors un second souffle, avec Le Serpent d'Henri Verneuil, Vincent, François, Paul et les autres de Claude Sautet, L'innocent de Luchino Visconti, La Menace d'Alain Corneau, qui lui vaudra un César du meilleur second rôle féminin en 1978, Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais et Garçon ! de Claude Sautet.

A partir de 1984, elle se raréfie. Elle est nominée au César du meilleur second-rôle pour Descente aux enfers de Francis Girod, en 1987. On la retrouvera en vieille duchesse dans Les Caprices d'un fleuve de Bernard Giraudeau et chez Claude Chabrol dans Rien ne va plus.

En 2002, elle publie ses mémoires, J'ai pas menti, j'ai pas tout dit (Plon).

Festival Lumière 2013 : Tarantino, Mexico, Bergman et Pierre Richard au menu

Posté par Morgane, le 20 juin 2013

tarantino prix lumiere 2013

Aujourd'hui se tenait à Lyon, dans le Hangar du Premier Film de l'Institut Lumière, la présentation de la 5e édition du Festival Lumière (Grand Lyon Film Festival) qui aura lieu du 14 au 20 octobre. Thierry Frémaux a donc fait un grand nombre d'annonces pour aiguiser nos appétits en vue de la future orgie.

Il faut tout d'abord souligner que l'Institut Lumière fête cette année ses 30 ans! Pour célébrer cet anniversaire, le cinéma re-tournera la Sortie des usines Lumière, rue du Premier film. C'est aussi l'occasion pour l'Institut de restaurer les films Lumières en 4K.

Concernant le Festival en lui-même voici quelques annonces pêle-mêle qui mettent l'eau à la bouche.

Côté rétrospectives, l'une sera consacrée à Ingmar Bergman avec ses films en copies restaurées et l'autre, Noir & Blanc, à Henri Verneuil.

Le Festival est aussi un temps des hommages. L'édition 2013 ne coupera pas à la règle et rendra hommage à Christine Pascal, actrice, réalisatrice et scénariste lyonnaise, au producteur Daniel Toscan du Plantier, à Charles Vanel, réalisateur du dernier film français muet, Dans la nuit, et acteur dans plus de 170 films (!), à James B. Harris, en sa présence, réalisateur, acteur mais aussi producteur de trois films de Stanley Kubrick, L'ultime razzia, Les sentiers de la gloire et Lolita ainsi qu'à Pierre Richard qui sera également présent pour l'occasion. Un hommage lui sera également rendu à la Cinémathèque française.

Les Grandes Projections, qui avaient vues le jour en 2012, reviennent cette année avec Les Dix commandements (de Cecil B. DeMille), Fanny et Alexandre (d'Ingmar Bergman), Le dernier empereur (de Bernardo Bertolucci, en 3D) et Exodus (d'Otto Preminger).

Cette année, on pourra aussi découvrir un cycle "Mexico années 50", assister à un ciné-concert accompagné par l'Orchestre National de Lyon mais dont le film n'a pas encore dévoilé et voir ou revoir les hilarants films des Monty Python lors de la nuit qui leur sera consacrée à la Halle Tony Garnier. Dans son cadre consacré à l'histoire des femmes au cinéma, Germaine Dulac, réalisatrice française, sera mise en lumière. L'édition 2013 verra aussi la création du Premier Marché du film classique mondial.

Et, comme on dit, the las but ont least, la cerise sur le gâteau, Thierry Frémaux a révélé le nom de celui qui recevra cette année le Prix Lumière. Après Clint Eastwood, Milos Forman, Gérard Depardieu et Ken Loach, c'est au tour du culte Quentin Tarantino d'être à l'honneur de ce Festival! Ce qui ravira certainement un très grand nombre de festivaliers...

Les 50 ans du cinéma marocain : Marrakech (1)

Posté par vincy, le 21 septembre 2008

marrakech.jpgLe cinéma marocain est né en 1958. Nous reviendrons sur les grands noms de son histoire, mais aussi sur l'affirmation de plus en plus nette d'un cinéma qui est devenu l'une des trois cinématographies les plus importantes en Afrique.

Mais le Maroc c'est aussi, et depuis longtemps, une terre d'accueil pour les tournages hollywoodiens et même français. Nous y reviendrons lors de l'étape à Ouarzazate.

Même si Casablanca a donné son nom à l'un des films les plus emblématiques de l'histoire du 7e Art, ce sont Tanger et Marrakech qui ont servi le plus souvent de décors aux réalisateurs occidentaux fascinés par ce monde arabe riche en couleurs.

Marrakech a ainsi été rendue célèbre par Alfred Hitchcock en 1955. Sur la place Jemaâ El Fna, Daniel Gélin se fait planter un couteau dans le dos et meurt dans les bras de James Stewart dans L'homme qui en savait trop.

Mais Marrakech a aussi été à l'image de nombreux films lorsque le Maroc était sous protectorat français. Notamment en 1934, Jacques Feyder, sur un scénario de Marcel Carné, y réalise Le grand jeu, avec Charles Vanel, Françoise Rosay et Marie Bell.

C'est aussi à Marrakech qu'une partie des plans de Shéhérazade (avec Anna Karina), du Grand Escroc (de Jean-Luc Godard, avec Jean Seberg), de 100 000 dollars au Soleil (de Henri Verneuil, avec Jean-Paul Belmondo et Lino Ventura), de L'homme qui voulait être roi (de John Huston, avec Sean Connery et Michael Caine) furent tournés, ou détournés. Dans les années 90, on notera juste le film "flower power" Hideous Kinky (Marrakech express), avec Kate Winslet.

C'est enfin à Marrakech que se tient le seul grand festival international de films du Maroc. Outil marketing pour attirer stars, touristes, investisseurs et donner une image glamour et jet-set à une ville globalement pauvre.

Mais, hormis Hitchcock, personne ne fut tenté par l'idée d'utiliser le labyrinthe de la Médina comme prétexte à scénario. Des films d'auteur confidentiels s'y tourneront. Mais l'essentiel des productions migrera vers Ouarzazate, dotée de studios d'envergure internationale. Etonnant pour une ville si cinégénique. Pas un James Bond. Juste une mention dans les périples d'Indiana Jones. Et un passage furtif dans Mamma Mia !, où Stellan Skarsgard traverse, à moto, la place Jemaâ El Fna. Toujours la même (en photo).

crédit photo : Marrakech (c) vincy thomas