Mon film de l’année : Juste la fin du monde, magnifique huis-clos

Posté par wyzman, le 22 décembre 2016

Grand prix du Jury au dernier Festival de Cannes, Juste la fin du monde aurait pu être une adaptation quelconque de la pièce de Jean-Luc Lagarce. Mais c'était sans compter le talent de Xavier Dolan. Après l'encensé Mommy et avant l'américain The Death and Life of John F. Donovan, Juste la fin du monde se pose là, en oeuvre complexe de 95 minutes doté d'un casting de rêve. Eh oui, ce n'est pas tout le monde qui peut se permettre de faire jouer Nathalie Baye, Vincent Cassel, Gaspard Ulliel, Léa Seydoux et Marion Cotillard ensemble.

Mais au-delà de sa distribution, Juste la fin du monde demeure un film à mon sens brillant sur la complexité des rapports familiaux. Louis est le fils cadet, il rentre après des années d'absence pour annoncer sa mort à venir. De quoi va-t-il mourir ? Va-t-il réussir à le dire à ses proches ? Pourquoi est-il parti ? Avait-il besoin de revenir ? Tant de questions que le film pose et auxquelles les protagonistes tentent de répondre… parfois avec beaucoup de mal.

Pas aussi apprécié que Mommy, Juste la fin du monde condense tout ce que Xavier Dolan sait parfaitement mettre en scène. Des actrices remarquables, une bande originale pop et nostalgique, des choix de cadrage qui surprennent, des répliques prenantes et des personnages plus torturés les uns que les autres. Voilà sans doute pourquoi l'incommunicabilité se retrouve ici magnifiée. Xavier Dolan grandit, il prend des risques. Sur certaines scènes cela paye, avec d'autres pas vraiment. Mais il essaye, et cela efface tous les petits défauts que certains qualifieront de "paresse".

Rempli de cris et de douleur, Juste la fin du monde reflète parfaitement certaines bulles familiales. On aime ses proches mais on ne peut plus les voir. Et lorsqu'on les retrouve, on attend patiemment l'événement qui fera tout chavirer. Mélo familial certes, Juste la fin du monde est avant tout un très beau film qui irrite par les vérités qu'il balance à la figure.

Mes autres coups de cœur : Divines (pour ses deux actrices principales), Demolition (pour la remarquable performance de Jake Gyllenhaal), Spotlight (pour son intensité), Steve Jobs (pour son scénario absolument ahurissant) et La Saison des femmes (pour l'engagement de sa réalisatrice).

Edito: L’avenir, quand on a 17 ans

Posté par redaction, le 7 avril 2016

Quand on a 17 ans, on a l'avenir devant soi. Mais il semble que ce soit plus compliqué à imaginer quand on vieillit, que la mort rode. Etrangement, cette semaine, les fantômes hantent les salles de cinéma. Le deuil est ainsi diversement vécu. Jake Gyllenhaal est prêt à tout démolir, avec une certaine jubilation. Tom Hiddleston cherche vainement un anonymat au milieu de gens qu'il ne connaît pas. Kate Dickie et Paul Higgins se sont isolés dans une forêt, se coupant de tout contact avec le reste du monde. Dakota Johnson fuit le paradis factice d'une villa italienne pour retourner chez sa mère. Le peuple argentin refuse qu'on lui retire le corps de son idole défunte, Evita, prête à être embaumée. Et le spectre de Manoel de Oliveira plane dans un film posthume.

Quand on a 17 ans, que son père meurt, on peut toujours lutter: on ne pense qu'à l'amour, aux sentiments, aux sensations, à ce désir prégnant qui nous donne l'impression d'être invincible, capable de toutes les audaces, d'être comme des lions, de passer des nuits debout, de croire que Demain sera toujours meilleur. Il suffit de faire confiance à la vie. Le cinéma, quand il nous renvoie cette envie folle de vivre par procuration des moments que l'on a pu vivre ou, mieux, que l'on aurait aimé vivre, est alors doté d'une force ensorcelante qui réveille en nous le plaisir pervers qui nous conduit dans une zone floue où réalité et rêve se confondent.

Quand on 17 ans, on peut aimer croire aux fantômes ; et on ne sait pas encore qu'ils existent vraiment quand nos proches sont passés de l'autre côté du Styx. On dérive alors sur son Y. En espérant atteindre l'instant X. Le 7e art joue alors de catalyseur et même, parfois, d'embarcation vers ces limbes virtuelles où les personnages fictifs deviennent comme nos amis. On se prend d'empathie ou de compassion pour ces gens qui souffrent de la perte de leur épouse, soeur, fils, père, icône.

"Et si la mélancolie nous gagne infailliblement lorsque nous sommes au bord des eaux, une autre loi de notre nature impressible fait que, sur les montagnes, nos sentiments s'épurent". Quand on a 17 ans, on devrait lire Honoré de Balzac.

Toronto 2015: Delpy, Rappeneau, Corsini, Lelouch, Audiard au milieu d’une sélection cinq étoiles

Posté par vincy, le 28 juillet 2015

Pour son 40e anniversaire, le festival international du film de Toronto met les petits plats dans les grands avec une sélection qui pioche aussi bien dans les grands films présentés à cannes et à Berlin, que dans des productions américaines très attendues, avec leurs stars oscarisables, et quelques surprises comme le nouveau documentaire de Michael Moore, un Johnnie To ou le dernier Egoyan, enfant local.

Du 10 au 20 septembre, Toronto accueillera aussi bien des cinéastes assez rares comme Charlie Kaufman ou Terence Davies que des blockbusters de saison comme le dernier Ridley Scoot ou le nouveau Roland Emmerich. Cosmopolite avec les grands noms latino-américains, asiatiques, européens et nord-américains, Toronto s'offre un programme anniversaire classieux.
Côté français, la moisson est impressionnante: Rappeneau, Corsini, Lelouch, Delpy en soirée de gala et surtout la Palme d'or avec Audiard, qui côtoiera pour son avant-première nord-américaine le Grand prix du jury et le prix du jury du Festival de Cannes.

En ouverture, Toronto accueillera le dernier film du québécois Jean-Marc vallée, Demolition, une comédie dramatique prévue dans les salles au printemps 2016, avec Jake Gyllenhaal et Naomi Watts.

Rappelons qu'hormis des prix du public, le 2e plus important festival de cinéma de la planète n'est pas compétitif. Seul un jury, cette année composé de Jia Zhang-ke, Claire Denis et Agnieszka Holland, élira le prix du nouveau programme Platform.

Projections spéciales :

- Anomalisa de Charlie Kaufman et Duke Johnson, avec Jennifer Jason Leigh et David Thewlis.
Beasts of a Nation de Cary Fukunaga, avec Idris Elba.
Black Mass de Scott Cooper, biopic avec Johnny Depp et Benedict Cumberbatch. Hors-compétition à Venise.
Brooklyn de John Crowley, avec Saoirse Ronan et Domhnall Gleeson.
The Club de Pablo Larrain. Grand prix du jury à Berlin.
Colonia de Florian Gallenberger, avec Emma Watson et Daniel Brühl.
The Danish Girl de Tom Hooper, avec Eddie Redmayne, Matthias Schoenaerts, Alicia Vikander et Ben Whishaw.
- The Daughter de Simon Stone, avec Geoffrey Rush et Sam Neill.
Disierto de Jonas Cuaron, avec Gael Garcia Bernal
Dheepan de Jacques Audiard. Palme d'or à Cannes.
Belles Familles de Jean-Paul Rappeneau, avec Mathieu Amalric et Karin Viard.
The Family Fang de Jason Bateman, avec Nicole Kidman et Jason Bateman.
Guilty de McG (télévision).
I Smile Back d’Adam Salky, avec Josh Charles.
The Idol de Hany Abu-Assad, avec Nadine Labaki.
The Lady in the Van de Nicholas Hytner, avec Maggie Smith et Dominic Coope.
Len and Company de Tim Godsall, avec Rhys Ifans et Juno Temple.
The Lobster de Yorgos Lanthimos. Prix du jury à Cannes.
Louder than Bombs de Joachim Trier. En compétition à Cannes.
Maggie’s Plan de Ethan Hawke, Rebecca Miller, avec Julianne Moore et Travis Fimmel.
Mountain May Depart de Jia Zhang-ke. En compétition à Cannes.
Office de Johnny To, avec Chow Yun-fat et Sylvia Chang.
Parched de Leena Yadav, avec Adil Hussain.
Room de Lenny Abrahamson, avec William H. Macy et Joan Allen.
- Sicario de Denis Villeneuve. En compétition à Cannes.
Le fils de Saul de Laszlo Nemes. Grand prix du jury à Cannes.
Spotlight de Thomas McCarthy, histoire vraie avec Rachel McAdams, Michael Keaton et Mark Ruffalo.
La belle saison de Catherine Corsini, avec Cécile de France et Izia Higelin.
Sunset Song Terence Davies, avec Peter Mullan.
Trumbo de Jay Roach, avec Diane Lane et Bryan Cranston.
Un plus Une de Claude Lelouch, avec Jean Dujardin et Elsa Zylberstein.
Victoria de Sebastian Schipper. Meilleure photo à Berlin.
Where To Invade Next de Michael Moore. premier documentaire du cinéaste en six ans.
Youth de Paolo Sorrentino. En compétition à Cannes.

Films de Gala :
- Beeba Boys de Deepa Mehta, avec Randeep Hooda.
- The Dressmaker de Jocelyn Moorhouse, avec Kate Winslet et Liam Hemsworth.
- Eye in the Sky de Gavin Hood, avec Aaron Paul et Helen Mirren.
- Forsaken de Jon Cassar, avec Demi Moore et Kiefer Sutherland.
- Lolo de Julie Delpy, avec Dany Boon, Karin Viard et Vincent Lacoste.
Freeheld de Peter Sollett, avec Ellen Page, julianne Moore et Steve Carell.
- Hyena Road de Paul Gross, avec Paul Gross.
- Stonewall de Roland Emmerich, avec Ron Perlman et Jonathan Rhys Meyers.
Legend de Brian Helgeland, avec Tom Hardy et Emily Browning.
The Man Who Knew Infinity de Matt Brown, avec Jeremy Irons et Dev Patel.
The Martian (Seul sur Mars) de Ridley Scott, avec Matt Damon, Jessica Chastain et Kristen Wiig.
- The Program de Stephen Frears, avec Ben Foster et Dustin Hoffman.
-  Remember d’Atom Egoyan, avec Christopher Plummer et Martin Landau.
- Septembers of Shiraz de Wayne Blair, avec Salma Hayek et Adrien Brody