Les femmes dans le cinéma français: ça progresse…

Posté par vincy, le 25 février 2017

Le CNC a publié le jour des César une étude sur "la place des femmes dans l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel". En voyant le palmarès des César hier, on notera qu'il y a du mieux: le meilleur premier film, le prix ex-aequo du court métrage, la meilleure adaptation ont couronné quatre femmes - réalisatrices, qui ont d'ailleurs toute souligné leur appartenance à une France ouverte, diverse, fragile et minoritaire. Alice Diop (Vers la tendresse) a même rêvé tout haut de "faire tomber les murs". En tout cas le plafond de verre craque. C'est une bonne nouvelle.

Comme le souligne Frédérique Bredin, Présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), "Depuis près de 10 ans est apparu une nouvelle génération de réalisatrices d’une très grande créativité. Leur talent, leur audace, ont donné un souffle nouveau au cinéma français avec, aujourd’hui, des premiers films reconnus dans le monde entier, comme Mustang ou Divines."

La France, championne d'Europe

L'étude montre qu'il y a une présence plus forte de réalisatrices que dans d’autres pays européens. En effet, 22 % des films français sortis en salle entre 2011 et 2015 sont réalisés ou coréalisés par des femmes, contre 19 % des films allemands, 11 % des films britanniques, 10 % des films italiens et 11 % des films espagnols. En cinq ans, 282 films français sortis en salles en France sont réalisés par des femmes et au cours des cinq dernières années, la France enregistre à elle seule 45 % de l’ensemble des films nationaux réalisés par des femmes en Europe.

En 10 ans le nombre de réalisatrices a augmenté de 71 % avec 567 films produits au total. Mais, car il y a toujours un mais, si il y a progression, le cinéma français ne parvient pas à briser cette "frontière" invisible des 22% de films réalisés chaque année par des femmes depuis 2011.

2 femmes sur 5 dans la profession

Dans le même laps de temps, le nombre de femmes employées dans la production de films a progressé de 20 % contre 5 % pour les hommes. Aujourd'hui 43,7% des emplois dans la fiction sont féminins, tous métiers confondus. La bonne nouvelle est qu'elles sont jeunes (moins de 30 ans). On constate aussi qu'il y a des métiers très "genrés". Les femmes sont sur-représentées dans les scriptes, les costumes, les coiffeurs-maquilleurs, la comptabilité, le juridique et la communication. Elles sont inexistantes dans les postes de chauffeur, d'électricien, de machiniste, de rippeur et de mixeur.

Un sacré problème : l'écart salarial

Cependant tout n'est pas rose ou bleu. On constate malgré tout que les femmes ont des rémunérations généralement inférieures à celles des hommes. "Dans une très grande majorité des professions, les salaires horaires moyens des femmes apparaissent inférieurs à ceux des hommes notamment pour la réalisation (- 42%), la production (- 38 %). Pour quelques métiers, cet écart est cependant en faveur des femmes comme scripte (+9 %) ou cascadeuse car elles sont peu représentées (+ 4 %)" rappelle l'étude. On est stupéfait de voir qu'une actrice est payée en moyenne 9% de moins qu'un acteur.

Elles disposent aussi d'un budget moyen inférieur à celui des films réalisés par des hommes. "En 2015, le devis moyen d’un film d’une réalisatrice est de 3,50 M€, contre 4,70 M€ pour un homme. Sur la période 2006-2015, le budget moyen des films réalisés par des femmes est 1,6 fois moins élevé que celui réalisé par des hommes" précise le document, qui reconnaît que "cet écart a tendance à diminuer". De façon marginale, pourrait-on ajouter: l'écart est structurellement ancré dans les mœurs.

Un renouvellement salutaire

Le document livre pourtant un rappel salvateur: 17 films réalisés par des femmes, en dix ans, ont attiré plus d'un million de spectateurs. Preuve que le sexe n'a plus beaucoup d'importance pour gagner la confiance des financiers et des diffuseurs. Ainsi, toujours sur la période 2006-2015, la part des premiers films est plus importante parmi les films réalisés par des femmes (42 %) que parmi ceux réalisés par des hommes (32 %) et les troisièmes films ou plus réalisés par des femmes passent de 20 % en 2006 à 47 % en 2015, "confirmant la consolidation des carrières des réalisatrices après leur première percée."

Une nouvelle génération de producteurs/productrices a donc facilité l'émergence de réalisatrices respectées, récompensées, et même populaires. L'avenir semble plus féminin (sur les dix dernières promos de la Fémis, il y a la moitié des années où les étudiants étaient majoritairement des étudiantes). La part des femmes parmi les réalisateurs de courts métrages augmente pour la cinquième année consécutive pour atteindre 38%.

De quoi se dire que le cinéma français sera moins sexiste. A condition que l'égalité salariale soit aussi au rendez-vous.

L’Ecole Louis-Lumière rejoindra la Cité du cinéma de Besson

Posté par vincy, le 26 juin 2009

besson_levy.jpgCe n'était pas forcément la nouvelle la plus exaltante. Mais lors de la présentation du projet de la Cité du cinéma de Luc Besson (voir aussi l'actualité du 10 mars 2008), sur laquelle nous reviendrons prochainement, le nabab français a confirmé avoir été à l'Elysée pour obtenir une intervention de l'Etat dans certains dossiers, et notamment l'arrivée de l'Ecole nationale supérieure Louis-Lumière. La grande rivale de la fémis, qui forme aux métiers les plus techniques du cinéma (directeur de la photo, cadreur, assistant opérateur ou de réalisation, mixeur son, ingénieur du son, preneur de son...).

Installée, ou disons plutôt éloignée de Paris, à Noisy-le-Grand, l'école, créée en 1926, est aujourd'hui dirigée Francine Lévy (en photo, à côté de Luc Besson). Elle "a signé le jeudi 28 mai 2009 avec la Caisse des Dépôts et Consignations les principaux termes et conditions d’un accord prévoyant l’installation de l’ENS Louis Lumière à la Plaine Saint-Denis, sur le site de la Cité du Cinéma. Cet accord, signé au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche retient toute l’attention de la direction depuis plus d’un an. Il devrait permettre le déménagement de l’Ecole pour la rentrée 2012."

L'école disposera donc de 8 000 m² que la Cité louera à l'Education nationale. Selon le communiqué de l'école, "le site de la Cité du Cinéma permettra de développer des synergies entre formation, recherche appliquée et industrie, au cœur de l’épicentre de la production des images et des sons, à proximité immédiate des universités de Paris VIII et Paris XIII, et dans le prolongement des projets déjà développés au sein du pôle de compétitivité Régional Cap Digital ."

C'est une véritable révolution pour l'enseignement du cinéma, et surtout, géographiquement cela rapprochera les élèves de Louis-Lumière de ceux de la Fémis, situés dans le nord de Paris.