Les mythiques Studios de Bry-sur-Marne sont menacés. 12 associations du monde du cinéma et de l'audiovisuel ont lancé mi-octobre une pétition, une page Facebook et un compte Twitter avec pour objectifs:
1. Empêcher la possible démolition des Studios de Bry-sur-Marne.
2. Créer une synergie pour le rachat et le développement de ces studios.
3. Maintenir l’activité location du stock de meubles et accessoires au
sein du studio.
A Bry-sur-Marne, on tourne des émissions TV comme The Voice ou Le plus grand cabaret du monde ou des films comme Hunger Games 3, Marie-Antoinette, Le Prénom, Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, Carnage, Micmacs à tire-larigot, Un long dimanche de fiançailles, Babylon AD, Trois places pour le 26, L'odeur de la papaye verte, Le pacte des loups, Jeune & Jolie, Le passé...
"Rénover Bry aurait coûté trop cher" selon le propriétaire
Les 12 associations ont alerté toutes les institutions concernées sur une fermeture programmée fin avril 2015, suite à la vente de ces studios par Euromedia. "Les promesses de développement des Studios de Bry-sur-Marne lors de leur rachat en 2001 par Euromedia n’ont jamais été tenues. Le désengagement du groupe Euromedia des studios de fiction français ne doit pas entraîner la disparition d’un outil de travail performant, indispensable à la profession, dans un pays positionné comme le premier producteur d’Europe" explique le communiqué. Euro Média répond que "Rénover Bry aurait coûté trop cher, d'autant que la rentabilité n'est pas là. Les tarifs de location des plateaux sont très serrés, et nous subissons la concurrence étrangère, où les subventions publiques sont plus importantes.". Le groupe a donc vendu le site.
Idéalement situé à côté de la future ligne de métro 15
Selon Mediapart, "les studios ont été vendus à un marchand de biens, adossé à un investisseur brésilien, spéculant vraisemblablement sur une flambée des prix à venir avec les opérations d’aménagement du « Grand Paris ». Seule une première partie de la transaction (12 millions sur 32 millions) a été versée." En effet, les studios seront à proximité de la future gare Bry-Villiers-Champigny de la ligne de métro express 15 qui doit être construite di'ici 10 ans. De quoi aiguiser les appétits immobiliers. L'enqûete de Mediapart ajoute "Aujourd’hui, sans changement de PLU, il est impossible de construire des logements sur cette zone d’activité. L'information concernant la transformation des studios en logements est donc erronée."
La Mairie de Bry-sur-Marne "s’est déclarée attachée au maintien et au développement de ce site." La région Ile-de-France et la mairie de Villiers-sur-Marne soutiennent également la poursuite d'activités du Studio.
"Ces équipements n'ont pas d'équivalent en Ile-de-France"
Le regroupement d'associations, créé par L’Association des chefs décorateurs de cinéma (ADC) et l’Association des métiers associés de la décoration (MAD), affirme: "Alors que la mise en place du crédit d’impôts commence à porter ses fruits en ce qui concerne les relocalisations, il est vital pour l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel de conserver des infrastructures pour les tournages, comme les Studios de Bry-Sur-Marne".
Dans Télérama, en avril, le décorateur Allain Veissier rappelait que "Ces équipements n'ont pas d'équivalent en Ile-de-France. A moins d'occuper un plateau à moi tout seul, je n'aurais pu préconstruire ailleurs le décor de Rien à déclarer." Il reste aussi à savoir ce que vont devenir les milliers d'accessoires de tournages en cas de fermeture définitive.
Forte mobilisation de la profession
La pétition a déjà recueilli plus de 3 500 signatures (dont celles de François Ozon, Jean-Pierre Jeunet, Pierre Salvadori, Michel Hazanavicius, Chantal Akerman, Patrice Leconte, Christophe Gans, Pascale Ferran, Caroline Champetier, Jean-Pierre Améris ...). C'est davantage que la lettre lancée au début de l'année qui avait recueilli 2300 signatures (Josiane Balasko, François Ozon, Gérard Jugnot, Jean-Pierre Jeunet, Claire Denis) envoyée à Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication de l'époque, pour "sauver un patrimoine important du cinéma français".
Sur France Inter, Jean-Pierre Jeunet racontait récemment: "J'ai tourné à Bry-sur-Marne Un long dimanche de fiançailles et Micmacs à tirelarigot. Ces studios ont un look années 80 mais gardent de très beaux plateaux et sont très fonctionnels. Le problème en France, c'est que quand on crée de nouveaux studios, on en ferme d'autres. La Cité du Cinéma de Luc Besson est un endroit magnifique aux portes de Paris, mais pourquoi ne pas garder les deux ? À Londres ou à Prague, ils les additionnent. A Paris, on a déjà perdu Joinville et Arpajon. On revend nos studios à des promoteurs qui font du profit sur le dos d'un secteur fragile. Il faudrait que le gouvernement nous aide davantage à maintenir les tournages en France."
Les studios de Bry-sur-Marne sont situés à 10 kilomètres de Paris, juste à côté de l'INA (ce qui en fait un pôle audiovisuel majeur) et s'étendent sur 12,5 hectares. Construits en 1978, ils disposent de 8 plateaux ainsi que 1500 m² de décors extérieurs.
Euro Media possède d'autres studios en France, à Paris et à Nice, et notamment l'ultra-moderne Cité du cinéma à Saint-Denis, qui peine à remplir son carnet de tournages. A l'inverse, les studios de Bry tournent avec un taux de remplissage de 70 %.