Deux films de la Semaine de la Critique continuent de rafler les prix

Posté par vincy, le 2 octobre 2011

Depuis leurs présentations à la Semaine Internationale de la Critique 2011, Take Shelter et Les Acacias courent les festivals du monde entier et remportent à chaque fois un prix. Ce week-end le premier a été récompensé à Zurich, le second à Biarritz.

Take Shelter, le drame de Jeff Nichols qui devrait sortir en salles le 4 janvier prochain, vient de récolter l'Oeil d'or du Festival du Film de Zurich. Grand prix de la Semaine internationale de la Critique, en plus du prix SACD et du prix FIPRESCI de la SIC à Cannes, le film, en compétition à Sundance où il avait fait son avant-première mondiale, avait aussi gagné le Grand prix du jury du Festival du cinéma américain de Deauville. Comme nous l'écrivions à Cannes, ce succès est amplement mérité : "Jeff Nichols exploite la veine du thriller paranoïaque avec un film anxiogène qui place le spectateur dans la position de douter en permanence de ce qu'il voit à l'écran."

Les Acacias doit sortir lui aussi le 4 janvier 2012. On se permettra de conseiller à l'un des deux distributeurs de changer sa date de sortie. Le film vient de recevoir l'Abrazo du meilleur film lors de la 20e édition du festival Biarritz Amérique latine. A Cannes, il avait déjà fait sensations en étant récompensé de la Caméra d'or (meilleur premier film toutes sélections confondues), en plus du prix de la Jeune critique et du prix ACID. Le film argentin avait aussi été primé à San Sabestian il y a une semaine avec le prix Horizontes latinos et à Toronto avec le prix de la Critique internationale - "Découvertes".

Polanski : la passion au coeur d’une guerre des lobbysistes (2)

Posté par vincy, le 10 octobre 2009

polanski.jpg"Un jugement équitable n'est plus possible, après tant de temps et d'erreurs dans l'enquête"

Durant le premier jour de son arrestation, les dépêches étaient "froides", très "juridico-légales". Première à réagir : la corporation du 7e Art. L'artiste au-dessus des Lois, les mots maladroits de certains, le sentiment qu'un homme comme Roman Polanski mérite une forme d'impunité. La communication est hasardeuse, fougueuse, et persuadée de son bon sens.

Une première pétition réunissant Costa-Gavras, Wong Kar-Wai, Fanny Ardant, Woody Allen, Martin Scorsese, David Lynch, Michael Mann, Wim Wenders, Julian Schnabel, Pedro Almodovar, Alejandro Gonzalez Inarritu, Ettore Scola, Marco Bellocchio, Giuseppe Tornatore, Monica Bellucci, Abderrahmane Sissako, Tony Gatlif, Pierre Jolivet, Jean-Jacques Beineix, Paolo Sorrentino, Michele Placido, Barbet Schroeder, Gilles Jacob, ou encore Bertrand Tavernier apparait très vite. Hélas, le motif parait faible par rapport aux faits reprochés : "Cette extradition, si elle intervenait, serait lourde de conséquences et priverait le cinéaste de sa liberté." En revanche, elle souligne un point vital pour le cinéma mondial : "Forts de leur extraterritorialité, les festivals de cinéma du monde entier ont toujours permis aux oeuvres d'être montrées et de circuler et aux cinéastes de les présenter librement et en toute sécurité, même quand certains États voulaient s'y opposer."

Car si l'on traque Polanski ainsi, quid des cinéastes dissidents chinois, cubains ou iraniens quand ils viendront dans un pays comme la France, capable, actuellement, de renvoyer n'importe quel enfant afghan ou homosexuel arabe dans son pays ou encore de garder à vue un documentariste pour délit de solidarité?

Le jeune Festival de Zurich a du annuler son hommage à Polanski, mais n'a jamais été aussi médiatisé. Des affiches réclamant la libération ou la non-extradition du réalisateur ont fleuri sur les cinémas de la ville. Les Suisses l'ont d'autant plus mal pris que l'artiste avait un chalet dans le pays où il passait plusieurs mois de l'année. On ne peut y voir qu'une manoeuvre. Les médias ont accusé les pouvoirs publics de salir l'image du pays dans un compromis politique nauséeux (lié au secret bancaire et au blanchiment d'argent). Ils en rajoutent sur l'irrationalité de cette persécution. "Un jugement équitable n'est plus possible, après tant de temps et d'erreurs dans l'enquête", explique le Tages Anzeiger.

Un chapitre qui doit se refermer

Pour défendre leur cause, les avocats de Polanski ont donc vite fait, avec les médias, de rappeler la victime. Samantha Geimer, aujourd'hui 45 ans. "J'ai survécu, j'ai même surmonté cette épreuve et guéri de tous les maux que M. Polanski a pu m'infliger lorsque j'étais enfant. Il est temps que ce chapitre se referme". Elle a ainsi déposé une requête en janvier 2009 pour que les poursuites contre Polanski soient abandonnées. Peut-être est-ce là, la première erreur : personne ne parle vraiment de la victime au moment de sfaits. On raccourcit : elle avait 13 ans, dont elle était mineure. Mais Polanski n'a pas reconnu le viol, il n' a reconnu que les actes sexuels illégaux (sur mineur(e)). La jeune fille était consentante quand elle posait nue à 13 ans devant l'appareil photo du cinéaste, qui a toujours aimé les femmes très jeunes. Elle voulait être mannequin. Une opportunité? Toujours est-il que consciente ou pas elle ne pouvait pas être réellement consentante après avoir bu de l'alcool, pris des drogues, et subit une sodomie forcée. 

C'est tout cela qui devait être éclairci.

Les intellectuels (d'Adjani à Kundera) rejoignent la cohorte, le Ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, écrit à son homologue américain, Hillary Clinton. On croit alors l'affaire pliée... Consternation, déshonneur, choc : Polanski est très entouré, et la communauté artistique et politique se mobilise en sa faveur.

Légalement, pourtant, la Suisse est dans son Droit et les faits incriminés ne sont pas anodins. Bien sûr, les helvètes auraient pu faire preuve de zèle. Après tout, de nombreux pays où Polanski était invité ont retardé les procédures administratives et judiciaires pour qu'il ne soit pas inquiété durant son séjour...

Et les premières voix discordantes vont commencer à se faire entendre.

Polanski arrêté par la police suisse : une (sale) affaire devenue absurde

Posté par vincy, le 27 septembre 2009

roman polanskiQuand on apprend ce dimanche 27 septembre que le cinéaste franco-polonais Roman Polanski (Palme d'or à Cannes, plusieurs Oscars et César à son actif) est arrêté par la police suisse à son arrivée samedi soir à Zurich, il y a d'abord une réaction de stupéfaction. Il y a une forme de zèle de la part de la police helvétique qui ressemble à un acte ridicule, pour ne pas dire grotesque. Pourtant Roman Polanski a bien été arrêté samedi sur mandat d'arrêt américain alors qu'il s'apprêtait à participer au Festival du film de Zurich, pour recevoir un prix honorifique. La rétrospective est maintenue mais le prix lui sera remis une autre année.

Une affaire que tout le monde voudrait voir classée

Voilà donc la (sale) affaire dans laquelle Polanski est plongé depuis 1977 qui revient par un rebondissement imprévu. La procédure a été ouverte il y a 32 ans par les autorités américaines, empêchant le cinéaste de mettre le pied sur le sol américain. Il avait été arrêté à l'époque à Los Angeles à la suite de la plainte des parents d'une adolescente de 13 ans et avait plaidé coupable de "relations sexuelles illégales". Une des six charges qui pèsent contre lui.

Dans la villa de Jack Nicholson, il la photographiait comme modèle, lui faisiat boire du champagne et prendre quelques pilules. Malgré les protestations de la jeune fille, il l'aurait obligé à lui faire une fellation puis l'aurait sodomisé.

Il avait écoppé de 42 jours de prison. Ses avocats croyaient que ce serait sa peine totale. Mais fin janvier 1978, quand le juge lui fait conprendre qu'il allait être renvoyé au pénitencier, Polanski avait pris un avion pour s'exiler définitivement en France.Ce dossier pourtant n'est toujours pas terminé. Il est de plus en plus manifeste qu'il y a eu des erreurs d'appréciation et des "manquements à l'éthique professionnelle" selon les avocats du réalisateur. Mais, plus absurde, la victime, Samantha Geimer, est depuis longtemps favorable au classement de l'affaire, et s'est allié à Polanski pour metre un terme à cette procédure. Elle avait déjà obtenu un accord et des dommages hors tribunal.

"un immense scandale culturel"

Polanski est donc arrêté pour une affaire où la prescription serait évidente et où la victime ne cherche plus justice. Mais pour des affaires de moeurs, ni la Suisse ni les Etats-Unis n'ont de durée limite permettant la prescription. Cet acharnement judiciaire a souvent conduit des personnalités d'Hollywood a prendre la défense de Polanski. Coupable de relations sexuelles sur une mineure, personne ne semble désormais le contester. Mais à 76 ans, le cinéaste, qui a eu son lot de tragédies personnelles (la mort violente de son épouse Sharon Tate alors enceinte par Charles Manson) aurait aspiré sans doute à un "non lieu" dans cette histoire. Le risque n'est pas simplement son incarcération mais bien que le procès soit révisé d'une manière ou d'une autre. Polanski a toujours demandé que soient reconnues les fautes du juge de l'époque, désormais décédé. La Suisse a un traité bilatéral avec les Etats-Unis qui date des années 50 et permet l'extradition.

L'association des réalisateurs suisse a réagit immédiatement : "ce n'est pas simplement une farce grotesque de la justice, c'est aussi un immense scandale culturel."

Le cinéaste est à l'heure actuelle en "détention provisoire en attente d'extradition", mais peut faire appel de la décision.