The Black Power Mixtape 1967-1975 : mémoires d’indignés

Posté par kristofy, le 16 novembre 2011

Le film The Black Power Mixtape 1967-1975 est un documentaire construit avec des images d’archives inédites qui ont été retrouvées dans les archives d’une télévision de Suède. Le réalisateur suédois Göran Hugo Olsson est à l’origine du montage de ce film, coproduit par Danny Glover et présenté aux Festivals de Sundance, Berlin et Deauville.

Le mouvement 'Black Power' aux Etats-Unis pourrait se résumer rapidement par la lutte des noirs américains contre le racisme (accès aux bus, au logement, à l'université, au travail...) porté par des leaders comme Martin Luther King et Malcolm X. Les principales images de l’époque des télévisions américaines sont plus orientées vers une dénonciation d’activistes provocateurs… Ici, ces images de journalistes suédois font découvrir les revendications 'Black Power' telles qu’elles étaient exprimées durant ces années 70, ce sont des témoignages de ces années troubles. Ces archives ont été compilées dans un montage en 9 chapitres (pour chaque année entre 1967 et 1975), avec, parfois, un commentaire contemporain par certains artistes afro-américains sensibles eux-aussi au 'Black Power' (Erykah Badu, Talib Kweli, Questlove, Melvin Van Peebles).

Le montage chronologique de The Black Power Mixtape 1967-1975 permet de saisir l’évolution d’un mouvement : La lutte pour les droits civiques des noirs est aussi liée à la contestation de la guerre américaine au Vietnam, et aux assassinats de Martin Luther King (et celui de Robert Kenndy) en 1968. Martin Luther King (appelé Dr King) préférait la non-violence d’un mouvement pacifique, Malcom X déplorait que le gouvernement ait trop attendus pour engager des réformes sociales en faveur des plus pauvres, Stokely Carmichael à lui écrit un manifeste du Black Power (il a popularisé l’expression) et le Black Power Party fut le plus radical en vantant le droit de se défendre (avec des armes) face à la violence du racisme…

Le documentaire est riche de plusieurs séquences mémorables qui font entendre les paroles de ces militants. Ainsi Angela Davis est interviewée en prison sur la légitimité d’une organisation armée, et sa réponse <i>« lorsque quelqu'un me demande mon avis sur la violence, je trouve cela incroyable car cela signifie que la personne qui pose cette question n'a aucune idée de ce que le peuple noir a subi »</i> lui fait raconter le quotidien de son quartier en Alabama où des blancs racistes tuaient avec des bombes des familles noires… The Black Power Mixtape 1967-1975 s’intéresse d’ailleurs surtout à Angela Davis et à Stokely Carmichael : ce sont les personnes qui ont été le plus rencontrées par les journalistes suédois. Stokely Carmichael a voyagé en Europe, en France et en Suède, pour propager de ses idées. On apprendra d’ailleurs que le gouvernement américain n’appréciait guère que ces reporters suédois donnent une image positive des activistes -  les médias américains conservateurs évoquaient davantage des troubles et des violences- au point de geler les relations diplomatiques entre les deux pays.

La force de ce documentaire est de réussir à cerner plusieurs années de luttes idéologiques pour la liberté et l’égalité. Les images et les propos sont bien évidement plutôt à charge contre les Etats-Unis (en particulier le gouvernement du Président Nixon).  The Black Power Mixtape 1967-1975 est avant tout un document historique.

Deux films de la Semaine de la Critique continuent de rafler les prix

Posté par vincy, le 2 octobre 2011

Depuis leurs présentations à la Semaine Internationale de la Critique 2011, Take Shelter et Les Acacias courent les festivals du monde entier et remportent à chaque fois un prix. Ce week-end le premier a été récompensé à Zurich, le second à Biarritz.

Take Shelter, le drame de Jeff Nichols qui devrait sortir en salles le 4 janvier prochain, vient de récolter l'Oeil d'or du Festival du Film de Zurich. Grand prix de la Semaine internationale de la Critique, en plus du prix SACD et du prix FIPRESCI de la SIC à Cannes, le film, en compétition à Sundance où il avait fait son avant-première mondiale, avait aussi gagné le Grand prix du jury du Festival du cinéma américain de Deauville. Comme nous l'écrivions à Cannes, ce succès est amplement mérité : "Jeff Nichols exploite la veine du thriller paranoïaque avec un film anxiogène qui place le spectateur dans la position de douter en permanence de ce qu'il voit à l'écran."

Les Acacias doit sortir lui aussi le 4 janvier 2012. On se permettra de conseiller à l'un des deux distributeurs de changer sa date de sortie. Le film vient de recevoir l'Abrazo du meilleur film lors de la 20e édition du festival Biarritz Amérique latine. A Cannes, il avait déjà fait sensations en étant récompensé de la Caméra d'or (meilleur premier film toutes sélections confondues), en plus du prix de la Jeune critique et du prix ACID. Le film argentin avait aussi été primé à San Sabestian il y a une semaine avec le prix Horizontes latinos et à Toronto avec le prix de la Critique internationale - "Découvertes".

Retour sur Deauville 2011 : Hommage à Todd Solondz

Posté par kristofy, le 14 septembre 2011

Le Festival du Cinéma Américain de Deauville a rendu un hommage au réalisateur et scénariste Todd Solondz. A cette occasion, Deauville a fait redécouvrir l’intégrale de ses longs-métrages : Bienvenue dans l’âge ingrat, Happiness, Storytelling, Palindromes, Life during wartime, ainsi que son dernier film Dark Horse. L’ensemble de ses films ont été présentés (et certains primés), soit au festival de Cannes, soit au festival de Venise.

Son premier film Bienvenue dans l’âge ingrat avait été en compétition au festival américain de Deauville en 1996, et il y avait remporté le prix du jury (ex-æquo). En 1996 le jury était alors présidé par Charlotte Rampling qui a ensuite eu un petit rôle dans Life during wartime, et parmi ses membres il y avait alors Chiara Mastroianni qui est de nouveau dans le jury cette année. C’est donc naturellement Chiara Mastroianni qui a rendu hommage à Todd Solondz au nom de Deauville. Le réalisateur l’a reçu avec l’ironie qui le caractérise : « j’espère que cet hommage n’est pas une manière de dire adieu à ma carrière, le fait que mes films gagnent de moins en moins d’argent vous a peut-être suggéré cette idée, en tout cas c’est encore mieux que ce genre d’honneur vous arrive quand vous êtes en vie. »

A propos des caméras digitales et des salles de cinéma numériques :

Todd Solondz : Je crois que toutes les technologies ont des avantages et des inconvénients. Les petites caméras digitales permettent une certaine démocratisation pour que plus de gens puissent exercer cet art qu’est le cinéma. D’un point de vue artistique, en fait, tout dépend entre les mains de qui est cette caméra, si cette personne n’est pas un artiste, ce nouvel outil n’y changera rien. En fait, j’ai plus un rapport un peu douloureux et nostalgique avec l’apparition des cassettes vhs et du magnétoscope. Au début, on était excité par l'idée de posséder un film, mais c’est devenu banalisé, aux dépends d’aller voir un film dans une salle sur grand écran. Les vhs puis les dvd ont un peu transformé les films en produits de consommation. Je suis sans doute un peu sentimental.

A propos du dixième anniversaire du 11 septembre 2001 :

Retour sur Deauville 2011 : hommage à Naomi Watts

Posté par kristofy, le 13 septembre 2011

Le Festival du Cinéma Américain de Deauville a rendu hommage à l’actrice Naomi Watts. Les films Mulholland drive de David Lynch et 21 grammes de Alejandro Gonzales Inarritu ont fait d’elle une actrice multi-récompensée, et King Kong version Peter Jackson a fait d’elle une star planétaire. Funny Games US est un autre remake dans sa carrière, mais cette fois elle est en plus co-productrice. Ce sont ces films qui ont été projetés à Deauville, ainsi que Les promesses de l’ombre de David Cronenberg et Fair game de Doug Liman. Durant une dizaine d’années, elle a enchaîné les tournages avec les plus grands noms à la fois devant et derrière la caméra.

L'actrice a été accueillie sur scène avec ces mots « cet hommage est rien de mois qu’un instant de bonheur entre admiration et déclaration d’amour ». C’est le réalisateur  Abel Ferrara (venu avec son nouveau film 4:44 last day on earth) qui lui a remis le traditionnel trophée du festival de Deauville.

A propos du prochain film J.Edgar de Clint Eastwood :

Naomi Watts : Travailler avec Clint Eastwood a été un autre moment mémorable de ma carrière. Les journées étaient très remplies et aussi très courtes car j’avais six heures de maquillage par jour. On n'est presque pas dirigé avec Clint, il travaille sans beaucoup parler, on m’avait prévenue qu'en général, il fait une ou deux prises et pas plus. Mon premier plan sur ce tournage se passait dans un petit wagon de train, il a dit "on y va" et j’ai dit mon texte en pensant que c’était comme une répétition, et il a dit "ok, on passe à la suivante". Le tournage a duré pour moi trois semaines et je crois que j’ai attendu la deuxième semaine avant d’oser lui demander s' il ne fallait pas une deuxième prise. Clint a une idée très précise de ce qu’il attend des uns et des autres, il est aussi bien entouré, et on apprend énormément.

A propos de ses envies de cinéma, Naomi Watts annonce qu’elle tournera avec un réalisateur français :

Deauville 2011 : des films trop académiques en quête d’un peu de folie…

Posté par kristofy, le 11 septembre 2011

Après les premières des films La couleur des sentiments, Drive, Fright Night et Echange Standard qui ont eu lieu le premier week-end, la 37ème édition du Festival du Cinéma américain de Deauville avait prévu d’autres films à faire découvrir en premier à ses festivaliers.

L’actrice Famke Janssen est venue présenter son premier film en tant que réalisatrice : Bringing up Bobby. Elle filme Milla Jovovitch en immigrée ukrainienne aux Etats-Unis qui élève seul son petit garçon de dix ans en jouant de différentes arnaques. Après avoir été arrêtée et condamnée à un petit séjour en prison, elle doit se résoudre à confier temporairement son fils à une autre famille… De l’amour d’une mère qui se sacrifie pour le bien-être futur de son enfant : le film est hélas bien trop classique pour réellement retenir l’attention. La belle Famke Janssen est encore en quête d’un hypothétique distributeur pour son film.

La dernière réalisation de Robert Redford, La Conspiration, aligne un casting très prestigieux : James McAvoy, Robin Wright, Evan Rachel Wood, Kevin Kline, Tom Wilkinson, Justin Long. Et pourtant le film a été un échec niveau box-office aux Etats-Unis (une nouvelle déception après Lions et Agneaux). Un jeune avocat doit défendre Mary Surrat accusée de complicité (avec d’autres Sudistes) du meurtre du président Abraham Lincoln. A l’époque de la fin de la guerre de Sécession il s’agit de punir sans tarder l’assassinat du président, et cela même si les preuves d’une culpabilité sont peut-être insuffisantes… C’est l’exemple même d’un cinéma très académique. La Conspiration est typique des films de procès américains avec la question de la justice (et de la vengeance). Ici la toute fin peut permettre un parallèle avec la situation post 11 septembre 2001. Il est possible que La Conspiration nous arrive directement en dvd sans passer par les salles de cinéma.

On attend un peu de folie, du spectaculaire, de l’émotion…

Pour plus de folie il y avait 4:44 last day on Earth de Abel Ferrara qui semble de plus en plus filmer par narcissisme avec ses acteurs, complices. Ses derniers films sont restés inédits en salles, et celui-ci pourrait suivre le même chemin. Bien que 4:44 last day on Earth soit intriguant dans ses juxtapositions d’informations (plusieurs écrans délivrent différents messages) il n’en reste pas moins peu avenant.

Heureusement parmi les autres premières de ce Deauville 2011 il y avait quelques valeurs sûres avec Gus Van Sant et Restless (sortie le 21 septembre), ainsi que Todd Solondz (qui a eu le droit à son hommage) et Dark Horse (meilleur que son précédent Life during wartime). On pourrait même remarquer que dans ces avant-premières du festival du cinéma américain  le scénario le plus incroyable était celui d’un téléfilm (avec un casting de luxe William Hurt, James Wood, Paul Giamatti, Bill Pullman, Billy Cudrup…, produit par HBO et diffusé ici sur la chaîne Orange) : Too big to fail : débacle à Wall Street (photo) où Curtis Hanson reconstitue les négociations autour du plan Paulson pour sauver les plus grosses banques américaines de la faillite en 2008 ; et que le réalisateur le plus surprenant du moment était en fait le danois Nicolas Winding Refn avec Drive (sortie le 5 octobre).

Le meilleur du cinéma américain à venir était bel et bien représenté par les 14 films qui avaient été sélectionnés en compétition, dont le Grand Prix Take Shelter est à découvrir le 7 décembre.

Avant tout ça, la grosse comédie romantique du moment Crazy Stupid Love est en salles en ce moment.

Deauville 2011 : Take Shelter, Grand Prix, quatre mois après celui de la Semaine de la Critique

Posté par vincy, le 10 septembre 2011

Le 37e Festival du Cinéma Américain de Deauville a récompensé Take Shelter, déjà Grand prix de la Semaine de la Critique à Cannes (nous avions adoré à l'époque).

Detachment, de son côté, a remporté deux prix, alors que le film nous ait apparu moins fort que ses deux films précédents, American History X, ou son documentaire sur l’avortement Lake of fire.

Quant au prix du jury, Ecran Noir a eu du flair puisque c'était ce que nous avions imaginés dans notre bilan de mi-parcours.

Grand Prix : Take Shelter de Jeff Nichols
Prix du Jury : The Dynamiter de Matthew Gordon
Prix de la Révélation Cartier : Detachment de Tony Kaye
Prix de la Critique Internationale : Detachment de
Tony Kaye

Deauville 2011 : Hommage à Danny Glover

Posté par kristofy, le 7 septembre 2011

Le Festival du Cinéma Américain de Deauville a rendu un hommage à l’acteur Danny Glover. A cette occasion Deauville fait redécouvrir ses films La couleur pourpre, L’arme fatale, La rage au cœur, Grand Canyon, Boesman et Lena.

Pour accompagner cet hommage il y a eu la projection en avant-première de Black Power Mixtape 1967-1975 de Göran Hugo Olsson dont Danny Glover est un des co-producteurs, et qui avait été primé meilleur documentaire étranger au festival de Sundance 2011. On y découvre le mouvement Black Power avec des images d’archives de télévision suédoise (des reporters qui donnent une image positive des activistes alors les médias américains conservateurs n’évoquaient surtout que troubles et violences) avec un commentaire de différents artistes afro-américians d’aujourd’hui (Erykah Badu, Talib Kweli, Questlove, Melvin Van Peebles…). Le documentaire évoque les figures de Martin Luther King, Stokely Carmichael et Angela Davis avec des propos qui résonnent encore aujourd’hui.

Après un rôle dans L’évadé d’Alcatraz de Don Siegel, ses débuts d’acteur sont remarqués avec des films qui sont nommés aux Oscars : La saison du cœur de Robert Benton, Witness de Peter Weir, La couleur pourpre de Steven Spielberg. Il sera ensuite un visage connu à Hollywood avec des films aussi différents que la quadrilogie de L’arme fatale de Richard Donner, L’idéaliste de Francis Ford Coppola, La famille Tenenbaum de Wes Anderson, Saw de James Wan, 2012 de Roland Emmerich. Il apparaît aussi dans Manderlay de Lars Von Trier, Be kind rewind de Michel Gondry et Blindness de Fernando Meireilles. Il a aussi joué dans plusieurs films à destination de la télévision pour lesquels il est co-producteur.

Danny Glover a eu 65 ans en juillet dernier et pour lui cet hommage lui fait mesurer le chemin parcouru, et plus important que sa carrière au cinéma ce sont les personnes qui l’ont accompagné et le regard de son petit-fils et celui de sa femme.

- A propos du dixième anniversaire des évènements du 11 septembre 2001 :

- La question qu’il faut se poser c’est : est-ce que le monde est plus sûr dix ans après ? Le monde sera plus sûr si on s’attelle aux questions de pauvreté, de partage des ressources. La seconde guerre mondiale ferait pâle figure à côté du mal que nous avons fait en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud. Le monde sera plus sûr si on donne du bien-être à ceux qui vivent sur cette planète.

Danny Glover est aussi un homme engagé en faveur de différentes causes (droits civiques, travailleurs défavorisés, le parti démocrate, contre la guerre en Irak, accès à l’éducation…) pour lesquelles il fait entendre sa voix, il a d’ailleurs été Ambassadeur de bonne volonté pour les Nations Unies entre 1998 et 2004 et aussi Ambassadeur pour l’Unicef. Depuis 2005 il est co-producteur de différents films qui portent d’autres visions du monde comme Bamako de Abderrahmane Sissako, Le temps qu’il reste de d’Elia Suleiman ou Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures de Apichatpong Weerasethakul.

Danny Glover en images

Deauville 2011 : la compétition à mi-parcours

Posté par kristofy, le 7 septembre 2011

Cette année, le réalisateur Olivier Assayas préside le jury du 37e Festival du cinéma américaine de Deauville, entouré par Nathalie Baye, Chiara Mastroianni, Bruno Todeschini, la réalisatrice Claire Denis, Nicolas Godin (musicien du groupe Air), Angelin Preljocaj (chorégraphe) et de Jean Rolin (écrivain). Ils vont devoir s’accorder pour remettre le Grand Prix et le Prix du Jury, le nombre de films en compétition est maintenant de 14.
Le jury Révélation a pour tâche de récompenser un des films de la sélection pour son originalité. C’est le réalisateur et écrivain Samuel Benchetrit qui en est le président, il est entouré des comédiennes Sabrina Ouzani, Leïla Hatami (à l’affiche du film Une Séparation), Elisa Sednaoui et de Benjamin Siskou.

A mi-parcours de la découverte de la compétition, l’occasion pour un point sur les films sélectionnés :

- Return : présenté par sa réalisatrice Liza Johnson et sa comédienne Linda Cardellini. Une femme militaire revient du front où se déroule la guerre, elle retrouve dans sa petite ville son mari et ses deux filles, son travail et ses amies. Elle éprouve des difficultés à reprendre sa vie d’avant après les violences qu’elle a vue et dont elle ne veut pas parler. Son couple se délite et différents incidents la conduisent à une condamnation pour ivresse au volant avec le risque de perdre la garde ses filles… Peut-être un prix du jury ?

- Take Shelter : présenté par son comédien Michael Shannon. Un homme est sujet à des hallucinations terrifiantes, et son comportement inquiète sa famille et ses proches. Le film était une des bonnes surprises de Cannes.

- On The Ice : présenté par son réalisateur Andrew Okpeaha MacLean. L’originalité du film est de se dérouler en Alaska, territoire rarement filmé. Trois adolescents partis à la chasse au milieu de la banquise se bagarrent et il en résulte un mort, les deux autres reviennent et déclarent un accident un accident de scooter des neige. Leur mensonge est en balance avec le poids de la culpabilité…

- Another Happy Day : présenté par son réalisateur Sam Levinson et ses comédiennes Ellen Barkin (aussi co-productrice) et Kate Bosworth (avec au casting : Ezra Miller, Demi Moore et Ellen Burstyn). Une famille décomposée se réunit quelques jours avant un mariage et les dysfonctionnements des uns et des autres éclatent lors de crises hystériques. Il y a surtout la mère encore meurtrie d’avoir été quittée par son premier mari qui avait choisi de garder avec lui l’aîné mais pas la petite sœur… Une réunion de famille où les membres de trois générations ont tous une blessure et en font souffrir les autres.

- En Secret : présenté par sa comédienne Sarah Kazemy. En Iran, deux jeunes filles profitent de leur jeunesse en cachette des interdits de la tradition, elle ses découvrent même une attirance réciproque. Mais le frère de l’une d’elle est très religieux et collabore à la police des mœurs qui réprime tout comportement d’émancipation…

- Yelling To The Sky : présenté par réalisatrice Victoria Mahoney et son comédien Jason Clarke. Une adolescente métisse (l’actrice Zoë Kravitz) subit la mauvaise influence de l’environnement de son quartier, et elle est en bute contre son père. Une genre de girl in the hood avec une ado sur la mauvaise pente avant qu’elle comprenne qu’elle doit s’en sortir…

- The Dynamiter : présenté par son réalisateur Matthew Gordon. Robbie est un adolescent qui va sur ses 15 ans qui doit déjà assumer des responsabilités d’adulte. Sa mère a abandonné le domicile et il doit s’occuper de son jeune demi-frère et de sa grand-mère, son grand-frère adulte revient car il a été viré de son logement… On découvre Robbie comme un mauvais élève voleur et menteur avant de mieux connaître sa vie où il doit travailler pour aider sa famille. Une tranche de vie émouvante à la fois bien interprétée et bien filmée qui a été favorablement remarquée... Peut-être un prix du jury ?

- Jess + Moss : présenté par son réalisateur Clay Jeter et sa comédienne Sarah Hagan. Jess est une grande fille de 18 ans et Moss est un garçon de 12 ans, ils sont tout les deux livrés à eux-mêmes dans un coin de campagne où ils profitent d’une maison à l’abandon comme refuge pour jouer et se raconter des histoires. Le film fait la part belle aux gros plans sur des parties de corps avec en voix-off des paroles des deux personnages qui viennent le plus souvent de leur magnétophone à cassette. On devine leur souffrance d’avoir été comme abandonnés avec des bribes de souvenirs. Le film est assez expérimental dans son traitement avec un montage d’images et de sons plutôt disparates duquel ressort, sinon un certain ennui, une certaine poésie. Peut-être un prix de la Révélation ?

Il leur reste encore six films à découvrir avant de rendre leur palmarès.

Deauville 2011 : Déficit d’inspiration et happy end en règle d’or à Hollywood

Posté par kristofy, le 6 septembre 2011

Pour son premier week-end, la 37ème édition du Festival du Cinéma américain de Deauville a vu de nombreuses personnalités arriver sur le tapis rouge pour les différentes séances en avant-première. Emma Stone,Viola Davis, Jessica Chastain ont accompagné le film d’ouverture La couleur des sentiments, qui triomphe sur les écrans américains actuellement, et le réalisateur Nicolas Winding Refn est venu présenter Drive, qui lui a valu le prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes.

Parallèlement, Fright Night et Echange Standard (The Change-Up), deux films commerciaux dont se lamentaient Francis Ford Coppola et Shirley MacLaine durant leurs hommages, démontraient le savoir-faire hollywoodien en matière de marketing et l'abandon de la créativité de ce même Hollywood, qui abuse des remakes.

Anton Yelchin et Christoper Mintz-Plass sont venus présentés Fright Night 3D. C’est (encore) une histoire de vampire : un adolescent cool dans ses baskets découvre que la cause des absences de certains élèves de sa classe pourrait être liée à son nouveau voisin, possible vampire… Il s’agit en fait d’un remake du film Vampire…vous avez dit vampire ?. Cette relecture moderne d’un classique cherchait un équilibre entre humour et horreur mais elle bascule en fait vers une comédie pataude musclée aux effets spéciaux. Les bénéfices des effets 3D sont peu nombreux : même le sang qui gicle n’est pas spectaculaire ; les plus réussis sont des étincelles qui voltigent lorsqu’un corps se désintègre.

Pour Echange Standard, c’est le fringuant Jason Bateman qui était là sur scène pour conseiller de faire sortir les enfants de la salle : en effet son humour tape vraiment en dessous de la ceinture. Deux amis se réveillent dans le corps l'un de l’autre, ce qui rappelle le concept éprouvé dans Freaky Friday (où la fille Lindsay Lohan se retrouvait dans le corps de sa mère Jamie Lee Curtis et vice-versa). Ici il s’agit de deux caractères opposés : le cadre marié à la vie bien rangée et père de deux bébés, et le dilettante acteur raté et célibataire qui cumule les conquêtes. Chacun des deux héros va découvrir les avantages de la vie de l’autre, tout en voyant d’un nouvel œil sa propre vie. Si ce n’est pas très original, c’est en tout cas très efficace et très rythmé : les gags les plus régressifs se suivent tout comme les blondes aux seins nus. On en est encore là... Après de multiples scènes qui bousculent la bienséance, la morale sera quand-même sauve au final. ce qui anéantit tout espoir qu'Hollywood sorte de ses carcans.

La règle d'or des studios tient dans happy-end, aussi forcé que sacré.

Deauville 2011 : Shirley MacLaine la nostalgique

Posté par kristofy, le 5 septembre 2011

Le Festival du Cinéma Américain de Deauville a rendu un double hommage à Shirley MacLaine pour à la fois sa carrière au cinéma d’actrice (et de réalisatrice) et aussi sa carrière littéraire (elle a écrit une douzaine de livres). A cette occasion Deauville fait redécouvrir ses films La garçonnière, La rumeur, Irma la douce, Le tournant de la vie, Bienvenue Mister Chance, Tendres passions et plus récemment Ma sorcière bien-aimée. Shirley MacLaine est un peu chez elle puisqu'une suite porte son nom dans l'un des Palaces de la ville.

Son parcours de comédienne est légendaire, elle a joué devant les caméras d'Alfred Hitchcock, Vincente Minnelli, Billy Wilder, Jack Cardiff, Robert Wise, Vittorio de Sica, Don Siegel, Hal Ashby, plus récemment Nora Ephron, Curtis Hanson, Rob Reiner, Garry Marshall et dernièrement Richard Linklater. Certains de ses livres sont biographiques et d’autres témoignent de son intérêt pour la réincarnation et autre spiritualité et de son engagement politique (les droits civiques, les droits des femmes…). Elle a aussi joué à travers le monde un spectacle one-woman show.

Ce sont toutes ces facettes de sa personnalités qui ont été abordées avec la presse, des questions les plus diverses auxquelles la comédienne a répondu soit avec des traits d’humour ironiques soit avec une sincérité désarmante. Ainsi ses plus grands bonheurs aujourd’hui sont de voyager facilement en avion et... son chien !

Le cinéma actue l? "La technologie est en train de pervertir la communication émotionnelle"... Elle semble désabusée : "C’est devenu surtout du marketing, et des suites de suites de suites. Les histoires audacieuses sont une chose révolue, aujourd’hui il s'agit surtout d'utiliser le dernier outil technologique. J’en ai un peu marre de m’asseoir au cinéma à attendre le prochain objet qui va me sauter à la figure avec des lunettes 3D. L'âge d'or du cinéma était celui des histoires qui éveillaient la conscience des spectateurs. On n'est plus là dedans."

Toutefois elle déclare que sa dernière belle expérience de cinéma est son dernier tournage : Bernie, avec Jack Black et Matthew McConaughey, réalisé par Richard Linklater. Mais elle regrette que le 7e art ait oublié les silences ... "Ça ressemble presque à une démarche intentionnelle pour maintenir les gens à l'écart les uns des autres."

Shirley MacLaine en images lors de la conférence de presse :