Le Festival de Rome rêve de devenir le Toronto européen

Posté par vincy, le 30 décembre 2014

Le Festival international du film de Rome a décidé de changer de stratégie. L'échec médiatique de sa compétition et la baisse de fréquentation l'ont poussé à abandonner sa guerre frontale avec le Festival de Venise.

Dorénavant, le Festival de Rome arrête la compétition. Le prestige restera à Venise, la cinéphilie à Turin. Rome ambitionne de devenir le Toronto de l'Europe. Le Festival de Toronto, le plus important marché du film après Cannes et le premier festival d'Amérique du nord, ne décerne aucun prix majeur hormis celui du public et des prix thématiques sponsorisés.

Il faut dire que le ministère de la Culture en avait assez de financer un événement qui lui coûtait 1,4 million d'euros (20% du budget) sans aucune retombées réelles. Les billets ne se vendaient plus. Les stars ne venaient plus. Seules les accréditations professionnelles se maintenaient.

Conséquence: le ministère veut bien maintenir sa part dans le budget, mais le festival doit changer. Il investira essentiellement dans un marché mondial du film, qui fait cruellement défaut en Europe à cette période de l'année, hormis celui de Londres, peu flamboyant. Le Festival de Rome, parallèlement, lancera une section consacrée aux nouvelles formes de cinéma.

Rome s'est également engagé à créé les conditions nécessaires à un partenariat avec la Mostra de Venise.

Enfin, en annonçant que la compétition serait remplacée par un prix du public, sur le modèle de Toronto, Rome pourrait devenir une rampe pour les avant-premières européennes de films qui refusent la compétition dans les grands festivals. Londres et New York s'en inspirent aussi pour leurs festivals d'octobre. Mais cela ne peut fonctionner que si le public romain est au rendez-vous.

Le Festival de Rome complètera sa mue avec un nouveau nom, un nouveau directeur et une nouvelle date dans le calendrier.

Malgré le sacre de Larry Clark, le 7e Festival de Rome n’a pas convaincu

Posté par vincy, le 18 novembre 2012

La première édition romaine de Marco Müller, l'ancien patron de la Mostra de Venise, s'est soldée par un fiasco économique et une violente polémique sur le palmarès. Rome, qui en est à sa 7e édition, tente de dépasser Venise parmi les grands Festivals d'automne : il va falloir encore attendre.

D'une part le nombre de billets a baissé de 15% alors que le nombre de journalistes accrédités étaient en hausse (de 15%). Le marché du film a cependant encaissé une forte diminution du nombre d'acheteurs (passants de 270 à 190). Il n'y avait que 90 acheteurs présents. Pas de quoi inquiéter Toronto, Cannes ou Berlin.

Müller avait également promis une surprise de son "ami Quentin Tarantino" : rien n'est venu de Tarantino. Seule réelle surprise, le dernier Johnnie To... Sans personnalités présentes, ou quasiment, le Festival a manqué de glamour et de "coups".

A cela, il faut ajouter un palmarès plus que controversé. E la chiamano estate (Ils appellent ça l'été), "film dont les nombreuses scènes érotiques ont été accueillies par des sifflets et des huées" selon l'AFP, a remporté deux prix : meilleur réalisateur (Paolo Franchi) et  meilleure actrice (Isabella Ferrari). Ce film raconte les affres d'un couple, dont l'homme (l'acteur français érotomane Jean-Marc Barr) se refuse à faire l'amour avec sa compagne mais satisfait ses appétits sexuels avec des prostituées. Pas loin de Shame, le film a subit les quolibets des festivaliers, criant à la honte lors de la remise de prix.Le réalisateur s'est dit fier d'avoir fait ce film sans le financement des télévisions, média qui applatit le cinéma.

P.J. Hogan, membre du jury, a confié que "ce film a énervé beaucoup d'entre nous et beaucoup d'entre vous". "Beaucoup ont hurlé, d'autres se sont levés pour applaudir. Il a pris tout le monde aux tripes, c'est un film sans compromis. Il sera haï et adoré".

Retenons malgré tout que le prix Marc-Aurèle du meilleur film, est allé à Marfa girl de Larry Clark (lire notre actualité). Ali ha gli occhi azzuri (Ali a les yeux bleus) de Claudio Giovannesi, a été récompensé par le e prix spécial du jury, présidé par Jeff Nichols.

Le cinéma français a gagné deux prix : celui du meilleur acteur pour Jérémie Elkaïm (Main dans la main, de Valérie Donzelli) et  celui du meilleur espoir pour Marilyne Fontaine (Un enfant de toi, de Jacques Doillon).

Le prix de la contribution technique a été décerné à Arnau Valls Colomer pour l'image de Mai morire et celui du meilleur scénario à Noah Harpster et Micah Fitzerman-Blue pour The Motel Life, qui aussi reçu le prix du public.

James Franco fera partager ses rêves à Rome

Posté par vincy, le 31 octobre 2012

La section CinemaXXI du Festival de Rome (9-17 novembre) accueillera le nouveau court métrage de James Franco, Dreams. Le film ne dure qu'une minute. La star hollywoodienne sera également présente pour la projection du long métrage Tar. Ce film collectif rassemble James Franco, Mila Kunis, Jessica Chastain, Zach Braff, Henry Hopper et Bruce Campbell. Il s'agit d'un biopic du poète C.K. Williams, qui est interprété par Franco (et Henry Hopper quand il est plus jeune). Le film a été réalisé par des étudiants de la New York University et supervisé par l'acteur.

CinemaXXI est une nouvelle sélection dédiée à un cinéma expérimental. On y trouvera cette année un moyen métrage de Paul Verhoeven (Steekspel/Tricked).  Un film collectif d'Aki Kaurismäki, Pedro Costa, Victor Erice et Manoel de Oliveira (Centro Histórico) ouvrira le programme et un autre signé Atom Egoyan, Lai's Bodanzky, Jerzy Stuhr, De Oliveira, Marco Bechis, Wim Wenders et Theo Angelopoulos (Mundo Invisivel/ Invisible Word) devrait faire l'événement.

On retrouvera aussi deux cinéastes a priori attendus dans des sections plus "classiques" : Peter Greenaway avec Goltzius and the Pelican Company (avec F. Murray Abraham) et Mike Figgis avec Suspension of Disbelief (avec Sebastian Koch). Côté français, notons la présence de Photo, du portugais Carlos Saboga, avec Anna Mouglalis et Marisa Paredes.

Un jury, présidé par l'artiste Douglas Gordon et composé d'Hans Hurch, Ed Lachman, Andrea Lissoni et Emily Jacir, décernera trois prix le prix CinemaXXI et le prix spécial du jury (longs métrages) et un prix CinemaXXI Cortometraggi e Mediometraggi (courts et moyens métrages).

Larry Clark : un tournage à Paris et un film en compétition à Rome

Posté par vincy, le 22 octobre 2012

A part une exposition photographique et un court métrage, on n'avait peu de nouvelles du réalisateur de Kids, Bully et Ken Park. Le dernier long métrage de Larry Clark remonte à 2005 avec Wassup Rockers.

L'Avance sur recettes vient de lui octroyer une aide avant réalisation pour The Smell of Us, qui sera tourné à Paris et en français. La région Île-de-France vient également d'investir 400 000 euros dans la production. Le film sera distribué par Mars. C'est la première expérience du cinéaste à l'étranger. Le film est produit pour 3 millions d'euros par Morgane Production et Pierre-Paul Puljiz de Polyester productions (qu'on connaît pour les documentaires sur Larry Clark, Basquiat, Paul Morrissey ou encore Walk Away Renée de Jonathan Caouette). Les deux producteurs préparent également un documentaire sur son livre, Tulsa 1963-1971.

Dans The Smell of Us, Clark continue d'explorer les moeurs et coutumes de la jeunesse. L'histoire suit un couple d'ados qui s'entredéchire et deux copains sans illusions, le tout sur fond de skate-board. L'impossibilité de communiquer, l'ennui, la distance par rapport à leur environnement vont les conduire à la marge : argent facile, exhibition, prostitution masculine sur Internet, drogue, ... toutes classes sociales confondues. Les producteurs ont déjà annoncé que la narration serait différente, avec des flashbacks notamment, des précédents films de Clark.

On aura compris que le réalisateur a mis 7 ans à observer et digérer la manière dont le web a envahit et transformer la vie des ados. Lors de son exposition au MAM de Paris, il a rencontré Mathieu Landais (photo). Le jeune poète de 22 ans lui propose une histoire, et, ensemble ils coécrivent Le sang de Pan, scénario noir dont la version définitive est prête (et rebaptisée d'un nouveau titre) en avril dernier. Le casting se déroule au printemps dans le milieu du skate parisien, dans des soirées, des squats et des clubs.

Le financement quasiment bouclé, le tournage est prévu au premier trimestre 2013. Le film devrait être éclairé par un chef opérateur français, accompagné d'une BOF frenchy.

D'ici le tournage parisien, Larry Clark fera un détour par Rome. Le festival international du film de la capitale italienne a en effet sélectionné Marfa Girl, qui ne devrait pas sortir en salle. On pourra, en revanche, le voir dès novembre sur le site officiel du réalisateur (larryclark.com/marfagirl). Marfa est une petite ville texane. C'est là que vit le héros, Adam, de ce long métrage (1h46) à petit budget. Clark y traite d'art contemporain, de frontières, de métissage, d'adolescence, de sexe, de drogue, de racisme et de rock n' roll. As usual.

Festivals de Venise et de Rome : la guerre est déclarée

Posté par vincy, le 16 mars 2012

Venise est menacé. La Mostra, l'un des quatre plus importants festivals de cinéma du monde, entame donc sa révolution.

Car le tout jeune Festival de Rome a de l'ambition. Celui-ci vient d'annoncer aujourd'hui la nomination de Marco Müller, comme directeur artistique du Festival (rappelons qu'il a été évincé de Venise en décembre dernier). Cela faisait plusieurs semaines que la rumeur courrait...

Rome, en s'octroyant les services de Müller, s'offre aussi son extraordinaire carnet de contacts. Il aura pour mission  de dynamiser le profil international de la manifestation.

Venise a commencé à répliquer. Le nouveau directeur artistique, Alberto Barbera, a décidé de réduire le nombre de sélections (Contro Campo Italiano disparaît au bout d'un an d'existence), de créer un marché (qui sera dirigé par Pascal Diot) et d'une résidence, sur le modèle de celle qui existe déjà à Cannes. Venise n'aura donc plus que trois sélections : compétition (20 films maximum), hors compétition et Orizzonti. La Semaine de la Critique ne pourra pas montrer plus de 8 films et Venice Days 12.

La rénovation du palais du Lido a été votée et commencera en octobre 2012. De quoi essayer de relancer un Festival qui a subit une mauvaise édition en 2011.

Mais contrairement aux autres gros festivals, la Mostra a un rival dans son propre pays, ce qui pourrait à terme devenir plus dangereux. Les subventions ne sont pas extensibles et les bons films ne se multiplient pas non plus. Le Festival de Venise devra convaincre qu'il est toujours la meilleure rampe de lancement de l'automne, alors que, déjà Toronto lui prend de nombreuses avant-premières.