Venise 2019: Hirokazu Kore-eda en ouverture

Posté par vincy, le 18 juillet 2019

Palme d'or l'an dernier à Cannes avec Une affaire de famille, Hirokazu Kore-eda revient cette année à Venise en faisant l'ouverture de la 76e Mostra (28 août-7 septembre). La vérité est son premier film français, avec Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ethan Hawke et Ludivine Sagnier.

Le réalisateur s'est dit très honoré. "Nous avons tourné ce film en dix semaines l'automne dernier à Paris. Le générique est prestigieux mais le film en lui-même est une petite histoire familiale dans une maison. J'ai essayé de faire vivre mes personnages dans ce petit univers, avec leurs mensonges, leur fierté, leurs regrets, leur tristesse, leur joie et de leur réconciliation" explique-t-il. Comme le souligne Alberto Barbera, c'est à la fois la rencontre entre deux grandes actrices du cinéma français, un film sur la complexité des relations mère-fille et une réflexion sur le métier d'acteur.

Le film sera en compétition. La vérité sera distribué par Le Pacte le 22 janvier 2020.

Venise 2019 : Lucrecia Martel présidera le jury de la 76e Mostra

Posté par wyzman, le 24 juin 2019

C'est désormais officiel ! La réalisatrice de La Femme sans tête et Zama présidera le jury international de la 76e Mostra de Venise.

Une présidente pleinement investie

Lucrecia Martel et son jury auront la lourde tâche d'attribuer le Lion d'or du meilleur film, le Lion d'argent, le Grand prix du meilleur film et des prix d'interprétations. Approuvée par le conseil d'administration du festival, toujours présidé par Paolo Baratta, c'est sur recommandation du directeur artistique du festival Alberto Barbera que Lucrecia Martel aurait été choisie.

Très enthousiaste à l'idée de porter cette nouvelle casquette, Lucrecia Martel s'est d'ailleurs exprimée : "C'est un honneur, une responsabilité et un plaisir de participer à cette célébration du cinéma, de l'immense désir de l'humanité de se comprendre". Pour rappel, Lucrecia Martel a réalisé La Cienaga en 2001, suivi par La Sainte Fille en 2004 et La Femme sans tête sélectionné au Festival de Cannes 2008. Son quatrième long métrage, Zama, est sorti en 2017.

Cette année, la Mostra de Venise se déroulera du 28 août au 7 septembre et comportera des hommages à Pedro Almodovar et Julie Andrews. Ils se verront remettre un prix pour l'ensemble de leurs réalisations. L'année dernière, le festival que l'on considère toujours comme la grande rampe de lancement des Oscars a couronné Roma d'Alfonso Cuarón du Lion d'or.

Venise 2017 : Bilan de la 74e Mostra

Posté par kristofy, le 12 septembre 2017

Cette 74ème édition du Festival de Venise s'est clôturée avec un Lion d'or sacrant Guillermo Del Toro pour The Shape Of Water : enfin une grande et belle reconnaissance pour le génial conteur d'histoire mexicain! Ce nouveau film (dont la sortie française a été décalée à février 2018, au moment des Oscars) renoue avec l'esprit de son plus grand succès Le Labyrinthe de Pan qui avait eu trois nominations aux Oscars dont celle du meilleur film en langue étrangère et  du meilleur scénario. Le jury cannois d'alors l'avait quand même oublié à son palmarès (le prix de la mise en scène avait été remis à son ami et compatriote Alejandro González Iñárritu pour Babel). A noter que le Prix de la meilleure musique de film a été remis à Alexandre Desplat pour la partition de ce film.

L'ensemble des films de la compétition était d'un beau niveau, avec une belle part de cinéastes attendus - Guillermo Del Toro, Darren Aronofsky, George Clooney, Alexander Payne, Paul Schrader, Andrew Haigh, Paolo Virzì, Abdellatif Kechiche, Ziad Doueiri, Hirokazu Kore-eda, Martin McDonagh...

Deux favoris, trois cancres

Avant l'annonce du palmarès, deux films avaient rassemblé presque de manière unanime la critique et le public :  The Shape of Water (qui était notre Lion d'or aussi), et Three Billboards Outside Ebbing, Missouri de Martin McDonagh pour lequel on prédisait comme une évidence un prix du scénario (la récompense effectivement obtenue) qui aurait pu être doublée d'un prix d'interprétation féminine pour son actrice Frances McDormand, qui semble d'ailleurs être promise de nouveau à être nommée à un Oscar (dix ans après sa nomination pour L'affaire Josey Aimes et 20 ans après avoir gagné cette statuette pour Fargo). Les films les moins appréciés semblent avoir été Una Famiglia de Sebastiano Risio (avec Patrick Bruel jouant en italien), La Villa de Robert Guediguian (qui a quand même la considération d'autres jurys avec deux prix parallèles), et (surprise) Mother! de Darren Aronofsky plutôt fraichement reçu.

Autre certitude, le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir ne pouvait être remis que au jeune Charlie Plummer pour son rôle dans Lean on Pete de Andrew Haigh (Week-end, 45 Years). Avec ses faux airs de River Phoenix, le jeune comédien de 18 ans, révélé par la série "Boardwalk Empire", trouve ici son premier grand rôle.

Pour les prix d'interprétation le palmarès était assez ouvert. Etrange cependant d'avoir récompensé pour le meilleur acteur Kamel El Basha dans L’Insulte de Ziad Doueiri alors que le rôle principal est tenu par Adel Karam, d'ailleurs très bon. On est évidemment ravi pour Charlotte Rampling pour son deuxième grand prix dans sa carrière grâce à Hannah d'Andrea Pallaoro: elle porte vraiment le film puisque qu'elle est quasiment seule à l'image tout au long du film. On a remarqué avec un certain amusement que certains noms se retrouvaient dans plusieurs films de ce festival : Matt Damon dans Downsizing et Suburbicon, Javier Bardem dans Mother! et dans Loving Pablo, Matthias Schoenaerts dans Le Fidèle et Our Souls at Night, Kristen Wiig dans Downsizing et Mother! ;  et que le musicien Alexandre Desplat était lui au générique de trois films avec Espèces menacées, Suburbicon et The Shape of Water.

Carte Senior

La constante de ce festival est la belle présence de 'seniors' à l'écran : quand le scénario est trop simplet où quand la mise en scène est trop soporifique, c'est leur charisme qui sauve le film ou qui en fait tout son intérêt. C'est donc le cas pour Our Souls at Night qui ressemble à un téléfilm gentillet (ce sera d'ailleurs sur Netflix et pas en salles) qui réunit une nouvelle fois le couple Robert Redford et Jane Fonda qui cabotinent un peu pour notre plaisir. Dans The Leisure Seeker on y suit un vieil homme qui perd la mémoire et sa femme atteinte d'un cancer partir pour leurs dernières vacances en camping-car. Le film est attachant grâce aux talents conjugués de Helen Mirren et de Donald Sutherland. Il aurait été impossible de récompenser l'un sans l'autre au palmarès, mais Hollywood a déjà prévu en parallèle un prochain Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière à Donald Sutherland. C’est aussi le premier film américain du réalisateur italien Paolo Virzì. Andrea Pallaoro, italien, a tourné de son côté Hannah en français avec Charlotte Rampling (nota bene: les films 100% italiens étaient très inégaux). Dans Hannah les plans sont assez longs avec une caméra presque fixe et la narration, avec peu de dialogues, avance lentement, par ellipses, autour d'une vieille femme seule: son mari avait un secret immoral, elle n'est plus la bienvenue chez son fils et son petits-fils, et on ressent avec elle le poids des années et de la tristesse. De premier abord assez austère Hannah révèle sa dimension grâce à Rampling. Ne serait-ce qu'avec ce plan de cri primitif dans un cours d'expression corporelle (où elle n'arrivera pas à réciter son texte) et un plan de son corps nu sous la douche d'une piscine (qui ne veut pas d'elle comme membre à cause de son âge), Charlotte Rampling est à la fois Hannah le personnage et Hannah le film: sa Coupe Volpi est amplement méritée.

Le rejet de l'autre

Signe des temps présents, une thématique particulière infusait de nombreux films cette année à Venise : le rejet de l'autre. Le racisme envers les noirs est évoqué sans détour pour les Etats-Unis à la fois dans Suburbicon de George Clooney et dans Three Billboards Outside Ebbing, Missouri de Martin McDonagh, et dans une moindre mesure dans The Shape of Water de Guillermo Del Toro. Ailleurs aussi, par exemple en Australie dans Sweet Country Warwick Thornton (récompensé du prix spécial du jury). Les américains détestent les russes The Shape of Water, un libanais chrétien éprouve un lourd ressentiment contre un palestinien musulman dans L'insulte. Il y a un flic violent qui tabasse des gens dans Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, un policier pédophile dans Angels wear white de la chinoise Vivian Qu, un propriétaire blanc qui viole une esclave aborigène dans Sweet Country. Et on recherche aussi un violeur dans Three Billboards Outside Ebbing, Missouri.

Le monde des adultes en place est souvent brutal avec les enfants : un adolescent devient un moment sans abri et se fait voler son argent dans Lean on Pete, une fillette est victime d'un prédateur dans Angels wear white et manquera de la protection de sa mère (qui la punira en lui coupant les cheveux) et de certains médecins (qui vont nier son agression physique), des bébés seront vendus comme de la marchandise dans Une famiglia de Sebastiano Risio, et un petit garçon fera office de bouclier lors du divorce entre sa mère et son père parfois violent dans Jusqu'à la garde de Xavier Legrand (le prix de la mise en scène qui a été une surprise tant on attendait plutôt Abdellatif Kechiche à ce niveau).

Décidément bien des choses ne tournent pas rond : le bienfaiteur d'une église est responsable d'une pollution de l'eau dans First reformed de Paul Schrader, les migrants sont symbole d'une crise qu'on se sait pas gérer dans le documentaire Human Flow de Ai Weiwei. La plupart de ces films en compétition à Venise pourront être découverts prochainement en France, et le premier de ceux-ci sera à voir en salles dans quelques jours : Mother! de Darren Arofsky est un tour de force qui ne laisse pas indifférent en plus de provoquer de multiples résonances...

Venise 2017: Guillermo del Toro sacré, Charlotte Rampling couronnée, Xavier Legrand révélé

Posté par vincy, le 9 septembre 2017

La 74e Mostra de Venise (vous pouvez retrouver ici notre suivi quotidien) s'est achevée ce samedi 9 septembre avec une succession de palmarès des diverses sections, dont celui du jury de la compétition présidé par Annette Bening.

On félicitera le jury d'avoir sacré enfin un cinéaste comme Guillermo del Toro pour sa fresque The Shape of Water. L'immense cinéaste mexicain, entre grand récit classique et film de genre, est enfin récompensé par l'une des plus prestigieuses récompenses du 7e art. Il a dédié son prix à l'ensemble des jeunes cinéastes mexicains. "Je crois en la vie, je crois en l'amour et je crois en cinéma" a-t-il conclu lors de son discours de remerciement.

Ours d'argent de la meilleure actrice en 2015 et nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice en 2016, Charlotte Rampling (Hannah d'Andrea Pallaoro) remporte le deuxième grand prix de sa carrière, confirmant le respect pour ses choix et leur audace.

Le cinéma américain a tout raflé ou presque, en réalité virtuelle. Archi dominant dans la compétition, il repart presque bredouille pour le reste. Face à Matt Damon et Ethan Hawke, larges favoris, c'est le palestinien Kamel El Basha qui a remporté le prix du meilleur acteur. Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, lui aussi en haut de la liste pour le Lion d'or, a du se contenter du prix du scénario.

Le Grand prix du jury a distingué Foxtrot de l'israélien Samuel Maoz, Lion d'or à la Mostra de Venise en 2009 pour Lebanon.

Notons enfin la jolie performance du cinéma français. L'acteur Xavier Legrand a ainsi remporté le prix du meilleur premier film avec Jusqu'à la garde (avec avec Léa Drucker et Denis Ménochet) ET le prix de la mise en scène en compétition. Un double aussi rare qu'exceptionnel pour une première œuvre. Au second prix, il en a pleuré - franchement bouleversant -, remerciant le jury de Bening pour ce "cadeau". Sélectionné aussi à Toronto et San Sebastian, il sortira le 7 février 2018 chez Haut et court.

Dans la section Orizzonti, trois prix ont été décernés à des films français. Parmi les prix remis en marge du festival, on distinguera les trois prix pour M, premier film de l'actrice Sara Forestier et le Queer Lion pour Marvin d'Anne Fontaine.

Compétition
Lion d'or: The Shape Of Water de Guillermo Del Toro
Grand prix du jury: Foxtrot de Samuel Maoz
Prix de la mise en scène: Xavier Legrand pour Jusqu'à la garde
Prix spécial du jury: Sweet Country de Warwick Thornton
Coupe Volpi de la meilleure actrice: Charlotte Rampling pour Hannah d'Andrea Pallaoro
Coupe Volpi du meilleur acteur: Kamel El Basha pour L’Insulte de Ziad Doueiri
Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir: Charlie Plummer (Lean on Pete)
Prix du scénario: Three Billboards Outside Ebbing, Missouri de et écrit par Martin McDonagh

Lion du futur, Prix Luigi de Laurentiis (meilleur premier film): Jusqu'à la garde de Xavier Legrand

Section Orizzonti
Meilleur film: Nico, 1988 de Susanna Nicchiarelli
Meilleur réalisateur: No Date, No Signature (Bedoone Tarikh, Bedoone Emza) de Vahid Jalilvand
Prix spécial du jury: Caniba de Lucian Castaing-Taylor & Verena Paravel
Prix spécial du meilleur acteur: Navid Mohammadzadeh pour No Date, No Signature (Bedoone Tarikh, Bedoone Emza)
Prix spécial de la meilleure actrice: Lyna Koudry pour Les bienheureux
Meilleur scénario: Los versos del olvido d'Alireza Khatami
Meilleur court métrage: Gros chagrin de Céline Devaux

Autres prix de la sélection officielle
Meilleur court métrage:
Meilleur documentaire sur le cinéma (Classici): The Prince and the Dybbuk de Piotr Rosolowski et Elwira Niewiera
Meilleur film restauré (Classici): Requiem pour un massacre d'Elem Klimov
Lion d'or pour l'ensemble de la carrière: Robert Redford, Jane Fonda
Prix Jaeger-Lecoultre pour un cinéaste: Stephen Frears, prix spécial pour Catherine Deneuve

Réalité virtuelle
Meilleur film en réalité virtuelle: Arden's Wake (Expanded) de Eugene Yk Chung
Meilleure expérience en réalité virtuelle: La camera insabbiata de Laurie Anderson et Hsin-chien Huang
Meilleur histoire en réalité virtuelle: Bloodless de Gina Kim

Autres prix
Prix Fipresci (critique internationale) - compétition : Ex Libirs- The New York Public Library de Frederick Wiseman
Prix Fipresci - premier film: Los versos del olvido d'Alireza Khatami

Prix Future Film Festival Digital: The Shape of Water de Guillermo del Toro
Mention spéciale: Gatta Cenerentola de A. Rak, I. Cappiello, M. Guarnieri et D. Sansone

Semaine de la Critique: Tout le palmarès

Prix de la Fédération des critiques de film d'Europe et de Méditerranée:
Film: Eye on Juliet de Kim Nguyen
Nouveau cinéaste: Sara Forestier pour M
Acteur: Redouanne Harjanne pour M

Venice Days Award:
GdA Director's Award: Candelaria de Jhonny Hendrix Hinestroza.
Label Europa Cinema: M de Sara Forestier
Prix du public: Ga'agua (Longing) de Savi Gabizon

Prix Mouse d’Oro - compétition: Mektoub my love (chant 1) d'Abdellatif Kechiche
Prix Mouse d’Argento – hors competition: Gatta Cenerentola de A. Rak, I. Cappiello, M. Guarnieri et D. Sansone

Prix Unesco: Human Flow d'Ai Weiwei

Queer Lion Award: Marvin d'Anne Fontaine

SIGNIS Award: La villa de Robert Guédiguian
Mention spéciale : Foxtrot de Samuel Maoz

Prix de la meilleure musique de film: Alexandre Desplat pour The Shape of Water
Prix spécial pour Ammore e Malavita des frères Manetti.
Prix pour l'ensemble de sa carrière à Andrea Guerra

Venise 2017 : John Woo revient au polar avec Manhunt

Posté par kristofy, le 9 septembre 2017

Le maestro du polar Hongkongais John Woo est de retour avec Manhunt présenté en première mondiale à Venise. D’ailleurs le montage a été terminé juste un peu avant le festival. Est-ce que John Woo va nous éblouir de nouveau avec sa maestria de gunfights et de cascades ? Pour les scènes d’action, on se retrouve en terrain connu. Cette chasse à l’homme nous renvoie aux standards du genre plusieurs dizaines d’années en arrière. L’ensemble est plaisant, mais pas époustouflant.

On adore justement John Woo pour son sens de l’esbroufe des années 80 à Hong-Kong (Les Larmes d'un héros, Le Syndicat du crime, The killer, Une balle dans la tête…) qu’il a su régénérer ensuite aux Etats-Unis (Broken Arrow, Volte-face, Mission impossible 2…) avant de retourner en Chine pour des films d’époque en costumes (Les Trois Royaumes, Le Règne des assassins, Crossing…). Le souhait de beaucoup était de revoir John Woo aux commandes d’un polar comme il en faisait avant (un projet de remake de The Killer est dans l’air), ce vœu est exaucé maintenant avec Manhunt. On aurait aimé qu'il soit satisfaisant.

Un avocat d’une grande firme pharmaceutique est accusé à tort d’un crime qu’il n’a pas commis, il est poursuivi à la fois par des tueurs et par un flic. Il va devoir évité d’être tué, protéger une femme qui veut se venger, convaincre le flic qu’il est innocent, et bien entendu contrer les projets de… (tadaaa : une grande firme pharmaceutique). Le scénario de ce genre de polar est connu d’avance (c’est toujours l’ex-employeur). C’est d’ailleurs un remake du Manhunt japonais de 1976 avec l’acteur Ken Takakura, auquel John Woo rend ainsi hommage : "la première fois que je l’ai vu dans des films ça m’a marqué, c’était des histoires de gangsters ou d’évasion de prison. Il avait beaucoup de charisme. Je me suis inspiré de son image pour la personnage de Chow Yun-fat dans Le syndicat du crime et The killer, avec par exemple un long manteau."

La séquence d’introduction où le héros croise par hasard deux tueuses nous met dans l’ambiance avec une fusillade en règle. De plus c’est la première fois chez John Woo que les ‘méchants’ sont des 'méchantes'. Ensuite le scénario est conduit de façon à faire se suivre les scènes d’action attendues : course dans le métro, poursuite en scooter de mer, assaillants sur des motos lors d’un mariage, fusillade dans une maison où le héros est menotté au flic, combat rapproché dans un laboratoire, et bien entendu, OUI!, un envol de colombes ! C'est sa signature.

On y pend certes plaisir mais les autres scènes qui font progresser l’histoire sont laborieuses. Les faiblesses de Manhunt sont d’abord liées à son mode de fabrication, tout se passe au Japon mais c’est une co-production avec un casting panasiatique : l’actrice Qi Wei est chinoise, Ha Ji-won est coréenne, Okammoto Tao est japonaise (auparavant vue dans des films de super-héros américains), Angeles Woo, la fille du réalisateur est aussi présente. Dans les deux rôles principaux masculins le flic est le japonais Masaharu Fukuyama (vu dans les films de Hirokazu Kore-eda mais peu crédible ici, il est surtout un chanteur populaire dans son pays), et le héros fugitif est le chinois Zhang Hanyu (déjà héros pour Tsui Hark et Dante Lam). Cette variété de talents (pour que le film soit le plus exportable possible) est une belle réunion, mais l’ensemble est très inégal ou mal dirigé (avec des moments presque parodiques). Surtout, dans certaines situations, les dialogues sont en japonais ou en mandarin et dans d’autres en anglais sans aucune logique (et les répliques anglaises sont risibles), ce qui provoque des rires involontaires.

John Woo est de retour avec une carte de visite de ce qu’il sait bien faire, espérons que cela lui permettra de nous offrir ensuite un film d’un tout autre calibre.

La Semaine de la Critique de Venise récompense trois films

Posté par vincy, le 8 septembre 2017


La 32e Semaine internationale de la Critique au Festival de Venise a décerné ses prix.

Temporada de Caza, premier long métrage de l'argentine Natalia Garagiola a reçu le prix du public. Le film suit un guide pour les chasseurs en Patagonie, qui doit gérer l'arrivée de son fils, suite à la mort de la mère, et qui s'avère turbulent et problématique, tout juste expulsé de l'école. Dans un environnement sauvage, il lui apprend le respect de la nature et des autres. Leur relation, qui fait ressurgir rancoeurs et ressentiments, se confronte à leur propre capacité à tuer et à pardonner.

Natalia Garagiola avait présenté son deuxième court métrage, Yeguas y Cotorras à la Semaine de la critique à cannes et son troisième, Sundays, à la Quinzaine des réalisateurs.

Deux autres prix ont été remis. Le prix Verona Film Club Award, récompensant le film le plus innovant de la sélection, a distingué Team Hurricane de la danoise Annika Berg, un film entre docu et fiction sur une bande de filles radicales et punk qui doivent gérer l'ouragan de l'adolescence.

Enfin, le Prix pour la meilleure contribution technique est revenu au réalisateur français Bertrand Mandico (deux de ses courts métrages avaient été sélectionnés à Cannes) pour son premier long Les garçons sauvages, qui mêle couleur et noir et blanc. Le film réunit Vimala Pons, Diane Rouxel et Nathalie Richard dans une histoire qui se déroule au début du vingtième siècle: cinq adolescents de bonne famille épris de liberté commettent un crime sauvage. Ils sont repris en main par le Capitaine, le temps d'une croisière répressive sur un voilier. Les garçons se mutinent. Ils échouent sur une île sauvage où se mêlent plaisir et végétation luxuriante. La métamorphose peut commencer... Le film est prévu dans les salles en février 2018, distribué par UFO.

Venise 2017 : Abdellatif Kechiche, amours et marivaudage avec « Mektoub, my love »

Posté par kristofy, le 8 septembre 2017

C’était en mai 2013 : Abdellatif Kechiche gagne une Palme d’or au festival de Cannes avec La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2, d’ailleurs presque une triple palme puisque les actrices Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos remportent aussi chacune ce prix. Puis quelques semaines avant la sortie du film en octobre un curieuse polémique survient au travers d'une interview des actrices: Léa Seydoux aurait dit que le tournage a été horrible et qu’elle ne souhaitait pas refaire un film avec lui. Kechiche piqué dans son ego réplique en disant que Seydoux est une privilégiée d’un système, bref le genre de clash ridicule qui fait le sel des news sur le web, avide de répercuter une polémique. Sachant qu’il filme des longues prises à répétition et qu’il y avait du sexe et des larmes, c’est pourtant assez compréhensible d'imaginer que le tournage était peut-être pénible…

L’orgueil de Kéchiche qui ne supporte peu la critique à propos de son tournage (accompagné des protestations de techniciens…) est blessé. Il va même estimer le film sali, alors que personne n’a désavoué la qualité de cette Palme amplement méritée. Mais le mal est fait. Un seul César (pour Exarchopoulos): sa grande œuvre va se faire humilier à la cérémonie glorifiante du cinéma français par Les garçons et Guillaume à table!, pas vraiment du même niveau.

Mai 2017 : Le nouveau film de Abdellatif Kechiche ne sera pas sélectionné à Cannes, pour cause de problème juridique avec un partenaire financier. Le contrat était de livrer un film mais au final, le cinéaste décide en salle de montage d'en faire plusieurs.

Mektoub, my love (chant 1) vient donc d’être présenté en compétition à Venise.

Est-ce qu’il y a matière à une quelconque polémique? Non, comme pour le film précédent.

Est-ce que Abdellatif Kechiche a toujours le même défaut de parfois trop étirer des séquences sans couper et d’être toujours un excellent directeur d’acteurs ? Oui, le film dure 180 minutes (!) et il aurait sans doute gagné à être raccourci, peut-être d’une vingtaine de minutes. Mais il lui faut vraiment cette longue durée de trois heures pour dérouler toute son amplitude.

Les acteurs, et surtout les actrices, sont encore une fois formidables : en particulier les nouvelles têtes de Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Lou Luttiau, Alexia Chardard, et aussi les déjà connus Salim Kechiouche et Hafsia Herzi (leur deuxième film avec lui).

Est-ce que ce film peut prétendre à un Lion d’or où une autre récompense ? Oui, la fin ouverte de Mektoub, my love (chant 1) constitue bien un film entier et solide, sans suite. Une nouvelle fois Abdellatif Kechiche s’inspire d’un livre, La Blessure, la vraie de François Bégaudeau, qu’il a adapté très librement en changeant les âges, les lieux, l’époque.

Ici, le film débute en 1994 dans la ville de Sète le temps d’un été. Amine arrive de Paris pour des vacances avec sa famille, il surprend Ophélie et Tony en train de faire l’amour, il reste derrière une fenêtre à les regarder avant de sonner pour parler à Ophélie, après le départ de Tony. Alors qu’il y a éventuel projet de mariage avec un militaire, celle-ci avoue qu’elle le voit depuis longtemps. Puis Tony et Amine iront à la plage, ils draguent Charlotte et Céline. Celles-ci vont alors sortir avec eux et leurs amis, Charlotte s’amourache de Tony qui lui va de fille en fille, Céline papillonne entre plusieurs garçons et filles, Amine attire plusieurs filles sans rien faire car il semble aimer quelqu'un en secret… Le film se déroule principalement entre plage, restaurant et boite de nuit. A la bande de jeunes se mélange la génération précédente (mère, oncle, tante…). Abdellatif Kechiche reprend quelques motifs typiques de ses films précédents, par exemple une longue scène de sexe, certains corps sont filmés de manière érotisée (en particulier Ophélie Bau et Lou Luttiau). Comme souvent dans son cinéma, il filme aussi une très longue séquence où les jeunes dansent. Mektoub, my love (chant 1) se révèle être autant un marivaudage de dialogues et de corps qu’un épisode de la chronique d’une famille.

Abdellatif Kechiche laisse paraître une certaine sérénité pour ce nouveau chapitre de sa filmographie : "On a tourné 2 volets, et j’envisage de tourner une 3ème partie après Venise. Dans le prochain film des nœuds dramatiques noués dans celui-ci vont se dénouer. Je suis le producteur de mon film, c’est moi qui décide de sa durée. Mektoub c’est le destin, le destin est souvent lié à l’amour. A part Hafsia et Salim, pour les autres acteurs c’est leur première fois à l’écran. Il y a eu un long processus pour chercher les meilleures actrices pour ce film, et je suis fasciné par leur don. Le tournage a été agréable, fluide, léger. Pour ce qui est de la représentation du corps féminin il n’y a rien de machiste dans mon approche, je montre des femmes fortes, puissantes et libres. Le roman a été une source d’inspiration, et le processus d’écriture a duré très longtemps, j’ai changé des choses mais il n’y a rien d’autobiographique. Les années 90 représentent la fin d’un siècle, pour comprendre le présent c’est important de comprendre le passé. Dans les années 80 et 90 je crois que les gens vivaient de manière plus harmonieuse. J’ai essayé de diluer le discours, si discours il y a. Le film se déroule de manière impressionniste, je préfère qu’on reçoive ce film plutôt que le raisonner."

Venise 2017: Un hommage spécial à Catherine Deneuve

Posté par vincy, le 6 septembre 2017

19 ans après son prix d'interprétation à Venise, Catherine Deneuve, présidente du jury de la Mostra en 2006, est revenue sur le Lido pour recevoir un hommage de la marque Jaeger-LeCoultre, qui décerne également à Venise chaque année le prix « Glory to the Filmmaker » (cette année destiné au cinéaste britannique Stephen Frears).

Ce prix sert à "célébrer les talents et les performances iconiques qui façonnent et enrichissent l’univers du cinéma." Agnès Varda, récipiendaire en 2007, est la seule française à l'avoir reçu.

Pour cette soirée de gala annuelle, qui a eu lieu le 5 septembre, l’actrice Diane Kruger a été choisie comme remettante. Les deux comédiennes partagent l'affiche du prochain film de Thierry Klifa, Tout nous sépare (8 novembre).

"Peu d’actrices ont su mener une carrière aussi riche et variée que Catherine Deneuve. Dès ses débuts, dans les années 60, elle tourne avec les plus grands noms du cinéma : Luis Buñuel, François Truffaut, Jacques Demy, Raul Ruiz... Depuis toujours, elle ne cesse de relever des défis cinématographiques et à étendre les possibles de son art en mettant son talent au service de réalisateurs à l’univers particulier et fort de créativité. Célébrer Catherine Deneuve, c’est rendre hommage à un talent iconique du cinéma, qui a toujours su se réinventer à travers des rôles uniques" explique le joaillier.

Venise 2017 : Darren Aronofsky accouche de Mother!

Posté par kristofy, le 5 septembre 2017

Certains films sont attendus parce qu’on se doute qu’ils vont être bien, d’autres sont attendus parce qu’on doute de ce que ça va être. Mother! dont la première mondiale a eu lieu à Venise, est de cette deuxième catégorie. Pour l’occasion Darren Aronofsky, accompagné de ses acteurs, Jennifer Lawrence, Javier Bardem et Michelle Pfeiffer, avait fait le déplacement en Italie. Rappelons qu'Aronofsky a reçu sa plus prestigieuse récompense sur le Lido avec un Lion d'or en 2008 pour The Wrestler.

"Fraichement" reçu - dans le tableau des étoiles de la presse, Mother! est l'un des films le moins aimé -, cette œuvre étrange est bien faite mais le rebondissement vers la fin du récit rend le film plutôt vain. Tout ça pour ça? Chacun sera libre d'interpréter cet épilogue énigmatique.

Darren Aronofsky : "Pour certains de mes autres films comme par exemple Black Swan ou Noé le développement du projet a duré pendant de longues années. J’ai eu une idée que j’ai commencé à visualiser et à entendre, et j’ai écrit l’histoire de Mother! en cinq jours environ. J’ai proposé le rôle principal à Jennifer Lawrence, elle a voulu le jouer, la production s’est faite assez vite. Faire un film c’est pour moi avant tout une histoire que je considère pouvoir filmer d’un point de vue personnel et unique. Il ne faut surtout pas faire un film pour viser un large public, c’est une erreur. Mother! c’est comme un roller-coaster, venez si vous êtes prêt à faire plusieurs tours…"

On n’en dira pas plus maintenant, sauf trois indices pour vous mettre sur la voie de Mother! et de son mystère à découvrir en salles dès la semaine prochaine :

- la bande-annonce peut faire penser à une histoire comme celle de Rosemary's baby de Roman Polanski… Darren Aronofsky aime beaucoup les films de Polanski, comme Repulsion qu’il serait possible de rapprocher de Black Swan. Ici non, ça n’a rien à voir : Mother! raconte une toute autre histoire…

- la bande-annonce indique "du réalisateur de Requiem for a dream et de Black Swan…" Peut-être qu’il s’agit de ses films les plus connus, en plus d'être liés par un trouble de l’identité. Pour être en phase avec le contenu de Mother! ça aurait été beaucoup plus pertinent d’indiquer le titre de deux autres de ses films… En voyant Mother! on pense davantage à Noé et La Fontaine: à cause de la religion, dont le film semble une allégorie...

-Il y a plusieurs affiches du films en circulation, qui sont très différentes… Les affiches sont graphiquement assez réussies, tout en mettant en avant le personnage de Jennifer Lawrence, ou Javier Bardem. Cependant l’une des affiches est particulièrement symbolique du contenu de Mother!... Cette illustration est un gros indice sur le twist final.

Venise 2017 : John Landis fait revivre Michael Jackson en 3D

Posté par kristofy, le 5 septembre 2017

Qui n’a jamais vu le clip de ThrillerMichael Jackson se transforme en loup-garou pendant que des zombies sortent de terre ? Il est considéré que la première superproduction de clip musical ayant bénéficié d’un budget et de conditions de tournage dignes d'un film de cinéma. Il y avait une raison à cela : dès l’origine Thriller a été conçu pour être un court-métrage diffusé en salle de cinéma. Son réalisateur John Landis propose de revivre une projection comme en 1983 : le making-of du clip (45 minutes) et donc une nouvelle version (avec sa durée de 14 minutes) du clip en 3D !

C’est Michael Jackson lui-même qui a souhaité que Thriller soit réalisé par John Landis, parce qu’il voulait se métamorphoser en créature tout comme dans le film Le Loup-garou de Londres de John Landis. C’est son deuxième très gros succès au cinéma juste après The Blues Brothers (que Jackson n’avait pas vu, pas plus que ses films précédents).

John Landis explique comment cette nouvelle version Thriller 3D est une belle manière de se souvenir du meilleur de Michael Jackson : "Je suis toujours fier du clip Thriller, je n’aime pas trop le voir comme il est sur Youtube, et comme j’avais accès aux négatifs c’était le moment de le montrer comme moi et Michael Jackson on voulait qu’il soit vu. C’est à dire dans une salle de cinéma, et dans sa meilleure version longue. On a fait une restauration des images en 4K, une conversion en 3D, et aussi un remix audio en Dolby Atmos. Michael Jackson avait 24 ans à l’époque, c’était déjà un pro de la musique avec plein d’années d’expériences depuis qu'il était gamin, il travaillait dur. Le Michael que j’ai rencontré était en fait plus comme un enfant de 18 ans qui s’amusait, mais il voulait le meilleur. L’idée de départ quand il m’a téléphoné c’était qu’il voulait être métamorphosé en monstre, comme dans mon film qu’il adorait. Quand je l’ai rencontré à Los Angeles j’ai vu qu’il était très fan de mon film Le Loup-garou de Londres, il m’a m’a posé plein de questions. Lui voulait faire un clip extraordinaire, il était d’ailleurs plus intéressé par ce projet que sa maison de disque. A l’époque il avait deux clips pour Billie Jean et Beat it, mais la télévision n’en voulait pas parce qu’il était noir. Au début le clip de Thriller a donc été projeté dans quelques cinémas, comme prévu. Le disque est sorti et ça marchait bien, et la maison de disque a vite compris que c’était mieux de le pousser à la télévision pour augmenter les ventes. Thriller est donc passé à la télé, et l’impact a été énorme, les ventes du disque ont monté en flèche. Michael Jackson a commencé à devenir la personne la plus célèbre du monde. Plus tard j’ai réalisé un autre de ses clips, Black or White, comme si je travaillais 'pour lui' plutôt que 'avec lui' comme c'était le cas pour Thriller. Durant la production de Thriller on est vraiment devenu ami. Revoir le making-of aujourd’hui c’est le revoir lui à son sommet, on y voit surtout Michael Jackson heureux et joyeux."

Le making-of montre qu'il s'agissait bien d'un tournage de cinéma : répétition des pas de danse avec un chorégraphe, préparation de moulage de la tête et autres prothèses pour la transformation, maquillage des figurants, le tournage dans une rue bloquée avec des fans venu l'apercevoir, le tournage en studio... On y voit un Michael Jackson en effet juvénile et rieur, à chaque étape il suit les directives de John Landis. D'ailleurs, on y voit aussi leur amitié avec Landis qui lui fait des blagues, le porter sur ses épaules ou même lui faire des chatouilles sous les pieds. De quoi avoir envie d'ailleurs de remuer les pieds avec la musique de Michael Jackson. A Venise, ce Thriller 3D a fait battre des mains avec beaucoup d'applaudissements nostalgiques.

Paradoxalement, Thriller n'a pas été numéro 1 aux Etats-Unis (son meilleur classement est la 4e place) ou au Royaume-Uni (10e), alors qu'il a été leader des ventes en France, avec un disque de platine. Mais il faut dire que le titre était le 7e single issu de l'album, sorti 18 mois plus tôt. L'album s'est vendu à 32 millions d'exemplaires aux USA et avec un total de 66 millions d'albums dans le monde, il reste le disque le plus vendu de l'histoire.