Le film que j’attends le plus en 2017 : Blade runner 2049 de Denis Villeneuve

Posté par MpM, le 2 janvier 2017

blade runner

En réalité, c'est une attente mêlée de scepticisme, voire d'appréhension : cette suite de Blade runner peut-elle réellement être à la hauteur de notre désir ? On a tous en tête l'imagerie crépusculaire du film de Ridley Scott, néo-polar stylisé et élégant qui mêlait chasse à l'homme (ou plutôt au "répliquant") et quête existentielle nébuleuse. Bien sûr, on a très envie de retrouver cet univers fascinant, cette ambiance envoûtante, ce personnage ambivalent, et surtout d'être conquis par une suite qui serait à la fois audacieuse et singulière, voire qui dépasserait formellement le premier film.

Mais au fond, que sait-on de ce nouveau volet qui arrive 35 ans après le premier ? Très peu de choses : Harrison Ford rempile dans le rôle de Rick Deckard, il est rejoint par un nouveau personnage incarné par Ryan Gosling, et le tout se déroule devant la caméra de l'inégal Denis Villeneuve. De quoi s'inquiéter autant que de se réjouir. À force de voir défiler suites, spin-offs, prequels et autres reboots, on devient forcément méfiant.

D'autant que la vraie grande question est finalement de savoir si cette suite (relativement improbable) trahira moins le formidable roman de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? que l'original, qui était passé à côté de ses thématiques les plus riches (la tropie, l'empathie comme essence de l'humanité, la philosophie "merceriste", etc. ) pour ne conserver que le concept de l'enquête policière et des (plutôt basiques) affrontements entre homme et intelligence artificielle.

De ce point de vue-là, l'exercice est quasi impossible : soit Denis Villeneuve reste dans la ligne de Scott, et il trahit une nouvelle fois l'auteur de science-fiction le plus pillé par le cinéma, soit il rompt avec l'original, se frotte aux complexes obsessions de K. Dick, et perd potentiellement les fans de la première heure. Ce que l'on espère est donc rien de moins qu'un miracle, une troisième voie permettant au film d'être le chef-d'œuvre ultime qui mettrait tout le monde d'accord.

Le film que j’attends le plus en 2017 : The Other Side of Hope d’Aki Kaurismäki

Posté par vincy, le 1 janvier 2017

Six ans. Le temps n'a jamais été aussi long entre deux films du cinéaste finlandais Aki Kaurismäki. Déjà il avait fallu attendre cinq ans entre Les lumières du Faubourg et son dernier film Le Havre. The Other Side of Hope sera révélé au Festival de Berlin en février. Ce sera l'occasion de célébrer les cent ans du cinéma finlandais.

L'impatience de découvrir son nouveau film est un mélange de désir et d'appréhension. Il n'y a rien de pire que la déception après avoir autant attendu. Kaurismäki est l'un des grands cinéastes européens de ces quatre dernières décennies. Il y a dix ans le Festival de Locarno lui a consacré une rétrospective où toute son œuvre - ses longs comme ses courts et moyens métrages ou ses clips vidéo - était révélée, et ce fut une révélation. Punk et rock, humaniste et mélancolique, optimiste et délirant, ses films prenaient toute leur cohérence et trouvaient leur point d'équilibre entre rires et larmes, liberté et maîtrise.

Il y a peu de réalisateurs dont on peut deviner le nom rien qu'au style artistique, à la mise en scène, aux personnages. Il fait partie de ce club. A l'instar d'un Almodovar ou d'un Sorrentino, il a son esthétique propre (et singulière). A la manière d'un Loach ou d'un Jarmusch, ses anti-héros suscitent une empathie immédiate. Entre épure et naïveté, il dessine le portrait d'une société brutale avec les faibles et d'un monde où la marginalité est peut-être la seule voie possible pour rester libre. Pour, Kaurismäki, la solidarité est une valeur, au dessus de celles imposées par un dogmatisme moralisateur. En ces temps cyniques où le petit commentaire et l'insulte font figure de langage, cette élégance n'est pas mineure.

Le titre de son nouveau film, L'autre face de l'espoir pourrait-on traduire, démontre qu'il garde son cap. Tourné au début de l'automne 2016, à Helsinki, le récit suit un VRP finlandais qui croise un réfugié syrien. C'est le deuxième volet de sa trilogie sur les ports, après Le Havre, où là aussi il était question d'immigration. Je n'imagine aucun pathos et j'espère un regard sensible sur ce sujet délicat, tout en retrouvant son humour pince-sans-rire. L'espoir de voir de bons films en 2017 motive plus que jamais à être curieux. Cela n'empêche pas d'être fidèle, loyal et enthousiaste pour les cinéastes qu'on aime depuis longtemps.

Le film que j’attends le plus en 2017 : Annihilation de Alex Garland

Posté par kristofy, le 31 décembre 2016

Mon film le plus attendu pour 2017 est entouré de mystères, mais ce que l’on sait du projet suffit à provoquer une attente folle. Une petite équipe uniquement composée de quatre femmes par en mission dans un environnement inconnu pour tenter de découvrir pourquoi d’autres personnes n’en sont pas revenues… L’histoire est inspirée d’un roman de Jeff VanderMeer, Le rempart sud: Anihilation (paru en mars dernier en France) à priori inadaptable mais le film est dirigé par un spécialiste des récits compliqués : grosse attente pour Annihilation de Alex Garland, avec dans les rôles principaux Natalie Portman et Jennifer Jason Leigh mais aussi Gina Rodriguez, Tessa Thompson et Oscar Isaac.

Alex Garland était le scénariste des meilleurs films de Danny Boyle (La plage, 28 jours plus tard, Sunshine) avant de devenir réalisateur avec son étonnant et brillant Ex Machina (qui a fait décoller la carrière de star de Alicia Vikander).

Natalie Portman démontre son talent avec des performances charmantes. Mais les rôles majeurs où elle est exceptionnelle comme V pour vendetta (2006), Black swan (2011), Jackie sont liés à des réalisateurs aussi précis qu'exigeants. La réunion de ces deux talents est évidemment très excitante. Cette histoire où la science-fiction cérébrale se conjugue avec les angoisses intimes des personnages sont forcément un terreau fertile pour l’imaginaire et le sens du visuel de Alex Garland.

Et sinon, en ce dernier jour de l'année, projetons-nous un peu: l’année 2017 risque d’être encore une année où le cinéma américain imposera son règne dans toutes les salles tandis que le cinéma asiatique (et d’ailleurs) aura du mal à trouver des écrans, certains des meilleurs films de 2016 n’ont pas eu de sortie en salles : I Am a Hero de Shinsuke Sato (Japon), Ordinary People de Eduardo Roy Jr (Philippines), The Age of Shadows de Kim Jee-woon (Corée du Sud)…

Presque chaque mois il y aura donc un gros film évènement américain : Silence de Martin Scorsese en février, Lost city of Z de James Gray, Ghost in the shell avec Scarlett Johansson et Kong: Skull Island aussi en mars, Les Gardiens de la Galaxie 2 en avril, Alien: Covenant de Ridley Scott en mai, Dunkirk de Christopher Nolan en juillet, Blade Runner 2049 en octobre, Star Wars: Episode VIII en décembre… Est-ce que vous aussi vous pressentez que ces gros films ne seront pas des grands films ?

On pourra alors être un plus curieux et plus impatients pour d’autres films plus modestes tout aussi sinon plus enthousiasmants : Okja de Bong Joon-ho (avec Jake Gyllenhaal, Lily Collins, Tilda Swinton), La La Land de Damien Chazelle (avec Emma Stone et Ryan Gosling), Baby Driver de Edgar Wright (avec Ansel Elgort, Lily James, Jamie Foxx, Jon Hamm, Kevin Spacey ), Mother de Darren Aronofsky (avec Jennifer Lawrence, Ed Harris, Domhnall Gleeson, Javier Bardem), Journeyman de Paddy Considine (avec Jodie Whittaker), Zoe de Drake Doremus (avec Charlie Hunnam et Lea Seydoux). Sans oublier les réalisatrices : The beguilded de Sofia Coppola (avec Elle Fanning, Kirsten Dunst, Nicole Kidman), Lady Bird de Greta Gerwig (avec Saoirse Ronan), Landline de Gillian Robespierre (avec Jenny Slate), Euphoria de Lisa Langseth (avec Alicia Vikander, Eva Green, Charlotte Rampling).

Vivement 2017 !

Le film que j’attends le plus en 2017 : La La Land de Damien Chazelle

Posté par cynthia, le 30 décembre 2016

Ryan Gosling et Emma Stone dans un même film, cela fait rêver... Ce n'est pas étonnant que tout le monde parle de La La Land, que le buzz, les promesses d'Oscars fassent monter le désir ; et pourtant ce n'est pas pour ces raisons que j'attends ce film à me taper la tête contre un mur.

Il y a des cinéastes que l'on veut suivre dès leur premier film. Parce que j'ai eu l'immense chance de rencontrer Damien Chazelle il y a deux ans pour Whiplash, parce que, malgré sa timidité, l'interview s'est changée en discussion entre deux passionnés de musique de jazz, parce qu'il m'avait déjà parlé de son projet La La Land, à l'époque où Miles Teller et Emma Watson étaient prévus (il a écrit le scénario de La La Land avant celui de Whiplash) et parce que sa modestie est bien trop grande face à son immense talent de scénariste/réalisateur: je suis curieuse de voir le résultat, concrètement.

En voyant la bande-annonce de La La Land, il me semble que ce film musical reflète à la perfection la pudeur et la douceur de son réalisateur. Dès les premières images, La La Land ne semble pas être une énième histoire d'amour consommée par d’innombrables parties de jambes en l'air filmées sans le son et avec des effets de zoom. Non: La La Land nous projette au cinéma d'antan, celui des années 50 et 60 où la couleur, convoquant Gene Kelly et Jacques Demy, quand la musique et les regards savaient conter une histoire. Un film d'amour comme on aimerait en voir plus souvent au cinéma, comme on aimerait en vivre dans notre vie tristement écrite par les scénaristes de Twilight. Une histoire où l'ambition et le succès peuvent dévorer le bonheur. Où le swing et la dévotion à son art peuvent conduire à l'épanouissement.

Alors j'attends La La Land avec (beaucoup) trop d' impatience... Et surtout qu'on ne me raconte pas le film. Car il n'y a rien de plus beau que la surprise.

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Le film que j’attends le plus en 2017 : Moonlight de Barry Jenkins

Posté par wyzman, le 29 décembre 2016

Bien que Moonlight dispose d'un confortable mini-buzz depuis plusieurs mois, c'est finalement le chapô d'un article du Huffington Post qui m'a contraint à m'intéresser pleinement au deuxième film de Barry Jenkins. "Le film n'explore pas seulement ce que cela signifie d'être un homme noir et gay, mais d'être un homme." A un moment où les polémiques autour de la diversité s'enchaînent à une vitesse ahurissante, dire que je suis impatient de découvrir Moonlight (ou l'histoire du passage à l'âge adulte d'un jeune homme noir et gay) serait un bel euphémisme.

L'une des premières raisons, c'est son caractère unique. Eh oui, à mieux y regarder, il n'existe à ce jour aucun film traitant principalement des problèmes d'un homme noir et gay sur plusieurs années. Cela peut paraître anodin, mais après une belle année 2016 en ce qui concerne la cause LGBT et 8 années de présidence Obama, 2017 ne pourrait pas mieux commencer à mes yeux qu'avec la sortie de Moonlight. Parce que l'homosexualité a déjà été régulièrement été traitée au cinéma par le biais de personnages blancs, Moonlight me rend également très réticent. Quand on sait que la recherche Google gay+black+movie ne mène qu'à des articles sur Moonlight ou des sites pornographiques, qui ne le serait pas ?

La violence y sera-t-elle gratuite ? Les personnages noirs secondaires seront-ils des stéréotypes ? Les prix me sembleront-ils mérités ? Moonlight sera-t-il à la hauteur de mes attentes ? Parviendrai-je à m'identifier à un quelconque personnage ? Serai-je touché par cette histoire ? Autant de questions que je me pose depuis plusieurs semaines et qui resteront certainement sans réponse jusqu'au 1er février, date de sortie du film en France. Cela étant dit, la question que je me pose le plus souvent est la suivante : à un moment où tous mes amis (queer et/ou blancs) sont capables de citer des personnages qui leur ont servi de modèles et au moins un film qui leur a ouvert les yeux, Moonlight et son héros Chiron auront-ils cet effet sur mois ?

Encensé par la critique, Moonlight est de toutes les cérémonies : Hollywood Film Awards, Gotham Awards, New York Film Critics Circle, British Independent Film Awards, Los Angeles Film Critics Association, American Film Institute, Boston Online Film Critics Association, Boston Society of Film Critics, Critics Choice Awards, Chicago Film Critics Association, etc. A l'heure actuelle, le seul film capable de barrer la route de Moonlight aux Oscars 2017 s'appelle... La La Land !