De 1984 à 2805: Le futur au cinéma

Posté par vincy, le 27 octobre 2019

blade runner the road the island 2019La science-fiction fascine. Mais elle se précipite parfois un peu trop vite. Depuis 2001, imaginé en 1968 par Stanley Kubrick, on sait que le futur au cinéma est souvent à côté de la plaque. Et cela se confirme avec quelques films qui imaginaient les années 2010.

En 2012, le monde n'était pas peuplé de zombies et l'humanité ravagée par un virus comme dans Je suis une légende. Ce n'était pas non plus la vision apocalyptique que nous suggérait Mad Max 3. En 2013, Los Angeles n'était pas un lieu d'affrontement entre terroristes et dealers comme dans Scanner Darkly. Que dire de 2015: Back to the Future II s'est complètement planté: le skateboard à suspension magnétique n'existe toujours pas, pas plus que les affiches sous forme d'hologrammes 3D au cinéma ou les chaussures moulant parfaitement le pieds (il faudra juste attendre quelques années). Et puisque Terminator boucle la boucle cette semaine, rappelons-lui  que le deuxième volet se déroulait en 1997 avec une apocalypse nucléaire en jeu et que le quatrième, Terminator Renaissance, avait prédit en 2018, la menace d'une annihilation de l'humanité après une guerre avec les robots. (Souvenons-nous que le premier Terminator prenait moins de risque en se passant en 2029, même si on a du mal à croire que, d'ici 10 ans, il y ait des machines aussi évoluées).

Selon le cinéma, en 2019, on aurait du voir trois types de mondes. Aucun des trois n'est survenu.

La route (John Hillcoat, 2009). Sur une terre post-apocalyptique, ravagée par un cataclysme dont l'origine est inconnue, les animaux et les plantes disparaissent, tandis que quelques humains survivent. Dans ce paysage de cendres où règnent le froid et la faim, le plus grand danger est le cannibalisme. Un homme et son jeune fils veulent rejoindre la mer en direction du Sud. Mais sur ces routes désolées où la barbarie a repris ses droits, il faut trouver un espoir de survie.

The Island (Michael Bay, 2005). Lincoln Six-Echo et sa camarade Jordan Two-Delta font partie des centaines de Produits d'une immense colonie souterraine où la vie est étroitement surveillée et régie par des codes très stricts. Le seul espoir d'échapper à cet univers stérile est d'être sélectionné pour un transfert sur "l'Île". A en croire les dirigeants de la colonie, l'Île serait le dernier territoire à avoir échappé à la catastrophe écologique qui ravagea notre planète quelques années auparavant et en rendit l'atmosphère à jamais irrespirable...

Blade Runner (Ridley Scott, 1982). L'histoire se déroule en novembre 2019, à Los Angeles. La quasi-totalité de la faune a disparu. La population est encouragée à émigrer vers les colonies situées sur d'autres planètes. Les animaux sont artificiels et il existe également des androïdes, des robots à l'apparence humaine appelés « réplicants », fabriqués par la seule Tyrell Corporation. Ceux-ci sont plus ou moins considérés comme des esclaves modernes, qui sont utilisés pour les travaux pénibles ou dangereux, dans les forces armées ou comme objets de plaisir. Ils sont créés à partir de l'ADN humain mais ne sont ni des clones, ni des robots. Après une révolte sanglante et inexpliquée des réplicants dans une colonie martienne, ils sont interdits sur Terre. Mais les androïdes les plus modernes sont difficiles à distinguer des humains.


Il reste quelques films qui ne prennent pas de risque. Alien (2122), Avatar (2154), Matrix (2199), Le Cinquième élément (2263), Star Trek (2387° ou encore Wall-E (2805) peuvent se tromper: on ne sera pas là pour le voir. Si ça se trouve la terre de Wall-E sera déjà au programme à la fin du siècle. Et pour l'instant aucune technologie actuelle ne permet des voyages intersidéraux.

Ce qui nous fait douter de la plausibilité d'Interstellar (2070) ou d'Ad Astra ("dans un futur proche"). Et ne parlons pas de Seul sur Mars (2035) et Total Recall (2048) alors qu'on n'a que Curiosity pour faire des selfies sur la planète Mars. Et bien sûr, on a tout autant de mal à croire aux péripéties de Blade Runner 2049.

En revanche, Her, qui se passe en 2025, n'est plus très loin de la réalité. Tout comme Minority Report (2054) et sa société de surveillance (pardon vigilance), ses journaux sur papiers numériques, sa reconnaissance faciale ou ses voitures autonomes. Il est même possible que les technologies de ces deux films soient dans notre quotidien avant l'époque de leur récit.

On sera moins dupe avec les innovations de Gemini Man ou de Looper (2044-2074) qui font coexister le héros avec leur clone ou l'homme qu'il va devenir. Idem pour Source code, dans une époque relativement contemporaine avec une technique de physique quantique et de réalité parallèle.

Reste I, Robot. Le film est censé se dérouler en 2035. Dans 16 ans donc. Le cadre urbain est réaliste. Des robots sont intégrés à notre vie quotidienne mais un incident révèle que ces machines peuvent prendre le pouvoir sur terre. On n'en est certainement pas là. Mais les humanoïdes imaginés sont assez frappant de ressemblance avec ceux que divers laboratoires fabriquent aujourd'hui, dans le même but: assister l'humanité dans ses routines.

On peut malgré tout s'inquiéter. Dès le XIXe siècle Jules Verne avait pressenti qu'on irait sous les mers et sur la lune. Orwell, en 1949, imaginait pour 1984 un monde totalitaire, sans liberté d'expression n’existe plus, où nos pensées  sont minutieusement surveillées, le tout avec un slogan terrifiant: Big Brother is watching you. 35 ans plus tard, on s'en approche. Ce n'est parfois qu'une question de génération, mais la science-fiction a parfois préfiguré la réalité.

Le futur n'est pas si loin, finalement. Même s'il nous appartient encore (un peu).

Oscars 2018: La forme de l’eau rafle l’Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur

Posté par vincy, le 5 mars 2018

Jimmy Kimmel a présenté la 90e cérémonie des Oscars. Une soirée qu'il a amorcé avec un prologue très sérieux, rappelant les mouvements activistes récents qui ont ébranlé Hollywood: la montée en puissance des afro-américains, #MeToo, Time'sUp et donc évidemment Harvey Weinstein. C'est donc les Oscars du changement qui ont été célébrés ce soir.  "A tous les rêveurs nous sommes avec vous" disaient Lupita Nyong'o et Kumail Nanjiani Enfin pas tout à fait. Parce que le meilleur gag était évidemment celui qui faisait écho au problème d'enveloppe l'an dernier: par courtoisie, les Oscars ont demandé à Faye Dunaway et Warren Beatty de présenter de nouveau l'Oscar du meilleur film.

Mais malgré toutes ces bonnes intentions, et en l'absence de suspens dans 90% des catégories, ce fut sans aucun doute l'une des soirées les plus ennuyeuses des Oscars en 90 ans! Sans doute à cause de la trop belle qualité des nommés, la concurrence était si rude que les votants ont préféré éparpiller les prix sans distinguer de véritable vainqueur. Une année où trop de bons films ont tué toute idée de razzia. Un peu comme toute la saison des prix qui n'a connu aucun consensus entre les guildes professionnelles, les critiques et le public.

On notera que Frances McDormand entre dans le club très fermé des acteurs/actrices deux fois primés, que Roger A. Deakins a attendu 14 nominations pour être récompensé, que James Ivory a du patienter jusqu'à l'âge de 89 ans pour être le plus vieil oscarisé de l'histoire, que Netflix a reçu son premier Oscar (en documentaire), tout comme le Chili (avec le film en langue étrangère), qu'Alexandre Desplat est le seul français oscarisé dans un palmarès très latino-américain, que les minorités et les femmes n'ont pas été oubliés.

Avec 4 Oscars, soit un peu plus que les autres, La Forme de l'eau repart comme le vrai triomphateur de cette course aux Oscars. C'est aussi le triomphe d'un cinéma fantastique, de genre, et d'un cinéma mexicain, décidément dans son âge d'or.

Governors Awards: Charles Burnett, Owen Roizman, Donald Sutherland et Agnès Varda ; prix spécial pour Carne y Arena (Virtually Present, Physically Invisible), le film en réalité virtuelle de Alejandro G. Inarritu.
MEILLEUR FILM: LA FORME DE L'EAU
Meilleur réalisateur: Guillermo del Toro pour La forme de l'eau
Meilleure actrice: Frances McDormand pour 3 Billboards, les panneaux de la vengeance
Meilleur acteur: Gary Oldman pour Les heures sombres
Meilleur second-rôle féminin: Allison Janney pour Moi, Tonya
Meilleur second-rôle masculin: Sam Rockwell pour 3 Billboards, les panneaux de la vengeance
Meilleur scénario: Jordan Peele pour Get Out
Meilleur scénario (adaptation): James Ivory pour Call Me By Your Name d'après le roman d'André Aciman
Meilleur film en langue étrangère: Une femme fantastique de Sebastian Lelio (Chili)
Meilleur court métrage: The Silent Child de Chris Overton et Rachel Shenton
Meilleur documentaire: Icarus de Bryan Fogel et Dan Cogan
Meilleur court métrage documentaire: Heaven is a Traffic Jam on the 405 de Frank Stiefel
Meilleur film d'animation: Coco de Lee Unkrich et Adrian Molina
Meilleur court métrage d'animation: Dear Basketball de Kobe Bryant et Glen Keane
Meilleure musique: Alexandre Desplat pour La forme de l'eau
Meilleure chanson originale: Remember Me dans Coco
Meilleure photo: Roger A. Deakins (enfin) pour Blade Runner 2049
Meilleur montage: Lee Smith pour Dunkerque
Meilleurs décors: Paul D. Austerberry, Shane Vieau et Jeffrey A. Melvin pour La forme de l'eau
Meilleurs costumes: Mark Bridges pour Phantom Thread
Meilleurs maquillages & coiffures: Kazuhiro Tsuji, David Malinowski et Lucy Sibbick pour Les heures sombres
Meilleurs effets visuels: John Nelson, Gerd Nefzer, Paul Lambert et Richard R. Hoover pour Blade Runner 2049
Meilleur montage son: Alex Gibson et Richard King pour Dunkerque
Meilleur mixage son: Gregg Landaker, Gary A. Rizzo et Mark Weingarten pour Dunkerque

BAFTAs 2018 : Three Billboards Outside Ebbing, Missouri et The Shape of Water tirent leur épingle du jeu

Posté par wyzman, le 18 février 2018

A deux semaines des Oscars, les jeux sont loin d'être faits. En effet, c'est ce soir qu'avait lieu la 71e cérémonie des British Academy Film Awards. Bien que les résultats des BAFTAs n'aient aucune incidence sur ceux des Oscars, il n'est pas rare d'y voir les mêmes films récompensés. Lors des nominations, il était impossible de ne pas être frappé par la présence de La forme de l'eau, le dernier film de Guillermo Del Toro qui a été cité pas moins de 12 fois. Derrière lui, Les heures sombres et Three Billboards Outside Ebbing, Missouri recevaient chacun 9 nominations. Sans oublier les blockbusters Dunkerque et Blade Runner 2049, nommés chacun 8 fois - principalement dans les catégories techniques. Comme c'est souvent le cas (et à l'inverse des Oscars), les votants des BAFTAs ont fait le choix de récompenser le plus de films possible.

On notera la présence de quelques français ou productions françaises au palmarès (Alexandre Desplats à la musique, le documentaire I am not your Negro de Raoul Peck), le triomphe de Daniel Kaluuya en espoir et de Mademoiselle, en compétition à Cannes en 2016 pour le film en langue étrangère.

Voici le palmarès :

• MEILLEUR FILM

CALL ME BY YOUR NAME
DARKEST HOUR
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI

• MEILLEUR REALISATEUR

BLADE RUNNER 2049 Denis Villeneuve
CALL ME BY YOUR NAME Luca Guadagnino
DUNKIRK Christopher Nolan
THE SHAPE OF WATER Guillermo del Toro
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI Martin McDonagh

• MEILLEURE ACTRICE

ANNETTE BENING Film Stars Don’t Die in Liverpool
FRANCES McDORMAND Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
MARGOT ROBBIE I, Tonya
SALLY HAWKINS The Shape of Water
SAOIRSE RONAN Lady Bird

• MEILLEUR ACTEUR

DANIEL DAY-LEWIS Phantom Thread
DANIEL KALUUYA Get Out
GARY OLDMAN Darkest Hour
JAMIE BELL Film Stars Don’t Die in Liverpool
TIMOTHÉE CHALAMET Call Me by Your Name

• MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND ROLE

ALLISON JANNEY I, Tonya
KRISTIN SCOTT THOMAS Darkest Hour
LAURIE METCALF Lady Bird
LESLEY MANVILLE Phantom Thread
OCTAVIA SPENCER The Shape of Water

• MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND ROLE

CHRISTOPHER PLUMMER All the Money in the World
HUGH GRANT Paddington 2
SAM ROCKWELL Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
WILLEM DAFOE The Florida Project
WOODY HARRELSON Three Billboards Outside Ebbing, Missouri

• MEILLEUR FILM BRITANNIQUE

DARKEST HOUR
THE DEATH OF STALIN
GOD’S OWN COUNTRY
LADY MACBETH
PADDINGTON 2
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI

• MEILLEUR FILM PAR UN NOUVEAU SCÉNARISTE, RÉALISATEUR OU PRODUCTEUR BRITANNIQUE

THE GHOUL Gareth Tunley (Scénariste/Réalisateur/Producteur), Jack Healy Guttman & Tom Meeten (Producteurs)
I AM NOT A WITCH Rungano Nyoni (Scénariste/Réalisateur), Emily Morgan (Producteur)
JAWBONE Johnny Harris (Scénariste/Producteur), Thomas Napper (Réalisateur)
KINGDOM OF US Lucy Cohen (Réalisateur)
LADY MACBETH Alice Birch (Scénariste), William Oldroyd (Réalisateur), Fodhla Cronin O’Reilly (Producteur)

• MEILLEUR FILM EN LANGUE ÉTRANGÈRE

ELLE
FIRST THEY KILLED MY FATHER
MADEMOISELLE (THE HANDMAIDEN)
FAUTE D'AMOUR (LOVELESS)
LE CLIENT (THE SALESMAN)


• MEILLEUR DOCUMENTAIRE
CITY OF GHOSTS
I AM NOT YOUR NEGRO
ICARUS
AN INCONVENIENT SEQUEL
JANE

• MEILLEUR FILM D'ANIMATION

COCO
LOVING VINCENT
MY LIFE AS A COURGETTE

• MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL

GET OUT Jordan Peele
I, TONYA Steven Rogers
LADY BIRD Greta Gerwig
THE SHAPE OF WATER Guillermo del Toro, Vanessa Taylor
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI Martin McDonagh

• MEILLEUR SCÉNARIO ADAPTE

CALL ME BY YOUR NAME James Ivory
THE DEATH OF STALIN Armando Iannucci, Ian Martin, David Schneider
FILM STARS DON’T DIE IN LIVERPOOL Matt Greenhalgh
MOLLY’S GAME Aaron Sorkin
PADDINGTON 2 Simon Farnaby, Paul King

• MEILLEUR MUSIQUE DE FILM

BLADE RUNNER 2049 Benjamin Wallfisch, Hans Zimmer
DARKEST HOUR Dario Marianelli
DUNKIRK Hans Zimmer
PHANTOM THREAD Jonny Greenwood
THE SHAPE OF WATER Alexandre Desplat

• MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

BLADE RUNNER 2049

DARKEST HOUR
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI

• MEILLEUR MONTAGE
BABY DRIVER
BLADE RUNNER 2049
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER
THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI

• MEILLEURS COSTUMES

BEAUTY AND THE BEAST
DARKEST HOUR
I, TONYA
PHANTOM THREAD
THE SHAPE OF WATER

• MEILLEURS DECORS

BEAUTY AND THE BEAST
BLADE RUNNER 2049
DARKEST HOUR
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER


• MEILLEURS MAQUILLAGE ET COIFFURE

BLADE RUNNER 2049
DARKEST HOUR
I, TONYA
VICTORIA & ABDUL
WONDER

• MEILLEUR SON
BABY DRIVER
BLADE RUNNER 2049
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER
STAR WARS: THE LAST JEDI

• MEILLEURS EFFETS SPECIAUX

BLADE RUNNER 2049
DUNKIRK
THE SHAPE OF WATER
STAR WARS: THE LAST JEDI
WAR FOR THE PLANET OF THE APES

• MEILLEUR COURT-METRAGE D'ANIMATION BRITANNIQUE

HAVE HEART
MAMOON
POLES APART

• MEILLEUR COURT-METRAGE BRITANNIQUE

AAMIR
COWBOY DAVE
A DROWNING MAN
WORK
WREN BOYS

• EE RISING STAR AWARD (nouveau talent élu par le public)
DANIEL KALUUYA
FLORENCE PUGH
JOSH O’CONNOR
TESSA THOMPSON
TIMOTHÉE CHALAMET

BAFTAS 2018: The Shape of Water domine les nominations

Posté par vincy, le 9 janvier 2018

Avec 12 nominations, La forme de l'eau de Guillermo Del Toro domine largement les nominations des British Academy Film Awards. Derrière, Les heures sombres et Three Billboards Outside Ebbing, Missouri cumulent chacun 9 nominations tandis que Dunkerque et Blade Runner 2049 en reçoivent 8 (principalement techniques).

Dans la catégorie du meilleur film, La forme de l'eau, Les heures sombres, Three Billboards Outside Ebbing, Missouri et Dunkerque seront aussi face à Call Me By Your Name. Pour le prix du meilleur réalisateur (100% masculine), Denis Villeneuve pour Blade Runner 2049 s'invite dans la compétition, aux côtés de Luca Guadagnino (Call Me By Your Name), Christopher Nolan (Dunkerque), Guillermo del Toro (La forme de l'eau) et Marton McDonagh (Three Billboards...).

Les heures sombres et Three Billboards Outside Ebbing, Missouri seront aussi en concurrence pour le prix du meilleur film britannique, face à La mort de Staline, Seule la terre, The Young Lady et Paddington 2. The Young Lady est aussi nommé dans la catégorie meilleur nouveau scénariste, auteur et producteur (avec The Ghoul, I am not a Witch, Jawbone, Kingdom of Us). Florence Pugh n'a pas été choisie parmi les meilleures actrices (qui ne sont pas toutes britanniques) mais elle est dans les 5 révélations qui seront départagées par le public.

Annette Bening, France McDormand, Margot Robbie, Sally Hawkins et Saoirise Ronan se disputeront le prix de la meilleure comédienne. Côté acteurs, Daniel Day-Lewis, Daniel Kaluuya, Gary Oldman, Jamie Bell et Timothée Chalamet sont nommés. Pour le second-rôle féminin, Kirstin Scott Thomas, Allison Janney, Laurie Metcalf, Lesley Manville et Octavia Spencer ont été retenues. Côté masculin, Christopher Plummer, Hugh Grant, Sam Rockwell, Willem Dafoe et Woody Harrelson ont été choisis.

La catégorie du meilleur scénario original rassemble Get Out, Moi Tonya, Lady Bird, La Forme de l'eau et Three Billboard... Tandis que le scénario adapté réunit Call Me By Your Name, La mort de Staline, Film stars don't die in Liverpool, Le grand jeu et Paddington 2.

Enfin des coproductions françaises sont présentes dans plusieurs catégories à commencer par celle du film en langue étrangère: Elle, Faute d'amour et Le client, qui sont en compagnie de First They Killed my father d'Angelina Jolie et The Handmaiden de Park Chan-wook. Idem côté documentaires avec I am not your Negro qui concourent en compagnie de City of Ghosts, Icarus, Une suite qui dérange et Jane. Ou encore en animationMa vie de Courgette est en course avec Coco et Loving Vincent.

Notons enfin les nominations d'Alexandre Desplats (pour la musique de La forme de l'eau) et de Bruno Delbonnel (pour l'image des Heures sombres) mais aussi les doubles nominations pour le compositeur Hans Zimmer, la costumière Jacqueline Durran.

La cérémonie sera présentée par l'absolument fabuleuse Joanna Lumley, qui remplace Stephen Fry, le 18 février.

Call me by your name et The Shape of Water plébiscités par les critiques de L.A.

Posté par vincy, le 4 décembre 2017

Les critiques de Los Angeles ont ignoré Lady Bird, favori de ceux de New York, The Post, élu par le National Board of Review, et confirmé le choix des Gotham Awards, en plébiscitant Call Me By Your Name qui hérite de trois grands prix.

Mais la Los Angeles Film Critics Association a aussi invité The Shape of Water, Lion d'or à Venise, dans les films oscarisables. Jusque là le film de Guillermo del Toro n'avait pas été récompensé dans les premiers palmarès de l'année. Là il ramasse trois prix. Finalement, les Golden Globes joueront sans doute les arbitres, tout comme les palmarès des guildes. Une chose est certaine: il y a des favoris qui se détachent -  notamment Willem Dafoe qui fait un grand chelem en second-rôle masculin, Visages, Villages, le documentaire d'Agnès Varda, et 120 battements par minute - parmi lesquels le jeune Timothée Chalamet, primé aux Gotham, à New York et à Los Angeles, alors que Gary Oldman semblait favori pour l'Oscar du meilleur acteur.

Toute la question est de savoir si les votants aux Oscars récompenseront de nouveau un film indépendant, dont le sujet est une fois de plus une histoire d'amour entre deux hommes (comme Moonlight l'an dernier). Les critiques de Los Angeles ont rarement choisi l'Oscar du meilleur film, même s'ils ne se sont pas trompés depuis deux ans avec Spotlight et Moonlight. La compétition est ouverte...

Meilleur film: Call me by your name (finaliste: The Florida Project)
Meilleur réalisateur: Guillermo del Toro (The Shape of Water) et Luca Guadagnino (Call Me by Your Name)

Meilleure actrice: Sally Hawkins (The Shape of Water); finaliste: Frances McDormand (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri)
Meilleur acteur: Timothée Chalamet (Call me by your name) ; finaliste James Franco (The Disaster Artist)
Meilleur second-rôle féminin: Laurie Metcalf (Lady Bird); finaliste: Mary J. Blige (Mudbound)
Meilleur second-rôle masculin: Willem Dafoe (The Florida Project); finaliste: Sam Rockwell (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri)

Meilleur film d'animation: Parvana, une enfance en Afghanistan de Nora Twomey (finaliste: Coco de Lee Unkrich et Adrian Molina)
Meilleur documentaire: Visages, villages d'Agnès Varda et JR (finaliste: Jane de Brett Morgen)
Meilleur film en langue étrangère: 120 battements par minute de Robin Campillo et Faute d'amour de Andrey Zvyagintsev

Meilleur scénario: Get Out (finaliste: Three Billboards Outside Ebbing, Missouri)
Meilleure image: The Shape of Water (finaliste: Blade Runner 2049)
Meilleure musique: Phantom Thread (finaliste: The Shape of Water)
Meilleurs décors: Blade Runner 2049 (finaliste: The Shape of Water)
Meilleur montage: Dunkerque (finaliste: I, Tanya)

Edito: Harrison Ford, éternel héros

Posté par redaction, le 5 octobre 2017

Vous en connaissez beaucoup des stars qui parviennent à rester populaires au bout de 40 ans de carrière? Hollywood, usine qui aime créer et détruire les vedettes, n'a plus fabriqué de légendes depuis des lustres. Tom Cruise en sera sans doute une. Meryl Streep a largement surclassé la concurrence féminine de sa génération. Mais des années 1960-1970, en exercice, il ne reste guère que Robert Redford. Et Harrison Ford.

C'est un cas particulier le Ford. Vous avez pu le croiser dans Apocalypse Now récemment diffusé sur Arte. Il a une gueule, il est crédible dans l'action (et quand il est un peu grippé, il opte pour le revolver plutôt que le fouet ou les poings), il peut-être inquiétant ou innocent. Il a surtout cette pointe d'ironie délicieuse, cette dérision qui apporte la touche d'humour nécessaire qui a fait le bonheur des spectateurs. Pas loin d'un Bruce Willis de ce côté là.

Mais Harrison Ford est un homme qui pèse beaucoup plus lourd à Hollywood. Avec Blade Runner 2049, il va passer le cap symbolique des 5 milliards de dollars de recettes en Amérique du nord (10 milliards si on ajuste avec l'inflation), tous rôles confondus. Tom Hanks est le seul à jouer dans cette catégorie.

Ford c'est Le fugitif, Jack Ryan, Witness, Air Force One, Présumé innocent: des thrillers, des comédies, des films d'action... C'est une star avant d'être un acteur. Il impose son style plutôt que de chercher à être un autre.

La particularité de Ford c'est d'être la vedette de deux des franchises les plus importantes de l'histoire du cinéma, au point d'avoir créé deux mythes cinématographiques et même culturels contemporains: Han Solo dans Star Wars (la trilogie historique et le 7e épisode où il meurt tragiquement), chevalier à l'esprit un peu rebelle et farouchement indépendant, et Indiana Jones (un cinquième opus est sur les rails), aventurier mixant Tintin et héros de western.  L'autre particularité est qu'on vieillit avec. Entre le premier Star Wars et le dernier où il est apparu, il s'est écoulé 38 ans. Entre le premier Indiana Jones et le dernier en date, 27 ans ont passé.

Avec Blade Runner, il a fallu 35 ans pour le revoir incarnant Rick Deckard. "Harrison Ford en grande forme, (...) parvient même à ménager les rares moments d’humour du film" peut-on lire dans notre critique. Certes, il a des rides, des cheveux blancs, ... Mais en vieillissant sur le grand écran, devant nos yeux, avec les mêmes personnages issus de notre pop-culture, il entretient l'image d'un héros immortel, un demi-dieu de l'Olympe que le temps ne semble pas atteindre, prêt à reprendre du service comme un bon soldat défendant sa patrie: celle du blockbuster dont il a été le hérault fondateur. A sa manière, il est un gardien d'une galaxie où des milliers d'étoiles brillent plus ou moins, entre John Wayne et Gragory Peck.

Le film que j’attends le plus en 2017 : Blade runner 2049 de Denis Villeneuve

Posté par MpM, le 2 janvier 2017

blade runner

En réalité, c'est une attente mêlée de scepticisme, voire d'appréhension : cette suite de Blade runner peut-elle réellement être à la hauteur de notre désir ? On a tous en tête l'imagerie crépusculaire du film de Ridley Scott, néo-polar stylisé et élégant qui mêlait chasse à l'homme (ou plutôt au "répliquant") et quête existentielle nébuleuse. Bien sûr, on a très envie de retrouver cet univers fascinant, cette ambiance envoûtante, ce personnage ambivalent, et surtout d'être conquis par une suite qui serait à la fois audacieuse et singulière, voire qui dépasserait formellement le premier film.

Mais au fond, que sait-on de ce nouveau volet qui arrive 35 ans après le premier ? Très peu de choses : Harrison Ford rempile dans le rôle de Rick Deckard, il est rejoint par un nouveau personnage incarné par Ryan Gosling, et le tout se déroule devant la caméra de l'inégal Denis Villeneuve. De quoi s'inquiéter autant que de se réjouir. À force de voir défiler suites, spin-offs, prequels et autres reboots, on devient forcément méfiant.

D'autant que la vraie grande question est finalement de savoir si cette suite (relativement improbable) trahira moins le formidable roman de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? que l'original, qui était passé à côté de ses thématiques les plus riches (la tropie, l'empathie comme essence de l'humanité, la philosophie "merceriste", etc. ) pour ne conserver que le concept de l'enquête policière et des (plutôt basiques) affrontements entre homme et intelligence artificielle.

De ce point de vue-là, l'exercice est quasi impossible : soit Denis Villeneuve reste dans la ligne de Scott, et il trahit une nouvelle fois l'auteur de science-fiction le plus pillé par le cinéma, soit il rompt avec l'original, se frotte aux complexes obsessions de K. Dick, et perd potentiellement les fans de la première heure. Ce que l'on espère est donc rien de moins qu'un miracle, une troisième voie permettant au film d'être le chef-d'œuvre ultime qui mettrait tout le monde d'accord.