Pâle au niveau créatif, l’animation US retrouve des couleurs au box-office

Posté par geoffroy, le 17 juillet 2012

En 2011, aucun des 11 longs-métrages animés proposés par Hollywood  au public américain n’a réussi à se hisser au-dessus des 200 millions de dollars. Cette contre-performance n’était plus arrivée depuis 2005, saison sans Pixar, ni Shrek à l’affiche.

Les nombreux films proposés n’ont pas eu, de toute évidence, le succès escompté malgré un vaillant (mais décevant) Cars 2 des studios Pixar (191M$). Ni l'original et oscarisé Rango (123M$), ni l'aventureux Schtroumpfs (143M$), ni le coloré Rio (145M$), ni le sexy Chat Potté (149M$) ou encore le balaise Kung Fu Panda 2 (165M$) n'ont mis en branle le box-office nord-américain, se rattrapant sur les marchés internationaux : Kung Fu Panda 2 (665M$, 6e score de l'année), Les Schtroumpfs (564 M$), Cars 2 (560 M$), Le chat potté (555 M$), Rio (485 M$), Tintin (374 M$), Rango (245M$) ont rentabilisé largement les investissements et se sont tous classés dans les 25 plus importantes recettes annuelles!  De quoi compenser les ratages mémorables qu’auront été Mars Needs Moms (21M$), Arthur Christmas (46M$) ou bien encore Happy Feet 2 (64M$).

C’est dire que l’année 2012 était attendue au tournant…

D’un point de vue comptable, celle-ci est déjà gagnante. Premier film d’animation de l’année à dépasser les 200 millions de dollars (213M$), The Lorax, des studios Universal, a été rejoint par Madagascar 3 (204M$) et dès cette semaine par Brave/Rebelle (195M$), deux films encore à l’affiche. L’âge de glace : la dérive des continents, qui vient de sortir aux Etats-Unis, à réaliser un premier week-end à 46M$. Trop juste pour aller viser les 200 millions de dollars, malgré la période estivale. Ainsi, le record 2010 du nombre de films d’animation à plus de 200M$ (Toy Story 3, Moi, moche et méchant, Shrek 4, Dragons, Raiponce) s’éloigne et devra patienter jusqu’à l’automne, date de sortie d’Hôtel Transylvania, des studios Sony, qui lancera la période de fin d’année au côté d’un Disney (Les mondes de Ralph) et d’un Dreamworks (Rise of the Guardians).

Mécanique à franchises

D’un point de vue qualitatif, aucune surprise. La valse lancinante des productions animées calibrées pour le grand nombre poursuit sa lente germination. Fond, forme et promotion s’imbriquent dans une mécanique froide, appel au jackpot synonyme de franchise en devenir (DreamWorks vient d'annoncer Kung Fu Panda 3). Et tous les studios s’y mettent. Pixar compris, surtout depuis son rachat par le géant Disney. En clair, chacun veut sa part du gâteau. Ce qui nous donne, à quelques exceptions près, une belle indigestion de pixels. Les suites, franchises ou autres reboots flinguent la part de créativité d’une armada d’ingénieurs recrutés pour décliner et non plus innover. Et pourtant souvenez-vous de l’incroyable introduction de Là-haut, des folles envolées aériennes de Dragons, de la poésie spatiale d’un Wall-E ou du déprimant point de non-retour d’Happy Feet…

Le diktat du tiroir-caisse nécrose bel et bien une animation US pétris de talents – avec l’aide, il est vrai, de quelques recrues étrangères dont une pléthore de français – qui s’est totalement démocratisée depuis l’avènement de la synthèse (fin des années 90 début des années 2000). Le monopole Disney, chahuté en de rares occasions par quelques films de studios concurrents (on pense notamment à Anastasia (Fox, 1997), au Petit dinosaure (Universal, 1988) ou à Fievel et le nouveau monde (Universal, 1986)), s’est fissuré pour laisser place à une véritable guerre des tranchées. Pixar fut le précurseur (Toy Story est sorti en 1995), suivit de près par Dreamworks (Fourmiz, 1998), Sony (Final Fantasy, 2001), la Paramount (Jimmy Neutron, 2001) et la Fox (l’Age de glace, 2002).

Prolifération de films d'animation

Beaucoup moins long dans sa conception qu’un film d’animation au format traditionnel, le dessin animé assisté par ordinateur pousse comme des champignons (90 films sont sortis dans les salles depuis 1995), les studios se tirant la bourre depuis 17 ans avec une moyenne de 5 films par an (10 depuis 2005). Résultat, l’exigence de qualité baisse à mesure que le retour sur investissement augmente. Bien sûr, dans le flot d’une telle production, des films tirent leur épingle du jeu qualitativement. Mais la pente est de plus en plus glissante, accentuée il est vrai par l’arrivée d’une 3D avilissante, pour un genre déjà amputé de son animation classique. Il ne faudrait pas que l’animation américaine tombe dans le piège d’une créativité assujettie à sa propre technologie, et dont le but serait d’attirer un public mondialisé autour de franchises pop-corn oubliables. Malheureusement c’est ce qui est en train d’arriver…

Résultats des films d’animation sortis sur les écrans US au 15 juillet 2012

The Lorax: 213 M$ (311 M$ monde)

Madagascar 3: 204 M$ (474 M$ monde)

The Brave / Rebelle : 195 M$ (243 M$ monde)

L’âge de glace 4: 46 M$ (386 M$ monde)

Annecy 2012 : Le Magasin des suicides de Patrice Leconte en ouverture

Posté par vincy, le 25 avril 2012

10 longs métrages en compétition, 8 hors compétition : des découvertes mais aussi des poids lourds. Le Festival international du film d'animation d'Annecy (4 - 9 juin) a reçu 2 455 films pour n'en sélectionner que 204, toutes sélections confondues. Cette année, l'Irlande est à l'honneur.

Le festival s'ouvrira avec le très attendu premier film d'animation de Patrice Leconte, Le magasin des suicides. Pas de Pixar mais deux blockbusters hollywoodiens, deux films sélectionnés à la Quinzaine des réalisateurs et les récentes productions les plus marquantes venues d'Asie, du monde hispanophone et d'Europe centrale...

Les longs métrages en compétition

  • Arrugas (Rides), Ignacio Ferreras, Espagne. Une adaptation de la BD de Paco Roca. Deux prix Goyas (scénario, film d'animation).
  • Asura, Keiichi Sato, Japon. Une adaptation de la BD de George Akiyama.
  • Couleur de peau : miel, Laurent Boileau et Jung Henin, France / Belgique. Une adaptation de la BD de Laurent Boileau.
  • Le Voyage de Monsieur Crulic, Anca Damian, Pologne / Roumanie. Mention spéciale à Locarno.
  • The Dearest, Sun-ah Kim et Se-hee Park, Corée-du-Sud.
  • Voyage vers Agartha, Makoto Shinkai, Japon
  • Le Tableau, Jean-François Laguionie, Belgique / France. Nommé aux Césars 2012.
  • Ronal le Barbare, Thorbjørn Christoffersen, Kresten Vestbjerg Andersen, Danemark.
  • Tad, the Lost Explorer, Enrique Gato, Espagne
  • Zarafa, Rémi Bezançon, Jean-Christophe Lie, France / Belgique. Plus de 1,3 million de spectateurs en France.

Les longs métrages hors compétition

  • Anima Buenos Aires.
  • Delhi Safari.
  • Berserk: The Golden Age Arc I "The High King's Egg".
  • Jean de La Lune.
  • A Letter to Momo.
  • Selkirk, le véritable Robinson Crusoé.
  • The King of Pigs. Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes.
  • Zambezia.

Les autres films présentés en avant-première

  • Le magasin des suicides. Ouverture. Une adaptation de la BD de Jean Teulé.
  • Madagascar 3 : Bons baisers d'Europe. Sélectionné hors-compétition au Festival de Cannes.
  • Le Jour des Corneilles. La nouvelle production Gebeka.
  • Le Lorax. 210 millions de $ au box office US.
  • Ernest & Célestine. Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Scénario écrit par Daniel Pennac.