Qui est Sally Hawkins?

Posté par vincy, le 24 août 2008

sallyhawkins.jpg32 ans et déjà Ours d'argent de la meilleure actrice au festival de Berlin. La comédienne londonienne est née en 1976 de parents auteurs et illustrateurs de livres pour la jeunesse.

Elle a ensuite traîné sur les scènes de la capitale britannique, interprétant du Tchekhov, du Shakespeare, ou du Hasek. Préférant la comédie, elle en tourne quelques-unes pour la télé et en enregistre d'autres pour la radio.

Sur le petit écran, elle se fait remarquer dans Persuasion, téléfilm adapté du classique de Jane Austen, pour lequel elle gagne un prix d'interprétation au festival TV de Monte-Carlo.

Au cinéma, elle doit tout à Mike Leigh. Il l'engage en 2002 pour un petit rôle de fille allumeuse dans All or Nothing, puis elle gagne en intensité dramatique dans Vera Drake, avant de devenir l'héroïne principale de Be Happy, qui lui vaudra ce prix si prestigieux lors de la Berlinale 2008.

Hawkins participe au très bon thriller Layer Cake, avec Daniel Craig ou au sous-estimé Woody Allen, Le rêve de Cassandra, où elle est la copine un peu prolo de Colin Farrell.

Depuis elle n'arrête plus de tourner : avec Emma Thompson (An Education) et dans l'adaptation littéraire de "Fleur du désert : du désert de Somalie à l'univers des top-models". Elle devrait aussi incarner la plus jeune premier ministre nord irlandaise, Bernadette Devlin.

Festival de La Rochelle, chapitre 2 : Mike Leigh, ou le théâtre du réel

Posté par Martin, le 3 juillet 2008

behappy.jpgSouvent, Mike Leigh a été considéré comme un réaliste anglais au même titre que Ken Loach et Stephen Frears première manière. C’est qu’il partage avec eux un terrain d’exploration, une certaine classe sociale pauvre et urbaine, et un système de production, la télévision – la moitié de son œuvre est télévisuelle. Son univers en porte les stigmates : des personnages « lower than life » errent dans les lieux les plus quotidiens. Pourtant, le point de vue Mike Leigh n’a rien de naturaliste : ce ne sont pas les pulsions de ses personnages qui l’intéressent, mais plutôt comment ceux-ci cherchent une place à la fois dans et en dehors de la société. A la différence des personnages de Ken Loach qui veulent un travail, de l’argent, les héros de Mike Leigh ne cherchent rien de matériel ; au contraire, ils rêvent de grandeur et d’ailleurs, fidèle en cela à une autre tradition anglaise : ce sont de vrais personnages shakespeariens.

Le Roi Leigh 

Car il y a du Shakespeare chez Mike Leigh, cinéaste dont le réalisme naît de la théâtralité. Le précoce mais déjà abouti Meantime (téléfilm de 1983) se penche sur une famille entière au chômage. Le réalisme sombre auquel on s’attend est bien là ; pourtant la scène à l’ANPE ne manque pas d’humour : le fils cadet, Colin (Tim Roth, boutonneux à lunettes déjà sensationnel) ne se souvient plus de son nom et c’est son père qui le corrige… Colin suit les pas de son grand frère, John (Alfred Molina), et s’invite dans l’appartement d’une de ses amies dans l’espoir de s’intégrer quelque part puisque ni l’école ni le monde du travail ne veulent de lui. Tout est histoire de lieu à conquérir. Il rencontre un personnage matriciel dans l’oeuvre du cinéaste : lumineux et crasseux, Coxy (Gary Oldman) offre son crâne rasé et sa parole facile à ceux qui l’entourent. Skinhead ? Pas vraiment. Dans une des scènes les plus étranges de Meantime, Colin croise dans la rue Coxy qui tourne dans un tonneau en pleine rue, tel le Fou des pièces de Shakespeare. A la fin, Colin se rase le crâne, comme marqué par la révélation de Coxy dans une société aveuglée. 

Théâtre de comédie 

En soulignant la théâtralité des lieux du réel, Mike Leigh dévoile celle de rapports humains qui reposent sur la domination sociale. Coxy, dans sa roue, ne fait que créer un mouvement absurde, seule liberté dans une société-prison. Lorsque sa tante demande à Colin de travailler en participant à la décoration de son intérieur, l’adolescent reste figé sur le canapé, incapable de monter l'escalier qui signerait le début d’un nouvel asservissement. La mise en scène de Mike Leigh se construit autour du décor – et ce jusqu’à son dernier film, Happy-go-lucky (Be Lucky), dont l’héroïne est, avant toute chose, définie par son appartement coloré. Colin fuit dans les rues plutôt que d’entrer dans un espace où il est, au sens propre, déplacé. C’est d’ailleurs dans son propre espace, la chambre qu’il partage avec son frère, qu’aura lieu la révélation finale. Si leur appartement est une autre prison, puisque les fenêtres ne s’ouvrent pas, sa chambre est un havre où, à la manière des personnages du carnaval de Beaucoup de bruit pour rien, il peut ôter son masque (la capuche de sa doudoune) et se montrer enfin tel qu’il est. 

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Paris fait son cinéma

Posté par MpM, le 30 juin 2008

Paris cinéma

Pour la 6e année consécutive, la capitale s’apprête à vivre dix jours durant au rythme de 24 images par seconde. Le Festival Paris cinéma, qui a attiré l’an dernier plus de 66 000 spectateurs uniques, est en effet de retour avec toujours plus de films, de séances en plein air, d’hommages, de rétrospectives, de débats et de rencontres. Parisien ou de passage, petit ou grand, cinéphile ou néophyte, à chacun sa manière de vivre le festival.

Ainsi les festivaliers les plus exigeants et les plus curieux se régaleront avec la compétition internationale, véritable panorama de la production cinématographique actuelle. Pour compléter, ils ne manqueront sous aucun prétexte la rétrospective du cinéma philippin (méconnu et pourtant extrêmement dynamique) qui propose en tout une quarantaine d’œuvres pour la plupart inédites en France.

Plutôt désireux de faire le plein de films avant l’été et de découvrir avant tout le monde les sensations des semaines à venir ? Les nombreuses avant-premières (qui comptent énormément de films sélectionnés à Berlin ou Cannes) sont prévues pour vous ! Au programme, la palme d’or 2008, Entre les murs de Laurent Cantet, la caméra d’or, Hunger de Steve McQueen, Les bureaux de Dieu de Claire Simon, prix de la SACD ou encore Be Happy (Happy-go-lucky), le pétillant dernier opus de Mike Leigh, qui a valu à son actrice Sally Hawkins un ours d’argent bien mérité.

Et ce n’est pas tout ! Ceux qui aiment faire le tour d’un artiste seront comblés par les intégrales Brillante Mendoza (réalisateur philippin dont le dernier film, Serbis, était en sélection officielle à Cannes) et Aki Kaurismäki ainsi que par les rétrospectives consacrées à Nathalie Baye (en 23 films), Ronit Elkabetz (ses 9 rôles les plus marquants), Jean-Claude Carrière (15 films et une leçon de cinéma) et Joseph Kuo (2 soirées exceptionnelles; dont une leçon de cinéma). Sans oublier l’un des temps forts principaux,  la soirée hommage rendue à David Cronenberg à l’occasion de la création mondiale de l’opéra The fly au théâtre du Châtelet.

Et les enfants dans tout ça ? Paris cinémômes leur propose "un été au vert", un programme de quinze films leur permettant de se sensibiliser de manière ludique aux questions écologiques d’aujourd’hui ainsi que des ateliers autour du film U, du conte ou encore de la bande-son de cinéma. Mais il n’est pas non plus interdit de les emmener à l’un des différents ciné-concert organisés autour d’Ernst Lubitsch (quatre films rares du cinéaste accompagnés par une musique interprétée live).

Et enfin, pour les plus studieux, Paris cinécampus, l’université d’été du festival, propose chaque jour des tables rondes, des rencontres ou encore des ateliers sur des thèmes aussi différents que les coproductions en Europe, la restauration de Lola Montès, le cinéma sur internet, les seconds rôles... Pour tous les goûts, on vous dit !

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Du 1er au 12 juillet
Tarifs, horaires et programmation sur www.pariscinema.org

Festivaliers au bord de la crise de nerfs

Posté par MpM, le 14 février 2008

Ce n'est pas tout ça, Madonna qui captive les foules, Mike Leigh qui s'amuse, Hong Sang-Soo qui jubile... on est dans un festival de cinéma, quand même, et qui dit festival dit films sérieux, réalisateurs engagés et sujets graves, il ne faudrait pas l'oublier. Heureusement, le premier film en compétition de la journée remet les choses en place avec du lourd, et même du très très lourd, l'histoire d'une fillette érythréenne offerte par son père à l'une des armées de libération du pays. Inspiré du récit de Senait G. Mehari qui a vécu cette expérience, Heart of fire s'avère finalement plus subtil qu'on aurait pu le craindre et même d'une certaine sobriété. Cela tient sans doute au fait que tout est filmé à hauteur d'enfant, avec distance et recul, privilégiant le témoignage par rapport à l'émotion. Luigi Falorni montre ainsi avec justesse le cheminement terrible de ces enfants devenus soldats par force, mais aussi par idéal, parce qu'il faut bien se rattraper à quelque chose, et que l'armée est pour beaucoup une famille de substitution bien plus aimante que l'originale.

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Pourtant, à croire que les festivaliers sont cette année incapables de rester sérieux plus d'une heure, un étrange moment de flottement a troublé cette projection par ailleurs d'un calme olympien. Lors d'une scène dramatique où trois enfants se retrouvent au beau milieu du désert soudanais, à la recherche d'un campement ami, le chef de caravane qui les trouve leur lance avec perspicacité un "Vous vous êtes perdus ?" qui a déclenché une gigantesque vague d'hilarité dans la salle. Le temps de se reprendre, et le film était fini, laissant une curieuse impression de ratage de dernière minute. A moins qu'en cette avant-veille de clôture, la fatigue ne commence juste sérieusement à se faire sentir. Du coup, on craint un peu les réactions inattendues que pourrait déclencher Andrzej Wajda avec son film sur le massacre de Katyn...

Mike Leigh y croit encore

Posté par MpM, le 13 février 2008

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On avait un peu peur de la direction empruntée par Mike Leigh. Après l'impression de défaitisme laissée par le dernier film de son collègue Ken Loach, autre observateur et pourfendeur des réalités sociales de son pays, il y avait de quoi se demander si le réalisateur britannique aurait encore la flamme. La réponse est oui, tant son portrait de femme énergique et joyeuse dans Happy-go-lucky est une véritable déclaration d'amour au genre humain. Comme l'explique son héroïne, la délurée et fantasque Poppy, il n'est peut-être pas possible de rendre tout le monde heureux, mais ça vaut le coup d'essayer. Même si, en ce qui la concerne, la belle essaie surtout sur les hommes... avec des résultats plutôt divers. En plus d'aborder certains des thèmes favoris de Leigh (les fratries, les amitiés entre femmes, le célibat), le film est tout simplement hilarant du début à la fin : les cours de flamenco se transforment en parades guerrières, les leçons de conduite en révélateur des faiblesses humaines et les soirées trop arrosées en petites lamelles de bonheur. A la sortie, on est comme Poppy, plein d'entrain et d'énergie, prêt à tout pour communiquer un peu de sa bonne humeur à quelqu'un... et à nouveau confiant dans l'avenir de l'humanité.