Tous à Brive pour les 16e Rencontres internationales du moyen-métrage !

Posté par MpM, le 30 mars 2019

Dans la grande classification des films par type de durée, on oublie souvent le moyen-métrage, qui est comme son nom l'indique, le grand frère du court (ou le petit frère du long, c'est comme on veut). Un format (entre trente et soixante minutes) absolument aussi délicat, voire malaisé, qu'il en a l'air...

Bien sûr, pour les cinéphiles purs et durs, un film est un film, peu importe sa durée. Mais pour l'industrie du cinéma, il faut des cases, et le moyen métrage a le mauvais goût de ne pas y entrer de bonne grâce : trop court pour la salle, souvent trop long pour les festivals de courts, et donc toujours dans un entre-deux un peu flou. On ne résiste d'ailleurs pas au plaisir de vous raconter l'histoire de Ce magnifique gâteau d'Emma De Swaef et Marc James Roels, 44 minutes, qui remporta tour à tour le prix du meilleur long métrage à Zagreb et à Ottawa, et celui du meilleur court métrage à Clermont et Vilo da Conde. Question de perspective, sans doute, mais unanimité de reconnaissance, et c'est finalement tout ce qui compte.

Le moyen-métrage avait donc bien besoin d'un festival, et c'est là qu'entre en jeu la Société des Réalisateurs de Films (SRF) qui créa en 2004 à Brive ces Rencontres internationales qui mettent à l'honneur le "trop long" du court et le "trop court" du long. Parmi les films récompensés durant ces 15 éditions, on retrouve notamment ceux de Joachim Lafosse (Folie privée en 2006), Justine Triet (Sur place en 2007), Yann Gonzalez (Je vous hais petites filles en 2009), Sébastien Betbeder (La vie lointaine en 2009), Guillaume Brac (Un monde sans femmes en 2011), Bertrand Mandico (Boro in the box en 2012), Héloïse Pelloquet (Comme une grande en 2015) ou encore Emmanuel Marre (Le film de l'été en 2017).

Comme le souligne Guillaume Brac, cinéaste de la SRF : "Il y a quelque chose d’irrationnel et de romantique dans le moyen métrage, bien plus que dans le court métrage, trop souvent pensé comme une carte de visite. Un acte d’amour et de foi. Le cinéma envisagé comme passion, artisanat, camaraderie, à rebours de toute logique d’efficacité, de carrière, de marché (...) Il y a aujourd'hui plus que jamais quelque chose de politique dans le fait de tourner des films résistant aux injonctions du sacro-saint marché, au diktat du sujet, du casting, de l’air du temps, qui gangrène insidieusement le cinéma d’auteur."

On retrouve donc à Brive aussi bien des jeunes réalisateurs en début de carrière et des cinéastes plus confirmés, parfois passés par le long, qui aiment renouer avec un format affranchi des contraintes du marché où s’exerce pleinement leur liberté créatrice. Cette année, par exemple, Jean-Charles Hue est présent en compétition avec son nouveau film, Topo y wera. Une carte blanche est également offerte à Yann Gonzalez et Bertrand Mandico, qui montreront les films des autres (comme Le conte des contes de Youri Norstein ou Une Histoire immortelle d'Orson Welles) ainsi que le programme très spécial sorti en salles sous le titre Ultra-rêve, et qui réunit le meilleur du cinéma indépendant hype, à savoir After School Knife Fight de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, Les Îles de Yann Gonzalez et Ultra Pulpe de Bertrand Mandico (trois moyens métrages passés par la Semaine de la Critique à Cannes).

Dans la compétition, on notera la présence de plusieurs films dont nous vous avions déjà parlé, dont D'un château l'autre d'Emmanuel Marre qui figurait parmi nos court préférés de l'année 2018 et Le chant d'Ahmed de Foued Mansour découvert à Clermont-Ferrand, mais aussi Côté coeur qui est le nouveau film d'Héloïse Pelloquet (L'âge des sirènes) et Braquer Poitiers de Claude Schmitz (Rien sauf l'été).

Parmi les autres temps forts figurent un hommage à Jonas Mekas disparu en début d'année 2019, des focus sur les cinéastes Claire Simon, Milos Forman, Jean-Daniel Pollet, Mickaël Hers et Pierre Clémenti, et la projection en intégralité de deux "séries" : Les Mystères de Lisbonne de Raoul Ruiz et Journal de David Perlov.

Le jury professionnel présidé par Pierre Salvadori, réunit Anaïs Demoustier, Laetitia Dosch, Thierry de Peretti et Katell Quillevéré. Ils remettront le Grand Prix et le Prix du Jury lors de la soirée de clôture le 7 avril. D'ici là, les festivaliers auront découvert 22 films en compétition, plusieurs rétrospectives, des tables rondes, et même un ciné-concert. De quoi rappeler que le moyen-métrage a évidemment tout d'un grand.

La compétition 2019

Akaboum de Manon Vila (France, 2018)
Boucan d’Antonin Schopfer et Thomas Szczepanski (Suisse, 2019)
Braquer Poitiers de Claude Schmitz (France, 2018)
Ce n'est qu'après de Vincent Pouplard (France, 2019)
Côté cœur d’Héloïse Pelloquet (France, 2018)
Daniel fait face de Marine Atlan (France, 2018)
D'un château l'autre d’Emmanuel Marre (Belgique, 2018)
Falaises de Sébastien Téot et Martin Tronquart (France, 2018)
Film catastrophe de Paul Grivas (France, 2018)
Frase d'arme de Federico Di Corato (Italie, 2018)
Gulyabani de Gürcan Keltek (Turquie, 2018)
Juste un jeu de Daniela Lanzuisi (France, 2018)
Le chant d'Ahmed de Foued Mansour (France, 2018)
Les amoureux de Pablo Dury (France, 2018)
Les grands fantômes de Louise Narboni et Yoann Bourgeois (France, 2018)
Presque un siècle de Pascale Bodet (France, 2019)
Tonnerre sur mer de Yotam Ben-David (France, 2018)
Topo y wera de Jean-Charles Hue (France, 2018)
Touching concrete d’Ilja Stahl (Allemagne, 2017)
Tsuma musume haha
d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita (France, 2019)
Vie et mort d'Oscar Pérez de Romain Champalaune (France, 2018)
Vivir alli no es el infierno, es el fuego des desierto. La plenitudo de la vida, que quedo ahi como un arbol de Javiera Véliz Fajardo (Chili/Brésil, 2018)

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16e Rencontres internationales du moyen-métrage à Brive
Du 2 au 7 avril 2019
Informations et programme sur le site de la manifestation

Locarno 2015: Andrzej Zulawski, Hong Sangsoo, Chantal Ackerman en compétition

Posté par vincy, le 15 juillet 2015

Locarno se lance dans la mêlée avec un programme très éclectique. Une rétrospective intégrale de Sam Peckinpah, une multitude de prix déjà annoncés (Michael Cimino, Marco Bellocchio, Edward Norton, Bulle Ogier), un focus sur le cinéma israélien, la section Open Doors du marché consacrée au cinéma de Maghreb, et finalement des films venus du monde entier répartis dans les différentes sélections. Sont donc attendus Chantal Akerman, Sabine Azéma, Lionel Baier, Clotilde Coureau, Philippe Falardeau, Cécile de France, Stéphane Goël, HONG Sangsoo, Patrick Huard, Anurag Kashyap, Marthe Keller, Udo Kier, Philippe Le Guay, Carmen Maura, Clémence Poésy, Melvil Poupaud, Jerry Schatzberg, Andrea Segre, Claire Simon, et Andrzej Zulawski.

Lors de la conférence de presse ce matin, trois autres prix ont été annoncés: le comédien et réalisateur américain Andy Garcia (Leopard Club Award), le cinéaste géorgien Marlen Khoutsiev (Léopard pour l'ensemble de sa carrière) et le comédien suisse Teco Celio (Prix Cinema Ticino). La 68° édition du Festival du film Locarno se tiendra du 5 au 15 août 2015.

Compétition

  • BELLA E PERDUTA de Pietro Marcello (Italie)
  • BRAT DEJAN (Brother Dejan) de Bakur Bakuradze (Russie)
  • CHEVALIER de Athina Rachel Tsangari (Grèce)
  • COSMOS d'Andrzej Zulawski (France)
  • ENTERTAINMENT de Rick Alverson (USA)
  • HAPPY HOUR de Ryusuke Hamaguchi (Japon)
  • HEIMATLAND dey Lisa Blatter, Gregor Frei, Jan Gassmann, Benny Jaberg, Carmen Jaquier, Michael Krummenacher, Jonas Meier, Tobias Nölle, Lionel Rupp et Mike Scheiwiller (Suisse)
  • JAMES WHITE de Josh Mond (USA)
  • JIGEUMEUN MATGO GEUTTAENEUN TEULLIDA (Right Now, Wrong Then) de HONG Sangsoo (Corée du sud)
  • MA DAR BEHESHT (Paradise) de Sina Ataeian Dena (Iran)
  • INO HOME MOVIE de Chantal Akerman (France)
  • O FUTEBOL de Sergio Oksman (Espagne)
  • SCHNEIDER VS. BAX d'Alex van Warmerdam (Pays Bas)
  • SUITE ARMORICAINE de Pascale Breton (France)
  • SULANGA GINI ARAN (Dark in the White Light) de Vimukthi Jayasundara (Sri Lanka)
  • TE PROMETO ANARQUÍA de Julio Hernández Cordón (Mexique)
  • THE SKY TREMBLES AND THE EARTH IS AFRAID AND THE TWO EYES ARE NOT BROTHERS de Ben Rivers (Royaume Uni)
  • TIKKUN d'Avishai Sivan (Israël)

Sur la Piazza Grande, RICKI AND THE FLASH de Jonathan Demme, avec Meryl Streep ; LA BELLE SAISON de Catherine Corsini ; DER STAAT GEGEN FRITZ BAUER de Lars Kraume ; SOUTHPAW d'Antoine Fuqua ; TRAINWRECK de Judd Apatow ; JACK de Elisabeth Scharang ; FLORIDE de Philippe Le Guay ; GUIBORD S’EN VA-T-EN GUERRE de Philippe Falardeau ; BOMBAY VELVET d'Anurag Kashyap; AMNESIA de Barbet Schroeder ; LA VANITÉ de Lionel Baier ; QING TIAN JIE YI HAO (The Laundryman) de LEE Chung ; ME AND EARL AND THE DYING GIRL de Alfonso Gomez-Rejon ; et en clôture HELIOPOLIS de Sérgio Machado...
Award Ceremony

Dans la sélection Cinéastes du présent, notons le film de Vincent Macaigne (Dom Juan), Le Grand jeu de Nicolas Pariser avec Melvil Poupaud, André Dussollier et Clémence Poésy ou encore le film québécois Les êtres chers d'Anne Émond. Dans la sélection Cinémas de demain, on retrouve Claire Simon (Les bois dont les rêves sont faits) et l'algérien Malek Bensmaïl (Contre-pouvoirs).

2008 : Le Top 5 de Benoit

Posté par benoit, le 28 décembre 2008

Ecran Noir revient, auteur par auteur, à ses coups de coeur de l’année passée… 

benoit gautier1. Un conte de Noël de Arnaud Depleschin. Le plus beau film de Depleschin injustement oublié au palmarès du Festival de Cannes. Sa mise en scène et l’interprétation de sa troupe de comédiens qui regarde dans la même direction artistique sont absolument somptueuses, impériales. Ce scénario d’une richesse et d’un foisonnement inouïs inclut deux flash forward qui anticipent le cours du récit ponctué de split screen, fermeture à l'iris, adresse caméra, citations et références. Si vous replacez chronologiquement les flash forward, alors vous vous apercevrez que dans ce "règlement de conte" familial, ce sont les enfants qui engendrent les parents. Du vrai et du très grand cinéma !

2. The visitor de Thomas Mc Carthy. The Visitor aurait pu être une boursouflure de bons sentiments comme le faisait craindre sa bande-annonce catastrophique. La régénérescence d'un sexagénaire grâce à l'amitié, à la musique et enfin à l’amour avait de quoi faire frémir. Eh bien, non ! Cette œuvre écrite, réalisée et interprétée au cordeau évite tous les poncifs américano-humano-dégoulinants. Aussi impitoyable qu’émouvante, elle dénonce sans fard la paranoïa des Etats-Unis depuis le 11 septembre et sa politique d’expulsion galopante. The Visitor concrétise à la perfection le vœu pieux de Jean-Luc Godard : faire politiquement du cinéma plutôt que du cinéma politique.

3. The dark knight, le chevalier noir de Christopher Nolan. Ce sixième épisode de la saga Batman au cinéma s’avère le plus capé, le plus culotté, le plus épouvanté, le plus atomisé, mais aussi le plus captivant parce que le plus profond. Éreinté par sa longévité, donc par la légitimité de son propre mythe, Batman aussi lisse que las reprend du collier pour sauver Gotham City, la jumelle de New York assombrie par la tourmente du terrorisme. En Ben Laden punk et sadomaso, Heath Joker Ledger masque au sens propre comme au figuré un abîme de blessures qui le conduisent aux frontières de la folie, de la mort. Un Oscar posthume s’impose pour cet acteur poète parti rejoindre River Phoenix, son frère spirituel de cinéma.

4. Les bureaux de Dieu de Claire Simon. Les bureaux de Dieu, avec une intensité magistrale, créé un planning familial situé sous les toits de Paris. Point culminant qui contemple l’agitation de la capitale et aimante ses confidences les plus intimes. Dans une réalité documentaire et une recomposition fictionnelle, Claire Simon signe non seulement un film d’une grande beauté, mais une œuvre d’utilité publique qui devrait être remboursée par la sécurité sociale. Toutes les actrices, professionnelles ou non, veillent avec l’énergie de tous les espoirs sur ces bureaux de Dieu dont les voies toujours impénétrables cherchent la libération sexuelle à travers l’obscurantisme de l’ignorance.

5. Les sept jours de Ronit et Shlomi Elkabtez. Avec Prendre femme, le second long-métrage du frère et de la sœur Elkabtez forme l’embryon d’une filmographie vibrante, fiévreuse, noblement engagée, artistiquement impeccable. Les réalisateurs scrutent l’implosion d’une famille israélienne enfermée pendant sept jours pour cause de deuil. Ils grattent jusqu’au sang les plaies de cette communauté. Arrachent les peaux mortes d’une société malade au fil de plans fixes dignes d’un Manoel De Olivera, de portraits de groupe grouillant comme des insectes égarés. Les sept jours rassemble une brochette de comédiens exceptionnels au sommet de leur art : celui de l’écoute de l’autre jusqu’à son plus infime frémissement.

Short bonus : Next floor de Denis Villeneuve.  Lors d'un opulent et luxueux banquet, onze convives sont servis à profusion par une horde de valets stylés. Tous participent à cet étrange repas aux allures de carnage gastronomique. Ce court-métrage du montréalais Denis Villeneuve allie le naturalisme décadent d’Eric Von Stroheim à celui, grotesque, de Marco Ferreri. Dénonçant les excès de la société de consommation, Next floor plonge sa tablée dans une descente aux enfers carnassière. Un film cinglant comme un coup de cravache !

Le film le plus attendu de 2009 : La fille du RER de André Téchiné avec un casting tous azimuts dont il a le secret : Catherine Deneuve, Emilie Dequenne, Ronit Elkabetz, Michel Blanc, Nicolas Duvauchelle, Mathieu Demy…

Paris fait son cinéma

Posté par MpM, le 30 juin 2008

Paris cinéma

Pour la 6e année consécutive, la capitale s’apprête à vivre dix jours durant au rythme de 24 images par seconde. Le Festival Paris cinéma, qui a attiré l’an dernier plus de 66 000 spectateurs uniques, est en effet de retour avec toujours plus de films, de séances en plein air, d’hommages, de rétrospectives, de débats et de rencontres. Parisien ou de passage, petit ou grand, cinéphile ou néophyte, à chacun sa manière de vivre le festival.

Ainsi les festivaliers les plus exigeants et les plus curieux se régaleront avec la compétition internationale, véritable panorama de la production cinématographique actuelle. Pour compléter, ils ne manqueront sous aucun prétexte la rétrospective du cinéma philippin (méconnu et pourtant extrêmement dynamique) qui propose en tout une quarantaine d’œuvres pour la plupart inédites en France.

Plutôt désireux de faire le plein de films avant l’été et de découvrir avant tout le monde les sensations des semaines à venir ? Les nombreuses avant-premières (qui comptent énormément de films sélectionnés à Berlin ou Cannes) sont prévues pour vous ! Au programme, la palme d’or 2008, Entre les murs de Laurent Cantet, la caméra d’or, Hunger de Steve McQueen, Les bureaux de Dieu de Claire Simon, prix de la SACD ou encore Be Happy (Happy-go-lucky), le pétillant dernier opus de Mike Leigh, qui a valu à son actrice Sally Hawkins un ours d’argent bien mérité.

Et ce n’est pas tout ! Ceux qui aiment faire le tour d’un artiste seront comblés par les intégrales Brillante Mendoza (réalisateur philippin dont le dernier film, Serbis, était en sélection officielle à Cannes) et Aki Kaurismäki ainsi que par les rétrospectives consacrées à Nathalie Baye (en 23 films), Ronit Elkabetz (ses 9 rôles les plus marquants), Jean-Claude Carrière (15 films et une leçon de cinéma) et Joseph Kuo (2 soirées exceptionnelles; dont une leçon de cinéma). Sans oublier l’un des temps forts principaux,  la soirée hommage rendue à David Cronenberg à l’occasion de la création mondiale de l’opéra The fly au théâtre du Châtelet.

Et les enfants dans tout ça ? Paris cinémômes leur propose "un été au vert", un programme de quinze films leur permettant de se sensibiliser de manière ludique aux questions écologiques d’aujourd’hui ainsi que des ateliers autour du film U, du conte ou encore de la bande-son de cinéma. Mais il n’est pas non plus interdit de les emmener à l’un des différents ciné-concert organisés autour d’Ernst Lubitsch (quatre films rares du cinéaste accompagnés par une musique interprétée live).

Et enfin, pour les plus studieux, Paris cinécampus, l’université d’été du festival, propose chaque jour des tables rondes, des rencontres ou encore des ateliers sur des thèmes aussi différents que les coproductions en Europe, la restauration de Lola Montès, le cinéma sur internet, les seconds rôles... Pour tous les goûts, on vous dit !

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Du 1er au 12 juillet
Tarifs, horaires et programmation sur www.pariscinema.org