Deauville 2011 : une 37e édition qui condense le meilleur du cinéma américain contemporain

Posté par MpM, le 18 août 2011

Deauville 2011Chaque année, le Festival américain de Deauville lance la rentrée cinématographique en proposant un condensé de films US attendus ou ayant fait parler d'eux tout au long de l'année. On retrouvera donc dans la programmation 2011 une poignée de bonnes surprises cannoises (l'excellent Take shelter de Jeff Nichols, bien placé pour un grand prix, Drive de Nicolas Winding Refn, Restless de Gus Van Sant, et même The artist de Michel Hazanavicius) et quelques titres qui ont fait parler d'eux lors d'autres manifestations comme Yelling to the Sky de Victoria Mahoney (Berlin) ou En secret de Maryam Keshavarz (Paris Cinéma). Sans oublier l'avant-première française du nouvel Abel Ferrara, en compétition à Venise, 4:44 Last Day on Earth.

C'est à la fois l'occasion de faire le point sur la programmation "indépendante" (à l'honneur dans la compétition), et de prendre de l'avance sur les "grosses sorties" de l'automne, voire de l'hiver, telles que Too Big to Fail de Curtis Hanson, La Couleur des sentiments de Tate Taylor (d'après le best-seller éponyme) ou Dark Horse de Todd Solondz (vérifier les dates). Pas vraiment de quoi découvrir des pépites insoupçonnées jusque-là, mais un moyen efficace de se tenir au courant.

D'autant que Deauville s'agrémente également d'une section documentaire (Les docs de l'Oncle Sam), de nuits rétrospectives "pour se réapproprier le patrimoine du cinéma américain" et de sessions consacrées aux séries télé. Sans oublier des hommages rendus, parfois en leur présence, à des personnalités incontournables du cinéma américain. Cette année, ce sont ainsi Francis Ford Coppola, Todd Solondz, Naomi Watts, Shirley MacLaine et Danny Glover qui seront à l'honneur.Un hommage à Blake Edwards sera rendu.

Bien sûr, Ecran Noir sera sur place pour vous faire vivre cette grande fête du cinéma américain au jour le jour.

Les quatorze films de la section compétitive :
Another Happy Day de Sam Levinson,
All She Can d'Amy Wendel,
Another Earth de Mike Cahill,
Detachment de Tony Kaye,
En secret (Circumstance) de Maryam Keshavarz,
Jess + Moss de Clay Jeter,
On the Ice d'Andrew Okpeaha MacLean,
Return de Liza Johnson,
Take Shelter de Jeff Nicols, Terri d'Azazel Jacobs,
The Dynamiter de Matthew Gordon,
Trust de David Schwimmer,
Without de Mark Jackson,
Yelling to the Sky de Victoria Mahone

Les jurys

Le jury principal : Olivier Assayas (Président), Nathalie Baye, Chiara Mastroianni, Bruno Todeschini, Claire Denis,  Nicolas Godin (Air),  Angelin Preljocaj et Jean Rolin.

Le jury révélation : Samuel Benchétrit (Président), Leila Hatami, Sabrina Ouazani, Elisa Sednaoui et Benjamin Siksou

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Festival du cinéma américain de Deauville
37e édition
Du 2 au 11 septembre 2011
Informations et programme sur le site de la manifestation

Lutte et espérance

Posté par geoffroy, le 19 mars 2008

Première journée de la 7ème édition des Rencontres avec le cinéma d’Amérique Latine au Magic cinéma de Bobigny. En présence des officiels de l’association, deux films documentaires sont présentés. Deux films pour souligner l’importance de la lutte au service de la liberté, la démocratie et la solidarité. Deux éclairages sur un continent qui tangue, vacille mais reste uni dans sa recherche de vérité, d’apaisement et d’égalité.

L’encrage des deux documentaires sur le terrain de ceux qui façonnent par leur travail et leur ténacité une société plus solidaire, n’est pas / plus de l’utopie, mais un constat – sera-t-il durable ? – qui établit un nouveau rapport de force des peuples à prendre en main leur destin. Hartos Evos aquí hay, Les cocaleros du Chapare, raconte comment les paysans du Chapare (département du Cochabamba en Bolivie) ont joué un rôle déterminant dans la victoire historique du premier président Indien Carlos Morales lors de l’élection présidentielle du 18 décembre 2005. Le film de Hector Ulloque et Manuel Ruiz Montealegre n’est pas didactique, les réalisateurs ne traitant pas des enjeux politiques au sens classique du terme. Ils préfèrent axer leur démonstration sur un double symbole – feuille de coca, élection du premier président indien – qu’ils vont étendre comme condition nécessaire à la revendication d’un contre pouvoir abordant une ligne politique et culturelle différente. Documentaire assez fermé dans sa géopolitique, il séduit par son traitement de « terrain », filmé à hauteur d’homme et de femme. La parole libre, instinctive et pensée montre une sociologie par ceux qui font la « révolution ». Ces visages remplacent alors les commentaires des journalistes en revendiquant à voix haute devant la caméra le droit au respect, à la reconnaissance et à la démocratie pour tous.

The Take, documentaire canadien de Naomi Klein, poursuit de façon parallèle la démarche du premier documentaire. Pour elle, il s’agit de donner la parole au peuple, à ceux qui travaillent, qui font marcher l’économie et qui, le plus souvent, sont les premiers touchés par la crise. En suivant pas à pas des ouvriers décidés à ne pas baisser les bras, la réalisatrice met en perspective les conséquences de la situation engendrée par la crise financière en Argentine au cour de l’année 2001. Véritable chaos social, la récession est d’une telle ampleur que les usines doivent arrêter de produire, gelant les salaires et mettant sur la paille des millions de salariés. Pourtant la lutte s’installe et un mouvement sans précédant voit le jour. Il faut occuper, résister et produire ; coûte que coûte. Pour la dignité et l’honneur. Alors des centaines d’ouvriers au chômage investissent les usines. Le mouvement en marche se veut une réponse sociale aux errements des gouvernants, à l’irresponsabilité des banques et à l’inflexibilité du FMI. Les ouvriers sont déterminés et iront jusqu’au bout afin d’obtenir l’expropriation des patrons. Si le commentaire off nuit parfois à la fluidité des témoignages, la simplicité du montage rend compte de la souffrance de ces hommes et de ces femmes trompés par un gouvernement avide de pouvoir. Sur fond d’élection présidentielle, le documentaire ouvre son spectre didactique en multipliant les points de vue, entre patrons, politiques et ouvriers. S’ils sont tous liés, les uns ne demandent que le droit au travail pour produire de l’activité et racheter, en quelque sorte, les erreurs d’une politique inflationniste corrompue d’un pays qu’ils aiment pourtant profondément.