Daily Cannes: Netflix, Tilda, incident technique et polémiques

Posté par cynthia, le 19 mai 2017

Troisième jour sur la croisette, et alors que le week-end pointe son nez et que le soleil s'installe, Cannes continue de briller.

Le film événement de la journée est Okja de Bong Joon-Ho avec Tilda Swinton, Paul Dano, Lily Collins, Shirley Henderson et Jake Gyllenhaal entre autres. Produit par Netflix, le film du réalisateur de Snowpiercer a fait couler beaucoup d'encre sur la croisette. Tout d'abord, le film s'est fait huer tel un boucher sur un marché végétarien, non pas à cause de son contenu (le film est juste magnifique) mais à cause d'un gros souci technique pendant la projection de presse! Le Festival a du s'excuser. C'était la deuxième fois en deux jours que la séance du matin commençait avec beaucoup de retard (la veille, la lenteur de la sécurité avait contraint les organisateurs à projeter le film avec 15 minutes de retard). Pour rappel, le géant Netflix refuse de sortir le film en salle et prévoit de le mettre à la disposition des abonnés dès le 28 juin. ce qui provoque depuis un mois une polémique à la française.

La Conférence de presse du jour: Okja de Bong Joon-ho

"Nous ne sommes pas là pour remporter des prix!" s'est écriée Tilda Swinton lors de la conférence de presse. L'actrice et coproductrice du film s'est empressée de défendre la politique de Netflix, suivie par le reste de l'équipe.
"À Cannes, il y a de la place pour tout le monde!": Tilda Swinton annonce la couleur. Face à la polémique autour de Netflix, la conférence de presse était tournée sur le fait que vous verrez ce film sur vos petits écrans et pas sur les grands.

Un journaliste a démarré sur les chapeaux de roues en demandant quelles liberté la plateforme américaine avait laissé au réalisateur sud-coréen (et bim, let's go!). "Ils m'ont soutenu, c'était un budget très important et j'ai eu une liberté totale […] je pouvais mettre autant de sang que je voulais!"

Concernant le discours du président du jury, aka Almodovar, le réalisateur du controversé (malgré lui) Okja explique sa joie de savoir que Pedro Almodovar voit son film: "Je suis un très grand fan de son œuvre. Alors le fait qu'il parle de Okja, que ce soit en bien ou en mal, je suis très honoré!" Bong Joon-Ho a ajouté sur cette fameuse polémique que "Netflix a ses propres règles et que dès le début dans les négociations [...]" le réalisateur "a voulu qu'il soit présenté sur grand écran en Corée du Sud et également dans quelques pays et je remercie cette flexibilité de Netflix ainsi que le festival de Cannes d'accepter de montrer ce long-métrage."

La grande Tilda a ajouté qu'il 'y a "plein de films très beaux, très réussis qui ne sont jamais vus en salle, des milliers de productions projetées à Cannes, qui ne sont jamais vues sur un grand écran." Elle a ajouté que "Netflix a donné à Bong Joon-Ho la possibilité de faire en sorte que sa vision devienne réalité!".

Le focus du jour : Tilda Swinton

Du haut de son 1m79, cette actrice, productrice, artiste et ex-mannequin britannique a fait chavirer la croisette une nouvelle fois (elle faisait même partie du jury en 2015) ce vendredi soir. Elle a enflammé la Croisette. Loin des bimbos hollywoodiennes, Swinton a cette capacité qu'ont les grandes du septième art (Cate Blanchett ou Glenn Close) à se métamorphoser mentalement et physiquement pour un rôle. Véritable caméléon, Tilda excelle dans les rôles de bad woman, qu'on adore détester!! C'est en Cruella, dans un double-rôle, qu'elle épate dans Okja.

Le tweet du jour

Nous le devons à Films de lover qui nous rassure avec les supers films (sarcasme) qui nous attendent en salles le jour où les abonnés Netflix découvriront Okja. #OnRigole

Cannes 2017: Qui est Shirley Henderson ?

Posté par vincy, le 19 mai 2017

Shirley Henderson n'a jamais fait son âge. Cela fait 25 ans que nous la croisons au cinéma et elle semble ne pas changer. Et elle a beau être un visage familier, qui connaît vraiment son nom? Au mieux, si vous montrez sa photo, tout le monde vous répondra Mimi Geignarde. Et là encore, on revient à son âge. Née en 1965, Shirley Henderson -celle dont on ne connaît jamais le nom- avait 37 ans quand elle a commencé à jouer le personnage de Mimi Geignarde (Moaning Myrtle) dans la série Harry Potter (pour le deuxième épisode et 40 ans pour le quatrième épisode). Personnage censé avoir 14 ans. Elle est ainsi la comédienne la plus âgée de tous ceux qui ont incarné un élève de Poudlard.

Combien de comédienne peuvent sans trop forcer jouer une gamine adolescente alors qu'on approche de la quarantaine? Shirley Henderson le peut pour deux raisons: sa petite taille et sa voix enfantine. Ce qui ne l'empêche pas de jouer des rôles adultes. Et pas des moindres. On peut ainsi la voir chez Danny Boyle dans le culte Trainspotting, chez Mike Leigh dans le burlesque Topsy-Turvy, chez Michael Winterbottom dans le rock 24 Hour Party People (elle a tourné trois films avec lui). Mais surtout et avant tout, elle est Jude, l'une des amies de Bridget Jones. Second-rôle aux petits oignons comme savent les cuisiner les britanniques.

Et d'ailleurs, en bonne comédienne britannique, des classiques sur les planches aux téléfilms policiers, elle a tout joué. "Il est évident que je n'aurai pas d'Oscars à 30 ans. J'ai passé la date." D'origine écossaise, toujours avec cette pointe d'humour un peu sarcastique, elle a souvent balayé ses défauts avec dérision. "Je ne sais pas ce que j'aurai fait si j'avais été jolie tout le temps". Ajoutant aussi : "Je n'aurai jamais les rôles d'une femme grande, blonde et glamour parce que je ne suis pas grande, blonde ni glamour. Je suis plus la "petite", la "dérangeante" parce que je ressemble à ça."

Ça ne l'a pas empêché d'être respectée dans le milieu et même d'être récompensée ou nommée pour des prix grâce à son talent et son éclectisme. Car elle peut être fantaisiste, infantile, inquiétante, intrigante, sorcière maléfique ou marraine bienveillante, séduisante ou repoussante, asociale ou amicale. A partir de 2002, alors qu'elle est Mimi ou Jude pour le grand public, elle enchaîne des films aussi différents et appréciés que le sensible Wilbur Wants to Kill Himself de Lone Scherfig, le drame historique Villa des Roses de Frank Van Passel, la comédie romantique American Cousins de Don Coutts ou la comédie policière Intermission de John Crowley...

En 2005, elle reçoit plusieurs prix pour son rôle dans Frozen de Juliet McKoen. Dans ce thriller psychologique, où son personnage est hanté par la disparition de sa sœur aînée, elle impose en force sa fragilité apparente, flirtant avec la folie.

Mais comme il faut bien vivre, Shirley Henderson est aussi présente dans de nombreuses comédies ou en second rôle dans des films "de festivals" anglo-saxons (La dernière piste de Kelly Reichardt, Miss Pettigrew de Bharat Nalluri, Anna Karenine de Joe Wright...), et reprend ses rôles dans les suites de Bridget Jones et Trainspotting. Mais sa qualité de jeu et son physique si singulier en font aussi un choix évident pour des cinéastes plus affirmés. Ainsi, on la voit "jubiler" d'être dans des films aussi peu incorrects et peu convenus que ceux de Sofia Coppola (Marie-Antoinette, en compétition à Cannes), Todd Solondz (Life During Wartime) ou Matteo Garrone (Tale of Tales, en compétition à Cannes).

Cette fois-ci, elle revient à Cannes avec un film sud-coréen et hollywoodien. Elle est du casting très étoilé d'Okja, de Bong Joon-ho. Comme quoi on peut être Mimi Geignarde chialant dans les toilettes du collège et se métamorphoser en papillon s'envolant vers les marches cannoises.

Cannes 2017: Okja et The Meyerowitz Stories en compétition malgré tout

Posté par redaction, le 10 mai 2017

Cannes remet les pendules à l'heure. The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach et Okja de Bong Joon-ho seront bien projetés en compétition, malgré leur absence de sorties en salles.

Le communiqué du Festival met les point sur les "i". "Une rumeur a récemment couru sur une possible exclusion de la Sélection officielle des films réalisés par Noah Baumbach et Bong Joon Ho, films largement financés par la société Netflix. Le Festival de Cannes tient à redire que, comme il l’a annoncé le 13 avril dernier, ces deux films seront bien présentés en Sélection officielle et en compétition."

Conscient de l'inquiétude suscitée par l’absence de sortie en France de ces films en salles (lire aussi notre article du 15 avril), le Festival de Cannes rappelle avoir "demandé en vain à Netflix d’accepter que ces deux films puissent rencontrer les spectateurs des salles françaises et pas uniquement ses seuls abonnés. De fait, il déplore qu’aucun accord n’ait pu être trouvé."

Nouveaux venus, nouvelles règles

Mais, à juste titre, Cannes s'enorgueillit "d’accueillir un nouvel opérateur ayant décidé d’investir dans le cinéma mais veut redire tout son soutien au mode d’exploitation traditionnel du cinéma en France et dans le monde."

Cela induit quand même un changement profond pour les années à venir puisque, "après consultation de ses administrateurs, le Festival de Cannes a décidé d’adapter son règlement à cette situation jusque-là inédite : dorénavant, tout film qui souhaitera concourir en compétition à Cannes devra préalablement s’engager à être distribué dans les salles françaises. Cette disposition nouvelle s’appliquera dès l’édition 2018 du Festival International du Film de Cannes."

Cannes 2017: Netflix en compétition, ça ne plaît pas à tout le monde…

Posté par vincy, le 15 avril 2017

Ce n'est pas une surprise. Est-ce une polémique? Toujours est-il que la sélection en compétition du 70e Festival de Cannes de deux films qui seront diffusés sur Netflix provoquent des grincements de dents.

The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach a été acquis par Netflix en tant que simple diffuseur il y a une semaine, avant le dévoilement de la sélection. Okja de Bong Joon-ho est une production Netflix et prévu dès le départ un produit 5 étoiles (Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal au casting) pour la plateforme en SVOD.

Respect des règles

La Fédération nationale des cinémas français (FNCF) a envoyé un communiqué pour exprimer son inquiétude. "Si les salles de cinémas ne remettent pas en cause la liberté de programmation du premier festival de cinéma du monde, ni le fait que de nouveaux acteurs internationaux viennent légitimement, comme Amazon, contribuer au développement et au financement du cinéma, elles contestent ce choix qui a été fait sans concertation", déclare la FNCF. En fait, à travers cette remarque, la Fédération s'interroge sur la fameuse chronologie des médias: "Si des films du Festival de Cannes contrevenaient à la réglementation en vigueur sur la chronologie des médias, par exemple en étant diffusés sur Internet simultanément à une sortie en salle, ils seraient passibles de sanctions par le CNC ! Et qu’en sera-t-il demain, si des films du Festival de Cannes ne sortaient pas en salle, remettant ainsi en cause leur nature d’œuvre cinématographique ?".

La fédération enfonce le clou avec l'argument juridico-fiscal: "Netflix, qui vient de fermer ses bureaux en France, montre qu’il contourne depuis plusieurs années la réglementation française et les règles fiscales (TVA et TSA). Ces règles fondent le cycle vertueux et le financement d’un écosystème exemplaire pour le cinéma dans notre pays, qui permet aujourd’hui à la plupart des films français et étrangers de la sélection officielle d’exister".

Autrement dit, Netflix ne joue pas le jeu, et ne respecte aucune règle du système français, qu'il soit légal ou financier. Ce que réclame la FNCF est simple: la garantie que The Meyerowitz Stories et Okja sortent bien en salles en France, avant leur diffusion sur Netflix.

Chronologie des médias, saison 20

Cette interpellation est légitime, mais nous semble mal posée. Cette chronologie des médias, dont la directive célèbre ses 20 ans, pose problème depuis quelques années avec le surgissement de la SVOD, de la VàD et du piratage. Le modèle actuel semble déjà dépassé. D'ailleurs, le Festival de Cannes sélectionne chaque années des films qui n'ont pas l'assurance de sorties en salle (et n'ont même pas de distributeurs au moment de leur sélection voire de leur projection cannoise). Et certains de ces films connaissent des sorties en salle si réduites qu'on peut se demander si une diffusion simultanée en SVOD ou en prime-time sur Arte ne serait pas plus profitable (on ne dit pas que c'est mieux, car l'expérience d'une salle de cinéma reste irremplaçable pour voir un film). Enfin, il est arrivé par le passé que des films produits par la télévision soient en sélection officielle. Prenons trois exemples.

Elephant de Gus Van Sant, Palme d'or en 2003, était un film produit par HBO. Sans sa Palme, d'ailleurs, il ne serait jamais sorti en salles aux Etats-Unis, visant ainsi, en vain, les Oscars. Ma vie avec Liberace, de Steven Soderbergh, est aussi un téléfilm coproduit par HBO. Présenté en compétition, le téléfilm avait bien un distributeur en France (ARP) mais n'est jamais sorti sur les grands écrans américains : la chaîne payante HBO l'a même diffusé sur le petit écran américain quelques jours après sa projection cannoise. Enfin, Carlos, d'Olivier Assayas, qui avait déclenché une polémique similaire à celle d'aujourd'hui.

Initialement prévu pour la télévision, le film, sélectionné hors-compétition, était produite par Canal +, et a été présenté dans sa version intégrale, en trois parties, tout en étant diffusé simultanément sur la chaîne cryptée (fin mai/début juin). Le film sera vendu sous une version cinématographique dans les autres pays. Et finalement, cette version raccourcie à 2h45 est sortie le 7 juillet en France, dans une centaine de salles, distribué par MK2. Cette solution était d'autant plus baroque que le DVD était disponible juste après sa diffusion télé début juin. "Bizarre chronologie des médias" écrivait-on à l'époque.

Un débat sain

Par conséquent, la polémique Netflix du jour n'est qu'une nouvelle petite secousse sismique dont on a déjà ressenti les premiers effets au début des années 2000. Le Festival de Cannes a d'ailleurs une vertu sur ce registre: en anoblissant des films produits pour la télévision, il les conduit généralement dans les salles de cinéma.

La FNCF souhaite avoir les garanties que les deux films Netflix sortent en salle en France. Au nom de l'exception culturelle. Ce n'est qu'une stratégie défensive. Cela ne résoudra rien au problème de fond: dès lors que des plateformes comme Netflix entrent dans la production de films signés de grands cinéastes, il faudra sans doute revoir notre façon d'aborder la chronologie des médias et la définition même d'un film de cinéma.

Les deux films seront diffusés sur Netflix en 2017 pour les abonnés de la plate-forme dans les pays où le service est disponible. Cela touche 93 millions de personnes dans le monde. Si pour Okja, une sortie en salles n’est pas exclue, qu'en est-il de The Meyerowitz Stories? Et cela ne concernerait-il que la France, ou des pays comme la Corée du sud (pour Okja) et les Etats-Unis (pour que Meyerowitz vise les Oscars)? Ce genre de débats en tout cas n'a jamais lieu dans les autres festivals...

D'autant, Netflix ne cache pas vouloir proposer ses films simultanément en salles et en ligne. Là il s'agit d'instaurer un dialogue équitable entre la plateforme américaine qui veut faire plier un écosystème (gaulois) et un pays qui refuse le diktat d'une transnationale. Cette "uberisation" a un impact certain puisque ce ne sont pas seulement les films "Netflix" qui sont en jeu. En court-circuitant les salles qui pourraient diffuser les deux films sélectionnés à Cannes, ce ne sont pas les grands groupes de distribution qui sont menacés mais bien les exploitants indépendants, bien plus dépendant de ce genre de films, qui seraient ainsi un peu plus fragilisés.

Dans un échange de tweets passionnant entre Jean Labadie (Le Pacte) et Vincent Maraval (Wild Bunch, qui avait déjà expérimenté la projection cannoise en off d'un film qui sortait en VàD), on constate que le dialogue semble dans l'impasse. Pourtant c'est bien un autre débat qu'ils soulèvent, l'un en défendant l'exploitation et la distribution, l'autre en privilégiant la création (les deux n'étant pas incompatibles). Dans cette histoire, ce qui est en jeu c'est davantage la liberté d'accès au cinéma. La démocratisation, est-ce le fait que tous pourront voir les films dans une salle de cinéma près de chez soi ou que tous les films pourront être vus, chez soi ou en salle, par le plus grand nombre?

A la tête de Fidélité productions, Marc Missionnier préfère y voir une ouverture avec ces films et séries prévus pour le petit format. Une ouverture "en grand".

Cannes 2017: auteurs et blockbusters qui alimentent les rumeurs

Posté par vincy, le 9 avril 2017

Dans quelques jours, Thierry Frémaux va présenter le programme de la sélection officielle cannoise. Un peu plus tôt que prévu pour un festival qui commencera un peu plus tard que d'habitude, élection présidentielle française oblige. Il y aura des habitués, des espoirs montants et des auteurs réputés. Le cocktail habituel.

Après avoir parcouru la liste des habitués de la Croisette et celle des cinéastes émergents mais néanmoins réputés, finissons avec les grands auteurs, plus rares à Cannes, et les blockbusters, souvent hors-compétition.

Deux œuvres dans cette liste sont prévues pour la télévision, et c'est ce qui rend les choses encore plus excitantes. D'abord Okja de Bong Joon-ho pour Netflix (lire notre article du 15 août 2016 et bien sûr Twin Peaks de David Lynch, Palme d'or, et par conséquent membre du club VIP du Festival.

Côté Hollywood, beaucoup se sont désistés, de Alien à Pirates des Caraïbes, en passant par Dunkerque (really?). Mais il y a un favori avec War Machine de David Michôd, qui signerait le retour de Brad Pitt sur les marches. Sinon on peut recenser les autres divertissements de la saison comme King Arthur: Legend of the Sword de Guy Ritchie, le Pixar Cars 3, seul film d'animation américain qui tient la corde depuis que Moi moche et méchant 3 a préféré faire son AP mondiale à Annecy en juin, ou encore La Momie, avec Tom Cruise.

Mais les américains ont d'autres cartouches pour venir en force cette année avec How to Talk to Girls At Parties de John Cameron Mitchell, The Phantom Thread de Paul Thomas Anderson, Detroit Riot Project de Kathryn Bigelow, Suburbicon de George Clooney, Mother! de Darren Aronofsky ou encore Borg vs MacEnroe de Janus Metz Pedersen. Seul souci: les studios visant les Oscars préféreront sans doute présenter ces films dans un festival d'automne, et certains sont encore en montage ou en post-prod.  Le Cameron Mitchell semble quand même parmi les favoris pour la compétition. Mais allons-y,r êvons (beaucoup) avec une avant-première de Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve!

Et sinon, on peut aussi compter sur Victoria et Abdul de Stephen Frears, Blade of the Immortal de Takashi Miike, Face de Malgorzata Szumowska, The Snowman de Tomas Alfredson, Le vénérable W. , documentaire de Barbet Schroeder, Roma d'Alfonso Cuaron (la présence du réalisateur oscarisé pour Gravity ferait l'événement, même s'il a davantage de liens avec Venise) et surtout Sunset de Laszlo Nemes, s'il est prêt, puisqu'il est en tournage selon nos informations. Il signerait le come-back du réalisateur du Fils de Saul, deux ans après avoir été révélé à Cannes.

De France, les grands noms ne manquent pas non plus. Le Rodin de Jacques Doillon (dont la sortie est calée le 24 mai en France) semble assurer du déplacement. Mais c'est aussi parmi ces non habitués cannois que se trouvent les projets les plus excitants pour cette 70e édition du Festival: Les lunettes noires de Claire Denis, Au revoir à-haut de Albert Dupontel, Les gardiennes de Xavier Beauvois, Marvin d'Anne Fontaine, Fleuve noir d'Erick Zonca, 20 ans après La vie rêvée des anges,  La douleur d'Emmanuel Finkiel ou encore l'adaptation de HHhH de Laurent Binet (prix Goncourt du premier roman en 2010) par Cédric Jimenez avec Jason Clarke et Rosamund Pike. En animation, le retour du coréalisateur de Ernest & Célestine, Benjamin Renner, avec Le grand méchant renard, aurait sa place.

Crise de croissance pour Netflix

Posté par vincy, le 15 août 2016

Netflix voit son flux de nouveaux abonnés se tarir. Avec 83,18 millions d'utilisateurs le leader de la vidéo en ligne n'a gagné que 1,68 million d'utilisateurs en un trimestre après en avoir conquis 6,74 millions au premier trimestre. Pas sûr que l'objectif de 90 millions soit dépassé cette année.

Il y a sans doute plusieurs raisons: la concurrence (Amazon, Apple, Hulu, bientôt Disney), les tarifs, les J.O., etc... Mais n'enterrons pas Netflix trop vite. Ce n'est peut-être qu'une petite crise de croissance. Le groupe continue de s'étendre à l'international et à investir dans les contenus. Cela reste la chaîne de House of Cards, Sense8, Stranger Things et Orange is the New Black. Bon, on vous l'accorde, c'est aussi la chaîne qui a produit et diffusé la série Marseille, avec Gérard Depardieu, qui était pire qu'un Navarro.

couverture netflix

En rouge, les pays couverts par Netflix

Un Empire trop américain

Cependant, Netflix a conscience qu'elle a deux problèmes structurels : le premier est la concurrence des autres plateformes qui va inciter les "consommateurs" à choisir le bon abonnement plutôt que de les cumuler. Surtout, même si Netflix est désormais présent quasiment partout dans le monde, il n'offre essentiellement que des programmes en anglais et produits aux Etats-Unis dans un secteur où le local reste une valeur sûre et différenciante. C'est d'ailleurs la stratégie de Canal +, M6, TF1 et même Arte. Or, d'une part, Netflix a confirmé qu'il n'ajouterait que progressivement et parcimonieusement des programmes locaux avec sous-titres ou doublés. Sans doublage ou sous-titre, difficile de conquérir des publics allemands, français, italiens ou japonais. D'autre part, Netflix a peu de projets de séries locales.

Une proie idéale

D'autant qu'Amazon a annoncé le lancement de sa plateforme SVàD  en France, Italie et Espagne d'ici la fin de l'année. Amazon Prime Instant Video, avec des séries comme Mozart in the Jungle et Transparent, mais aussi des longs-métrages (cinq d'entre eux étaient au Festival de Cannes) est un rival sérieux...

De quoi affaiblir à moyen terme Netflix et en faire une proie (d'environ 37 milliards de dollars) pour des groupes comme Apple ou Amazon, qui peuvent l'absorber sans s'endetter.

Même avec l'éventualité d'un rachat boursier, Netflix a quand même besoin de rester "le plus beau" sur le marché. 4 nominations aux Oscars, 4 Emmy Awards (et 49 nominations, dont 20 cette année), 2 Golden Globes (et 19 nominations) permettent déjà de placer le diffuseur parmi les grands du secteur.

Annonces événementielles

Alors les projets sont annoncés à la pelle depuis quelques semaines. Parmi eux, un partenariat avec 20th Century Fox Télévision Distribution pour la diffusion en exclusivité en SVOD de la série à succès signée FX , American Crime Story dont la première saison The People v. O.J Simpson sera diffusée en 2017 sur Netflix dans le monde entier: John Travolta, Cuba Gooding Jr., Sarah Paulson, David Schwimmer, Nathan Lane et Bruce Greenwood sont dans cette saga  qui retrace le procès d'O.J. Simpson. La deuxième saison d'American Crime Story sera axée sur l'ouragan Katrina.

Netflix s’apprête aussi à diffuser dans 188 pays un nouveau volet de la série culte produite par CBS, Star Trek. Chaque épisode sera uniquement accessible aux membres de Netflix dans tous les pays titulaires d’une licence, dans les 24 heures suivant sa première diffusion aux États-Unis sur CBS.

Les 727 épisodes de la série - dont Star Trek: The Original Series, Star Trek: The Next Generation, Star Trek: Deep Space Nine, Star Trek: Voyager et Star Trek: Enterprise - seront aussi disponibles sur Netflix, dans le monde entier d’ici la fin 2016. Le tournage de la toute nouvelle série débutera en septembre pour une diffusion prévue en janvier 2017.

Netflix a également recruté le cinéaste sud-coréen Bong Joon-Ho (Snowpiercer, le transperceneige) pour un film qui sera diffusé l'an prochain sur la plateforme. Okja, qui suite une jeune fille prête à tout pour empêcher l'enlèvement de son meilleur ami, un animal rare et mastodonte nommé Okja, par une multinationale hyperpuissante, Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal, Paul Dano, Giancarlo Esposito, Lily Collins sont au générique.

Et n'oublions pas que Netflix a aussi en prévision un revival de Gilmore Girls, des nouvelles séries Marvel (Luke Cage, Iron Fist, The Defenders), une vingtaine de programmes jeunesse en développement ou production (dont Inspecteur Gagdet et Spy Kids), etc.

Enfin, depuis le 12 août, Netflix diffuse The Get Down, drame musical réalisé par Baz Luhrmann (Moulin Rouge, Gatsby le magnifique), sur fond de hip-hop naissant et de disco à bout de souffle , avec Jimmy Smits (NYPD Blue) et Giancarlo Esposito (Breaking Bad).